Quelle est la réelle valeur ajoutée de la radio pour l’éducation à la communication à l’ère du numérique?

En cette année scolaire 2017-2018, je suis en poste à l’école polyvalente Cité Champagne, dans le 20e arrondissement de Paris, en tant que professeur stagiaire auprès d’une classe de CE2. L’école se situe à la jonction de secteurs socialement marqués : les abords du boulevard périphérique et de la Porte de Montreuil d’une part, le quartier de Charonne et les alentours de  Place de la Nation d’autre part. Cette localisation particulière pourrait expliquer la grande mixité sociale du public fréquentant les lieux. L’école se caractérise par ailleurs par un nombre relativement limité de classes associé à des effectifs très restreints. A la rentrée 2017-2018, elle comporte deux classes de maternelle, six classes en élémentaire (une par niveau ainsi qu’une ULIS) et est notamment confrontée à une problématique de fermeture de classe. En pratique, cela se traduit par des groupes-classe de taille réduite : le mien compte seulement 20 élèves à la rentrée. A l’occasion d’un M1 MEEF dans l’Académie de Versailles, j’ai eu la possibilité d’évoluer l’année précédente dans une école de Clichy-la-Garenne (REP) en alternance de ma formation. De fait, j’ai rapidement été frappé par le contraste entre les deux cadres d’activité : celui de Cité Champagne m’est apparu particulièrement apaisé, comparativement à ce que j’avais connu précédemment. Par ailleurs, dès les premières semaines, j’ai noté que mes élèves présentaient des dispositions intéressantes en matière de communication (expression orale, bienveillance) et qu’ils montraient aussi une certaine appétence pour les questions d’actualité. Cette appétence allait toutefois révéler une compréhension très confuse de l’environnement médiatique, masquée par une certaine maîtrise technique des terminaux et interfaces numériques. En effet, si prendre des photos sur les tablettes ne semblait pas poser problème à mes élèves, aucun ne parvenait à différentier les téléphones d’Internet, ou encore Internet du site Google…En somme, il m’est apparu que les élèves savaient déjà manier les outils, mais qu’ils ne parvenaient à reconstituer ni le sens des pratiques médiatiques, ni la provenance des contenus.

La société de l’information

L’éducation aux médias et à l’information ne peut être analysée qu’en regard d’un contexte donné : celui d’un monde caractérisé par la circulation accrue des informations et de « possibilités d’échanges décuplées » selon Dominique Wolton . Amplifiée par la caisse de résonance que constituent les médias, la communication est devenue d’autant plus omniprésente que les échanges informationnels ont aujourd’hui infiltré nos vies jusque dans leurs aspects les plus personnels. Dans ces conditions, la communication est devenue « une valeur caractéristique de la modernité » (Wolton, 2009 : 9) que l’école ne peut ignorer : amener les élèves à comprendre le monde dans lequel ils évoluent implique nécessairement de comprendre les dynamiques de communication qui sont pleinement à l’oeuvre dans nos sociétés hyper-connectées.

La communication

Pour saisir l’enjeu que représente la connaissance des médias et de l’information, il est nécessaire d’appréhender au préalable la notion de communication dans laquelle ils s’inscrivent inévitablement. Pour cela, les sciences de l’information et de la communication (SIC) constituent une source de savoirs privilégiée. En effet, ce champ de connaissance, qui est aussi vaste que récent, offre des clés de compréhension d’un phénomène complexe qu’il est possible d’objectiver grâce à des modèles théoriques et dont la portée transcende les champs disciplinaires.

Constituants de la communication

La communication est un champ qui fait émerger des conceptions diverses selon les axes d’analyse : philosophique, sociologique, technique, économique…d’où la difficulté de décrire le phénomène de manière objective et englobante. Les linguistes apportent des éléments de réponse à cette question. D’une part, De Saussure établit une articulation entre la forme (le signifié) et le fond (le signifiant) des messages dans les interactions verbales. D’autre part, s’intéressant aux fonctions du langage, Jakobson déconstruit les éléments constitutifs de la communication verbale et aboutit à un modèle théorique qui, par extension, permet de penser la communication comme une interaction entre un émetteur (le destinateur) et un récepteur (le destinataire) qui échangent des informations (le message).

Niveaux de la communication

Les constituants de la communication étant établis, les chercheurs en sciences de l’information et de la communication s’intéressent par ailleurs aux raisons pour lesquelles les êtres humains communiquent. Si le caractère protéiforme de la communication rend toute tentative de réponse définitive assez périlleuse. Pour appréhender les déterminants de la communication, il faut analyser la nature de ses déclinaisons selon les contextes. Wolton distingue ainsi trois types de communication, en s’appuyant sur l’idée que les êtres humains interagissent à des niveaux différents, selon leurs intentions. Ce qu’il désigne comme le niveau de communication directe relève de « l’expérience anthropologique fondamentale » (Wolton, 2002 : 15), du rapport à l’autre et de l’échange avec autrui. Cette communication est au coeur de la vie collective. La communication technique constitue un échange médiatisé reposant sur « un ensemble de techniques, qui en un siècle, a brisé les conditions ancestrales de la communication directe, pour lui substituer le règne de la communication à distance » (Wolton, 2002 : 15). Enfin, la communication fonctionnelle est la communication nécessaire au fonctionnement des économies interdépendantes à l’échelle mondiale.

Les médias et l’information 

Emergence de définitions 

La projection des modèles théoriques permet de faire émerger une définition structurante des médias et de l’information. En effet, à la lumière du schéma de Jakobson notamment, la notion de média renvoie au canal employé pour permettre le contact entre l’émetteur et son récepteur. De même, l’information constitue le message transmis par le biais de l’interaction. Ces définitions offrent une grille de lecture assez utile en EMI dans la mesure où elles permettent d’appréhender les éléments constitutifs de la communication médiatique de manière rigoureuse: l’information constitue le message transmis dans le cadre de l’interaction, le média est le canal servant de support à la communication qui elle-même repose sur la prise en compte de la relation entre l’émetteur et le récepteur.

Environnement médiatique

Paysage médiatique
Les médias dits traditionnels que sont la presse écrite, la télévision et la radio sont apparus au cours du XXe siècle. Aujourd’hui, ces derniers font figure de médias de masse du fait de leur influence considérable auprès des populations. Bien que toute hiérarchisation soit sujette à débat, ils est généralement accepté que la structure médiatique en France se construit autour de ces médias auxquels on adjoint le web, l’affichage ainsi que le cinéma. Ces médias sont à dissocier des fournisseurs de contenus, comme par exemple les chaînes de télévision ou les stations de radio . En France, le paysage médiatique s’articule autour de ces fournisseurs  de contenus, détenus pour la plupart par de grands groupes notamment industriels. A ce sujet, on peut noter une forte dynamique de concentration des fournisseurs de contenus au sein de mouvements de recomposition quasi-perpétuels. Ces dynamiques démontrent le poids des  enjeux économiques auquel le monde médiatique est actuellement soumis.

Nouveaux médias
Le déploiement à grande échelle des réseaux haut débit a généralisé dès les années 2000 l’accès à Internet et bouleversé le monde médiatique et informationnel. De fait, ces avancées technologiques ont fait émerger de nouveaux usages et auraient contribué à faire entrer le web dans la sphère des médias . La dénomination de “nouveau média” se justifie par  les pratiques qui se sont développées conjointement à une certaine transformation du web, caractérisé par des dimensions nouvelles : dimension sociale (web 2.0), sémantique (web 3.0), intelligente (web 4.0). Si ces appellations sont parfois discutées, elles sont le reflet de mutations qui confortent l’avènement d’un média d’une portée considérable.

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : Aspects théoriques et pratiques
1. La société de l’information
1.1. La communication
1.1.1. Constituants de la communication
1.1.2. Niveaux de la communication
1.2. Les médias et l’information
1.2.1. Emergence de définitions
1.2.2. Environnement médiatique
1.2.2.1. Paysage médiatique
1.2.2.2. Nouveaux médias
1.3. La communication médiatique
1.3.1. Genres médiatiques
1.3.2. Formats médiatiques
2. L’éducation aux médias et à l’information
2.1. Enjeux de l’EMI
2.1.1. Connaître l’environnement médiatique actuel
2.1.2. Raisonner de manière critique
2.1.3. Dimension citoyenne
2.2. Paradigmes pédagogiques
2.2.1. Attitudes éducatives
2.2.1.1. Approche vaccinatoire
2.2.1.2. Approche critique
2.2.1.3. Approche sémiologique
2.2.2. Littératie médiatique multimodale
2.3. L’EMI en pratique
2.3.1. Cadre institutionnel
2.3.1.1. Socle commun
2.3.1.2. Programmes
2.3.1.3. Parcours citoyen
2.3.2. Ressources et accompagnement
2.3.3. Des pratiques parcellaires
2.3.3.1. Des pratiques tournées vers la composante technique
2.3.3.2. Des productions normées scolairement
Partie 2 : Mise en oeuvre et analyse
3. Choix pédagogiques et didactiques
3.1. Choix de la radio
3.1.1. Connaître la radio
3.1.1.1. Spécificités du média
3.1.1.1.1. Le média du son
3.1.1.1.2. Immédiateté
3.1.1.1.3. Ubiquité
3.1.1.1.4. Interactivité
3.1.1.2. Perspectives d’évolution
3.1.1.2.1. Radio numérique
3.1.1.2.2. Le son, médium du futur
3.1.2. Comprendre les formats radiophoniques
3.1.2.1. Langage radiophonique
3.1.2.2. Un formatage contraint
3.1.2.3. Création radiophonique
3.2. Choix didactiques
3.2.1. Principes
3.2.1.1. Approche humaniste
3.2.1.2. Approche créative
3.2.1.3. Liberté et autonomie
3.2.1.4. Déconstruction
3.2.2. Transposition
3.2.2.1. Tâche finale
3.2.2.2. Cadrage
3.2.2.3. Critères de réussite
4. Positionnement de recherche
4.1. Intuitions
4.2. Postulats
4.3. Hypothèses
4.4. Démarche compréhensive
5. Déroulement du projet
5.1. Eléments de contexte
5.2. Enjeux du projet
5.3. Cheminement de la séquence
5.3.1. Appréhender le sujet
5.3.2. S’investir dans la communication médiatique
5.3.3. Appréhender le projet
5.3.4. Décider collectivement
5.3.4.1. Choisir un souvenir
5.3.4.2. Choisir un titre d’émission
5.3.5. Produire collectivement
5.3.5.1. Enregistrement de la trame principale
5.3.5.2. Enrichir la production
5.3.5.2.1. Un ton plus naturel
5.3.5.2.2. Des bruitages
5.3.5.2.3. Un tapis musical
5.3.5.2.4. Un générique
5.3.5.2.5. Montage et mixage
6. Bilan et éléments de réflexion
6.1. Bilan du projet
6.1.1. Une production courte mais assez aboutie
6.1.2. Des compétences émergentes
6.1.3. Une mise en route laborieuse
6.1.4. Une adhésion inégale
6.2. Mise en perspective
6.2.1. Radio et EMI
6.2.2. Didactique de l’EMI
6.2.2.1. Créativité
6.2.2.2. Pédagogie de projet
6.3. Horizons personnels
Conclusion
Références
Résumé

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