Quelles perspectives de valorisation pour la « forteresse oubliée » de comarque

Le contexte de la création initiale du château

La grotte de l’époque magdalénienne qui se trouve sous le château ainsi que les nombreuxhabitats troglodytes de la roque et du versant opposé au castrum témoignent d’une implantationhumaine ancienne sur le site de Commarque. Dès la préhistoire, il y a environ 15 000 ans deshommes étaient présents dans la vallée de la Beune comme le montre la grotte mais aussi l’abri du cap blanc situé dans la même vallée et dont les gravures sont contemporaines à celles de Commarque . L’environnement particulier de la région comprenant une abondance de gibier ainsi que la présence d’eau et d’abris naturels a facilité cette implantation. Sur l e versant opposé au château on trouve de nombreux témoignages de l’habitation semi troglodytes des lieux. Ces habitations dont il ne reste actuellement que des marques dans le rocher ont apparemment été utilisée jusqu’au moyen-âge. Elles font l’objet d’une fouille archéologique dont le rapport n’a pas encore été publié, je n’ai donc pas plus d’informations les concernant. Néanmoins cela nous montre que la vallée de la Beune est un lieu habité depuis longtemps et on suppose qu’avant la création de l’ensemble fortifié au XII e siècle des habitations étaient déjà présentes. D’après les rapports archéologiques de 2003 et 2006 effectués par la société HADES les occupations antérieures au XII e siècle sont surtout marquées par les habitats semi troglodytes et les cluzeaux dispersés sur la moitié nord du castrum (sur la roque) Ce n’est que vers la fin du XII e siècle que les premiers édifices apparaissent réellement. Les premières tours seigneuriales ne font quant à elles leur apparition que dans le courant du XIII e siècle.
La raison pour laquelle on a décidé de construire à cet endroit une première tour puis tout un village défensif reste néanmoins quelque peu confuse. En effet le castrum est excentré par rapport aux grandes vallées et aux villes de l’époque et il se trouve dans une zone géographique qui était peu peuplée et donc dans un lieu peu stratégique. Pourquoi alors avoir choisi de créer ici un ensemble fortifié ? Plusieurs explications envisageables ont été avancées mais il ne s’agi t que de suppositions puisque aucun document officiel ne les confirme.
Une première hypothèse mentionne un certain Géraud de Commarque qui s‘engagea en ant que chevalier au sein de l’ordre de saint jean de Jérusalem , un ordre militaire et religieux qui protégeait les pèlerins en terre sainte . Il donna tous ces biens à cet ordre faisant de ce f ait de Commarque un hospital . Une branche cadette de la famille y aurait cependant conservé unemaison noble. Toujours selon cette version le château serait devenu propriété des Beynac suiteun échange avec l’ordre de saint jean de Jérusalem. Cette version était semble-il de notoriété ommune puisqu’en 1506 Jean de Commarque en conflit avec Jean de Beynac s’appuyait sur elle-ci pour faire valoir ses droits en considérant que sa famille avait plus d’ancienneté sur les ieux que celle des Beynac . Cependant aucun document ou témoignage n’atteste la véracité de ette hypothèse. Une autre hypothèse fait de Commarque un lieu de passage. Une route allant de Montignac Sarlat passait à gué sur la Beune à proximité du château . Un autre chemin reliant Sarlat à Périgueux passait près de la forteresse mais son existence n’est confirmé dans les documents d’archives qu’en 1515 . Commarque et la vallée de la Beune en général aurait donc pu être un ieu intéressant pour construire un village surplombé d’un château fort cependant il est peu probable que ce soit l’unique argument.

Les raisons de l’abandon progressif de la forteresse

Les différents rapports archéologiques et les documents d’archives montrent que les lieux ont été délaissés vers la fin du XVI e siècle. L’influence des Beynac diminue considérablement après la guerre de cent ans et ils favorisent davantage leur château principal de Beynac sur lesrives de la Dordogne que le site de Commarque jugé rudimentaire et inconfortable. En effet, durant la guerre de 100 ans la Dordogne est une zone de frontière et de conflit continuel entre Anglais et Français. Le Périgord fait partie des possessions qu’Aliénor d’ Aquitaine apporte en dot lorsqu’elle se marie en 1137 avec Louis VII qui deviendra plus tard roi de France . L’aquitaine devient alors Française mais le mariage est ensuite annulé et Aliénor épouse Henri Plantagenet futur roi d’Angleterre donnant ainsi l’Aquitaine à la couronne Anglaise. Cependant les limites de ce territoire sont floues. En 12 59 le traité de Paris essaye de clarifier la situation sans grand succès et le conflit éclate rapidement. Durant la guerre les Beynac restent fidèles à la couronne Française. Les Anglais commandé par Archambaud d’Abzac capturent l’intégralité de la famille des Beynac de Commarque en 1406 puis la capture d’Archambaud d’Abzac évitera au Beynac de payer une rançon. Par conséquent et même si la France sort victorieuse du conflit les Beynac sont affaiblis par la guerre. Ils entreprennent néanmoins des travaux à Commarque et dans leur château principal dans la seconde moitié du XV e siècle. Leur influence sur le territoire diminue pourtant considérablement et en 1441 Pons de Beynac se place dans la mouvance du comte du Périgord, vicomte de Limoges en lui rendant hommage dans une lettre, ou il lui prête hommage et serment de fidélité « devenir son homme et lui faire foy et homaige » . En jurant fidélité au comte du Périgord les Beynac s ’assurent une aide maisdeviennent par le fait dépendant de cette autorité. D’autres témoignages montrent la montée enpuissance de ces nouveaux comtes de Périgord dans la région au détriment des seigneurs comme les Beynac. Ceux-ci feront les dernières transformations à Commarque au début du XVIe siècle et l’ensemble du site sera abandonné à la fin de ce même siècle. Un document d’archive daté entre 1774 et 1780 montre que l’abandon de Commarque était déjà très prononcé à la fin du XVIII e siècle « toutes les rentes en grain sont payables et portables chaque année au château deCommarque qui est le chef-lieu de la juridiction, mais depuis que ledit château est tombé en vétusté et quy n’y a plus que des masures, le bourg de Marquay situé entre le bourg de Tamnies et celuy de Sireuil est devenu le chef -lieu ou lesdites rentes sont portables ». Commarque a donc rapidement été délaissé par les familles des lieux pour des demeures moins militaires et plus confortables située dans des centres géographiques attractifs.

L’oubli de Commarque malchance ou chance ?

Le site de Commarque, placé dans une région peu habitée et marécageuse est rapidement tombé dans l’oubli après l’abandon des lieux. Racheté au début du XX e siècle il a malheureusement servit de carrière de pierre pour la rénovation d’un autre château : le château de Paluel près de Sarlat. Le propriétaire de l’époque, Mr … s’est servi des pierres de Commarque pour rénover son propre château. Sans protection étatique ce genre de dérive était tout à fait possible et Commarque a été dépouillé au profit d’un autre site.
Son abandon a également entrainé une dégradation importante des lieux qui ont rapidement été reconquis par la végétation. Sans entretien les toitures et plus tard les murs se sont effondrés ne devenant qu’un amas de pierres. La végétation a gagné du terrain rendant l’espace illisible si bien qu’au début du XX e siècle toute la partie basse du site était recouverte par la forêt et seul le château demeurait visible. L’abandon de Commarque a donc été à l’origine d’une destruction partielle du site mais il constitue également et paradoxalement un bienfait.

Un château dans un territoire au riche patrimoine

Un château implanté dans un territoire aux atouts variés

Le château de Commarque se trouve sur la commune des Eyzies-de-Tayac-Sireuil dans le département de la Dordogne et plus précisément dans la région du Périgord noir à l’est de celuici. Le site s’étend le long de la vallée de la Beune affluent de la Vézère. Commarque s’inscrit donc sur le territoire particulier de la vallée de la Vézère très connu pour sa ri chesse patrimoniale, sa gastronomie et son savoir-faire traditionnel, ainsi que pour ses paysages emblématiques. Dans la proximité directe du château on trouve de nombreux hauts lieux : le château de Laussel et l’abri du cap blanc en sont des exemples. La Dordogne comporte un patrimoine préhistorique riche surtout concentré dans la vallée de la Vézère ainsi qu’un patrimoine médiéval considérable et un patrimoine naturel et paysager remarquable caractérisé par des gouffres et des cavités naturelles ainsi que des paysages vallonnés et des falaisesemblématiques. Ce territoire possède donc de nombreux atouts qui en ont fait une région trèstouristique.
Dans la commune des Eyzies on trouve de nombreux sites naturels et préhistoriques dont neuf sont actuellement inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, et deux châteaux dont Commarque. Le musée national de la préhistoire date du début du XX e siècle, Il a été un des premiers outils scientifiques mis en œuvre sur le territoire de la vallée pour protéger les découvertes qui y ont été faites. Il s’articule autour de la découverte sur le territoire de la commune de l’homme de Cro-Magnon qui a fait de ce lieu et de la vallée de la Vézère en général un espace de découverte scientifique remarquable.
La particularité du territoire de la vallée de la Vézère a conduit l’état, la région et le département à s’engager dans un partenariat ayant pour but la valorisation du patrimoine culturel de cette dernière. Cette concertation a abouti en 2002, avec la création du PIP (pôle international de la préhistoire) sur la commune des Eyzies -de-Tayac-Sireuil. Depuis 2010 il prend la forme d’un EPCC (établissement public de coopération culturelle) et est officiellement ouvert au public. Il a pour but premier d’appuyer la position de la commune des Eyzies en tant que capitale mondiale de la Préhistoire en développant un outil scientifique de recherc he mais aussi un outil de médiation à destination du public. Pour cela il s’appuie sur une démarche de valorisation grâce à un programme de développement touristique et culturel. Concrètement, il s’engage dans diverses actions éducatives et crée des évènements culturels, il cherche ainsi à mieux faire connaître la Préhistoire auprès du grand public par des actions de médiation tout en restant un pôle scientifique important. En effet, c’est également un lieu de condensation du savoir et de la recherche dans le domaine de la préhistoire. Le PIP se développe à échelle internationale et a pour but de devenir une vitrine de la vallée. Il représente donc un atout important pour le territoire.
Le projet Lascaux 4 avec la création du centre international d’art pariétal qui devrait ouvrir en 2016 dans la commune de Montignac représente un second pôle à la fois scientifique et touristique. Il a été décidé pour pallier au facsimilé Lascaux II ouvert en 1983 et désormais jugé obsolète. En effet, le site est mal organisé, il y a eu peu de place accordée à la muséographie et il ne présente pas une reproduction complète de la grotte. De plus, d’après l’UNESCO, il est situé trop près de la grotte originale et la fréquentation humaine importante à proximité de celle ci a un effet nuisible. Dans le rapport de 2008 L’UNESCO a effectivement conclu que la désagrégation de la grotte originale se poursuivait et qu’il fallait envisager de limiter l’accès à la colline toute entière. Par conséquent un nouveau site devrait voir le jour au pied de la colline : le centre international d’art pariétal aussi appelé Lascaux IV. Il présentera un facsimilé completde la  grotte mais aussi une découverte générale de l’art pariétal du monde entier par une vulgarisation qui se veut néanmoins scientifique. Ce centre qui mise sur la modernité s’appuiera beaucoup sur les nouvelles technologies notamment la réalité augmentée pour aider à la médiation. La 3D aura également une place importante, ainsi que des objets vidéo et audio (une lampe torche audioguide par exemple) et de nombreux écrans tactiles et ludiques.

Les premières actions de sauvegarde dans les années cinquante : le rôle de Yves Marie Froidevaux

