La hanche est une articulation synoviale unissant la tête fémorale et l’acétabulum de l’os coxal [1]. L’arthroplastie totale de hanche est une intervention de remplacement articulaire prothétique dont l’efficacité dépend de la qualité de la reconstruction architecturale et mécanique de la hanche artificielle, de l’intégrité et de l’équilibre de la musculature péri articulaire. La mise en place d’une prothèse totale de hanche est de plus en plus pratiquée à Madagascar. La fréquence de cette intervention est en constante augmentation dans les pays industrialisés [2]. The Lancet a publié un article qualifiant la prothèse totale de hanche d’opération du siècle [3].
Les indications le plus souvent retenues pour une prothèse totale de hanche sont la coxarthrose primaire et secondaire (dysplasie ou post-traumatique), les fractures du col fémoral, la polyarthrite rhumatoïde ainsi que l’ostéonécrose de la tête du fémur. L’indication la plus fréquente pour la PTH est la coxarthrose primaire douloureuse qui diminue la qualité de vie du patient [4]. L’arthroplastie totale de hanche apporte un incontestable soulagement pour le patient qui souffre d’une arthrose de hanche [5]. L’objectif de la prise en charge est de remplacer l’articulation défectueuse et d’améliorer la capacité fonctionnelle du membre concerné ainsi que la qualité de vie du patient. Le remplacement prothétique permet à ces patients de récupérer une hanche indolore et fonctionnelle, ainsi que de répondre à leurs attentes en autorisant la reprise d’une activité professionnelle et sportive [6]. La longévité des prothèses totales de hanche est estimée en moyenne à 10-15 ans .
Cadre de l’étude
Cette étude avait été réalisée dans le Service de Médecine Physique et de Réadaptation du Centre Hospitalier Universitaire Anosiala. Le CHU – Anosiala dispose d’un service de MPR qui est fonctionnel depuis l’année 2015. Ce service prend en charge en ambulatoire les patients présentant des pathologies entraînant une déficience, une incapacité ou un handicap, aussi bien à la phase aiguë qu’à la phase chronique séquellaire mais aussi les patients hospitalisés dans les autres services de l’hôpital.
Le Service est dirigé par un Médecin rééducateur aidé par une équipe composée de :
♦ internes qualifiants en MPR
♦ kinésithérapeutes
♦ ergothérapeutes
♦ élèves kinésithérapeutes et ergothérapeutes
♦ secrétaire
♦ personnels d’appui .
Les matériels utilisés pour la rééducation étaient :
♦ Pour les séances de kinésithérapie :
o table de rééducation
o jeux de poids
o miroir
o barres parallèles
o escaliers
o déambulateurs, cannes anglaises
♦ Pour les séances d’ergothérapie :
o lit d’hospitalisation
o déambulateurs, cannes anglaises
o fauteuil roulant
o chaise
o ballon de Klein
o jeux et activités ludiques
o planches .
Méthode
Recrutement de la population d’étude
Il s’agit d’une étude prospective, monocentrique, descriptive et analytique réalisée dans le Service de Médecine Physique et de Réadaptation du Centre Hospitalier Universitaire Anosiala. Afin de réaliser ce travail, les données présentes dans les dossiers des patients étaient recueillies et les patients ont été contactés par téléphone ou vus en contrôle afin de répondre aux questionnaires. L’étude concernait les patients remplissant les critères d’inclusion de la période du 01 octobre 2015 au 30 avril 2018 (31 mois).
Sélection de la population recrutée
Critères d’inclusion
Ont été inclus tous les patients ayant bénéficié de la mise en place de PTH dans le service de Chirurgie Orthopédique du CHU – Anosiala ayant suivi des séances de rééducation dans le service de Médecine Physique et de Réadaptation en pré ou post opératoire et dont le numéro de téléphone est inscrit dans le dossier.
Le programme de rééducation effectué était :
– En préopératoire :
o Education des patients sur l’hygiène de vie, les gestes à éviter et l’apprentissage des changements de position, de la marche avec 2 cannes
o Lutte contre les douleurs (massage antalgique, glaçage)
o Exercices de tonification statique de la hanche à opérer, entretien musculaire et articulaire
o Rééducation respiratoire préopératoire
o Exercices d’endurance cardiorespiratoire
– En postopératoire, les patients ont eu les mêmes consignes de prudence et le même schéma de rééducation :
o Pendant l’hospitalisation en chirurgie (J1 à J7 post opératoire) :
♦ Bonne installation au lit
♦ Apprentissage des mouvements permis et ceux à éviter
♦ Prévention des escarres
♦ Exercices respiratoires
♦ Massage circulatoire du membre inférieur
♦ Contractions statiques du quadriceps et des glutéaux puis progressivement musculation en actif
♦ Mobilisation active de la cheville et orteils du membre opéré puis récupération de la flexion du genou en actif aidé
♦ Mobilisation passive de la hanche en flexion, extension et abduction puis progressivement mobilisation en actif aidé
♦ Mise au fauteuil
♦ Levée : perception des appuis plantaires, verticalisation et lever au fauteuil
♦ Marche avec aides techniques (déambulateur, cannes)
– En hospitalisation de jour ou à domicile :
o Rééducation à la marche entre les barres parallèles, puis avec 2 cannes
o Apprentissage de la montée et descente d’escalier
o Gain d’amplitude articulaire activo-passif dans tous les plans
o Récupération musculaire progressive : ré harmonisation musculaire et travail d’endurance
o Exercices proprioceptifs et d’équilibre (planche instable, ballon de klein)
o Réadaptation progressive :
♦ Correction de la marche, sevrage progressive des aides techniques
♦ Equilibration du bassin
♦ Mécanothérapie et vélo
♦ Conseil d’économie articulaire
o Reprise du sport et des activités socio-professionnelles.
Critères d’exclusion
Ont été exclus les patients non consentants, ceux qui sont injoignables à 10 reprises, et ceux présentant un problème qui limite la réponse aux questionnaires.
Critères de non inclusion
Ont été non-inclus les dossiers des patients dont le numéro de téléphone n’est pas inscrit dans le dossier et ceux décédés avant le début de l’étude.
Paramètres évalués
Au cours de cette investigation, les paramètres suivants étaient évalués :
– l’âge, le genre, la situation professionnelle, la pratique sportive
– la réalisation de séances de rééducation en pré ou post opératoire
– la reprise des activités physique et sportive ainsi que scolaire et professionnelle, les douleurs, le périmètre de marche, l’usage de cannes
– la qualité de vie par le score de Western Ontario McMaster et le score Medical Outcome Study Short Form – 36 .
Critères d’évaluation
Le Western Ontario McMaster Arthritis Index (WOMAC) est un questionnaire d’autoévaluation, adapté à l’évaluation de la qualité de vie du patient souffrant de douleurs du genou et de la hanche. Il peut servir également à évaluer le résultat d’une pose de prothèse totale ou partielle de genou, ou une prothèse de hanche. Trois paramètres y seront évalués : les douleurs, les raideurs et les gênes dans les activités de la vie quotidienne. Le score Medical Outcome Study Short Form – 36 (MOS SF36) était le score utilisé pour apprécier la qualité de vie des patients. Il s’agit d’une échelle multidimensionnelle qui évalue l’état de santé indépendamment de la pathologie causale, du sexe, de l’âge, et du traitement .
Ce score tient compte des items suivant : l’activité physique (PF), les limitations dues à l’état physique (RP), les douleurs physiques (BP), la santé perçue (GH), la vitalité (VT), la vie et relation avec les autres (SF), la santé psychique (MH), les limitations dues à l’état psychique (RE), l’évolution de la santé perçue (HT). Les différents items seront scorés de 0 (mauvais) à 100 (bon). A partir de ces derniers peuvent être calculés les MCS (scores résumés psychiques) et PCS (scores résumés physiques) .
Formule pour le calcul des scores résumés physiques et psychiques :
PCS= ((PFz*0,42402) + (RPz*0,35119) + (BPz*0,31754) + (GHz*0,24954) + (VTz*0,02877) + (SFz*-0,0753) + (REz*-0,19206) + (MHz*0,22069))*10 + 50
MCS= (PFz*-0,22999) + (RPz*-0,12329) + (BPz*-0,09731) + (GHz*-0,01571) + (VTz*0,23534) + (SFz*0,26876) + (REz*0,43407) + (MHz*0,48581))*10 + 50
Traitement des données
L’analyse statistique des données était effectuée à l’aide du logiciel EPI INFO 7. Le RR était calculé par « StatCalc ». L’interprétation des résultats s’est basée sur le principe suivant :
– l’exposition est un facteur protecteur lorsque RR est inférieur à 1
– l’exposition est un facteur de risque lorsque RR est supérieur à 1
– il n’y a aucun lien entre l’exposition et le mauvais résultat si RR est égal à 1.
Si l’IC à 95 % contient la valeur 1, le facteur n’est pas lié statistiquement au mauvais résultat et si elle ne contient pas la valeur 1, le lien entre le facteur et le mauvais résultat est statistiquement significatif.
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Table des matières
INTRODUCTION
METHODES ET RESULTATS
I. Cadre de l’étude
II. Méthode
II.1. Recrutement de la population d’étude
II.2. Sélection de la population recrutée
II.2.1. Critères d’inclusion
II.2.2. Critères d’exclusion
II.2.3. Critères de non inclusion
II.2.4. Paramètres évalués
II.2.5. Critères d’évaluation
II.3. Traitement des données
II.4. Limites de l’étude
II.5. Considérations éthiques
III. Résultats
III.1. