Focus Group
Définition : Il s’agit de groupe de parole de 6 à 8 participants, orchestré par un modérateur extérieur au travail afin de conserver le plus d’impartialité dans l’animation du débat. Il est aidé d’un guide d’entretien qui sert de trame à la discussion. Un observateur note les attitudes non verbales des participants sans intervenir. Cette méthode qualitative favorise l’émergence d’opinion par la dynamique de groupe. L’objectif n’est évidemment pas d’atteindre un consensus mais que la diversité de point de vue émerge face à l’interaction entre les participants. L’analyse consiste ensuite à extraire les principales idées, à les classer et les organiser.
Forces : Cette méthode amène une grande efficacité pour produire des données. La dimension collective est présente dans l’enquête elle-même dès le départ, et pas uniquement dans l’analyse. Cela permet d’entendre de façon fine la complexité du vécu des praticiens et de prendre du recul dans une dynamique d’intelligence collective. Ces groupes de parole apparaissent comme pertinents pour saisir le contexte contemporain de complexité et d’incertitude auquel les médecins généralistes sont confrontés.
Limites : Sa mise en œuvre a paru difficile pour l’organisation. En effet, il faut pouvoir rassembler plusieurs médecins (minimum 6) sur un même lieu et même date, dans un secteur géographique relativement proche, et ce en fin de journée après une vacation de consultation. Malgré l’intérêt exprimé des médecins consultés, très peu ont accepté de participer du fait des contraintes organisationnelles. De plus, une étude en groupe présente comme risque de limiter ou de brider la parole des participants. Il a donc été décidé de réaliser des entretiens individuels semi-dirigés pour la suite du recueil de données.
ELABORATION DU GUIDE D’ENTRETIEN
Un guide d’entretien a été élaboré en amont avant tout entretien ou focus group (ANNEXE 1) par l’auteur de la thèse. Il s’agissait d’un questionnaire composé de 6 grandes questions ouvertes. La problématique de recherche est double : elle porte sur la perception de leur rôle dans la prise en charge de l’infertilité d’un couple, mais elle se doit également de mettre en avant les obstacles et les freins qu’ils ont pu rencontrer, et ce afin de proposer une solution accessible pour améliorer leur positionnement dans ces consultations. Le guide a été réalisé pour répondre à cette double attente. Les premières questions, très généralistes, concernaient la pratique globale de la gynécologie en médecine générale. Cela permettait d’élargir le débat et d’instaurer un climat de confiance dans une dynamique de groupe. Les questions suivantes abordaient l’infertilité, dans un premier temps ce qu’elle représentait pour les médecins, et secondairement sur leur attitude face à ce type de consultation, et sur les difficultés perçues.
Une pratique gynécologique malgré lui
Néanmoins, en interrogeant les médecins qui estiment ne pas pratiquer la gynécologie, on retrouve et ce à chaque fois, une activité gynécologique. Ils en pratiquent donc parfois sans même le réaliser. Par exemple, un motif fréquent de consultation chez la femme va être le renouvellement de sa contraception. Elle s’oriente très facilement vers son médecin traitant devant la disponibilité de ce dernier et la réactivité dans la prise de rendez-vous. On peut également citer les troubles climatériques, ou même les dysménorrhées.
Une légitimité modérée
Le positionnement des praticiens dans ce domaine est variable, et encore une fois pondéré par l’affinité qu’ils ont avec la gynécologie. Les médecins ayant effectué une formation complémentaire se sentent à leur place dans ses prises en charges, sans pour autant prendre la place du gynécologue qui reste primordiale. Comme nous l’avons précédemment évoqué, les médecins généralistes représentent le premier maillon de la chaîne de soin, et se trouvent donc légitimement consultés pour une première demande de prise en charge. Cependant, concernant la prise en charge à proprement parler, ils ne se sentent pas forcément légitimes dans ce rôle. Notamment parce que la gynécologie semble être une discipline assez sectorisée, et l’infertilité apparait facilement comme une question su spécialisée.
Le manque de coordination entre les centres de PMA et la médecine de ville
Les médecins de ville travaillent en réseau, avec des correspondants privilégiés lorsqu’ils doivent passer le relais à un spécialiste. Pouvoir adresser rapidement ses patients à un confrère spécialiste est indispensable dans l’organisation d’un cabinet libéral, afin d’exercer de manière confortable et de proposer une prise en charge optimale aux patients. Les praticiens consultés lors de notre thèse, confrontés à des patients recourant à une prise en charge d’Assistance Médicale à la Procréation (AMP), ont tous été unanimes sur le sujet : il existe un réel manque de communication avec les centres agréés. Les médecins concernés adressent pourtant les couples avec un courrier, mais aucun n’a eu de retour écrit explicitant la prise en charge proposée, son calendrier, sur les protocoles, les traitements. Ainsi, ils ne se sentent pas inclus dans la prise en charge de ces couples, qui est censée être pluridisciplinaire. Cela peut décourager certains praticiens qui ne se sentent pas investis par les équipes de PMA.
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Table des matières
INTRODUCTION
MATERIELS ET METHODES
1. METHODE QUALITATIVE PAR FOCUS GROUP ET ENTRETIENS SEMI DIRIGES
1.1. Focus Group
1.2. Entretiens semi dirigés
2. POPULATION DE L’ETUDE
3. ELABORATION DU GUIDE D’ENTRETIEN
4. DEROULEMENT DES FOCUS GROUP ET ENTRETIENS
5. RECUEIL DES DONNEES
6. ETHIQUE
7. ANALYSE DES DONNEES
RESULTATS
1. POPULATION
2. LE MEDECIN GENERALISTE FACE A LA PRATIQUE DE LA GYNECOLOGIE
2.1. Une pratique hétérogène
2.2. Une pratique gynécologique malgré lui
2.3. Une pratique difficile en cabinet de médecine générale
La gynécologie : une spécialité à part
Le médecin généraliste : dans l’intimité des familles
Etre un praticien masculin : un obstacle qui divise
Une perte de pouvoir
Un manque de pratique
Qui engendre une perte de connaissances et de compétences
Le défaut de matériel
Une spécialité qui peut faire peur
3. LE COUPLE INFERTILE EN CONSULTATION DE MEDECINE GENERALE
3.1. Un motif rare mais récurrent
3.2. Médecin de première ligne et médecin coordinateur
3.3. Un rôle de soutien et d’accompagnement
3.4. Des prises en charge très disparates
Définir l’infertilité
Prescription d’examens complémentaires : pas de consensus chez les médecins généralistes
4. LE RESSENTI DU MEDECIN GENERALISTE FACE A L’INFERTILITE : BEAUCOUP D’OBSTACLES
4.1. Une légitimité modérée
4.2. Une prise en charge spécialisée qui apparait difficile
4.3. Un manque d’information ?
4.4. Une réorientation précoce
4.5. Le manque de coordination entre les centres de PMA et la médecine de ville
4.6. Un rôle de « service après-vente » peu valorisant
5. DES SOLUTIONS RAPIDEMENT PROPOSEES PAR LES MEDECINS GENERALISTES
5.1. Améliorer la prise en charge par la formation médicale continue
5.2. Une prise en charge multidisciplinaire
5.3. Qui passe par un réseau de praticiens
5.4. Une revalorisation de la consultation prénatale du couple
5.5. Proposer une prise en charge consensuelle accessible et adaptée à la pratique de la médecine générale
DISCUSSION
1. LES FORCES DE L’ETUDE
1.1. Un domaine peu étudié
1.2. L’analyse qualitative
1.3. Le recueil et l’exploitation des données
2. LES FAIBLESSES DE L’ETUDE
2.1. Le guide d’entretien
2.2. Un faible recrutement
2.3. Les limites de l’analyse qualitative
La dynamique de groupe dans le focus group
Une relation binaire pour les entretiens semi dirigés
L’échantillonnage
Une analyse purement qualitative
3. CONFRONTATION AVEC LES DONNEES DE LA LITTERATURE
3.1. Confrontation des obstacles perçus à la pratique de la gynécologie
3.2. En route vers la fin des gynécologues médicaux
3.3. L’infertilité : un futur enjeu de santé publique
3.4. Quel avenir pour l’infertilité en médecine générale ?
3.5. La réalisation d’une solution évoquée par les praticiens : un guide line pour la prise en charge du couple infertile en médecine générale
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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