Les objectifs de Yves Marie Froidevaux

Après son abandon à la fin du XVIème siècle le château de Commarque a commencé à se désagréger et à dépérir. Au début du XXème siècle seul le donjon et le cl ocher mur de la chapelle se dégageaient encore de la végétation et tout l’équilibre du site était précaire.
L’effondrement des murs en élévation des différents édifices lié au nombre important de brèches dans les murs était alors inévitable selon les spécialistes qui ont travaillé sur le site durant la seconde guerre mondiale. C’est sur cette constatation alarmante qu’Yves Marie Froidevaux s’appuiera pour demander le classement rapide du site ainsi que l’accomplissement de travaux indispensables à la survie de l’édifice. Il s’agira de la première campagne de sauvegarde engagée sur le château.
Yves Marie Froidevaux (1907-1983) est un architecte connu surtout pour ses restaurations médiévales. Il deviendra architecte en chef des monuments historique de 1939 à 1983 et s’occupera notamment du département de la Dordogne et donc du château de Commarque. Il sera ensuite nommé adjoint à l’inspection générale des monuments historiques et, en 1974 inspecteur général. Pendant un temps il exercera aussi le métier de professeur dans les facultésdont les beaux-arts.
Yves Marie Froidevaux découvre le site par l’intermédiaire d’Henri de Ségogne. Un haut fonctionnaire (commissaire général du tourisme entre 1942 et 1945) engagé dans la protection du patrimoine culturel et paysager qui sera notamment très investit d ans la sauvegarde et la mise en valeur de la ville de Sarlat-la-Canéda. Après avoir découvert le site et constaté sonintérêt scientifique, architectural et esthétique Yves Marie Froidevaux décide d’engager uneprocédure de classement. La grotte sous le château était déjà classée par un arrêté de 1924 et le château bénéficiait de l’inscription sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. En effet, le 15 Janvier 1927 dans une lettre adressée au préfet de la Dordogne le ministère de l’instruction publique et des Beaux-arts annonçait que par l’arrêté du 6 janvier 1927 le château figurerait dorénavant sur cette liste . Cependant la seule inscription au titre des monuments historiques même si elle accorde un statut juridique particulier ne possède pas un niveau de protection aussi élevé que le classement. De plus, sans engagement des propriétaires le monument ne peut pas faire l’objet de travaux de rénovation. Par conséquent Yves Marie Froidevaux fait une demande de classement et soumet le site au jugement de la commission générale des monuments historiques.
Le 16 Février 1942 un comité consultatif d’architecture conclu que le château de Commarque est « un remarquable exemple de l’architecture militaire du XIIème et XVème siècle de la Dordogne » Ils en déduisent que la préservation de ce monument représente un intérêt scientifique, archéologique et historique important. Ils écrivent également que si les travaux demandés par Yves Marie Froidevaux ne sont pas rapidement e ffectués alors la ruine est vouée à disparaitre. Le comité conclu donc en faveur du classement des lieux demandé par Yves Marie Froidevaux. Le site est classé le 2 septembre 1943. Grace à cela, tous les travaux de rénovations effectués sur les lieux devront bénéficier de l’aval de l’architecte des bâtiments de France. Ils bénéficieront également de subventions étatiques et, si le propriétaire ne veut pas s’engager dans la procédure de valorisation alors il est possible de le mettre en demeure pour l’obliger à la réaliser.
Concrètement Yves Marie Froidevaux a donc eu deux objectifs : tout d’abord faire classer le château au titre des monuments historique pour lui assurer une réelle protection et ainsi éviter une dégradation supplémentaire des lieux ainsi que des dérives (par exemple l’utilisation des lieux en tant que carrière de pierres comme l’avait fait le propriétaire au début du XXème siècle). Ensuite, réaliser des travaux urgents et indispensables pour éviter l’effondrement duchâteau et donc la perte définitive d’un ensemble considéré comme unique.

Les restaurations des années soixante : le rôle d’Hubert de Commarque

Les travaux

Hubert de Commarque est l’actuel propriétaire du site. Il rachète le château de ses ancêtres de manière officielle en 1972. Il va cependant commencer les travaux de dégagement et de restauration avant de l’acquérir sans l’accord du propriétaire de l’époque, sans soutien de la part de l’Etat et donc sans être superviser par un architecte des bâtiments de France. « J’ai commencé les travaux avant d’en être propriétaire » « sans l’aide de l’état j’ai commencé à faire des travaux » « Durant cette période, les travaux furent menés sans l’assistance ni l’onction des autorités concernés ». Dès 1962 il entreprend des dégagements pour retirer la végétation ce qui n’avait pas été fait depuis presque dix ans. Il tente donc de débroussailler le site pour le rendre plus lisible Pour cela il fait régulièrement appel à des chantiers de jeunesse ainsi qu’à des bénévoles « j’ai commencé à faire des chantiers de jeunes et à dégager la végétation ».
Cependant les actions engagées sont freinées par leur caractère illégal, le propriétaire des lieux refuse toute modification du site « l’opposition systématique du précèdent propriétaire pour envisager toute action positive » et comme Hubert de Commarque n’est pas propriétaire il ne peut pas bénéficier des subventions accordées par l’état pour les travaux à effectuer sur les monuments historiques privés.
En 1972 il rachète le château ce qui va lui permettre d’engager des travaux officiels sur celui-ci. Dans la même année, les premières restaurations vont avoir lieu sur la chapelle SaintJean avec le retrait de la végétation et la cristallisation des murs. Dans une lettre datée du 14 avril 1973 Hubert de Commarque écrit à Yves Marie Froidevaux et lui explique qu’il est devenu propriétaire des ruines et qu’il y fait des travaux depuis quatre ans avec des ouvriers et des chantiers de jeunes. Il lui décrit ses travaux de débroussaillage mais également les actions engagées pour mettre hors d’eau la voute du donjon et celle de la chapelle. Il explique également que certaines parties du château sont en équilibre précaire la baie à colonnettes du donjon par exemple qui menace de s’effondrer et demande à Mr Froidevaux de venir sur place pour le constater sollicitant ainsi son soutien. Trois campagnes de travaux vont ainsi se succéder sur le site en 1970, 1972 et 1973 avec l’aide massive des bénévoles mais aussi le concours de maçons et de bucherons pour sécuriser les brèches et couper les arbres de grande taille. Ces différentes actions seront réalisées sans soutien financier de l’état.
En 1974 dans un texte écrit par Hubert de Commarque de nouveaux projets sont envisagés.
Tout d’abord un nouveau dégagement de la végétation qui depuis 1970 a regagnée du terrain.
Ensuite, la reprise des murs de soutènement des différentes terrasses car certains menacent de s’effondrer (effectuer des terrassements puis consolider les murs), une cristallisation systématique des murs dégagés de la végétation ainsi que des reprises de maçonneries dans les brèches. Enfin la réparation de la passerelle de bois qui donne accès à l’ensemble seigneurial mise en place par Mr Froidevaux durant la guerre et qui est désormais dangereuse.
Sur le plan scientifique, des relevés topographiques et photos aériennes sont demandés par le propriétaire ainsi que le lancement de fouilles archéologiques et une étude des archives. Les fouilles ne commenceront qu’en 1995.

Ouverture et polémique

Une fois le site sécurisé et réhabilité Hubert de Commarque s’est engagé dans une démarche d’ouverture au public. En 1993 il signe une convention avec l’état pour officialiser ce projet et, en 1996 un contrat pour cinq années de travaux est passé entre le ministère de la culture, le propriétaire et les fondations américaines afin de sécuriser le site et de faire les divers aménagements nécessaires à une fréquentation touristique.
Le public, comme je l’ai expliqué précédemment était déjà très présent sur les lieux de manière anarchique. En effet Commarque était considéré par les habitants de la région comme un lieu mystérieux et légendaire appartenant à tous et apprécié des promeneurs du dimanche.
De pars son abandon les gens se l’étaient naturellement approprié et une ouverture officielle avec les aménagements qu’elle incombe a fait naitre une vague de mécontentement.
L’ouverture prévue pour l’été 1999 a donc entrainé une controverse et a suscité de nombreuses réactions. Le 2 aout 1999 pratiquement au moment de l’inauguration du site une association est créée, l’association de sauvegarde de la source et du site de Commarque. Ce groupe s’oppose fermement à l’ouverture du site car elle n’aurait pas eu lieu dans la légalité. Cette association qui s’est donné pour mission de « veiller à la préservation environnementale et archéologique du site classé vallée de la Beune » va entrer dans une période de conflit constant avec le propriétaire des lieux et l’exploitant du site la SARL Kléber Rossillon également en charge du château de Castelnaud. Les griefs portaient majoritairement sur l’eau de la source qui coule près du château, les infrastructures qui y ont été mises en place pour recevoir les touristes et enfin les différents travaux de rénovation que l’association considère comme une dénaturalisation des lieux faite dans un souci de profit économique sans aucune considération environnementale. Pourtant le site et la vallée sont classés, tous les travaux qui y sont effectués sont donc soumis à des règles strictes et doivent obtenir l’aval des autorités compétentes. La vallée est classée ZNIEFF (zone d’intérêt écologique, floristique et faunistique) et site natura 2000 et le château est classé au titre des monuments historiques donc aucune décision de modification ou d’aménagement ne peut être engagée sans l’aval de la commission des sites et de l’architecte des bâtiments de France. L’association soutient pourtant qu’il y eût des dérives, et le conflit qui va s’engager entre les deux parties va considérablement freiner l’avancée de l’ouverture au public mais également véhiculer une image négative des travaux qui avaient entre autre pour but de s’inscrire dans une logique de préservation environnementale.

L’eau

La source de Commarque qui a sans doute été un des facteurs de l’implantation humaine sur les lieux a aussi été vectrice de problèmes. En effet cette source est encore aujourd’hui très importante puisqu’elle dessert cinq communes en eau potable, sa qualité est donc primordiale.
Située à 200 mètres du château elle est au cœur du site et a été l’un des points de discordemajeur entre les exploitants des lieux et le groupe associatif. L’association de sauvegarde de la source et du site de Commarque explique que les aménagements touristique de Commarque ainsi que le nombre important de personnes « le flux de visiteurs traverse le périmètre de protection » sur les lieux et notamment la construction d’un parking et plus tard celle de sanitaires en amont de la source« mettent en péril la qualité de l’eau potable ». Les exploitants du site affirment quant à eux avoir suivi les instructions de la DDASS (direction départementale des affaires sanitaires et sociales). En avril 2000 la commission des sites émet effectivement un avis défavorable à l’encontre du parking et demande à ce qu’il soit placé en dehors du site classé. Finalement le parking définitif a été déplacé et se situe 600 mètres en amont du château sans répercussions sur la source de Commarque. Le bâtiment qui devait servir de sanitaires avec une fosse septique de grande taille a été détruit car la fosse menaçait la qualité de l’eau située à proximité. Ce bâtiment a lui aussi été déplacé et se trouve actuellement sur le parking de Commarque. Ces aménagements faits rapidement pour ouvrir le site au public ont donc été faits sans respect des normes environnementales mais après plusieurs réunions et avis de la commission des sites un arrangement a été trouvé et aujourd’hui la qualité de l’eau est garantie.

Le choix d’une politique de valorisation respectueuse du site et de son environnement

En parallèle des travaux effectués sur le site Hubert de Commarque s’engage dans diverses associations pour appréhender au mieux l’aménagement du site et son ouverture au public. Il cherche à allier l’attractivité touristique et donc l’accueil de nombreuses personnes avec une préservation des lieux et de leur environnement. Il formalise donc, localement le concept de développement durable appliqué au tourisme se plaçant ainsi comme un précurseur dans ce domaine. « Lorsque j’ai voulu ouvrir le site, j’ai voulu regarder ailleurs en France ou en Europe si il y avait une thématique, une pratique pour savoir comment organiser la visite d’un site sansle dénaturer, sans le prostituer et je n’ai rien trouvé».

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Table des matières
REMERCIEMENTS
CHAPITRE 1 COMMARQUE : DU CASTRUM MEDIEVAL A LA « FORTERESSE OUBLIEE »
A.COMMARQUE : UNE HISTOIRE PARADOXALE
B.UN CHATEAU DANS UN TERRITOIRE AU RICHE PATRIMOINE
CHAPITRE 2 LA REMISE EN VALEUR DU CHATEAU : OBJECTIFS ET MOYENS MOBILISES 
A.LES PREMIERES ACTIONS DE SAUVEGARDE DANS LES ANNEES CINQUANTE : LE ROLE DE YVES MARIE FROIDEVAUX
B) LES RESTAURATIONS DES ANNEES SOIXANTE : LE ROLE D’HUBERT DE COMMARQUE
CHAPITRE 3 QUELLES PERSPECTIVES DE VALORISATION POUR LA « FORTERESSE OUBLIEE » DE COMMARQUE
A.LES EXIGENCES DU DEVELOPPEMENT DURABLE APPLIQUE AU TOURISME
B.QUELLES PRIORITES POUR LES NOUVEAUX PROJETS DE SAUVEGARDE ?
C.QUELLES PISTES POUR UNE NOUVELLE VALORISATION DU SITE ?
CONCLUSION 
LISTE DES ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE 
WEBOGRAPHIE 
TABLE DES MATIERES

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