Relation avec les médecins
Les infirmières ont rapporté que la confiance accordée par les médecins et par leurs collègues facilitait leur rôle (Byrne, Creedon, Kennedy et McCarthy, 2015, traduction libre, p. 6). Il existe cinq facteurs principaux qui font obstacle à la collaboration entre médecins et infirmières : le manque de connaissances dans le champ de pratique des infirmières ; le manque de connaissance du rôle infirmier ; les attitudes négatives ; le manque de respect; le manque de communication (Clarin, 2007, traduction libre, p. 540). En ce qui concerne l’élargissement des compétences infirmières, certains médecins sont favorables à une nouvelle forme de collaboration alors que d’autres y sont farouchement opposés. En Australie, le corps médical a exprimé diverses appréhensions concernant la prescription de médicaments. Ils mettent en avant le fait que les infirmières habilitées à prescrire n’ont pas le niveau ni l’expérience clinique requise pour fournir un plan de soins optimal équivalent à celui des médecins. En ce qui concerne l’expansion des rôles infirmiers, l’association médicale australienne (AMA) a clairement fait part de son opposition. Elle considère la prescription comme une discipline purement médicale. Elle souligne le fait que dans la liste des nouveaux rôles certains, tels que les examens diagnostiques, les diagnostics et prescriptions, ne sont pas des rôles traditionnels infirmiers. A la suite de cette déclaration, l’association médicale anglaise (BMA) a également réagi. Elle a reporté que seuls les médecins avaient la formation et les compétences nécessaires pour établir des diagnostics et prescrire (Elsom, Happell et Manias, 2011, traduction libre, p. 10-1112).
De son côté, l’association médicale américaine (AMA) assure que le fait d’encourager les patients à consulter des infirmières plutôt que des médecins dans le cadre des soins primaires peut mettre en danger la santé du patient. Les membres de cette association soulignent la différence de formation : quatre ans de théorie et trois ans de pratique pour les médecins, quatre ans de formation en soins infirmiers et deux ans de formation post grade (Agres et al., 2012, traduction libre, p. 3). Aux Pays-Bas, les médecins se sont également opposés à la prescription infirmière lorsqu’elle a été abordée pour la première fois. Ils ne cautionnaient pas non plus cette pratique pour les infirmières spécialisées en diabétologie, oncologie et pneumologie. Toutefois, les médecins ont peu à peu changé d’avis et déclaré que les prescriptions infirmières, pour un nombre limité de médicaments, pouvaient être réalisables pour autant que la coopération avec le médecin soit garantie. En ce qui concerne les infirmières spécialisées, les médecins seraient favorables à la prescription infirmière, mais uniquement sur la base des valeurs mesurées et en se référant à des protocoles (v. Dijk, Francke, Groenewegen et Kroezen, 2013, traduction libre, p. 6).
L’étude d’Elsom et al. (2011) a fourni des exemples montrant que l’implémentation des nouveaux rôles infirmiers a été reçue favorablement par le corps médical. Il s’agit des milieux de soins primaires, comme le service des urgences et le service des soins aigus. Les chercheurs ont relevé des différences dans l’attitude des médecins envers les infirmières. Néanmoins, il en est ressorti une acceptation commune de l’élargissement du champ de compétences infirmier, qui serait bénéfique dans les prestations de soins. En milieu psychiatrique, les médecins considèrent la prescription complémentaire comme pouvant potentiellement améliorer la collaboration et mettre en place des guidelines concernant les plans de soins. Ils mettent en avant le fait qu’elle permettrait un meilleur contrôle du travail infirmier et que les infirmières pourraient également influencer les décisions des médecins et aider les jeunes psychiatres qui ont peu d’expérience dans le domaine (p. 12).
Satisfaction des patients
Selon la revue de la littérature basée sur sept études, la satisfaction des patients est généralement égale ou supérieure lorsque les soins sont dispensés par des infirmières plutôt que par des médecins. Il semble que les infirmières passent plus de temps auprès des patients et donnent davantage d’informations. Les résultats semblent indiquer que la qualité des prescriptions infirmières est similaire à celles des prescriptions dispensées par les médecins. Les inquiétudes relatives à la question de savoir si les infirmières possèdent les compétences nécessaires semblent infondées selon les auteurs. (Dekker, Francke, Gielen, Kroezen et Mistiaen, 2013, traduction libre, p. 1056-1057).
Une étude conduite en 2014 en Angleterre par des infirmières et des pharmaciens sur 355 patients a montré que ces derniers avaient une préférence marquée pour les médecins. Cependant, les clients relèvent qu’ils préfèrent consulter une infirmière qui est centrée sur le patient et qui peut aborder d’autres aspects de l’affection, plutôt qu’un médecin qui dispense des soins de moins bonne qualité. La perception de la sévérité des symptômes joue également un rôle dans la décision. Les patients rapportent que leur choix n’est pas influencé par le fait que les infirmières puissent les recevoir plus rapidement et disposer de plus de temps, mais par la qualité des informations reçues. De plus, l’expérience modifie les préférences ; les patients ayant déjà consulté une infirmière sont davantage disposés à poursuivre avec des infirmières. Ces résultats laissent supposer qu’il faut du temps pour que les patients s’habituent aux nouveaux rôles des infirmières, mais qu’une fois cela acquis, ils sont plus susceptibles de consulter à nouveau une infirmière (Blenkinsopp, Gerard, Latter, Smith et Tinelli, 2014, traduction libre, p. 2231-2332).
Une autre étude infirmière anglaise démontre que les patients interrogés étaient satisfaits. Ces derniers rapportent que les infirmières ont les connaissances et les compétences nécessaires pour diagnostiquer et prescrire efficacement en toute sécurité. Cependant, un quart des patients soulignent qu’il est capital que les infirmières soient formées de manière appropriée pour endosser cette responsabilité. Contrairement à ce qui figure dans l’étude précédente, le fait de pouvoir consulter une infirmière plus rapidement qu’un médecin est considéré comme un point positif et un gain de temps pour les patients. Ceux-ci se sentent plus proches de l’infirmière, car elle est plus accessible et disponible que le médecin ; elle prend le temps, donne de nombreuses informations et répond aux questions. Par conséquent, ils pensent qu’elle les connaît mieux que le médecin et sait donc de quoi ils ont besoin (Dhalivaal, 2010, traduction libre, p. 44-45).
Une autre étude a été menée par une infirmière prescriptrice indépendante. Basée sur un échantillon de 55 patients, elle a été réalisée dans un service de soins postopératoires et investigue l’avis des patients. Les questions portaient sur : la confiance accordée lorsque l’infirmière prescrit ; la probabilité que le médicament soit pris si c’est l’infirmière qui l’a prescrit ; la préoccupation du patient de prendre le médicament s’il a été prescrit par l’infirmière et les explications à fournir quant au choix de la médication. Trois choix de réponse étaient suggérés : moins, égal et davantage. Les résultats ont montré que pour chaque point, la réponse « égale » a été majoritairement choisie (60 %, 74 %, 82 %, 82%). Malgré le fait que les patients se fient majoritairement aux infirmières, 40 % des patients concernés par l’étude auraient davantage confiance lorsque c’est le médecin qui prescrit le médicament et 26 % seraient plus susceptibles de le prendre quand il est prescrit par ce dernier (Banicek, 2012, traduction libre, p. 615).
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Table des matières
Introduction
5.1 Problématique
5.1.1 Relation avec les médecins
5.1.2 Satisfaction des patients
5.2 Question de recherche
5.3 Objectifs de la recherche
6 Cadre théorique
6.1 Pays et années d’introduction
6.1.1 Niveau d’éducation / formation
6.1.2 Conditions légales
6.1.3 Modèles de prescription
6.1.4 Que peuvent prescrire les infirmières ?
7 Méthode
7.1 Devis de recherche
7.2 Collecte des données
7.3 Sélection des études
7.4 Considérations éthiques
7.5 Analyse des données
8 Résultats
8.1 Description de l’étude 1
8.1.1 Validité méthodologique
8.1.2 Pertinence clinique
8.2 Description de l’étude 2
8.2.1 Validité méthodologique
8.2.2 Pertinence clinique
8.3 Description de l’étude 3
8.3.1 Validité méthodologique
8.3.2 Pertinence clinique
8.4 Description de l’étude 4
8.4.1 Validité méthodologique
8.4.2 Pertinence clinique
8.5 Description de l’étude 5
8.5.1 Validité méthodologique
8.5.2 Pertinence clinique
8.6 Description de l’étude 6
8.6.1 Validité méthodologique
8.6.2 Pertinence clinique
8.7 Utilité pour la pratique professionnelle
8.8 Synthèse des principaux résultats
9 Discussion
9.1 Discussion des résultats
9.2 Discussion de la qualité et de la crédibilité des évidences
9.3 Limites et critiques de la revue de la littérature
10 Conclusion
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