L’eau est une ressource indispensable à la vie et aux activités humaines ; sa qualité est donc prioritairement une exigence de santé. C’est la raison pour laquelle, il est nécessaire de la traiter et de l’économiser. Les ressources en eau de la planète sont aujourd’hui confrontées à des menaces croissantes : la pollution de l’environnement due à l’utilisation des pesticides, la contamination des sols par la déjection des animaux d’élevages, les rejets d’égouts par les industries de transformation. De plus le réchauffement climatique et ses conséquences ont un impact direct sur la quantité et la qualité de l’eau disponible. Le traitement de l’eau de consommation humaine est très important pour garantir la santé de la population. Il permet de limiter l’impact de diverses pathologies hydriques envers l’homme. Du point de vu de la santé publique, les conséquences d’une eau non potable sont catastrophiques. La diarrhée, reconnue par l’OMS comme l’une des causes majeures de mortalité dans le monde, est le symptôme d’une infection causée par des bactéries, virus et parasites qui se transmettent, pour la plupart d’entre eux, par l’eau contaminée avec des matièresfécales. Selon l’OMS, la diarrhée tue chaque année en Afrique et en Asie 1,1 million de personnes âgées de plus de cinq ans. Elle est, par ailleurs, la deuxième cause de mortalité chez l’enfant de moins de cinq ans : la diarrhée tue chaque année 1,5 million d’enfants (14). Les maladies hydriques comme l’amibiase causent 40 000 à 100 000 décès à travers le monde (52). En 1993, on note la plus grande épidémie parasitaire à travers le monde entre 1984 et 1996, celle de Milwaukee aux Etats Unis avec 11000 malades et 40 morts. L’origine hydrique a été mise en évidence par la présence de Cryptospridium parvum (34).
QUALITE D’UNE EAU DE CONSOMMATION HUMAINE
Origines des eaux de consommation
Les eaux de consommation peuvent avoir une origine superficielle ou souterraine.
– Eaux superficielles
Ces eaux proviennent des lacs, rivières, barrages, des fleuves. Elles se trouvent exposées à l’environnement, et sont donc susceptibles de pollution. Pour ces eaux, il est nécessaire de faire un traitement exhaustif pour qu’elles puissent arriver à être aptes pour la consommation humaine. Le traitement minimum à mettre en place doit comprendre une étape de clarification et de désinfection. Ces eaux sont disponibles en quantité beaucoup plus importante que les eaux souterraines.
– Eaux souterraines
Ce sont des eaux de puits, forages et sources. Les eaux souterraines ont toujours été une composante essentielle du potentiel en eau du Sénégal, mais encore plus pondérant au début de la sécheresse (33). Les eaux souterraines sont normalement bien protégées par le sol et, de ce fait rarement polluées par les activités humaines. Elles ont leur origine dans les eaux superficielles qui s’infiltrent à travers les différentes couches de la terre et passent à l’aquifère. Ce système permet une très bonne filtration de l’eau. Mais, il se peut que certaines eaux souterraines puissent être naturellement impropres à la consommation humaine du fait du contact prolongé avec des minéraux. Ces minéraux peuvent se dissoudre et libérer des éléments en quantité trop importante. Ces eaux ne sont plus aptes à la consommation humaine car elles contiennent beaucoup de minéraux à teneur supérieure à la norme recommandée. Dans tous les cas, pour être considérée potable, l’eau doit respecter certaines caractéristiques physico-chimiques, organoleptiques et microbiologiques. Les eaux souterraines subissent un traitement moins intensif que les eaux superficielles (42).
Exigences de qualité de l’eau
Pour pouvoir être utilisée par l’homme, l’eau ne doit pas contenir des contaminants qui soient préjudiciables à la santé. L’eau d’alimentation humaine ne doit pas contenir en quantités dangereuses, ni substances chimiques, ni microorganismes nocifs pour la santé ; en outre, elle doit aussi être agréable à boire. Mais la disponibilité en eau potable montre de profonde variation d’un pays à l’autre. L’eau potable reste une richesse dont l’accès est limité à des milliards d’êtres humains (OMS). Certains pays en développement, pourtant bien alimentés, rencontrent des problèmes de qualité de l’eau. Ainsi, l’eau propre à la consommation humaine doit remplir certains critères repartis en plusieurs groupes :
– Paramètres organoleptiques : ce sont les paramètres qui concernent les qualités sensibles de l’eau ; la couleur, la saveur, l’odeur et la transparence. Ces critères n’ont pas de valeur sanitaire directe. Une eau peut être trouble, colorée, sentir le chlore et être parfaitement consommable d’un point de vue sanitaire ; par contre, une eau claire et limpide n’est pas obligatoirement exempte de microbes.
