Urbanisme & Numérique
Après avoir exposé mes objectifs et méthodes concernant ce mémoire dans la partie précédente, je vais essayer de définir et cadrer plus précisément mon sujet d’étude toujours en lien avec le thème « la culture numérique et l’architecture ». J’ai remarqué que beaucoup d’étudiants décidaient de choisir un sujet en lien avec une expérience vécue. Ce sont dans ces immersions que nous apprenons le plus, que se forge notre vision du monde et que nous pouvons donc partager des connaissances. Ce sont des points de départs pour la théorie, des points d’accroche pour ne pas se perdre. Ce sont déclics qui vont influencer notre perception des choses et donc structurer notre pensée.
Lors de mon stage au CAUE (Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement) de la Vendée, j’ai travaillé sur un habitat traditionnel du marais breton vendéen : la bourrine. Les habitants des marais appelés maraîchins cultivèrent cette terre riche et fertile et y élevèrent leurs animaux. Les riches propriétaires des terrains vivaient dans des fermes appelées des métairies. Les simples journaliers n’ayant pas les moyens d’acheter une parcelle construisaient leurs maisons sur des délaissés communaux. Ils vont développer par contre des procédés de construction ingénieux avec les matériaux à leur disposition. En effet, cet habitat appelé « bourrine » est parfaitement adapté à leur environnement.
C’est sous la contrainte, financière ou du milieu, que les plus belles innovations se créaient.
Ici, il s’agit d’un savoir-faire oublié qui fait écho aux préoccupations actuelles. En effet, la bourrine est le parfait exemple de symbiose entre l’architecture et la nature. Elle est construite avec des matériaux locaux et naturels. De plus, ils sont très performants en termes de bilan énergétique. Ceci est un exemple concret de développement durable, paradigme actuel, qui selon Mme Gro Harlem Brundtland, Premier Ministre norvégien en 1987 est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Il est résumé par la formule économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable.
« Faire de l’architecture signifie visualiser le genius loci : le travail de l’architecte réside dans la création de lieux signifiants qui aide l’homme à habiter. » explique Christian Norbert-Schulz.
Dans la religion de la Rome antique un genius loci (l’esprit du lieu) est un esprit gardien d’un lieu. Il donne vie à des peuples et des lieux ainsi que détermine leur caractère et leur essence.
L’architecture comme les lieux permettent de mettre en relation l’homme et son environnement de manière harmonieuse. Toutes les données telles que la topographie, l’altimétrie, le bâti existant, la végétation, le climat, … sont prises en comptes afin d’intégrer au mieux l’architecture au milieu.
Au lieu de faire table rase du passé, on s’intéresse au cas par cas à ce que peut apporter le bâti existant de ce site en fonction du projet urbain. Françoise Fromonot appelle cela l’urbanisme de révélation. Alexandre Chemetoff a travaillé de cette manière sur l’île de Nantes. Il donne priorité au site et en fait ressortir les principes de mutation dans le temps.
«Par décryptage de la nature (paysagisme), anamnèse du passé et extrapolation patiente des qualités intrinsèques, les lieux engendre localement un programme de leur propre évolution au fil d’un processus perpétuellement inachevé qui constitue en lui-même le projet ».
L’urbanisme est une notion indissociable de l’architecture si peu qu’on soit décidé à construire de manière durable. Nous l’avons vu, la prise en compte de la notion d’urbanisme dans la conception architectural est l’un des piliers de la construction dans le cadre du développement durable. Le paradigme naturel sera le moteur du XXIème siècle. Un autre bouleversement majeur être en train de se produire actuellement et il est lié aux nouvelles technologies de l’information.
L’information selon Michel Serres dans sa conférence « Les nouvelles technologies : révolution culturelle et cognitive » se retrouve dans chaque objet ou être vivant qui compose cet univers.
