Quantification des Incertitudesย
La quantification des incertitudes a รฉtรฉ depuis longtemps un des axes principaux de la recherche en modรฉlisation mathรฉmatique (Bachelier, 1900; V.P.L.S., 1828). Lโobjectif รฉtant toujours eu dโรฉtablir une relation entre les entrรฉes et les sorties dโun systรจme donnรฉ รฉtant donnรฉ des informations sur les entrรฉes.
Plus rรฉcemment, un trรจs grand nombre d’รฉtudes a รฉtรฉ focalisรฉ sur la quantification des alรฉas que l’on peut observer sur une mesure, une chaine de production (Van Der Vorst et Beulens, 2002; Santoso et al., 2005; Sawhney, 2006), un signal รฉlectrique (Bian et al., 2014; Heidari et al., 2017), la durรฉe d’un processus industriel (Al-Hinai et Elmekkawy, 2011; Xu et al., 2015; Karunakaran et al., 2017), ou un phรฉnomรจne รฉcologique ou biologique quelconque (Calabrese et al., 2016; Franzke et al., 2015; Wang et al., 2016). Dans ce cadre, nombreuses mรฉthodes ont รฉtรฉ รฉlaborรฉes pour รฉvaluer la variabilitรฉ, lโerreur ou le seuil de risque ou de confiance en question et parmi les plus cรฉlรจbres entre celles-ci on cite la Simulation de Monte Carlo (SMC), lโHypercube Latin (LHS) et les Polynรดmes du Chaos (PC).
Simulation de Monte Carloย
Les premiรจres rรฉflexions qui ont conduit ร la SMC sont dues ร Ulam Stanislaw qui – en jouant au solitaire – a pensรฉ ร jouer des centaines de parties pour estimer la probabilitรฉ dโun succรจs (Metropolis, 1987). En se basant sur ce principe avec Nicolas Metropolis, Stanley Frankel et dโautres et sous la direction de John Von Neumann, cette mรฉthode a รฉtรฉ utilisรฉe pour la premiรจre fois sur ENIAC, le premier ordinateur entiรจrement รฉlectronique, et ce, dans le cadre du projet de construction de la bombe H. La SMC a รฉtรฉ prรฉsentรฉe par Ulam et Metropolis en 1949 (Metropolis et Ulam, 1949). Malgrรฉ son succรจs dans plusieurs domaines et le rรดle important quโelle joue encore dans les travaux de recherche en modรฉlisation et en optimisation les plus rรฉcents (Cheng et al, 2017; Cleveland et Wollaber, 2018; Duc Tam et al., 2017; Ma et al., 2018 et Mavrotas et al., 2015), la SMC a รฉtรฉ remise en cause dans certaines รฉtudes du fait quโelle devient couteuse lorsque des รฉchantillons de grande taille sont requis pour des rรฉsultats significatifs (Souza de Cursi et Sampaio, 2015), plus particuliรจrement, pour diminuer lโerreur dโapproximation de 1/? avec SMC il faut gรฉnรฉrer un รฉchantillon ?2 fois plus grand (Poles et Lovison, 2009).
Hypercube Latinย
Une autre technique dโรฉchantillonnage multidimensionnel qui sert ร quantifier les incertitudes dans les systรจmes complexes est celle de lโHypercube Latin (Latin Hypercube Sampling : LHS). Le LHS a รฉtรฉ conรงu par McKay, Beckman et Conover et proposรฉe pour la premiรจre fois comme une alternative ร la SMC dans (Mckay et al., 1979). En effet, Poles et Lovison ont montrรฉ dans (Poles et Lovison, 2009) que le LHS fournit une meilleure prรฉcision comparรฉ ร la SMC, et que pour diminuer lโerreur dโun facteur de 1/? il faut gรฉnรฉrer un รฉchantillon ? fois plus grand. Des travaux rรฉcents ont portรฉ sur le LHS, on en cite (Donovan et al., 2018; Lebon et al, 2016; Maschio et Schiozer, 2016; Sheikholeslami et Razavi, 2017; Shields et Zhang, 2016), toutefois, certaine imperfections de cette mรฉthode ont รฉtรฉ mises en exergue dans (Lebon et al., 2016) notamment le fait que le LHS peut former des grappes (clusters) dans certaines rรฉgions de lโespace au dรฉtriment dโautres rรฉgions qui restent inexplorรฉes.
