Quelles alternatives à la sanction traditionnelle

Quel professeur des écoles ne sait jamais questionner sur sa place au sein de sa propre classe et sur comment y faire régner un climat de travail propice aux apprentissages ? Régulièrement, l’actualité traite des sujets qui concernent l’école et l’autorité ainsi que la discipline. Elles sont des notions primordiales et inséparables de l’école. C’est à l’école que les élèves apprennent les règles de vie à travers le respect ou encore à travers les règles de vie de classe et la vie en communauté. La microsociété qu’est l’école est soucieuse de transmettre et de véhiculer de nombreuses valeurs aux élèves qui sont de futurs citoyens.

En effet, l’école a un but important qui est de préparer les citoyens de demain. Pour cela, l’école doit donc leur transmettre de nombreuses valeurs, mais aussi de multiples apprentissages. Ces apprentissages passent par l’enseignant, celui-ci a donc besoin de se faire respecter. Pour cela, il doit faire preuve d’autorité afin que tout ce dont les élèves ont besoin pour être les citoyens de demain leur soit enseigné. Les professeurs sont constamment confrontés à cette question d’autorité. Elle semble être indispensable pour qu’un cadre soit donné aux élèves. Pour que ceux-ci puissent entrer dans les apprentissages correctement, un climat de classe confiant et serein doit être présent. L’autorité est indispensable pour les enseignants ainsi que leurs élèves. Nous associons souvent les sanctions et les punitions à l’autorité. Ce sont des mots que nous assimilons souvent, mais la punition et la sanction sont-elles les seuls moyens pour l’enseignant pour assurer son autorité ?

En tant que professeurs stagiaires, ces préoccupations ont été au cœur de nos interrogations avant même notre première rentrée scolaire. Nous avons donc choisi de mettre en place dans nos classes des systèmes de gestion de comportement dits « classiques » afin d’encadrer les élèves et leur donner des repères. Nous avons par la suite rapidement constaté les limites de ces systèmes sur certains de nos élèves. Notre mémoire de recherche nous a conduit à nous interroger sur les solutions alternatives proposées par les scientifiques pour maintenir la discipline dans nos classes tout en valorisant l’élève. En s’inspirant des travaux de Sylvain Connac et Eric Debarbieux, notre recherche nous a permis de tester la discipline coopérative et d’en observer les résultats. C’est ainsi que dans une première partie nous vous présenterons nos contextes professionnels. Puis dans une deuxième partie nous nous pencherons sur ce que dit la science sur l’autorité, la sanction et la punition. Enfin, nous présenterons les dispositifs mis en place ainsi que les résultats observés.

Contexte professionnel

Dans nos classes

Nous sommes professeures stagiaires dans la circonscription de Châteauneuf Côte Bleue. En revanche nos enseignements ne s’adressent pas aux mêmes élèves, mais surtout au même niveau. En effet, nous avons une classe de 28 élèves de CM1 et une classe de 31 élèves de grande section. Il ne s’agit pas d’écoles qui se trouvent en REP, en revanche nous sommes confrontées à un public provenant d’un environnement socio-professionnel mixte. Certains élèves vivent dans des situations familiales difficiles, avec des parents en prison ou suspectés de violence. Ces élèves n’évoluent pas dans un contexte opportun et ont une charge émotionnelle lourde en arrivant à l’école. Il est donc complexe pour ces enfants d’être en position d’élèves dans des conditions d’apprentissages optimales. Se pose alors le problème de la reconnaissance de l’autorité du professeur et de la nécessité de mise en place d’un cadre adapté à l’ensemble des élèves de la classe. En effet, après les familles, le professeur des écoles est le premier garant de l’autorité et des règles à respecter. Lorsque le cadre n’est pas respecté, le professeur est amené à mettre des sanctions en place dans le but de rétablir l’ordre dans sa classe afin de favoriser un environnement propice aux apprentissages. Alors que nous constatons que les sanctions ont un effet visible sur le comportement de la majorité des élèves, pour d’autres, cela ne semble avoir aucun impact. Face aux différentes réactions, le professeur doit nécessairement, et non sans difficulté, adapter son comportement afin de ne pas perdre sa crédibilité et d’assoir son autorité auprès de l’ensemble du groupe classe.