L’acte de traiter, stocker, recevoir et émettre de l’information est donc universel. A chaque fois que les outils concernant ces fonctions connurent une avancée technologique, l’humain entrait systématiquement dans une période de révolution culturelle et cognitive. L’écriture permit de passer du corps support du langage au papyrus support de l’écriture. Selon les historiens des technologies, le droit, l’état, les religions monothéistes ou la géométrie découlent directement de l’invention de l’écriture. Ensuite l’invention de l’imprimerie à permit de développer par exemple les chèques de banques, la science expérimentale, la reformation de la religion chrétienne ou de la démocratie moderne. Aujourd’hui, l’invention d’internet symbolise la révolution du traitement, du stockage, de la réception et de l’émission de l’information. Après le corps comme support, puis le parchemin, puis les livres imprimés vient maintenant l’internet. Le support est virtuel et implanté dans un espace nouveau.
Nous ne traitons plus l’information sur l’espace des réseaux, cartésien et géographique mais sur un nouvel espace, virtuel, numérique ou les distances n’existent plus. En effet, on y retrouve les adresses e-mail, les réseaux sociaux ou les téléphones portables. Cela pose les questions de droit, de politique, d’état, de religion, d’économie, des relations humaines, etc.
La modélisation 3D et la maquette numérique rentrent dans ce processus de représentation, conception et construction de l’architecture dans un monde virtuel.
Selon les philosophes classiques la cognition humaine comporterait trois facultés : la raison, l’imagination et la mémoire. Selon Michel Serres, la faculté de mémoire est bouleversée par ces nouvelles technologies. A l’époque du stade oral, la mémoire était primordiale pour tout retenir. Les savants avaient une grande mémoire. Avec l’apparition de l’écriture puis de l’imprimerie, cette faculté de mémoire a été externalisée du corps grâce au support physique du papier puis des livres. Le cerveau s’est délesté de cette charge pesante. Les facultés de raison et d’imaginaire ont pu y prendre plus de place. Ce phénomène s’accentue aujourd’hui grâce à internet et à l’ordinateur. Notre cerveau a externalisé la grande partie des fonctions de mémoire et de raison (calculs) dans la machine laissant plus de place à notre imagination.
C’est pourquoi nous allons étudier la maquette numérique à l’échelle urbaine. Nous allons voir comment et pourquoi cet outil peut être extrêmement utile à l’architecte.
QU’EST-CE QUE LA MAQUETTE NUMERIQUE URBAINE ?
Building Information Modeling
Nous l’avons vu, ce sont les découvertes liées aux technologies de l’information qui ont, en chaque époque, révolutionner leur monde. Aujourd’hui, internet bouleverse aussi bien les codes de la politique, de la sphère privée que du monde professionnel. Comme le dit Eric Schmidt (CEO Google), internet est la plus grande expérience anarchique de l’Histoire. La naissance d’internet, peut être vue selon moi, comme la concrétisation d’une expérience anarchique dans un monde profondément anti-anarchique. J’entends évidement par anarchie non pas l’absence de règles mais l’absence de règles dictée par un pouvoir suprême et surtout non pas l’absence d’un pouvoir mais l’absence d’autorité unique monopolisant ce pouvoir.
C’est pourquoi depuis peu, nous entendons parler de la notion bottom up. Aussi appelée approche ascendante, il s’agit d’un pilotage participatif d’une démarche qui prend en compte dès le début le terrain et ses acteurs au plus bas échelon pour ensuite répercuter ces perceptions ou initiatives aux échelons supérieurs. C’est donc l’inverse d’une procédure hiérarchisée qui subordonne la mise en forme et l’exécution par des consignes prescrites. Le BIM n’est ni un logiciel ni une maquette, c’est un processus de travail qui selon moi tend vers cette approche bottom up.
Premièrement, le passage d’un espace de travail cartésien à un espace de travail virtuel facilite le partage des données. Cela améliore l’efficacité de la collaboration entre tous les acteurs. Grâce au BIM, les distances entre les acteurs d’un projet ne sont pas raccourcies mais annihilées.
Le BIM et la CAO ont véritablement deux approches fondamentalement différentes concernant la conception, la documentation et la coordination d’un projet. En effet, la CAO imite le dessin traditionnel au papier et crayon et le transpose aux technologies numériques.
On peut appeler cela du dessin électronique. On produit des éléments graphiques en 2D tels que des lignes, des surfaces, du texte. Le BIM, lui, imite le processus de construction réel. Au lieu de créer des lignes en 2D, les bâtiments sont modélisés à partir d’éléments réels de construction tels que les murs, les fenêtres, les dalles, les toits. Les données étant stockées dans la maquette numérique, les modifications de conception sont automatiquement appliquées aux plans et coupes générés par le modèle virtuel. Malgré un temps nécessaire plus important dédié aux paramétrages et à l’information des éléments architecturaux, le BIM offre au final une importante augmentation de la productivité. En effet, il va aussi permettre de mieux coordonner le processus de construction.
Le schéma ci-dessous illustre bien la répartition du temps de travail entre les différentes phases selon l’utilisation ou non du processus BIM. Au final, en termes de temps global, le processus BIM est plus efficace que la CAO.
Nous l’avons vu le processus BIM permet la construction virtuelle d’un bâtiment avant sa construction physique réelle, afin de réduire l’incertitude, d’améliorer la sécurité, le travail sur les problèmes, et de simuler et d’analyser les impacts potentiels.
Les sous-traitants impliqués dans le processus de construction et d’aménagement ont donc la possibilité d’entrer des informations critiques dans le modèle avant de commencer la construction, ce qui augmente les possibilités de pré-fabriquer ou pré-assembler certains systèmes hors site. Les déchets peuvent être minimisés sur place et les produits livrés sur site juste-à-temps plutôt que d’être stockés et empilés sur place.
Les quantités et les propriétés des matériaux nécessaires à la construction peuvent être facilement extraites à partir du modèle. Les portées des éléments de construction peuvent être définies. Les systèmes des assemblages peuvent être affichés dans une échelle relative à l’ensemble du bâtiment. Le BIM empêche également les erreurs en prévenant un conflit ou «détection de choc» dans lequel le modèle informatique met en évidence visuellement à l’équipe où les parties du bâtiment, par exemple, où les tuyaux ou de conduits de services de cadre et de renforcement de structure peuvent à tort se croiser.
Le BIM a aussi l’avantage potentiel d’éviter la perte d’information associée à la remise d’un projet de l’équipe de conception à l’équipe de construction en permettant à chaque groupe d’ajouter et de renvoyer à tous les informations qu’ils acquièrent au cours de leur période de contribution au modèle BIM. Cela apporte en effet de nombreux avantages :
1. Amélioration de la visualisation
2. Amélioration de la productivité due à une récupération aisée des informations
3. Une coordination accrue des documents de construction
4. Incorporation et de relier des informations vitales telles que les fournisseurs de matériaux spécifiques, l’emplacement des détails et les quantités nécessaires pour l’estimation et de soumission
5. Augmentation de la vitesse de livraison
6. Réduction des coûts.
Le Bim, efficace lors de la conception, est aussi utile et fortement efficace tout au long du processus de projet. Le schéma ci-dessous résume bien la prise en compte dans le processus BIM de toutes les étapes d’un projet, de façon cyclique, de la conception collaborative documentée à la construction en temps réelle jusqu’à la maintenance et la gestion du patrimoine.
Maquette Numérique
Selon la philosophie dans laquelle l’outil informatique servirait l’homme à l’aider dans ses facultés de raison, mémoire et imagination, la maquette numérique urbaine en est un exemple parlant. Celle-ci en effet raisonne en termes de calculs pour définir géométrie, principes constructifs, économie, quantité de matériaux, … en utilisant évidement une faculté de mémoire hyper développée pour renseigner ses calculs des lois physiques, des normes en vigueurs, … On voie ici la maquette numérique comme un outil de conception.
La maquette numérique peut aussi se voir comme un objet. Selon le CSTB, la maquette numérique est une représentation géométrique en3D d’un produit (bâtiment, infrastructure, ouvrage d’art, quartier…) qui, associée à un environnement logiciel et matériel, permet de naviguer et interagir avec ses données, pour concevoir ce produit simuler son comportement physique et pour communiquer auprès des autres auteurs directs, indirects ou influents.
La maquette numérique est en effet un objet regroupant le travail et la connaissance de tous les corps de métiers du bâtiment : thermique, acoustique, énergie, fluides, économie, sécurité, structure, maintenance, … C’est aussiun objet de documentation et d’aide à la décision lors des clashs par exemple représentable grâce aux logiciels visionneuses. Elle reste aussi un objet de compréhension et de gestion dupatrimoine. Ce pose alors la question de la propriété de cette maquette après livraison mais ceci est un autre débat.
Une piste est celle initié par l’internet, renforcée par les blogs et réseaux sociaux et aujourd’hui appelé open data dans le milieu. Le nouveau paradigme sera d’imaginer un nouveau monde de partage. Cela entrainant évidement les éternelles questions de propriété et de maîtrise de ces données. Même si internet, première véritable expérience mondialisé de système anarchique exclu simplement à la base les concepts de propriété et de contrôle sur l’information est finalement amené à changer par la force des choses ou des Etats.
Enfin, la maquette numérique est un formidableobjet fédérateur, accessible et pédagogique.
Elle est le vecteur de l’interopérabilité, de la communication et la participation citoyenne pouvant représenter en elle-même un véritable processus décisionnaire démocratique.
Système d’Information Géographique
Les SIG sont la mise en forme de données géographiques et cartographiques grâce à des logiciels tel que Arcmap dans le but d’étudier et d’analyser un territoire ou un projet à l’échelle urbaine. Concrètement, ces données se matérialisent sous forme d’attributs sémantiques sectoriels superposés dans différents calques 2D.
L’analyse et l’étude d’une ville ou d’un territoire est bien plus complexe que celle d’un bâtiment. En effet, la grande échelle implique un nombre plus important et variés d’acteurs sur le terrain tels que les élus, les habitants, les entreprises, les architectes, les urbanistes, les paysagistes, les sociologues et autres experts. De plus, le nouveau paradigme du développement durable exige de prendre en compte l’équilibre global d’un écosystème. C’est pourquoi, une approche multisectorielle (transport, bâti, énergie, confort, environnement) est absolument nécessaire dans la compréhension d’un territoire.
S’ajoute à cela la nature floue des limites. En effet, à l’échelle urbaine, comment définir le périmètre d’étude d’un territoire, par sa communauté de commune, sa commune, son scot, son quartier, … ?
C’est pourquoi selon moi, la notion de niveaux dedétails est très importante. La quantité et la précision des informations représentéeset communiquées par ces mediums doivent dépendre des enjeux du territoire en fonction de ces différents niveaux de détails. L’échelle de la métropole n’implique pas les mêmes enjeuxque celle du quartier. On peut donc naviguer entre les différentes échelles, partant du territoire et allant vers la ville puis le quartier et enfin les ouvrages d’art ou les bâtiments. Ici, on rejoint la maquette numérique et son processus BIM.
Les SIG se compose déjà de la géométrie spatialeet de données d’altimétrie ou de hauteur de bâti comme mis en évidence avec des logiciels tels qu’Arcscène. Il faudrait donc y ajouter la sémantique des métiers pour atteindre le stade de maquette numérique urbaine. Elle ferait donc le lien avec la maquette numérique et son BIM à une plus grande échelle. Tandis que le bâti est juste une enveloppe extérieure dans la maquette numérique urbaine, le bâti au complet est inséré dans son environnement proche dans la maquette numérique.
Maquette Numérique Urbaine
La MNU, maquette numérique urbaine peut être vue comme la prolongation du processus BIM et de la maquette numérique à l’échelle urbaine. Les données géographiques (qualitatives) permettent de décrire et analyser l’espace tandis que les géométries (quantitatives) permettent de représenter l’espace. Nous pouvons y ajouter ensuite les notions de temporalité, de sémantique, économique, …
La MNU permet en effet de structurer, d’organiser, d’harmoniser, de capitaliser et d’échanger les informations entre les entre les différents acteurs. Interopérabilité et l’interdisciplinarité des données utilisées fait de cette maquette numérique urbaine un véritable outil de connaissance. Elle regroupe les expertises des différents métiers et du vocabulaire de tous les domaines.
La MNU peut être vue comme le regroupement complémentaire des SIG pour la gestion des données « 5A : acquisition, archivage, analyse, affichage, abstraction » et de la 3D pour la communication « 4C : compilation, compréhension, concertation, communication » selon Julien Soula.
Il ne faut pas oublier qu’elle reste un outil, innovant certes, facilitant et optimisant l’expertise mais qu’elle ne doit pas être une fin en soi. C’est un outil d’aide à la conception et communication.
Selon Philippe Thébaud, elle est aussi un outil politique. Dans ce contexte d’ambition de développement durable, la MNU aide à la stratégie du renouvèlement et du développement urbain. La participation des habitants et la concertation de tous les acteurs, le partage de la documentation et du savoir est un véritable acte citoyen. Il peut avoir un véritable impact sur la vie sociale et urbaine. De plus, la mutualisation des compétences et des processus améliore la cohérence d’intervention et donc fait gagner du temps et de l’argent (gestion financière).
Cet outil est une véritable aide pour la programmation et la conception d’un projet urbain durable.
C’est aussi grâce aux progrès de la puissance informatique que ces types d’outils peuvent se développer. Ils ambitionnent en effet un stockage généralisé en quantité impressionnantes de données à traiter et à harmoniser. Je pense aussi que l’industrie du jeu vidéo à beaucoup aider au développement de ces nouvelles technologies en étant toujours à la pointe concernant les moteurs de cartes graphiques 3D ou les processeurs.
QU’APPORTE LA MAQUETTE NUMERIQUE URBAINE A L’ARCHITECTE ?
Conception
D’abord c’est un magnifique outil d’aide à la décision et donc à la conception. Elle permet de traiter et de gérer des métadonnées importantes et complexes visualisables simplement grâce à la maquette numérique. Elle regroupe et optimise ces données pour faciliter la vision que l’on a du territoire.
Elle peut aller plus loin dans l’analyse aussi ense concentrant sur un sujet précis. Par exemple, le logiciel Archiwizard permet de prendre en compte l’environnement et son ensoleillement. C’est un point précis mais cela montre les nombreuses possibilités qu’offre la maquette numérique à l’architecte.
COMMENT LA MAQUETTE NUMERIQUE URBAINE PEUT ELLE ETRE MISE EN PLACE ?
Récupérer les données
Avec l’avènement d’internet, des réseaux sociaux et des blogs, une nouvelle conscience politique et sociale globale est née. Dans cette nouvelle démocratie, chaque individu pourrait, plus que s’exprimer librement, participer de façon collaborative à l’œuvre collective. De nouvelles pratiques naissent. En effet, on voit apparaitre la notion de bottom up, où le citoyen est à la base de la démarche au contraire du top down, processus hiérarchisé qui part de l’Etat.
La connaissance de base est alors universelle, gratuite, dématérialisée, disponible et actualisée à l’instar de Wikipédia. Cette entreprise fut d’abord le résultat d’un manque de financement. En effet, ce choix opportuniste defaire écrire l’encyclopédie par ses utilisateurs s’avère être payant et efficace. Aujourd’hui le site est énormément visité et donc vérifié, signalé et modifié constamment. Dans les matièresscientifiques, en constantes évolutions, il est même considéré comme plus fiable que toutes les autres encyclopédies papier. Cette expérience montre que la connaissance est collégiale.
Certaines instances comme l’IGN ont compris l’intérêt de cet « open data » et mettent à disposition leurs données gratuitement sur internet avec Géoportail. En France, beaucoup d’autres sites permettent de récupérer ce typede données comme donc IGN pour ses cartes, l’INSEE pour ses statistiques ou encore comme sur dataGouv ou auprès des ministères, des collectivités locales ou des services d’informations. C’est peut-être là le nouveau rôle des pouvoirs publics de faciliter et fiabiliser l’accès aux données plutôt que de les produire.
Il y a aussi beaucoup d’exemple d’entreprises privées qui produisent des données et les rendent accessible en open data comme Open street map ou l’application Waze. Ces données sont souvent géolocalisées grâce notamment aux smartphones. Certaines utilisent aussi le crowdsourcing où un grand nombre de gens non professionnels et non rémunérés participent à la création des données. C’est le cas avec l’exemple de google, qui permet aux utilisateurs de définir et référencer eux-mêmes des rues absente de leur base de données. Cela est rendu possible grâce aux sauts technologiques et à la démocratisation de l’outil informatique devenu bon marché.
La créativité, l’intelligence et le savoir du plus grand nombre de personnes est rassemblé en une seule base de données. Ces big data sont rentables de par leur coût nul à l’obtention (les gens les partages en peer to peer librement) et de par leur utilisation après traitement (mash up, croisement sélectif et pertinent).
Les types de données nécessaires
Les premiers types de données nécessaires à la création de la maquette numérique urbaine sont géographiques. Il s’agit de données rasters (images), ponctuelles (matrice de points dans l’espace), vectorielles (polylignes 2D et 3D) et surfaciques (modèle 3D). Elles sont géoréférencées en lambert 93 pour la France. Nous retrouvons des données concernant l’altimétrie. La BD ORTHO correspond aux orthophotos à l’échelle 1/5000. La BD TOPO correspond aux données topographiques, des réseaux routiers et ferrés, du bâti, de la végétation, de l’hydrographie, du relief et des limites administratives. Le BD Parcellaire correspond aux données du cadastre et la BD adresse correspond à la localisation de l’adresse postale.
Il est très complexe de trouver et de gérer ces données en fonction des échelles. En effet, elles peuvent être détenues par différents services territoriaux tels que ceux d’une agglomération, d’une métropole, d’une commune ou d’un conseil général. Souvent les petites communes n’ont simplement pas ces données. Elles peuvent aussi être détenues par des sociétés privées concernant les données de réseaux, de transports, d’énergie, de télécommunication. De plus, ces informations sont hétérogènes de par leur corps de métiers de provenance et leur culture associée.
Les deuxièmes types de données sont géométriques. On y retrouve la géométrie du bâti, de la végétation et des infrastructures en 3D. Lagéotypie est le processus d’application des textures de façon procédurale en fonction de latypologie architecturale. Cela permet de créer en environnement plus ou moins réaliste très rapidement. Cependant, cette technique d’application des textures est à éviter lors de concertation avec une vue plus proche du site car ces modélisations aléatoires risques de perdre les habitués qui pratiques cet espace dans la réalité. Il est difficile de faire abstraction d’un lieu que l’on connait.
La géospécifie est l’application des textures qu’utilise Google Maps par exemple. Il s’agit de prendre des photos des façades et des toitures, deles traiter et de les appliquer en textures au bâti. Les photos agissent en trompe l’œil enapportant du détail à un volume simplifié.
Les troisièmes et derniers types de données sont sémantiques. Elles font référence à des métiers, des domaines bien précis ou des systèmes urbains et leurs connexions. Cela peut être toute base de données utile comme celle de l’INSEE avec ses statistiques. Cela peut être aussi les règlementations en vigeur.
Allier sig bim
L’objectif futur est bien là, allier le BIM au SIG. Comme nous l’avons vu, la complémentarité de ces outils en font leur force : Avoir la maquette numérique des bâtiments et du territoire réunis. Un nouveau format se substituerait à l’ifc : le citygml qui comme son nom l’indique traiterait à l’échelle de la ville.
CONCLUSION
En ouverture, je m’intéresserais à la vision personnelle que j’ai de ces nouveaux outils ainsi qu’à leur utilisation dans le cadre de mes études en architecture. Au semestre 9, j’ai décidé de suivre le TD Territoires numériques qui m’a permis d’expérimenter plus profondément les notions de maquettes numériques urbaines.
Nous avons d’abord utilisé Arcmap et Arcscène. Ils entrent dans la catégorie des SIG, système d’information géographique. Ces logiciels sont très pratiques car ils mettent en forme de façon très efficace les données géographiques à notre portée. Arcscène à le petit plus de pouvoir représenter certaines données d’altimétrie et de hauteur en 3D. Cela amorce déjà le pas vers la maquette numérique. Aussi, la qualité des orthophotos est plus qu’excellente et c’est l’une des raisons pour moi qui font que j’utilise ce logiciel comme base de mon travail de conception sur un projet. De plus, nous pouvons superposerles données à l’aide de calques telles que le cadastre, le parcellaire ou les lignes topographiques. Ces logiciels sont complets et permettent beaucoup d’opérations de traitement de ces données. Une autre notion importante et survenu avec l’ère de ces nouvelles technologieset qui pourraient me faire détourner de ces logiciels précisément, c’est l’open data. En effet, le partage de données devient effectif et certaines instances comme l’IGN ont décidé de rendre leurs données accessibles via internet et leur géoprtail. L’avantage de ce site tient en effet de son accessibilité et de son utilisation facilité. Le principe est le même, on superpose les calques données pré-traitées.
Nous avons ensuite utilisé un logiciel de maquettenumérique urbaine, Infraworks. Il récupère lui aussi les données géographiques à disposition pour les traiter entièrement en 3D. En termes de communication, je trouve ce type delogiciel encore délicat à utiliser car il marque des incohérences entre la marge d’erreur des données géographiques et l’extrême précision de la modélisation du mobilier urbain par exemple.
Par contre, cela peut être un formidable logicield’aide à la conception surtout de par la nouvelle manière de travailler qu’il implique. En effet, malgré les progrès techniques, les fichiers sont très lourds et le matériel se doitd’être performant pour afficher en temps réel toute cette 3D. De plus, les données géographiques utilisées se limitent au relief et à la hauteur du bâti. Le logiciel propose donc demodéliser l’environnement jusque dans ses moindres détails (mobilier urbain, arbres, …) et cela prend énormément de temps. C’est donc ici que la partie collaborative du logiciel est essentielle pour être efficace. Le fichier est stocké dans un serveur accessible aux utilisateurs et ils travaillent sur le même fichier. Les données ne sont pas envoyés via un réseau d’un utilisateur à l’autre ultra rapidement mais elles sont fixes, présentes dans un monde virtuel accessible à tous et partout. Il faudra cependant se répartir les tâches et zones de travail pour éviter les incohérences ou écrasement des données involontaires. Dans ce nouveau mode de travail, la concertation est à la base de tout projet de conception.
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Table des matières
1.0 INTRODUCTION
1.1 Séminaire « Architectures Numériques »
1.2 Mémoire de Séminaire
1.3 Philosophie
1.4 Urbanisme & Numérique
2.0 QU’EST-CE QUE LA MAQUETTE NUMERIQUE URBAINE ?
2.1 Building Information Modeling
2.2 Maquette Numérique
2.3 Système d’Information Géographique
2.4 Maquette Numérique Urbaine
3.0 QU’APPORTE LA MAQUETTE NUMERIQUE URBAINE A L’ARCHITECTE ?
3.1 Conception
3.2 Communication
4.0 COMMENT LA MAQUETTE NUMERIQUE URBAINE PEUT ELLE ETRE MISE EN PLACE ?
4.1 Récupérer les données
4.2 Les types de données nécessaires
4.3 Allier sig bim
5.0 CONCLUSION
6.0 BIBLIOGRAPHIE
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la lecture du document m’interresse beaucoup.