Polynรดmes de Chaos
Une des techniques les plus performantes et les plus utilisรฉes pour quantifier les incertitudes est le dรฉveloppement en sรฉrie infinie de polynรดmes orthogonaux avec des coefficients dรฉterministes. Cette approche qui a connu un trรจs grand succรจs dans les derniรจres dรฉcennies trouve ses origines dans les travaux de Norbert Wiener qui lโa introduite pour la premiรจre fois dans son article ยซ The Homogeneous Chaos ยป (Wiener, 1938). Wiener, dans ses travaux a prรฉsentรฉ le cas particulier dโune expansion en sรฉrie de polynรดmes dโHermite qui sont des fonctions dโune suite de variables gaussiennes indรฉpendantes. Cette mรฉthode demeure plus efficace et moins onรฉreuse que le LHS et la MCS ; cependant lโapproche de Wiener prรฉsente certaines imperfections, notamment la restriction sรฉvรจre aux variables gaussiennes et aux polynรดmes dโHermite dโoรน son nom ยซ Wiener Hermiteยป. En outre, pour utiliser une telle technique il faut disposer de la loi conjointe de (?, ?), oรน ? est le vecteur alรฉatoire ร dรฉvelopper en sรฉrie de polynรดmes et ? le vecteur gaussien utilisรฉ dans lโexpansion – information qui nโest pas toujours disponible. Aussi, lโutilisation de variables indรฉpendantes fournit de mauvaises approximations (Holdorf Lopez, 2010) : dans une telle situation, lโespรฉrance conditionnelle ?(?, ?) – qui est la meilleure approximation de ? par une fonction de ? -est une constante (voir le thรฉorรจme 8, le corollaire 9 et les rรฉsultats qui suivent). Dโautres limitations sont mises en exergue dans (Augustin et al., 2008; Branickiy et Majda, 2013 et Crestaux et al., 2009).
En ce qui concerne les bases de projection, des bases autres que polynomiales peuvent รชtre utilisรฉes, pour guider le choix on peut se rรฉfรฉrer ร (Badieirostami et al., 2009; Ernst et al., 2012; Oladyshkin et Nowak, 2012; Emmanuel Pagnacco, 2018; Dongbin Xiu, 2010). Pour des problรจmes multidimensionnels il existe des bases adaptรฉes, mais la complexitรฉ computationnelle grandit rapidement, ce qui limite leur utilisation en pratique.
Gรฉnรฉralisation de la thรฉorie des Polynรดmes de Chaos
Introduction et travaux connexesย
Depuis quelques dรฉcennies, la quantification des incertitudes par lโexpansion des variables alรฉatoires en Sรฉries de Fourier Gรฉnรฉralisรฉes (SFG) a suscitรฉ lโintรฉrรชt de nombreux chercheurs ; ceux-ci se sont inspirรฉs des travaux de Wiener en vue de remรฉdier aux limitations de son approche et construire des modรจles gรฉnรฉralisรฉs du sien et non restreints aux polynรดmes dโHermite et aux variables gaussiennes. Historiquement, Ghanem et Spanos รฉtaient les premiers ร utiliser la mรฉthode de Wiener-Hermite pour modรฉliser la rรฉponse dโun systรจme mรฉcanique, sous incertitudes, avec la mรฉthode des รฉlรฉments finis (EF) et, ainsi, รฉtablir une approximation de la densitรฉ de probabilitรฉ (FDP) de cette rรฉponse (Ghanem et Spanos, 1990). Une deuxiรจme รฉtude qui sโinscrit dans le mรชme cadre est (Ghosh et Iaccarino, 2007). Une extension de la mรฉthode de Wiener-Hermite ร des distributions non-gaussiennes et ร dโautres familles de polynรดmes orthogonaux a fait lโobjet de plusieurs publications de Xiu et Karniadakis (Karniadakis et al., 2005; Xiu et Karniadakis, 2002a; Xiu et Karniadakis, 2002b; Xiu et Karniadakis, 2003a, 2003b). Celle-ci, รฉtant basรฉe sur le rรฉsultat de Cameron et Martin (Cameron et Martin, 1944) est connue sous le nom des ยซ Polynรดmes de Chaos Gรฉnรฉralisรฉs (PCG) ยป. En 2008, Bruno Sudret a utilisรฉ les PCG pour calculer un indice de Sobol. Dans certaines รฉtudes qui avaient pour objectif dโรฉlaborer un nouveau modรจle dโune expansion de type hilbertien, la convergence des sรฉries รฉtait un problรจme majeur et cโest dans cette optique quโOlivier Ernst a รฉtabli les conditions de convergence du carrรฉ des PCG (Ernst al., 2012). Dans la mรชme perspective Xiu et Karniadakis disent : โ convergence to second-order stochastic processes can be possibly obtained as a generalization of CameronโMartin theorem โ (Xiu et Karniadakis, 2002 – p4930), aussi, Arnst a signalรฉ en 2010 que la convergence du second ordre dโune telle expansion est conditionnรฉe par la normalitรฉ des variables alรฉatoires, ainsi dit-il : โ however, it should be stressed that, in the present state of the art in mathematics, the convergence of a chaos expansion for a second-order random variable with values in an infinite-dimensional space can be obtained only if the germ is Gaussian โ (Arnst et al., 2010 – p3137). Dans ce qui suit nous รฉtudions ce problรจme et nous rรฉpondons โฆ.
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Table des matiรจres
1. Introduction gรฉnรฉrale
1.1. Contexte du travail et problรฉmatique
1.2. Contribution et organisation du travail
2. Quantification des Incertitudes
2.1. Introduction
2.2. Simulation de Monte Carlo
2.3. Hypercube Latin
2.4. Polynรดmes de Chaos
3. Gรฉnรฉralisation de la thรฉorie des Polynรดmes de Chaos
3.1. Introduction et travaux connexes
3.2. Problรฉmatique et mรฉthodologie
3.3. Dรฉmonstration
3.3.1.Sรฉparabilitรฉ
3.3.2.Convergence
3.4. Applications numรฉriques
3.4.1.Base polynomiale
a) ?(?) = |?|
b) ?(?) = ???(?)
c) ?(?) = ?[0,4](?) โ ?[โ4,0](?)
d) ?(?) = 0,5. ? + ???(??)
3.4.2.Base trigonomรฉtrique
a) ?(?) = |?|
b) ?(?) = ???(?)
c) ?(?) = ?[0,4](?) โ ?[โ4,0](?)
d) ?(?) = 0,5. ? + ???(??)
3.4.3.Remarques
3.5. Situation oรน lโinformation sur ? nโest pas complรจte
3.5.1.Lโajustement des moments
3.5.2.Approche par collocation
3.5.3.Tri croissant des รฉchantillons
3.6. Conclusion
4. Statistique des Courbes
4.1. Introduction
4.2. Illustration de lโapproche
4.2.1.Famille de cercles alรฉatoires
4.2.2.Famille dโhypocycloรฏdes alรฉatoires
4.2.3.Famille dโรฉpitrochoรฏdes alรฉatoires
4.2.4.Famille dโarcs de cercles concentriques alรฉatoires
4.3. Implรฉmentation
4.3.1.Distance de Hausdorff
4.3.2.Distance ?2
4.3.3.Moyenne et Mรฉdiane
4.3.4.Quantiles et Intervalle de Confiance
5. Conclusion gรฉnรฉrale