Problématique et questions de recherche

De ce fait nous nous posons des questions concernant ce cadre à instaurer et cette autorité à faire respecter. Pourquoi et comment instaurer un cadre de travail favorable aux apprentissages ? Quelle est la place de l’autorité du maître au sein de la classe et vis-à-vis des familles ? Quelles sanctions mettre en place et comment les faire reconnaître par tous les élèves ? Comment être juste et rester bienveillant face à l’ensemble du groupe ? Face à ces questions, notre problématique principale est : quelle alternative à la sanction traditionnelle peut-on mettre en place pour favoriser la valorisation de l’élève tout en maintenant la discipline au sein de la classe ?

L’institution

Un des objectifs principaux de l’Institution est de former les futurs citoyens au sein de l’école. Si nous nous référons aux programmes de 2015, le professeur des écoles accompagne les élèves dans cette optique de la petite section au CM2. En effet, au début de la scolarisation l’enfant apprend à vivre en groupe et donc intègre peu à peu la nécessité de respecter des règles de vie afin que chacun se sente reconnu et en sécurité au sein de la classe et plus largement de l’école. Le professeur a comme mission d’accompagner les élèves dans l’apprentissage du vivre ensemble. Les enfants sont appelés, selon les programmes du cycle 1 à « devenir élève, de manière très progressive sur l’ensemble du cycle ». Pour se faire, « les enfants apprennent à repérer les rôles des différents adultes, […] et les règles qui s’y attachent. ». Pour les cycles 2 et 3, les programmes de 2015, clarifiés en 2018, en Education Morale et Civique mentionnent que l’élève doit : « Comprendre les raisons de l’obéissance aux règles et à la loi dans une société démocratique. ». Un des cinq domaines du Socle Commun de Connaissances, de Compétences et de Culture est consacré à la formation de la personne et du citoyen. Cela confirme bien que l’acquisition des règles du vivre ensemble est un enjeu majeur de l’Education Nationale. De plus, le Référentiel de Compétences des Métiers de l’Education et du Professorat demande aux professeurs « d’organiser et assurer un mode de fonctionnement du groupe favorisant l’apprentissage et la socialisation des élèves. ». Afin de répondre aux exigences des programmes et du référentiel précédemment cités, le professeur des écoles va mettre en place des règles à suivre au sein de la classe. Ces règles sont relatives au comportement et à la mise au travail efficace de l’élève. La mise en place de règles conduit inévitablement à certaines transgressions par les membres du groupe. Le maître, garant des règles de la classe se doit alors de sanctionner ce non-respect. Afin d’éviter les dérives des sanctions, l’Institution a, au fil des années, fait évoluer la législation qui encadre les droits en la matière. Il n’est pas rare de penser que l’interdiction des châtiments corporels date de la circulaire de 1887 qui est citée dans de nombreux ouvrages. Cependant, une première circulaire datant de 1803 faisait déjà état de cette interdiction en milieu scolaire. Dans la pratique, malgré la législation, les maîtres avaient recours aux punitions corporelles car la Cour de Cassation, en 1889, a reconnu aux éducateurs un droit de correction. Ce n’est qu’un siècle plus tard, en 1989, que la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant apparaît et mentionne dans son article 19 que « Les Etats parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toutes formes de violences d’atteintes ou de brutalités physiques ou mentales […] pendant qu’il est sous la garde […] de toute autre personne à qui il est confié. ». L’article 28 de la même convention ajoute que « […] la discipline scolaire est appliquée d’une manière compatible avec la dignité de l’enfant en tant qu’être humain […]». Pour la première fois, le professeur encourt des poursuites judiciaires en cas de violences envers un élève. Le cadre institutionnel actuel se réfère à la circulaire n°91-124 du 6 juin 1991. Celle-ci décrit les pratiques interdites aux professeurs à l’encontre des élèves et de leur famille au sujet de la discipline et des sanctions. Aucune forme de violence ne peut être tolérée de la part du professeur envers les élèves et inversement.

La création de groupes de travail sur le climat scolaire au sein de nombreuses académies démontre la volonté de l’éducation nationale de prendre en charge l’accroissement de la violence et son combat.

La sanction à l’étranger

Les châtiments corporels étant interdits depuis longtemps en France, il semble intéressant d’observer les pratiques éducatives en termes de sanction à l’étranger de nos jours. Dans un article publié sur le site du National Center for Biotechnology Information (Centre américain pour les informations biotechnologiques), Elizabeth T. Gershoff, professeure de développement humain et de sciences de la famille à l’Université du Texas à Austin, dresse un bilan concernant l’utilisation des châtiments corporels à l’école au niveau mondial et des résultats et efforts d’intervention concernant ceux-ci. En préambule de ses constats, l’auteur indique que la plupart du temps, la punition corporelle implique l’utilisation d’objets. En effet, les enfants du monde entier témoignent d’avoir été frappés à l’aide de bâtons ou de planches en bois. Lorsque les châtiments corporels sont réalisés avec les mains, les bras, les jambes et la tête sont les parties les plus ciblés. D’autres formes de punition comme se faire tirer les oreilles ou les cheveux sont indiquées par l’auteur. D’un point de vue règlementaire, nous soulignons que le châtiment corporel est autorisé dans 128 pays et est interdit dans 69 (soit 35%). Trois grands pays industrialisés continuent d’autoriser la punition corporelle : l’Australie, la Corée du sud et les États-Unis. En Australie et aux Etats-Unis, la réglementation dépend des états. Le châtiment corporel est interdit dans 5 états sur 8 en Australie et dans 31 Etats sur 50 aux Etats Unis. L’auteure souligne que les Nations Unis ont clairement indiqué que les punitions corporelles dans ces pays/état violent la convention des droits des enfants, en particulier les articles 19, 28 et 37 cités précédemment. Ces châtiments corporels ont un impact considérable sur les apprentissages avec lesquels ils interfèrent. Les observations faites sur terrain avancent également que les enfants qui fréquentaient une école qui autorisait les châtiments corporels (gifles, pincements, coups de bâton) avaient un vocabulaire moins élaboré, et une plus faible motivation que les enfants fréquentant une école ne permettant pas les châtiments corporels. Il parait évident que les enfants, victimes de ces comportements, évitent ou n’aiment pas l’école parce que c’est un endroit où ils ont constamment peur d’être agressés physiquement par leurs enseignants. Au-delà de l’aspect moral, l’impact sur la santé physique des élèves est également remarquable. Dans les pays en développement, de nombreuses actions sont mises en place pour tenter de mettre fin aux châtiments corporels :
– Veiller au respect de la réglementation : Même si les Nations Unis ont appelé à interdire les châtiments corporels dans tous les contextes y compris l’école, il existe encore des pays ou cela reste autorisé.
– Éduquer le public et le personnel enseignant sur l’impact des châtiments corporels sur les enfants. Le véritable changement de comportement des enseignants et des administrateurs d’école nécessitera une éducation sur les méfaits des châtiments corporels et sur les autres formes de discipline positives.
– Instaurer des sanctions appropriées pour le personnel en cas de poursuite
– Créer des procédures pour que les élèves, les parents ou les enseignants puissent signaler des violences à l’école. Alors qu’en France, les élèves semblent à l’abri des châtiments corporels, il s’agit encore d’une réalité pour des millions d’enfants dans le monde même s’il est prouvé que cela engendre des dommages physiques, des problèmes de santé mentale et comportementale ou des difficultés de réussite.

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Table des matières

Introduction
1. Contexte professionnel
1.1 Dans nos classes
1.2 Problématique et questions de recherche
1.3 L’institution
1.4 La sanction à l’étranger
2. D’après la science
2.1 Historique
2.2 La nécessité d’instaurer des règles et des sanctions
2.3 Les pédagogies alternatives
3. L’étude
3.1 Dispositif
3.1.1 Le bilan météo
3.1.2 Le conseil coopératif
3.1.3 Système de récompenses
3.1.4 Hypothèses
3.2 Dans nos classes
3.2 Analyse de résultats
3.2.1 Lancement des dispositifs
3.2.2 Grille d’analyse
3.2.2 En maternelle
3.2.3 En élémentaire
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Remerciements

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