Quantification par EMG de surface

La rรฉalisation dโ€™un mouvement ou dโ€™un effort isomรฉtrique se caractรฉrise de maniรจre systรฉmatique par lโ€™activation des muscles qui se situent de part et dโ€™autre de lโ€™articulation (Basmajian, 1977). Ce phรฉnomรจne est facilement observable grรขce ร  la mesure รฉlectromyographique (EMG) qui permet lโ€™รฉtude fonctionnelle du muscle ร  travers le recueil et lโ€™analyse du signal รฉlectrique qui en รฉmane lorsquโ€™il se contracte (De Luca, 1997).

La coactivation musculaire gรฉnรจre un moment musculaire antagoniste autour de lโ€™articulation qui sโ€™oppose ร  celui gรฉnรฉrรฉ par les muscles agonistes (Remaud et al., 2007). A partir de travaux qui ont quantifiรฉ les moments musculaires, le moment dรฉveloppรฉ par les muscles flรฉchisseurs du genou a รฉtรฉ estimรฉ ร  30 Nm au cours dโ€™une dโ€™extensions isocinรฉtiques de la jambe ร  30ยฐ.s-1 dont le pic de moment net รฉtait de 250 Nm (Aagaard et al., 2000).

La contribution de la coactivation musculaire est ainsi un phรฉnomรจne systรฉmatique (Basmajian et al., 1974) et non nรฉgligeable lors de la production de mouvement (Aagaard et al., 2000) oรน dโ€™effort isomรฉtrique (Beltman et al., 2003). Cโ€™est donc un paramรจtre indispensable ร  prendre en compte dans la comprรฉhension des mรฉcanismes de contrรดle de la contraction musculaire. Des mรฉcanismes supraspinaux et spinaux ont dรฉjร  รฉtรฉ identifiรฉs dans la rรฉgulation de ce phรฉnomรจne, mais lโ€™ensemble des processus qui interviennent, notamment au niveau supraspinal, sont encore mal connus (Ethier et al., 2007). Lโ€™objet central de ce travail de thรจse sera dโ€™รฉvaluer lโ€™implication directe du niveau supraspinal et plus particuliรจrement du cortex moteur primaire dans la rรฉgulation de la coactivation musculaire.

LA COACTIVATION MUSCULAIREย 

La coactivation musculaire est dรฉfinie comme lโ€™activation systรฉmatique des muscles antagonistes lors de contractions volontaires. Pour lโ€™analyse de la coactivation musculaire, les รฉtudes se basent en partie sur des enregistrements du signal EMG de surface. Aprรจs avoir briรจvement dรฉcrit cette technique, nous verrons les fonctions quโ€™occupe la coactivation musculaire dans le contrรดle du mouvement.

Quantification par EMG de surface

La technique dโ€™ EMG de surface correspond ร  lโ€™รฉtude fonctionnelle du muscle ร  travers le recueil et lโ€™analyse du signal รฉlectrique quโ€™il รฉmet lorsquโ€™il se contracte (De Luca, 1997). La stimulation รฉlectrique de la fibre musculaire par la dรฉpolarisation des motoneurones alpha de la moelle engendre au niveau de la plaque motrice un potentiel dโ€™action musculaire qui, en se propageant le long de la membrane plasmique des cellules musculaires, provoque le dรฉclenchement de la contraction. La production de force sur lโ€™environnement rรฉsulte de la multiplication de ces micro contractions. Les รฉlectrodes EMG positionnรฉes ร  la surface de la peau mesurent lโ€™activitรฉ รฉlectrique รฉmise par les fibres musculaires qui se situent sous le champ de dรฉtection de celles-ci (Farina et al., 2002). Le signal EMG reprรฉsente alors la somme algรฉbrique des potentiels dโ€™action musculaire (Day et Hulliger, 2001) et reflรจte donc, en partie, le nombre d’unitรฉs motrices activรฉes et leurs frรฉquences de dรฉcharge (figure 2, dโ€™aprรจs De Luca et al., (1979)).

Pour quantifier la coactivation musculaire, il est nรฉcessaire de calculer ce quโ€™on appelle une enveloppe du signal. Cette enveloppe peut รชtre dรฉterminรฉe par lโ€™application dโ€™un filtre passebas sur le signal redressรฉ par valeur absolue (Reaz et al., 2008). Dans ce calcul, le choix de la frรฉquence de coupure est primordial car le niveau de lissage de lโ€™enveloppe va รชtre largement dรฉpendant de celle-ci. Lorsquโ€™il sโ€™agit de faire un parallรจle entre lโ€™activitรฉ EMG et la force produite, une frรฉquence de coupure relativement basse entre 2,5 ร  9 Hz peut รชtre utilisรฉe (Amarantini et Martin, 2004 ; Olney et Winter, 1985 ; Shiavi et al., 1998). Lโ€™enveloppe peut aussi รชtre dรฉterminรฉe par un calcul de la valeur root mean square (RMS) du signal et permet aussi de faire un parallรจle avec la force produite (Billot, 2009 ; Simoneau et al., 2009). La largeur de la fenรชtre sur laquelle est calculรฉe la valeur RMS du signal a aussi un impact sur le niveau de lissage de lโ€™enveloppe. Le choix de la longueur des fenรชtres peut aller de 24 ร  500 ms (St-Amant et al., 1996) mais des pรฉriodes autour de 100 ร  200 ms sont prรฉfรฉrentiellement choisies (Basmajian et De Luca, 1985). La coactivation musculaire correspond alors ร  la normalisation des enveloppes obtenues par une valeur dโ€™enveloppe maximale obtenue au cours de contractions maximales volontaires. Ce calcul permet de dรฉterminer le niveau dโ€™activation musculaire au cours dโ€™une contraction sous-maximale (Bouisset et Maton, 1996) .

Rรดles fonctionnels de la coactivation musculaireย 

Le moment net produit autour dโ€™une articulation dรฉpend de la contribution mรฉcanique des muscles agonistes et antagonistes. Sa valeur numรฉrique correspond ainsi ร  la somme algรฉbrique entre les moments musculaires gรฉnรฉrรฉs par les muscles agonistes et antagonistes (De Luca et Mambrito, 1987). La contribution du moment musculaire gรฉnรฉrรฉ par les muscles antagonistes au cours de contractions volontaires รฉtant non nรฉgligeable (Aagaard et al., 2000 ; Beltman et al., 2003), ce phรฉnomรจne de coactivation musculaire implique une grande rรฉduction de lโ€™efficience de la contraction musculaire. En effet, pour gรฉnรฉrer un moment net autour dโ€™une articulation, la contribution des muscles agonistes devra รชtre dโ€™autant plus importante que le moment musculaire gรฉnรฉrรฉ par les muscles antagonistes sera grand et inversement. Il existe ainsi une infinitรฉ de combinaisons de valeurs de moments musculaires agonistes et antagonistes possibles pour produire un mรชme moment net sur lโ€™environnement (Challis, 1997 ; Prilutsky et Zatsiorsky, 2002 ; Stokes et Gardner-Morse, 1999, 2001). Si l’on imagine une situation de contraction musculaire sans phรฉnomรจne de coactivation musculaire, le coรปt รฉnergรฉtique de la contraction est rรฉduit par l’absence de besoins รฉnergรฉtiques du groupe musculaire antagoniste, de plus, le groupe musculaire agoniste voit sa demande mรฉtabolique diminuer car il ne doit plus contrebalancer la contribution des muscles antagonistes (Baratta et al., 1988 ; Remaud et al., 2005). La prรฉsence de coactivation musculaire induit une augmentation du coรปt รฉnergรฉtique de la contraction musculaire, cependant, nous allons voir dans les prochains paragraphes que ce phรฉnomรจne joue un rรดle fondamental dans la protection de lโ€™articulation et le contrรดle du mouvement.

Protection de lโ€™articulation

Les ligaments ont pour fonction dโ€™assurer de maniรจre ยซ passive ยป la stabilitรฉ de lโ€™articulation en maintenant les structures articulaires en place. Cependant, au cours de contractions en extension du genou en absence de coactivation musculaire (figure 3A, dโ€™aprรจs Baratta et al. (1987)), leurs contributions ne sont pas suffisantes pour limiter le glissement antรฉrieur du plateau tibial. Ce glissement entraรฎne une plus grande tension des ligaments croisรฉs antรฉrieurs et de la capsule articulaire. De plus, la rรฉpartition des forces sur le plateau tibial n’est plus homogรจne ce qui a pour consรฉquence une usure plus rapide des structures cartilagineuses des deux os en contact. A l’inverse, la contribution des muscles antagonistes limite le glissement antรฉrieur du plateau (figure 3B) et donc les dรฉplacements des os les uns par rapport aux autres, les tensions ligamentaires et articulaires sont rรฉduites et il y a une rรฉpartition plus homogรจne des forces sur la plateau tibial (Solomonow et al., 1987).

La contribution des muscles antagonistes lors de lโ€™extension du genou permet dโ€™une part une rรฉpartition plus homogรจne des pressions sur le plateau tibial et limite dโ€™autre part les tensions au sein des capsules articulaires (Baratta et al., 1988 ; Solomonow et al., 1988) et des structures ligamenteuses (Remaud et al., 2007). Ce phรฉnomรจne prรฉserve lโ€™articulation d’une usure prรฉmaturรฉe des cartilages. Il a รฉtรฉ remarquรฉ que la contribution du BF chez des patients qui prรฉsentent des dรฉficiences au niveau des ligaments croisรฉs antรฉrieurs du genou est plus importante que pour des participants sains, ceci pour permettre de compenser la diminution de stabilitรฉ assurรฉe par les structures ligamenteuses (Alkjaer et al., 2002 ; Feuerbach et al., 1994 ; Kingma et al., 2004 ; Rudolph et al., 2001). A l’inverse, chez les participants amputรฉs tibiaux, ce phรฉnomรจne compensatoire n’a pas lieu, et on observe alors une ostรฉoporose prรฉcoce. Lโ€™instabilitรฉ articulaire produite par de plus faibles niveaux de coactivation musculaire a donc un impact sur lโ€™intรฉgritรฉ de lโ€™articulation (Centomo et al., 2007b). Lโ€™opposition gรฉnรฉrรฉe par le groupe musculaire antagoniste est un facteur indispensable ร  la prรฉservation de l’articulation au cours de sa mobilisation.

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Table des matiรจres

Introduction gรฉnรฉrale
Cadre thรฉorique
1. Chapitre 1 La coactivation musculaire
1.1. Quantification par EMG de surface
1.2. Rรดles fonctionnels de la coactivation musculaire
1.3. Modulation de la coactivation musculaire
2. Chapitre 2 Activitรฉ cรฉrรฉbrale et performance motrice
2.1. Cortex moteur primaire
2.2. La technique de lโ€™รฉlectroencรฉphalographie pour enregistrer lโ€™activitรฉ corticale
2.3. Caractรฉristique de lโ€™activitรฉ recueillie ร  la surface du scalp
2.4. Analyse des processus oscillatoires
2.5. Modulation des rythmes cรฉrรฉbraux au cours de la motricitรฉ
2.6. Signification fonctionnelle des oscillations cรฉrรฉbrales
2.7. Effet de la pratique sur les activations cรฉrรฉbrales pendant la production dโ€™un mouvement
3. Chapitre 3 Les interactions cortico-musculaires
3.1. Le faisceau corticospinal
3.2. Notion de cohรฉrence cortico-musculaire
3.3. Les interactions cortico-musculaires au cours de contractions isomรฉtriques
3.4. Signification fonctionnelle des interactions cortico-musculaires
3.5. Modulation des interactions cortico-musculaires
3.6. Les limites de cette revue de littรฉrature
Problรฉmatique
Partie expรฉrimentale
4. Chapitre 4 Mรฉthodologie gรฉnรฉrale
4.1. Participants
4.2. Matรฉriels
4.3. Procรฉdures expรฉrimentales
4.4. Prรฉtraitement et traitement des donnรฉes des prรฉtests
5. Chapitre 5 Modulation des oscillations corticales chez des participants entraรฎnรฉs en force vs. en endurance
5.1. Mรฉthodologie
5.2. Rรฉsultats
5.3. Discussion
5.4. Conclusion
6. Chapitre 6 Un nouveau test statistique pour la dรฉtection de la dรฉpendance tempsfrรฉquence entre deux processus oscillatoires non stationnaires
6.1. Introduction
6.2. Mรฉthodologie
6.3. Rรฉsultats
6.4. Discussion
6.5. Conclusion
7. Chapitre 7 Interactions cortico-musculaires avec les muscles antagonistes
7.1. Mรฉthodologie
7.2. Rรฉsultats
7.3. Discussion
7.4. Conclusion
Discussion gรฉnรฉrale
8.1. Rรฉsumรฉ et discussion des principaux rรฉsultats obtenus
8.2. Perspectives immรฉdiates
8.3. Perspectives ร  long terme
Conclusion gรฉnรฉrale
Rรฉfรฉrences bibliographiques

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