Quelle valorisation pour un patrimoine immatériel à caractère religieux ?

Implantation à Saint-Esprit-lès-Bayonne

Aujourd’hui un des quartiers de la ville de Bayonne, Saint-Esprit-lès-Bayonne dépendait de l’arrondissement de Dax avant d’être déclaré comme commune indépendante, jusqu’à son rattachement à la ville de Bayonne en 1857. L’année 1492 est la date qui est souvent choisie comme marqueur symbolique de la naissance de la communauté de Bayonne , même si elle ne correspond pas véritablement au début probable de l’implantation judéo -portugaise à SaintEsprit lès-Bayonne. En effet, la présence juive dans cette ville est attestée dès la fin du XVIème siècle mais la grande majorité des nouveaux arrivants sont venus au XVIIème siècle.
L’histoire populaire des juifs de Bayonne veut qu’ils aient vécu leur judaïsme de façon clandestine, affichant au monde extérieur une appartenance à l’église catholique . Cette vision est néanmoins remise en question par les faits de l’histoire. Bien que toute mention de la vraie religion des « marchands portugais » soit évitée dans les écrits officiels, le judaïsme étant interdit en France depuis 1394, « nul n’ignora la religion des Portugais, le judaïsme » . Ce constat est d’autant plus plausible quand nous considérons les faits de l’installation de cettepopulation : des synagogues (certes, en forme d’oratoires construits à l’intérieur des appartements privés), un bain rituel, et un cimetière réservé à leur usage et où ils pouvaient respecter les rites et règlements funéraires de leur religion.
Interdits de séjourner dans la ville de Bayonne au XVIIème siècle, les juifs font de Saint Esprit leur lieu d’implantation principale. Le XVIIème siècle voit également la solidification de communautés importantes à Peyrehorade, Labastide-Clairence, et Bidache . A Saint-Esprit, la population juive réside sous la protection des chanoines de Saint -Etienne. Une relation symbiotique se développe entre ces deux groupes voisins : les nouveaux arrivants ont besoin de logements et locaux pour exercer le commerce et les chanoines disposent de biens immobiliers qu’ils leur louent sans scrupules. La fin de ce siècle marque le début de l’âge d’or de la communauté à Saint Esprit, âge qui durera jusqu’au dernier quart du XVIIIème siècle.

Croissance et déclin d’une communauté à Saint Esprit

Cet âge d’or pourrait également être appelé « l’âge de la nation portugaise » car il est caractérisé par une organisation et une gestion qui s’officialisent, la floraison d’institutions communautaires et de bienfaisance, et une augmentat ion des échanges intellectuels et religieux avec Amsterdam, Londres, et la Terre Sainte . Pendant cette période, la « nation » organise sa propre gouvernance, étant exclue du droit commun. Le gouvernement de la « nation portugaise », organisé en syndics, veille sur le bien-être et le fonctionnement de sa communauté : la collecte et la gestion d’impôts, taxes et redevances à l’intérieur de la communauté, l’organisation d’une force de l’ordre interne, aide sociale envers des membres les plus démunis de la communauté (nourriture, logement, soins médicaux), et la supervision du fonctionnement de nombreuses synagogues . C’est pendant cette période prospère et fécond e que la population atteint environ 3 000 habitants, ce qui justifie le surnom de « la petite Jérusalem ». Pratiquant leur judaïsme de façon plus ouverte, il est important de souligner que les juifs de Bayonne sont cependant, et cela jusqu’à la veille de la Révolution, considérés par la monarchie française comme des « nouveaux chrétiens ». Ainsi, ils sont toujours victimes d’une vulnérabilité systématique au niveau de la loi, malgré leurs gains économique s et sociaux considérables.
Le déclin économique à Bayonne commence au dernier quart du XVIIIème siècle ce qui provoque l’exode d’une partie de la population vers Pau, Bordeaux, et les colonies. Comme témoignage de la régression démographique, la fermeture de nombreux oratoires est attestée.
Mais sûrement plus important encore que des facteurs économiques, les idées des Lumières à l’aube de la Révolution vont venir bousculer l’organisation et l’existence même de la « nation ».
En effet, le décret de L’Assemblé National du 28 janvier 1790 déclare que « tous les juifs connus en France sous le nom de juifs portugais, espagnols, avignonnais, continueront de jouir des droits de citoyens actifs dont ils avaient joui jusqu’à présent » . Avec cela, les membres de la communauté juive gagnent leur statut de citoyen un an et demi avant que la mesure soit étendue à l’ensemble des juifs de France . Mais elle perd en même temps son statut de « nation » et, avec ce statut, le privilège d’être régis par ses propres lois.
Sous le régime concordataire, imposé aux communautés juives à partir de 1808 par décret napoléonien le 17 mars, le système de gouvernance à Bayonne, comme partout en France, se réorganise en Consistoire. D’abord sous la tutelle du Consistoire de Bordeaux, Bayonne demande et obtient son indépendance en 1846 sous le nom « Consistoire israélite de Bayonne ». Le consistoire était une institution administrative, sous le contrôle de l’Etat, composée de notables et chargée de l’administration, la supervision, et la gestion de tous les aspects du culte . Ces consistoires ont été responsables de la création d’écoles juives, de plusieurs associations de bienfaisance, et réglaient les affaires cultuelles comme le recrutement des rabbins, la gestion du cimetière et la vente de viande cachère.

Une communauté de tradition séfarade

Une des raisons officiellement donnée pour la cohésion « harmonieuse » entre les familles bayonnaises de souche et celles qui sont venues plus tard d’Afrique du Nord, est qu’elles partagent entre elles une affiliation à la tradition séfarade. Comme évoqué en début de l’histori que des juifs d’Espagne, ceux qui s’identifient comme séfarades sont présents aujourd’hui partout dans le monde : en Turquie, dans les Balkans, aux Pays Bas, en Angleterre, et aux Amériques.
Comment définir l’adhésion à ce courant minoritaire ? La question a fait couler beaucoup d’encre, sans pour autant aboutir à une conclusion définitive. Il n’y a pas d’unanimité, particulièrement parmi les sefardim eux-mêmes.
Dans la préface d’un recueil d’essais sur le sujet, George K. Zucker énonce les grandes lignes du débat. Plusieurs paramètres sont possibles, soit selon des critères d’origine géographique et d’héritage linguistique, soit selon des critère culturels (croyances, coutumes, superstitions, danses folkloriques, contes populaires, etc.), soit selon des critères de pratiques religieuses (adhésion à une certaine tradition jurisprudentielle ou rituelle, telle que le rite portugais, autrefois utilisé à Bayonne).
La définition d’un séfarade, selon les critères les plus inclusifs, peut inclure n’importe quelle personne qui s’identifie avec cette culture et cette tradition . Au contraire, la définition la plus restreinte se limite à des descendants directs des juifs d’Espagne qui ont en plus conservé l’utilisation de l’Espagnol ou d’autres langues hybridées . Cependant, il est important de reconnaître les différentes façons d’exprimer cette tradition. Il serait un peu rapide de suggérer que le sépharadisme de Bayonne soit identique à celui de la Turquie ou, en ce qui nous concerne davantage, celui des pays d’Afrique du Nord.
Par exemple, les différentes traditions culinaires illustrent particulièrement cela.

Pratique religieuse

Officiellement, l’Association Cultuelle Israëlite de Bayonne et Biarritz reconnaî t l’autorité du Consistoire central de France et l’institution du Grand Rabinât. Entre autres, elle adhère aux règles mises en place par le Consistoire central, telle que la séparation des sexes lors des offices. A Bayonne, les femmes se placent dans le balcon situé au fond du temple alors que les hommes s’assoient au rez-de-chaussée autour de la tebah, l’estrade sur laquelle se fait la lecture de la Tora. A cet égard, la communauté s’identifie à un courant traditionnaliste orthodoxe, le Consistoire de France épousant des règles assez conservatrices. En pratique, il est certes difficile de se prononcer sur la communauté dans son ensemble, car elle est composée d’individus divers et variés. Néanmoins, la description de Martine Cohen d’un « traditionalisme tranquille » me semble décrire assez fidèlement la dynamique religieuse à Bayonne, « ouvert à la diversité des degrés de pratique et des modes d’identification juive ».
Quant au niveau de pratique individuelle, on m’a souvent décrit comme « peu pratiquante » l a communauté, c’est-à-dire comme un groupe de personnes qui ont tendance plutôt à marquer les fêtes mais à ne pas respecter d’autres obligations, plus contraignantes, comme la consommation de nourriture cachère ou les règles de pureté familiale . C’est un constat que j’ai pu observer lors des enquêtes de terrain et entendre lors des conversations auxquelles j’ai participé. Ainsi, certains membres notables de la communauté, occupant des postes administratifs, ne mangeaient pas cachère en dehors des repas communautaires, eux entièrement conformes aux lois de la kashrut.
Le faible taux d’observance religieuse s’explique en partie par des limites infrastructurelles ; il n’y a ni bain rituel, ni boucheries cachères à Bayonne. Cependant, certains aménagements ont été mis en place : les femmes voulant se purifier mensuellement peuvent se rendre au mikvé de Pau ; l’achat de viande cachère est organisé par l’association. Pour cela, une certaine organisation préalable est nécessaire. Pau se trouve à plus d’une centaine de kilomètres du centre-ville de Bayonne et la commande de viande cachère peut être effectuée qu’une fois par mois. Ce manque d’infrastructures provoque-t-elle un certain laxisme d’observance religieuse ou est-ce l’inverse ? Ce sont des questions largement en dehors du cadre de ce mémoire, mais qui seraient une piste intéressante à suivre dans une étude de la dynamique du judaïsme à Bayonne.

Situation géographique

Un autre facteur important joue sur la pratique religieuse individuelle : la situation géographique influence sûrement l’assistance régulière aux offices. En effet, les deux cents familles de la communauté actuelle sont très éparpillées. La communauté de Bayonne rassemble l es membres d’une circonscription assez vaste, qui va de Mont de Marsan à Dax dans les Landes, jusqu’aux villes de la côte basque : Bayonne, Biarritz, et Hendaye, près de la frontière Espagnole, soit une superficie d’environ 500 kilomètres carrés.

La fête de Pourim : sources liturgiques et développement

Pourim est une fête juive, qui commémore les événements du livre d’Esther. Ce dernier se trouve dans la bible hébraïque et la bible chrétienne . Ce texte raconte, dans le style d’un conte persan , la délivrance du peuple juif par l’intermédiaire d’une femme, la reine Esther. En théorie, la fête de Pourim est célébrée par l’ensemble du peuple juif, car l’observation de cette fête constitue une obligation religieuse, ou mitsva . A Bayonne comme ailleurs, Pourim est fêtée, de façon plus ou moins marquée, tous les ans. Cette année, en 2016, la fête tombait entre le 23 et le 24 mars et la célébration communautaire, à laquelle j’ai assisté, a eu lieu le soir du 23 mars dans une salle polyvalente à Bayonne.
Avant de procéder à la description des festivités et de leur organisation à Bayonne, je propose de les situer dans un contexte historique et religieux : d’abord une présentation synthétique des textes fondamentaux, ensuite une description simplifiée du récit d’Esther, et enfin je poserai les bases de la fête et ses caractéristiques principales afin de faciliter l’analyse des pratiques à Bayonne.

Les sources écrites : le TaNaKh, le Talmud et le Midrash

Les fondements de la fête de Pourim – pourquoi et comment elle est marquée dans l’année juive – se trouvent dans les écrits sacrés du judaïsme. La bible hébraïque , que l’on appelle par l’acronyme TaNaKh , est composée de vingt -quatre « livres », regroupés en trois parties : la Tora, (les cinq premiers livres, aussi appelé le Pentateuque en français) récit de la création du monde, de l’humanité et de la nation d’Israël ainsi que les codes de la loi divine ; leNeviim (huit livres) qui raconte les vies et les enseignements des prophètes ; et le Ketuvim (onze livres), une collection de divers écrits qui ont été admis au corpus dans la période postérieure à la consolidation des livres de la Tora et du Neviim. Le livre d’Esther se trouve dans cette troisième partie, parmi les cinq derniers rouleaux, ou megilot , rassemblés et authentifiés par les sages, entre environ 125 et 150 avant notre ère . Ce texte, en forme de récit, témoigne de l’événement qui est commémoré – c’est-à-dire l’histoire de la reine Esther et comment elle asauvé le peuple juif. Le récit contient également l’institution de la commémoration et donc de la fête de Pourim elle-même.
Le Talmud est une compilation écrite de la loi orale. Etant le fruit du débat intellectuel entre les sages de l’époque rabbinique (entre le IIIème et Vème siècle de notre ère), il se présente souvent sous forme d’une discussion ou de questions-réponses. Concernant Pourim, le Talmud contient un traité sur le megila d’Esther. Ce traité se concentre essentiellement sur la codification des divers rites à accomplir lors de la fête. Par exemple, quand le repas de Pourim devait être consommé, qui est habilité à lire le megila, ou bien des précisions sur la date de la fête dans différents endroits.

Le cadre

J’arrive sur les lieux quelques minutes avant 19h le soir du 23 mars. C’est le troisième événement de la communauté juive de Bayonne auquel j’assiste, et même si je suis plus sûre de moi-même qu’à l’occasion du premier, la fête de Hanuka en décembre, je suis néanmoins nerveuse. Après quelques minutes d’hésitation, je pousse la porte de la salle polyvalente louée pour l’occasion. Je suis déçue, mais pas surprise, de voir que malgré l’heure, presque personne n’est arrivé. Je n’ai aucun moyen de disparaî tre dans la foule ! Les gens sur place sont principalement des organisateurs de la fête ; des femmes, dont je reconnais quelques-unes, grâce à mes enquêtes, sont occupées avec des derniers préparatifs dans la cuisine. Je les salue rapidement mais elles sont prises dans la précipitation et je n’ai pas envie de les déranger. Les hommes, majoritairement des membres du mouvement Loubavitch – facilement reconnaissables par leurs habits noirs, leurs chapeaux à larges bords, et leur barbe fourni e – sont rassemblés dans un coin de la salle, en train de se préparer pour les prières qui vont bientôt commencer. Je me mets donc un peu à l’écart pour mieux observer la salle.

La salle

La fête cette année se passe dans la Salle l’Albizia, salle polyvalente « festive » qui appartient à la municipalité de Bayonne. Elle se situe proche de Saint -Esprit, le quartier traditionnellement associé avec la communauté juive. Que Pourim ne se passe pas à la synagogue cette année n’est pas forcément dû au fait que la synagogue est fermée. Il n’est pas inhabituel qu’une salle extérieure soit louée pour cette fête, surtout pour le repas et les festivités qui l’accompagnent. En effet, la même salle a été retenue l’année précédente, en 2015, bien avant la fermeture temporaire de la synagogue. Même en allant plus loin dans l’histoire de Pourim à Bayonne, la célébration se faisait souvent dans une salle louée, principalement pour pouvoir accueillir un plus grand nombre de personnes, surtout pour le repas de Pourim.

Le « carnaval des juifs »

D’où vient cette association entre le carnaval et la fête de Pourim ? C’est d’abord une simple question de correspondance calendaire ; Pourim coïncide dans l’année avec la saison du carnaval chrétien, le Mardi Gras précédant la période de carême . Le mois d’Adar dans le calendrier juif tombe au printemps, dont le symbolisme classique de renouvellement également associé au carnaval, est particulièrement bien adapté aux thèmes de rédemption et renaissancede Pourim. En revanche, alors que le carnaval annonce le carême, donc une période de jeûneet de privations, Pourim marque la fin d’une période de jeûne, mais plus courte, qui s’appelle le jeûne d ’Esther. Pourim indique aussi, à sa façon, le début d’une deuxième période de restrictions. Selon un de mes témoins, il est traditionnel, dès la fin de Pourim, de commencer « tout de suite » les préparations pour le Pesah . Cette préparation est autant spirituelle que matérielle, avec le grand nettoyage de la maison qui précède la fête de Pesah, pendant laquelle toute trace de nourriture contenant de la levure (hamets) est interdite. Ce nettoyage ne sert pas seulement à « chasser » toute présence de levure dans la maison, jusqu’aux miettes de pain qui pourraient être cachées derrière ou dans les meubles, mais à se préparer spirituellement pour la célébration de Pesah, un des moments phare dans l’année juive. Dans les mots de mon interlocutrice, Pourim sert donc de « repère dans l’année, annonciatrice de la fête de Pesah ».
L’association entre Pourim et le Carnaval est plus complexe qu’une simple correspondance de dates. Mardi Gras et Pourim incitent à une certaine forme d’indulgence envers des comportements qui sont normalement considérés comme antisociaux : la satire, liée au thème du renversement, et la pratique de se « voiler » ou transformer son identité, qui est en elle-même une forme de transgression sociale . Je développerai ces pratiques « carnavalesques » à fur de leur apparition au cours du déroulement de la soirée.

La lecture de la megila

Les personnes continuent d’entrer petit à petit, et chacun s’assoit où il veut autour des tables. C’est le signal que la soirée de Pourim va bientôt commencer. La lecture de la megila, l’événement principal pour lequel nous sommes tous rassemblés, est précédée par la prière du soir, suivie par une sorte de pré-commentaire du texte. La prière et le sermon sont effectués par le rabbin de Bayonne. Dans son homélie, il situe la fête de Pourim dans un contexte liturgique plus large, en faisant le rapport avec la fête de Yom Kippour. Il la place aussi dans un contexte socio-politique actuel, en soulignant le lien entre la haine et l’intolérance de Haman envers le peuple juif et les attaques terroristes à Bruxelles la veille. Ses mots me rappellent une autre fête, une autre attaque terroriste : à la soirée d’allumage de la première bougie de Hanuka, quelques semaines après les attentats de Paris , le rabbin avait fait un discours similaire, en décrivant les valeurs de Hanuka comme des « valeurs républicaines » : le respect des libertés d’autrui, la liberté de culte, le débat non-violent et l’engagement civil. Cette ouverture sur le monde et sur l’actualité, la volonté d’inscrire les histoires et les événements postbibliques dans un contexte géopolitique moderne m’interpelle nt. Cette façon d’évoquer directement la République Française, structure laïque par excellence, pendant une cérémonie religieuse m’impressionne.
Pendant que le rabbin de la communauté de Bayonne s’installe pour la lecture, l’autre rabbin, le rabbin Loubavitch, prend la parole. Il explique à l’assemblée comment se déroulera la lecture, et nous demande de respecter certaines directives : être attentifs, respectueux de la tache exigeante du lecteur, éviter au maximum de faire du bruit. En effet, le rabbin (qui a jeuné toute la journée) doit débuter la lecture de la megila, lecture qui durera une trentaine de minutes et qui doit se faire d’un seul trait, sans pauses ni fautes. En revanche, s’adressant surtout aux enfants présents, il faut faire du bruit à chaque fois que le nom de Haman est prononcé.
L’écoute de la lecture de la megila demande donc la participation à la fois passive et active de l’assemblée.
La lecture commence. Elle est très rapide, le texte est plutôt chanté que « lu » et même avec la phonétique à côté de moi, je trouve l’exercice très difficile à suivre. Je ne suis visiblement pas la seule à avoir des difficultés ; j’observe des personnes autour de moi qui se perdent, s’interrogent : « Il en est où ? Ah bon – on est déjà au chapitre 5 ? Autant pour moi… » Malgré l’atmosphère de concentration qui accompagnait le début de la lecture, l’attention diminue au fur et à mesure que le temps avance. La longueur de l’exercice, couplé à mon avis avec la faim des personnes qui ont jeûné commence à peser sur l’assemblé…d’autant plus que les entrées sont déjà au milieu de la table devant nous !
Quand le nom de Haman est prononcé , l’assemblée fait du bruit en frappant sur les tables, en tapant des pieds, en agitant des crécelles, surtout utilisées par les enfants.
L’enthousiasme monte dès que l’on approche de l’instant où le roi condamne Haman à mort, et que la terrible fin réservée à Mardochée et au peuple juif se déplace vers ce vilain détesté. Ce grand moment de justice déclenche une augmentation du bruit : le battement des mains qui fait secouer la table, le piétinement enthousiaste, le ton aigu et perçant des crécelles, les ululations féminines joyeuses comme celles que l’on peut entendre dans les mariages ou autres événements joyeux au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Le rabbin attend que le silencesoit revenu pour reprendre sa lecture.

Le Pourim Shpil

Les pièces à l’occasion de Pourim, souvent de caractère satirique, correspondent à une pratique culturelle bien reconnue dans le monde juif. Bien qu’aucune représentation théâtrale n’ait eu lieu cette année à Bayonne, il ne faut pas pour autant l’ignorer, c’est une pratique qui a toujours été aléatoire, et dont la réalisation d’année en année dépend beaucoup de la motivation et du niveau d’organisation de la communauté. Elle peut donc être toujours considérée comme une pratique vivante de la communauté de Bayonne, susceptible de se répéter dans les années qui suivent. En France, le Pourim Shpil, terme yiddish pour dire « la pièce de la fête des Sorts » ou « le jeu de Pourim », est inscrit sur l’inventaire de patrimoine culturel immatériel depuis 2015 dans la catégorie de « pratique festive » . En revanche, à Bayonne, le terme « Pourim Shpil » n’est pas utilisé, certainement parce que la langue yiddish est parlée par les communautés juives ashkénazes, d’Europe centrale et des pays germaniques, et donc n’est pas courante à Bayonne. En effet, selon la fiche d’inventaire, cette pratique concerne principalement la communauté juive ashkénaze mais, selon mes recherches, des pratiques incorporant de la musique, de la danse, du déguisement, et de la mascarade sont confirmées dans la communauté sépharade à Bayonne depuis longtemps. Au lieu du « Pourim Shpil », des termes plus génériques sont employés tels que « pièce », « pièce à la base d’Esther », « pièce de théâtre », « petites pièces de théâtre sur l’histoire de Pourim », « spectacle » et « représentation ». Bien qu’une représentation théâtrale de Pourim ne soit pas produite à Bayonne cette année, j’aimerais néanmoins offrir quelques éléments historiques qui me sont parvenus grâce aux entretiens.

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Table des matières
PREFACE 
INTRODUCTION
METHODOLOGIE 
CHAPITRE 1 : Historique et contexte
CHAPITRE 2 : La fête de Pourim à Bayonne
CHAPITRE 3 : Quelle valorisation pour un patrimoine immatériel à caractère religieux ?
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 
WEBOGRAPHIE 
VIDEOGRAPHIE ET CONFERENCES FILMEES 
ENQUETES DE TERRAIN 
ANNEXE 1 
ANNEXE 2 
TABLE DES ILLUSTRATIONS 
TABLE DES ANNEXES

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