Quelles stratégies l’enseignant peut-il utiliser pour aider l’élève à entrer et à s’investir dans les apprentissages?

L’attention : éléments de définition

Il convient de préciser que cet écrit de recherche ne portera pas exclusivement sur les élèves pour lesquels un diagnostic de trouble déficitaire de l’attention a été posé. Cet écrit ne prétend pas définir ou diagnostiquer un trouble de l’attention. Il portera sur les élèves qui ont des difficultés d’attention tels que nous les définirons ci-après et sur les questionnements que peuvent rencontrer les enseignants avec des enfants présentant ces difficultés. Cependant, les questionnements et les enjeux semblent similaires et transférables à des enfants pour lesquels un trouble de déficit de l’attention a été diagnostiqué. Avant de définir les troubles de l’attention et leurs conséquences, tentons de définir l’attention.

L’attention : une sélection d’informations 

Le champ de la neuropsychologie permet de donner une première définition de l’attention. Gramond (2016) qui est un psychiatre affirme que l’attention « est un processus neuropsychologique complexe qui nous permet de nous orienter dans notre environnement et de réagir de façon adéquate en filtrant les stimuli appropriés » (Gramond, 2016). L’attention est, en tout premier lieu, une capacité cognitive de traitement et de sélection des informations reçues par un individu. Parmi le flux d’informations qu’il reçoit, celui-ci va trier les informations et ignorer (au moins provisoirement) un grand nombre d’informations. Cette définition de l’attention semble laisser une certaine forme de passivité au sujet.

L’importance de l’objet d’attention

L’attention serait le résultat de la sélection des informations qui arrivent à un individu. Certains auteurs, au contraire, estiment que l’attention est une mobilisation active du psychisme. C’est le cas de Jumel (2014) qui reprend la définition du Vocabulaire de psychologie : « Attention : mobilisation de la vigilance du sujet, se fixant sur un objet précis et reléguant à l’arrière-plan les autres éléments composant le champ psychologique » (Jumel, 2014, p.7). Nous ne retiendrons pas le terme de vigilance que nous distinguerons par la suite de celui d’attention. Dans cette définition Jumel réaffirme bien l’importance de la sélection d’informations. Cependant il utilise le terme de mobilisation qui rend l’individu acteur de son attention. Mais il met surtout en avant l’attention comme mobilisation vers un objet déterminé. L’attention se fixe toujours sur un élément déterminé, sur un objet précis. Elle ne peut se passer d’un objet d’attention. Cet objet d’attention peut être un objet à proprement parlé (livre, jeux, cahier, écran, …), une personne ou une situation. Cet élément de définition montre que la nature de l’objet d’attention a une importance fondamentale. Dans les situations d’apprentissages qui seront au cœur de nos préoccupations dans cet écrit, l’objet d’attention peut être un support, un cahier, une projection au tableau, une affiche, un livre ou l’enseignant lui-même… Il n’est pas certain que les objets d’attention proposés quotidiennement aux élèves soient les plus susceptibles de mobiliser leur attention. Des objets d’attention attractifs pour l’élève seraitil un bon moyen de mobiliser leur attention ? Certainement, il faudra cependant interroger ce qu’est un objet d’apprentissage attractif (où susceptible de mobiliser l’attention) pour un élève. De plus, il est probable qu’un objet propre à mobiliser fortement l’attention d’un élève n’éveillera rien de particulier chez un autre.

L’attention : une mobilisation sur la durée nécessaire

Jumel précise que « l’attention n’est pas donnée une fois pour toutes » (Jumel, 2014).. Elle n’est pas présente ou absente intrinsèquement chez l’élève mais varie, elle peut être mobilisée à un instant donnée puis partir sur un autre objet. Meirieu nuance ce propos. En effet, dans son « Petit dictionnaire de pédagogie », Meirieu affirme que l’attention est une « capacité à se focaliser dans la durée sur des données en faisant abstraction des stimulations internes ou externes reçues par ailleurs… » (Meirieu, n.d.). L’attention peut varier, se déplacer d’un objet à un autre mais la capacité d’attention d’un élève, implique une certaine durée d’attention. Ainsi, une activité proposée aux élèves, une lecture par l’enseignant par exemple, exigera de la part de l’élève une attention soutenue sur un objet déterminé et dans la durée. Pour cela, l’élève va devoir faire abstraction des stimulations internes ou externes (Meirieu, n.d). Être attentif, c’est avoir la capacité, de se focaliser sur un objet d’attention en ignorant les autres informations jugées moins pertinentes à cet instant. C’est également la capacité à faire durer cette mobilisation du psychisme dans le temps ! Ainsi lorsqu’un élève fixe son attention pendant quelques minutes seulement sur un objet d’attention proposé par l’enseignant (une lecture par exemple), l’élève va devoir ignorer une quantité phénoménale d’informations qui lui parviennent (bruit extérieur, trousse qui tombe, faim, mal à la tête, affiches dans la classe, néon qui clignote, camarade qui parle…). Il faudra que l’objet d’attention proposé présente une certaine attractivité pour que l’élève arrive à maintenir cette sélection des informations dans le temps.

Distinction entre vigilance et attention

Jumel (2014) fait une distinction entre vigilance et attention qui nous semble intéressante de présenter ici et qui sera réutilisée au cours de cet écrit. Celui-ci affirme que « La vigilance suppose une mobilisation face à une menace » (Jumel, 2014). La vigilance s’exerce quand un individu se sent face à une menace réelle ou imaginaire. Elle ne présente pas les mêmes caractéristiques que l’attention : « La vigilance est une prévention contre le danger, auquel il conviendra de répondre immédiatement » (Jumel, 2014). La vigilance est une réaction immédiate et spontanée à un danger. Elle passe par une action rapide. Au contraire, « L’attention est l’éveil en vue d’un examen méthodique d’un problème non connu à l’avance et qui suppose l’élaboration d’une réponse qui n’est pas « toute faite », même si elle doit être rapide. » (Jumel, 2014). Il apparaît ici une certaine tension avec les éléments de définition exposés jusqu’à maintenant. En effet, l’attention est une sélection d’informations qui permet de mobiliser le psychisme sur un objet précis. Cependant Jumel (2014) affirme que « L’attention est l’éveil en vue d’un examen méthodique » (Jumel, 2014). L’attention semble donc être à la fois un éveil ; une ouverture aux multiples possibilités d’un problème mais également une sélection, une exclusion d’informations.

Être attentif sur un objet ce serait donc être capable d’ignorer un certain nombre d’informations sans pour autant s’enfermer dans une réponse stéréotypée et préconçue d’un problème. Dans le contexte scolaire lorsque l’enseignant pose une question ou que l’élève est face à un problème, celui-ci va donc avoir un double travail à effectuer. Il doit à la fois être capable d’ignorer un grand nombre d’informations tout en allant chercher des informations susceptibles d’apporter des réponses au problème (à l’objet d’attention) qui l’intéresse à ce moment-là. De plus, il doit réussir à réaliser cette double tâche cognitive sur un temps suffisamment long ! Nous comprenons dès lors que l’attention sur un objet n’est pas une chose qui va de soi et que l’objet d’attention doit être particulièrement intéressant pour l’élève.

L’attention affective, active et intellectuelle

Alain (1924) dans Pédagogie enfantine distingue trois types d’attention qui semble dépendre de l’objet et qui se manifestent différemment. :

– « L’Attention affective qui est l’effet de l’émotion, de la passion, du sentiment. Cette attention est à la naissance de toute attention ; mais elle doit être surmontée» (Alain, 1924). Cette attention a pour objet une surprise, un évènement inattendu pour l’élève, ou quelque chose qu’il aime, apprécie. Cela peut être une intonation de l’enseignant, une nouvelle affiche, un nouveau support, une vidéo… Alain affirme que cette attention est à la naissance de toute attention. Elle semble, en effet la plus facile à faire mobiliser par un élève. Un évènement surprenant ou avec une valeur affective suffirait-il à mobiliser l’attention d’un élève ? Il semble probable que la durée de cette attention affective soit réduite. En effet, une fois la surprise ou la passion pour cet objet passée, l’attention s’en va sur un autre objet puisque celui-ci n’est plus surprenant ni attrayant. Cette attention est une attention de l’instant elle permet une mobilisation rapide mais brève et ponctuelle de l’attention.

– « L’Attention active, ou plutôt ouvrière. C’est l’attention qui suit l’action quelle qu’elle soit, et notamment l’action manuelle » (Alain, 1924). L’objet d’attention est une action manuelle. L’élève va ignorer les autres informations pour se mobiliser sur une suite d’actions à effectuer. Si un élève doit tracer un angle droit, il va successivement prendre un crayon à papier, prendre son équerre, positionner l’équerre, positionner son crayon puis tracer. Au cours de toutes ses actions il centrera son attention sur ses actions proprement dites. Les autres informations seront ignorées le temps que dure l’action. Ainsi l’attention peut être mobilisée pendant un temps assez long en fonction des actions à effectuer.

– L’Attention intellectuelle. Selon Alain (1924), cette attention intellectuelle est celle « à laquelle il faut élever l’enfant » (Alain, 1924). Dans cette attention, l’objet n’est ni un étonnement ni une action mais une idée, une notion, un objet d’apprentissage à proprement parlé. Il semble y avoir une continuité dans les trois types d’attention que décrit Alain (1924). L’attention intellectuelle peut difficilement se passer d’une attention active en amont. L’attention active peut se mobiliser après une attention affective. Cependant, permettre à l’élève de passer d’une attention à une autre ne va pas de soi. A partir d’un étonnement pour un objet quelconque il faudrait donc arriver à mettre en action l’élève puis à le mobiliser intellectuellement sur une idée, une notion. Chaque type d’attention exigeant une attention de plus en plus longue ! Comment amener l’élève à dépasser l’attention affective qui semble l’attention première ? Comment l’amener à une attention intellectuelle qui demande une mobilisation sur la durée des facultés cognitives de sélection des informations ? De plus, l’attention intellectuelle a pour objet d’attention des idées, des notions, des objectifs d’apprentissage qui ne semblent pas être, au premier abord, l’objet d’attention le plus à même de mobiliser un élève.

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Table des matières

1. Introduction
1.1. Notre vécu d’élève : une motivation à deux vitesses ?
1. 2. L’apprentissage chez les élèves avec des difficultés d’attention : un questionnement professionnel vif
1. 3. Vers une problématique articulant attention, motivation et apprentissage
2. Partie théorique
2.1. L’attention : éléments de définition
2.1.1 L’attention : une sélection d’informations
2.1.2 L’importance de l’objet d’attention
2.1.3 L’attention : une mobilisation sur la durée nécessaire
2.1.4 Distinction entre vigilance et attention
2.1.5 L’attention affective, active et intellectuelle
2.1.6 L’attention : une condition nécessaire à l’apprentissage ?
2.2 Les troubles de l’attention : quel questionnement pour l’enseignant ?
2.2.1 Organiser l’espace de travail pour réduire la quantité d’informations
2.2.2 Limiter la durée de l’attention
2.2.3 Les ruses éducatives : quel intérêt ?
2.2.4. Les postures enseignantes : un levier pour l’attention ?
2.2.5 Construire une relation éducative pour favoriser l’attention
2.2.6 Les feed-backs : une réponse à certains symptômes des troubles de l’attention ?
2.3 Motivation et attention : quels liens ?
2.3.1 La motivation, un déterminant de l’attention ?
2.3.2. Motivation intrinsèque et extrinsèque : quels enjeux pour l’enseignant ?
2.3.3. L’estime de soi : un déterminant fondamental de la motivation
2.3.4 L’importance des émotions dans la dynamique motivationnelle des élèves
2.3.5 La relation éducative dans la dynamique motivationnelle
2.3.6 Les niveaux de motivation : intérêt et perspective pour l’enseignant
2.4. Favoriser l’apprentissage chez les élèves avec des difficultés d’attention : quatre hypothèses de recherche
3. Mise en œuvre sur le terrain
3.1 Méthodologie du recueil de données
3. 1. 1 La dynamique motivationnelle chez les élèves avec des difficultés d’attention : une construction sur un temps long
3. 1. 2. Le journal de recherche : une temporalité particulière
3.1.3. Le journal de recherche : une rigueur nécessaire
3.2. Méthodologie de l’analyse
3.2.1. Un recueil de quinze moments
3.2.2. Une problématique et quatre hypothèses comme cadre d’analyse
3.2.3. Une analyse à partir de cinq moments signifiants
3.3. Analyse des données
3.3.1. Un entretien qui interroge
3.3.2. La dictée : des larmes au rire. L’importance des ruses éducatives
3.3.3 Les feed-backs en silence ?
3.3.4. Engager des choix : une situation dangereuse pour Arthur ?
3.3.5. Un moment signifiant : écrire pour parler de soi
Conclusion
Retour sur notre écrit de recherche
Bilan de l’analyse en lien avec nos hypothèses de recherches
Limites et perspective
Index des schémas et des tableaux
Bibliographie
Annexe

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