– Paramètres physicochimiques : ils sont en relation avec la structure naturelle des eaux comprenant des limites de concentration des éléments minéraux, la température, la conductivité et le pH.
– Paramètres microbiologiques : ils attestent les parasites, les bactéries et les virus .
La qualité microbiologique de l’eau demeure une préoccupation sanitaire essentielle du fait des risques potentiels immédiats. L’eau distribuée ne doit pas contenir de microorganismes pathogènes. La réglementation actuelle prévoit la recherche de bactéries dites « témoins de contamination fécale ». La présence de ces germes révèle une probable contamination de l’eau par des germes pathogènes (3). Ainsi, des limites de qualité sont fixées par les paramètres Escherichia coli et entérocoques (1). Des références de qualités concernent d’autres indicateurs bactériologiques : bactéries coliformes, bactéries sulfo-réducteurs, y compris les spores, les germes aérobies revivifiables. Ces références sont établies pour mettre en évidence un dysfonctionnement éventuel de l’installation de traitement et de distribution.
Paramètres de qualité microbiologique de l’eau de consommation au Sénégal
Les eaux d’alimentation humaine doivent satisfaire aux exigences organoleptiques, physicochimiques et surtout bactériennes. Ces exigences s’imposent aussi bien à l’entrée du système de distribution que chez le consommateur. Le code du Sénégal sur l’eau de boisson insiste sur l’aspect sanitaire, car il intègre les normes définies par l’OMS, tout en les adoptant à notre niveau de développement et à la nature de nos ouvrages hydrauliques (7). La grande majorité des problèmes de santé est manifestement liée à l’eau résultant d’une contamination microbienne. Toutefois, la contamination par des produits chimiques de l’eau de boisson peut aussi entrainer un certain nombre de problèmes graves pour la santé (35).
Les normes de qualités visent à s’assurer que l’eau est exempte de microorganismes pathogènes et que les composés chimiques n’entrainent pas de risque pour la santé.
MALADIES HYDRIQUES INFECTIEUSES
Maladies d’origine bactérienne
Fièvres typhoïde et paratyphoïde
Ce sont de véritables septicémies dues à des salmonelles ; salmonella typhi et salmonella paratyphi A, B et C. Elles sont caractérisées par de la fièvre, des céphalées, diarrhées, douleurs abdominales, accompagnées d’un abattement extrême et peuvent avoir des complications graves parfois mortelles (hémorragies intestinales collapsus cardiovasculaire, atteintes hépatiques respiratoires).
La contamination se fait par voie digestive à partir d’eau contaminée, par des matières fécales, d’aliments avariés ou encore par des mains sales. En 2008, le Sénégal a enregistré 15 cas .
Cholera
Le cholera est une maladie à incubation courte allant de quelques heures à 5 jours. Il se caractérise par une diarrhée profuse à grains riziformes. Elle s’accompagne de vomissements et de douleurs épigastriques avec anurie et crampes musculaires. Son évolution est mortelle en l’absence de réhydratation et d’antibiotique.
Gastro-entérites aigues et diarrhées
Elles sont causées, pour la plupart, par une bactérie appelée Escherichia coli. C’est une bactérie saprophyte du tube digestif de l’homme et des animaux qu’elle envahisse dès les premières heures de la vie. Elle se multiplie par milliard dans les matières fécales. Leur extrême abondance dans l’eau est telle que ces bactéries ont été retenues comme germes-tests de contamination fécale des eaux. Les symptômes associés à l’infection chez l’homme varient d’une simple diarrhée à une diarrhée sanglante souvent accompagnée de crampe abdominale fébrile et pouvant conduire à un syndrome urémique hémolytique caractérisée par une atteinte rénale, une anémie et une diminution des nombres de plaquettes .
