QUALITE DE VIE DES PATIENTS VIVANTS AVEC UNE MALADIE DE PARKINSON IDIOPATHIQUE

Dรฉfinitions de la MP

ย  ย  ย  ย  ย La maladie de Parkinson est une entitรฉ anatomo-clinique qui associe une hypertonie plastique, une akinรฉsie, un tremblement de repos et des lรฉsions anatomiques intรฉressant รฉlectivement le locus niger. Affection dรฉgรฉnรฉrative chronique, la MP sโ€™accompagne dโ€™un retentissement important dans les activitรฉs quotidiennes des patients, dโ€™oรน la nรฉcessitรฉ dโ€™une รฉvaluation de leur qualitรฉ de vie (QDV).

TDD : Maladie de Parkinson dans sa forme complรจte

โ€ข Phase de dรฉbut : Le dรฉbut est insidieux, fait de douleurs ostรฉo articulaires, fatigabilitรฉ, rรฉduction de lโ€™activitรฉ, pouvant orienter vers une affection rhumatismale ou un syndrome dรฉpressif. Le tremblement est unilatรฉral au dรฉbut.
โ€ข Phase de maladie dรฉclarรฉe : Les symptรดmes de la maladie de Parkinson sont variables dโ€™une personne ร  une autre. De plus, chez un patient, ces symptรดmes peuvent varier en intensitรฉ dans le temps, parfois au cours dโ€™une mรชme journรฉe : le stress, le manque de sommeil, les รฉmotions, etc. peuvent aggraver les symptรดmes. Enfin, les signes physiques de la maladie sont unilatรฉraux puis bilatรฉraux mais asymรฉtriques. En rรจgle gรฉnรฉrale, la maladie de Parkinson sโ€™exprime par trois symptรดmes moteurs majeurs.

Hypertonie plastique

ย  ย  ย  ย Lors de la mobilisation passive le segment cรจde par ร -coups successifs donnant lieu au ยซ phรฉnomรจne de la roue dentรฉe ยป, le terme rigiditรฉ en ยซtuyau de plomb ยป est utilisรฉ pour dรฉcrire le caractรจre figรฉ de la raideur et lโ€™opposer ร  la raideur รฉlastique de la rigiditรฉ pyramidale. Lโ€™attitude gรฉnรฉrale en flexion du parkinsonien se manifeste prรฉcocement au niveau du coude, elle sโ€™accentue lors de lโ€™รฉvolution intรฉressant la tรชte, le tronc qui sont inclinรฉs en avant, les membres supรฉrieurs sont en lรฉgรจre flexion et en adduction. Le malade est figรฉ dans cette attitude anormale quโ€™il conserve dans toutes ses activitรฉs en particulier dans la marche qui se fait dโ€™un bloc, ร  petits pas, sans souplesse, sโ€™accรฉlรฉrant parfois jusquโ€™au pas de course. La tendance ร  la flexion persiste mรชme en dรฉcubitus, la tรชte du patient brusquement privรฉe de support ne retombe pas sur le plan du lit cโ€™est le ยซ signe de lโ€™oreiller psychique ยป. Il nโ€™y a pas comme chez le sujet normal une รฉlรฉvation des orteils et de la plante des pieds lors dโ€™une poussรฉe dโ€™avant en arriรจre. A cรดtรฉ de cette attitude en flexion, il peut exister une dystonie distale avec au niveau de la main, une flexion des mรฉtacarpo-phalangiennes, une hyperextension de lโ€™inter-phalangienne avec adduction du pouce. Au niveau du pied, on retrouve une dystonie en griffe des orteils ร  la station debout, gรชnant la marche.

Transpiration excessive

ย  ย  ย  ย  ย Approximativement 30 % ร  50 % des patients. Elle se manifeste habituellement aux aisselles, aux paumes, ร  la plante des pieds et au visage, mais dans la MP, il arrive souvent quโ€™elle touche le corps en entier ยซ sueurs profuses ยป. Lโ€™hyperhidrose survient habituellement au cours de pรฉriodes dโ€™inefficacitรฉ ou pendant les pรฉriodes dโ€™efficacitรฉ avec dyskinรฉsies.

Les atrophies multi systรฉmatisรฉes (AMS)

ย  ย  ย  ย  Elles dรฉbutent gรฉnรฉralement entre 55 et 65 ans et concernent 15 ร  20 % des syndromes parkinsoniens avec une prรฉdominance masculine. Ils associent un syndrome parkinsonien (qui gรฉnรฉralement, rรฉpond assez mal ร  la dopa et sโ€™accompagne de signes axiaux, dysarthrie et troubles posturaux prรฉcoces), un syndrome cรฉrรฉbelleux, un syndrome dysautonomique avec hypotension orthostatique, des troubles sphinctรฉriens ou un syndrome pyramidal. Lโ€™AMS est due ร  une perte progressive de neurones dans plusieurs zones du cerveau (dโ€™oรน le nom ยซ multi systรฉmatisรฉe ยป). La cause exacte de cette dรฉgรฉnรฉrescence cellulaire est inconnue.

IMAO-B

ย  ย  ย  ย Les IMAO-B agissent de faรงon sรฉlective et rรฉversible en empรชchant l’action de l’enzyme de dรฉgradation de la dopamine : la monoamine oxydase. Ils renforcent l’action de la dopamine en augmentant son temps de demi vie t1/2 ce qui permet aussi de diminuer les doses de L-Dopa. Les IMAO-B sont des neuroprotecteurs, ils possรจdent des propriรฉtรฉs oxydantes et anti-apoptotiques. Ils peuvent รชtre utilisรฉs seuls mais sont en gรฉnรฉral associรฉs ร  la L-Dopa pour prolonger son effet thรฉrapeutique. DCI et spรฉcialitรฉs : Sรฉlรฉgiline DEPRENYLยฎ OTRASELยฎ lyoc Rasagiline AZILECTยฎ Demie vie longue environ 40h, mรฉtabolisme hรฉpatique.

Douleur chronique

ย  ย  ย  ย  Elle est rapportรฉe dans 78,26 % des cas. Repartie par ordre de frรฉquence ; douleurs pseudo articulaire, suivi des douleurs neuropathiques avec un score de DN4 variant de 4 ร  7 et enfin des douleurs radiculaire. Certaines douleurs prรฉcรจdent lโ€™apparition des troubles moteurs. Il sโ€™agit des douleurs focales (รฉpaules et pieds) ou pseudo radiculaires [2, 30]. Dans une analyse rรฉtrospective de 309 patients parkinsoniens, 35 patients prรฉsentaient une douleur ร  l’รฉpaule unilatรฉrale, ayant prรฉcรฉdรฉ l’apparition des signes moteurs ipsilatรฉraux. Sept patients prรฉsentaient une douleur de l’รฉpaule concomitante aux symptรดmes moteurs. Rรฉcemment Djaldetti et al. ont rapportรฉ une sensibilitรฉ รฉlevรฉe ร  la douleur provoquรฉe chez les sujets atteints dโ€™une maladie de Parkinson par rapport aux sujets tรฉmoins, en particulier chez les patients qui ont dรฉcrit lโ€™existence de douleurs spontanรฉes antรฉrieures. Les seuils de douleur sont significativement plus faibles dans le membre le plus affectรฉ indรฉpendamment de la prรฉsence ou de l’absence de douleur. Ces douleurs peuvent รชtre rรฉduites ou soulagรฉes par la lรฉvodopa. En effet, la Lรฉvodopa augmente le seuil de la douleur provoquรฉe chez les patients Parkinsoniens mais pas chez les sujets sains. Lorsque la douleur fluctue de faรงon concomitante aux fluctuations motrices, elle peut rรฉpondre ร  des ajustements du traitement antiparkinsonien, qui peut รชtre beaucoup plus efficace que les traitements antalgiques conventionnels.

Les troubles du sommeil

ย  ย  ย  ย  ย  Les troubles du sommeil ont รฉtรฉ notรฉs par James Parkinson comme symptรดmes tardifs de la maladie de Parkinson en 1817 dans sa monographie originale. Ils ont รฉtรฉ considรฉrรฉs comme des complications secondaires aux troubles moteurs cardinaux de la maladie. Ce nโ€™est que depuis une dizaine annรฉes, dans un article publiรฉ par Arnulf et son รฉquipe que les troubles du sommeil ont รฉtรฉ considรฉrรฉs comme des signes secondaires au processus de dรฉgรฉnรฉrescence dans la maladie de Parkinson en se basant sur les donnรฉes de la polysomnographie [39, 41]. Les troubles du sommeil sont devenus un centre dโ€™intรฉrรชt de recherche, pour leur impact clinique significatif, ainsi que pour une meilleure comprรฉhension de la neurodรฉgรฉnรฉrescence qui en est responsable, et, en tant que marqueur clinique prรฉcoce potentiel de la maladie de parkinson. Ils sont nombreux, multifactoriels, et confรจrent un impact nรฉgatif significatif sur la qualitรฉ de vie des patients, de leurs conjoints et de leur entourage. Dans notre sรฉrie, 82,60% des patients prรฉsentent au moins 1 symptรดme en rapport avec un trouble du sommeil. Cependant, ces donnรฉes ne reposent que sur lโ€™interrogatoire des patients sans lโ€™utilisation dโ€™un questionnaire spรฉcifique ni dโ€™exploration polysomnographique.
– Lโ€™insomnie [4, 42] est dรฉfinie comme une quantitรฉ insuffisante de sommeil ou un sentiment de sommeil non rรฉparateur. Elle peut concerner lโ€™initiation (insomnie dโ€™endormissement), le maintien (l’insomnie de maintien du sommeil) avec รฉveils multiples, ou sโ€™avรฉrer รชtre une insomnie de rรฉveil prรฉcoce en deuxiรจme partie de nuit avec hyperactivitรฉ, signe dโ€™alerte frรฉquent dโ€™un mรฉcanisme de dysrรฉgulation dopaminergique dรฉbutant [1, 43]. On la retrouve chez 9 patients parmi les 19 prรฉsentant un trouble du sommeil avec un taux de 39,13% (9/23).
– Le trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP) a รฉtรฉ largementย รฉtudiรฉ au cours des derniรจres annรฉes, avec un accent particulier sur ses prรฉsentations cliniques et son rรดle potentiel en tant que lโ€™un des marqueurs cliniques prรฉcoces de la maladie de Parkinson. Il est prรฉsent chez 25-50% des patients atteints de maladie de Parkinson [44]. Dโ€™ailleurs il est prรฉsent ร  un taux de 26,08% dans notre enquรชte. Il fait partie des signes pouvant entrer dans la phase prรฉmotrice de la maladie, prรฉcรฉdent parfois de plusieurs annรฉes lโ€™apparition des symptรดmes moteurs [45]. La relation avec la maladie de Parkinson est argumentรฉe par lโ€™รฉmergence dโ€™un syndrome parkinsonien chez 38% des patients initialement diagnostiquรฉs comme porteurs dโ€™un trouble du comportement en sommeil paradoxal idiopathique [46] et par la dรฉmonstration en PET-Scan dโ€™une dรฉpopulation des neurones dopaminergiques mรฉsencรฉphaliques dans des cas de troubles du comportement en sommeil paradoxal idiopathique [47]. Ils se manifestent par : un comportement agressif et parfois trรจs violent au cours duย sommeil, des terreurs nocturnes avec agitation verbale et/ou motrice (mouvements et paroles รฉlaborรฉs), des propos incohรฉrents, une errance nocturne avec dรฉsorientation.
– La somnolence diurne excessive et les troubles du comportement en sommeil paradoxal (TCSP), peuvent รชtre des signes prรฉcoces de la maladie de Parkinson (ainsi que dans d’autres synuclรฉinopathies) [39, 48] et sont donc dรฉjร  prรฉsents ร  laย phase prรฉ-motrice de la maladie. Les troubles du sommeil corrรฉlรฉs ร  la sรฉvรฉritรฉ de la maladie de parkinson touchent 60 ร  98% des patients parkinsoniens. Deuxrรฉcentes รฉtudes observationnelles multicentriques des symptรดmes non moteurs de la maladie de Parkinson ont analysรฉ la frรฉquence de ces symptรดmes. La premiรจre est une รฉtude allemande sur 1449 patients parkinsoniens ambulatoires. Cette รฉtude a rapportรฉ lโ€™existence des troubles du sommeil chez 49% des patients [39, 49]. La deuxiรจme est une รฉtude, menรฉe en Italie sur une cohorte de 1072 patients (รฉtude PRIAMO) elle a montrรฉ que la fatigue รฉtait le symptรดme le plus frรฉquent (58%), suivie par l’insomnie (37%), l’urgenturie et la nycturie (35%), les troubles du comportement en sommeil paradoxal (TCSP) (30%) pas trรจs diffรฉrent que ce quโ€™on a retrouvรฉ dans notre รฉtude oรน le taux de TCSP est de 26,08%. Toujours, comparรฉ ร  lโ€™รฉtude PRIAMO, les taux de la somnolence diurne excessive (21%) et du syndrome des jambes sans repos (SJSR) (15%) [39, 50] sont plus รฉlevรฉs dans notre รฉtude (respectivement 65,22% et 21,74 %).
– Lโ€™apnรฉe de sommeil est retrouvรฉe chez 5 patients (21,74%).

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. GENERALITES
I.1. Dรฉfinitions de la MP
I.2. Historique de la MP
I.3. ร‰pidรฉmiologie de la MP
I.4. Rappel รฉtio-pathogรฉnique
I.4.1. Anatomo-pathologie
I.4.2. Biochimie
II. SIGNES CLINIQUES
II.1. Diagnostic positif
II.1.1. TDD : Maladie de Parkinson dans sa forme complรจte
II.1.1.1. Signes moteurs
II.1.1.2. Signes non moteurs
II.1.1.2.1. Signes neurosensoriels
II.1.1.2.2. Signes dysautonomiques
II.1.1.2.3. Signes neuropsychiatriques
II.1.1.2.4. Troubles du sommeil
II.1.2. Formes cliniques
II.2. Diagnostic diffรฉrentiel
II.2.1. Autres syndromes parkinsoniens dรฉgรฉnรฉratifs
II.2.1.1. Les atrophies multi systรฉmatisรฉes (AMS)
II.2.1.2. Paralysie supra nuclรฉaire progressive (PSP) ou maladie de STEELERICHARDSON- OLSZEWSKI
II.2.1.3. Dรฉgรฉnรฉrescence cortico basale (DCB)
II.2.1.4. Maladie ร  corps de Lewy diffus
II.2.2. Syndromes parkinsoniens non dรฉgรฉnรฉratifs
II.2.2.1. Syndromes parkinsoniens provoquรฉs par les neuroleptiques
II.2.2.2. Maladie de Wilson
II.2.2.3. Syndromes parkinsoniens vasculaires
II.2.2.4. Intoxication ร  lโ€™oxyde de carbone au manganรจse ou au MPTP
II.2.2.5. Syndromes parkinsoniens post encรฉphaliques
III. ASPECT THERAPEUTIQUE DE LA MP
III.1. But du traitement
III.2. Moyens thรฉrapeutiques
III.2.1. Traitements mรฉdicamenteux
III.2.1.1. Mรฉdicaments dopaminergiques
III.2.1.1.1. L-DOPA
III.2.1.1.2. Les agonistes dopaminergiques
III.2.1.2. Inhibiteurs du catabolisme de la dopamine
III.2.1.2.1. IMAO-B
III.2.1.2.2. ICOMT
III.2.1.3. Anticholinergiques
III.2.1.4. Autres moyens thรฉrapeutiques (mesures adjuvantes)
III.2.2. Traitement chirurgical
III.2.2.1. Les techniques lรฉsionnelles
III.2.2.2. La stimulation cรฉrรฉbrale profonde
III.2.3. Thรฉrapie innovantes
III.2.3.1. Thรฉrapie gรฉnique
III.2.3.2. Greffe de cellules souches
III.3. Indications
III.4. Evolution et complications de la MP
III.4.1. Elรฉments de surveillance
III.4.2. Evolution de la MP
III.4.3. Complication de la MP
DEUXIEME PARTIE
I. CONTEXTE
II. OBJECTIFS
II.1. Objectif gรฉnรฉral
II.2. Objectifs spรฉcifiques
III. METHODOLOGIE
III.1. Type dโ€™รฉtude
III.2. Lieu dโ€™รฉtude
III.3. Durรฉe dโ€™รฉtude
III.4. Population dโ€™รฉtude
III.4.1. Critรจres dโ€™inclusion
III.4.2. Critรจres dโ€™exclusion
III.5. Recueil et exploitation des donnรฉes
III.6. Aspects รฉthiques
IV. RESULTATS
IV.1. Caractรฉristiques sociodรฉmographiques
IV.1.1. Genre
IV.1.2. Age
IV.1.3. Profession
IV.1.4. Retentissement professionnel
IV.2. Caractรฉristiques cliniques et paracliniques
IV.2.1. Antรฉcรฉdents
IV.2.2. Age de dรฉbut
IV.2.3. Dรฉlai de consultation
IV.2.4. Durรฉe dโ€™รฉvolution
IV.2.5. Signes moteurs
IV.2.6. Signes non moteurs
IV.2.6.1. Symptรดmes sensoriels
IV.2.6.2. Signes dysautonomiques
IV.2.6.3. Troubles du sommeil
IV.2.6.4. Les troubles neuropsychiatriques
IV.2.7. Le score MDS-UPDRS section I, II , et III
IV.2.8. Echelle dโ€™activitรฉ de la vie quotidienne de Schwab et England
IV.3. Caractรฉristiques thรฉrapeutiques et รฉvolutives
IV.3.1. Traitement
IV.3.2. Evolution
V. COMMENTAIRES
V.1. A propos des signes moteurs
V.1.1. Lโ€™akinรฉsie
V.1.2. Lโ€™hypertonie plastique
V.1.3. Le tremblement parkinsonien
V.1.4. Autres signes moteurs
V.2. A propos des signes non moteurs
V.2.1. Signes sensoriels
V.2.2. Signes de dysautonomie
V.2.3. Les troubles du sommeil
V.2.4. Troubles neuropsychiatriques
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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