Quelle est la réalité de la division du travail ?

Quelques définitions de la division du travail

          L’expression « division du travail » connait plusieurs sens selon les auteurs qui l’emploient. Mais la finalité du terme sera toujours la même pour tous : c’est la division du facteur travail en plusieurs séquences simples, et où chaque séquence est attribuée à un ouvrier dans l’exécution de cette dernière. Mais dans cette partie, la base de l’étude se fait autour de la division du travail selon Smith dans sa Richesse des nations. Cependant, cela n’empêchera pas de connaître et d’acquérir d’autres significations de cette division du travail car « la diversité fait la richesse ». La division du travail a été inventée, en premier, par Bernard de Mandeville7 durant le XVIIIème siècle dans « La fable des abeilles ». Il y analyse les fonctionnements réels de la société dans une économie donnée. La division du travail peut être renvoyée aux expressions : la division sociale du travail, la division technique du travail et la division internationale du travail. Mais ces expressions ne sont pas à confondre car leurs utilisations varient selon le contexte où elles sont employées. Dans la Richesse des nations, Smith confond la division technique et sociale du travail sans pour autant négliger l’un ou l’autre. Il considère que la division du travail est la séparation de ce dernier en plusieurs tâches spécifiques et élémentaires. Le processus de production est alors parcellé en plusieurs étapes de production. Dans ce cas, chaque individu, attaché à une tâche spécifique, peut se spécialiser dans une des tâches où il sera le plus doué et le plus efficace. Par ailleurs, la division du travail est une « spécialisation des travailleurs dans les étapes particulières du processus de production » (BICHOT Jacques et al, 2010). Ici, la parcellisation du processus de production de Marx est toujours présente. A titre d’illustration, dans une famille composée de parents et d’enfants, le travail du père est de trouver de l’argent, celui de la mère de gérer la maison c’est-à-dire s’occuper de la santé, de l’habillement et de la bonne marche de la maison. Dans cet exemple, chaque personne possède une tâche spécifique (trouver de l’argent et gérer la maison). Cette liste de définitions de la division de travail n’est pas exhaustive. Cependant, elles seront utiles dans l’analyse de la division du travail afin de ne pas confondre des termes voire même des concepts à ce sujet.

Gain de temps dans le passage d’un outil de production à un autre

              « L’avantage qu’on gagne à épargner le temps qui se perd communément en passant d’une sorte d’ouvrage à une autre, est beaucoup plus grand que nous ne pourrions le penser au premier coup d’œil » (SMITH Adam, 1991, page 75). Si l’ouvrier n’était pas spécialisé dans la production de marchandises, il perd énormément du temps au cours du changement d’outils et place de l’étape suivante. En effet, la spécialisation de la tâche permet d’éliminer le « temps mort » lors du passage d’une tâche à une autre. Si une fabrique décide d’ignorer l’existence de la division du travail, il est pratiquement impossible « de passer très vite d’une espèce de travail à une autre qui exige un changement de place et des outils différents » (SMITH Adam, 1991, page 75). De plus, en faisant la spécialisation d’une seule tâche une préoccupation de la vie de l’ouvrier, ce dernier restera concentré et productif toute la journée. Smith a choisi l’exemple du tisserand dans son ouvrage. La division du travail étant absente, le tisserand, utilisant une petite ferme, « perd une grande partie de son temps à aller de son métier à son champ, et de son champ à son métier » (SMITH Adam, 1991, page 75). Même si ces derniers se trouvent dans un même emplacement, le tisserand perd toujours du temps mais moindre. Par ailleurs, une fabrique use du temps dans le passage d’un outil de fabrication à un autre. Mais après avoir changé d’outil, l’ouvrier devra reprendre une nouvelle habitude dans sa nouvelle besogne : une nouvelle tâche correspond à une nouvelle habitude et habileté dans son exécution. « Quand il commence à se mettre à ce nouveau travail, il est rare qu’il soit d’abord bien en train; il n’a pas, comme on dit, le cœur à l’ouvrage, et pendant quelques moments il niaise plutôt qu’il ne travaille de bon cœur » (SMITH Adam, 1991, page 75). Par conséquent, la production dans une journée d’une fabrique ne sera pas meilleure. Jusqu’ici, les avantages de la division du travail n’ont montré que celle-ci est inéluctable dans l’accroissement de la productivité, de la richesse d’une nation. De plus, avec cette spécialisation dans une tâche du processus de fabrication, l’ouvrier peut chercher des moyens pour abréger son temps de travail. Pour cela, il inventera une machine pour faire la besogne13 à sa place.

Les limites de la division du travail

                  D’une part, bien que la division du travail ne soit qu’un avantage dans l’augmentation de la productivité d’une entreprise de production, elle a aussi des effets pervers au niveau des travailleurs. Selon Smith, un ouvrier spécialisé « n’a pas lieu de développer son intelligence ni d’exercer son imagination à chercher des expédients pour écarter des difficultés qui ne rencontrent jamais » (SMITH Adam, 1991). Par conséquent, l’ouvrier spécialisé dans une tâche particulière de la production de biens « devient en général aussi stupide et aussi ignorant qu’il soit possible à une créature humaine de le devenir », « engourdissement de ses facultés morales », « incapable de goûter aucune conversation raisonnable ni d’y prendre part », « former un jugement un peu juste sur la plupart des devoirs même les plus ordinaires de la vie privée ». D’où, la division de travail de Smith est source de déshumanisation des ouvriers16. Trop poussée, elle mène vers un travail monotone et répétitif. Le travailleur perd la vision du travail final et achevé. De plus, il perd son autonomie et ses propres responsabilités. D’autre part, d’après le professeur Mandrara, le principe des matériels techniques trouvent leur base dans la division du travail. Selon lui, « l’abondance, la variété de produits dans un pays proviennent d’abord de la division du travail, la spécialisation, la professionnalisation des tâches » (MANDRARA Eric Thosun17, 2003). Du point de vue de Smith, le perfectionnement de la division du travail constitue la base de la richesse d’une nation. Mais c’est « l’état de mobilisation générale de la population » qui détermine le niveau de la richesse d’une nation. Ici, il sera question d’un mouvement d’ensemble. Le professeur Mandrara estime qu’il faut dépasser la division de travail de Smith. En effet, « bien avant les tracteurs, il faut introduire la connaissance des pays industrialisés plutôt l’organisation, les méthodes de création monétaire » (MANDRARA Eric Thosun, 2003, page 40). Une des limites de la division du travail est l’extension du marché, c’est-à-dire la taille du marché. Plus elle est importante, plus la division du travail sera de grande envergure ; le processus de production sera divisé en un grand nombre de tâches élémentaires. En effet, la taille du marché détermine les marchandises qui vont pouvoir s’échanger. « Si le marché est très petit, personne ne sera encouragé à s’adonner entièrement à une seule occupation » (SMITH Adam, 1991, page 85), c’est-à-dire que si la taille du marché est réduite, tous les individus auront peur de ne pas échanger leur production contre d’autres marchandises dont ils auront besoin dans la recherche de la satisfaction de leurs intérêts personnels18. De ce fait, pour dépasser cette limite, la division du travail devra être très large19 pour écouler tous les produits des fabriques de marchandises. Dans la RDN de Smith, pour l’illustration de « l’étendue de la faculté d’échanger », l’auteur parle des villageois écossais. Ces derniers se trouvant très loin de la plus proche grande ville du Royaume–Uni, les individus ont l’obligation d’avoir plusieurs métiers à la fois. Smith a pris l’exemple du charpentier et du serrurier du village: le premier « confectionne tous les ouvrages en bois », tandis que le second « tous les ouvrages en fer » (SMITH Adam, 1991, la page 86). Mais avec l’enclavement du village par rapport à la ville la plus proche, le charpentier devra être en même temps un menuisier, un ébéniste, un sculpteur en bois. De même pour le serrurier du village, « les métiers du second sont encore plus variés » (SMITH Adam, 1991, page 86). Dans cet exemple, les concepts de la division technique et sociale du travail sont confondus. A ce sujet, l’auteur penche plutôt vers la division technique du travail dans sa démarche d’explication de la manufacture d’épingles. Mais il ne néglige pas l’existence de la division sociale du travail. Pour lui, une étroite relation existe entre ces deux types de division du travail. Or, il faut, pour cela, bien distinguer la signification de ces deux concepts.

La division « sociale » du travail

            Contrairement à la division technique du travail, la division « sociale » est extérieure à l’entreprise. Elle concerne surtout la spécialisation des producteurs ou individus dans des professions ou des métiers étant indépendants les uns des autres. L’existence des savants, théoriciens, ingénieurs en sont la preuve tangible. Au sein même de l’entreprise, avec la séparation du travail manuel au travail intellectuel, la division sociale est présente. Et, elle peut aussi représenter la distinction entre les différentes classes sociales de la société21. La division sociale se traduit par une hiérarchisation sociale des professions justifiant ainsi l’apparition des classes sociales de la société. A cause de cette division sociale du travail, due au développement de la division technique du travail dans les unités de fabrication de marchandises, un clivage social apparait au sein de la société appliquant une division du travail très ancrée. De là naît alors différentes professions distinctes. Au sein de l’entreprise, se trouvant dans les bureaux de travail intellectuel de conception22, les individus de haut rang social accèdent aux professions les plus qualifiées. Ces dernières nécessitent un grand savoir-faire et de compétences plus qualifiées. Ces individus se trouvent sur une position de commandement : ils siègent au niveau de fonction de direction et d’organisation de l’entreprise. Ce sont eux qui donnent les ordres et commandements aux exécutants. Grâce à l’existence de la division sociale du travail, « les fonctions philosophiques et spéculatives deviennent, comme tout autre emploi, la principale ou la seule occupation d’une classe particulière de citoyens » (SMITH Adam, 1991). Ces personnes privilégiées se situent au sommet de la hiérarchie sociale. Viennent ensuite les ouvriers exécutants. Ils se trouvent à la base de la hiérarchie, contrairement aux capitalistes se trouvant au sommet de la pyramide. Ce sont eux qui exécutent les ordres venant des patrons, ils effectuent les besognes qui leurs sont dédiées. Il est à noter que ces besognes correspondent aux tâches élémentaires dans le long processus de production d’une entreprise. En effet, avec la division du travail, ces tâches deviennent de plus en plus monotones et répétitives. De plus, elles déshumanisent23 les ouvriers et travailleurs. Leurs travaux ne consistent plus qu’à répéter des gestes très simples tout au long de la journée vu que ces besognes sont leurs occupations de leur vie, leurs moyens de vivre, ils ne nécessitent guère des compétences qualifiées ni de savoir-faire pour exécuter la tâche qui leurs est dédiée. A titre d’illustration, au sein d’une fabrique de marchandises, au sommet de la hiérarchie se trouve les patrons, les personnes avec des compétences et savoir-faire qualifiés. Elles ont pour rôle de donner de l’ordre aux exécutants, via des notes de services, des affichages. Ces individus élaborent des techniques pour la facilitation des besognes des ouvriers en inventant de nouvelles machines à savoir des distributeurs automatiques de pièces automobiles dans l’industrie automobile. Cela a pour but de faciliter et d’abréger les tâches élémentaires des ouvriers. De ce fait, le rôle de l’ouvrier est réduit au rang de simple surveillant de la bonne marche des machines dans les étapes de production. Toute au long de l’étude de la division du travail de Smith, Karl Marx a presque toujours été mentionné. Il sera intéressant de comparer les travaux de Smith aux travaux de Marx sur la question du concept de la division de travail. La section suivante concernera, bien évidemment, la comparaison des deux auteurs, tous deux célèbres dans leurs écrits respectifs.

Principes du taylorisme (ou organisation scientifique du travail)

             Tout d’abord, le taylorisme est un système d’organisation élaboré par Frédéric Taylor (1856-1915) pour la rationalisation du travail humain et accroître sa productivité. Il faut d’ailleurs remarquer que le but du taylorisme est le même que celui préconisé par le père de l’économie politique, Smith, dans sa RDN, c’est-à-dire l’accroissement de la productivité. Et, que ce dernier mène vers l’augmentation de la richesse des nations. Le taylorisme peut être aussi un ensemble de principes de gestion de travail (d’après Mickaël Sylvain). Selon Marc Mousli, le taylorisme est défini comme « une méthode de rationalisation de la production afin d’augmenter la productivité » (MOUSLI Marc, 2006). De plus, cette méthode, bien que « scientifique », de Taylor consiste bien évidemment à :
 « étudier comment plusieurs ouvriers habiles exécutent l’opération;
 décomposer leurs gestes en mouvements élémentaires ;
 éliminer les mouvements inutiles ;
 décrire chaque mouvement élémentaire et enregistrer son temps ;
 ajouter un pourcentage adéquat aux temps enregistrés, afin de couvrir les inévitables retards ;
 ajouter un pourcentage pour les repos, étudier les intervalles auxquels ils doivent être accordés pour réduire la fatigue ;
 reconstituer les combinaisons des mouvements élémentaires les plus fréquents ;
 enregistrer le temps de ces groupes de mouvements et les classer ;
 élaborer des tables de temps et de mouvements élémentaires » (MOUSLI Marc, 2006).
Il est mentionné plus haut que le taylorisme est un ensemble de principes. Ils sont au nombre de trois. Ce sont : la division verticale du travail, la division horizontale des tâches, le salaire au rendement et le contrôle des temps.

Le salaire au rendement et le contrôle des temps

          Le salaire au rendement est le salaire donné à chaque unité de produit produite. La parcellisation du travail en besognes élémentaires a pour but de diminuer, voire rendre nul, les temps morts30 afin de produire plus, donc d’augmenter la productivité. Il est dit auparavant que la division du travail est source de déshumanisation de l’ouvrier, leur seule motivation est l’argent. Alors quel que soit la dureté du travail, la fatigue engendrée et l’épuisement, seul un système de salaire peut dépasser les inconvénients néfastes de la division du travail. Dans une usine de production, le bureau de méthodes établit un chronomètre afin de mesurer le temps qu’un ouvrier passe dans la fabrication d’un produit. Cela est entrepris dans le but d’éviter les temps morts. En effet, le chronométrage du temps d’exécution de la tâche spécifique motive les ouvriers à produire plus. De plus, le temps d’exécution détermine le salaire attribué à l’ouvrier exécutant. Par conséquent, l’ouvrier est poussé jusqu’à fond dans l’exécution de la tâche, et du côté du patron, ce dernier gagne du temps. Et cela améliore de plus en plus la productivité de l’usine de fabrication de produits de consommation. Le taylorisme de Frédéric Taylor est une mise à jour de la division du travail de Smith sauf qu’il se trouve dans le contexte où la révolution industrielle règne. Qu’en est-il des apports de Taylor dans cette division du travail ?

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Table des matières

LISTE DES ABREVIATIONS
INTRODUCTION
PARTIE I : LA DIVISION DU TRAVAIL DANS TOUS SES ETATS
CHAPITRE I : La division du travail selon Adam Smith
CHAPITRE II : La division du travail d’après différents auteurs
PARTIE II : LA DIVISION DU TRAVAIL DANS LA REALITE (cas de la division internationale du travail)
CHAPITRE I : La division internationale du travail
CHAPITRE II : Les applications de la division internationale du travail
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE

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