Maladies d’origine parasitaires
Cryptosporidiose
La maladie est causée par le parasite cryptospridium parvum. Ce sont des coccidies intestinales parasites obligatoires de tissu, habitant la muqueuse de l’intestin grêle et occasionnellement, ils peuvent infecter les cellules d’autres organes chez les hôtes immunodéprimés. Les effets cliniques des infections à cryptospridium peuvent être divisés en deux groupes : Les patients à fonction immunitaire intacte et les patients immunodéprimés. Dans le premier cas, ils développent une diarrhée profuse aqueuse avec crampes abdominales modérées, nausées, anorexies qui cessent en 10à15jours. Les patients immunodéprimés ont une infection bien plus sévère et de longue durée. Les épidémies ont pour origine les eaux contaminées de distribution publique.
Giardiase
Elle est causée par Giardia lamblia qui est une flagellée habitant les régions intestinales et atriales. L’infection est oro-fécale par ingestion de kystes. Les trophozoïtes infectent le haut intestin grêle mais n’envahissent pas les tissus et ne provoquent pas d’ulcération. Le temps d’incubation peut aller de quelques jours à plusieurs semaines. Les symptômes incluent des crampes abdominales, nausées et diarrhées aqueuses .
Amibiases
Entamoeba hystolitica, particulièrement parasite de l’homme, est responsable de la dysenterie amibienne. Ce parasite induit les symptômes classique des entérocolites avec crampes abdominales et diarrhées muco-sanglante dans les cas sévères. Il peut diffuser à travers le système porte et engendrer des abcès du foie, du poumon et du cerveau. Il sévit dans les régions chaudes et pauvres du globe notamment en Afrique de l’Ouest. Ces amibes sont isolées des eaux de lacs, de piscine et de distribution.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1 : QUALITE D’UNE EAU DE CONSOMMATION HUMAINE
1.1. Origines des eaux de consommation
1.2. Exigences de qualité de l’eau
1. 3.Paramètres de qualité microbiologique de l’eau consommée au Sénégal
2. MALADIES HYDRIQUES INFECTIEUSES
2.1. Maladies d’origine bactérienne
2.1.1. Fièvres typhoïde et paratyphoïde
2.1.2. Choléra
2.1.3. Gastro-entérites aigues et diarrhées
2.2. Maladies d’origine parasitaires
2.2.1. Cryptosporidiose
2.2.2. Giardiase
2.2.3. Amibiases
2.3. Maladies d’origine virale
2.3.1. Poliomyélite
2.3.2. Gastro-entérites aigues virales
3. TRAITEMENT DE L’EAU
3.1. Prétraitement
3.2. Clarification
3.3. Affinage
3.4. Désinfection
3.4.1. Critères de choix du désinfectant
3.4.2. Méthodes de désinfection
3.4.3. Désinfection par l’ozone
3.4.4. Désinfection au rayonnement ultraviolet
3.4.5. Désinfection au chlore
3.4.5.1. Historique
3.4.5.2. Types de chlore
3.4.5.2.1. Chlore liquide
3.4.5.2.2. Chlore sec
3.4.5.2.3. Chlore gazeux
3.4.5.3. Techniques de chloration
3.4.5.4. Mesure du chlore dans l’eau
3.4.5.4.1. Dosage du chlore par colorimétrie
3.4.5.4.2. Dosage du chlore par ampèremètre
DEUXIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODOLOGIE
1.ZONE D’ETUDE
1.1. Situation géographique
1.2. Situation hydrologique
2. CADRE D’ETUDE
3. SITES DE PRELEVEMENT
4. MATERIEL ET METHODES
4.1. Matériel
4.2. Méthode analytique
4.3. Méthode de l’enquête
4.3.1. Au niveau domicile
4.3.2. Au niveau du poste de santé
TROISIEME PARTIE: RESULTATS ET DISCUSSION
1.Teneur en chlore des eaux dans les concessions
2.Types de traitement des eaux dans les concessions
3. Fréquence des diarrhées chez les enfants selon le type de traitement
4. Prévalence de diarrhées au niveau du poste de santé
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES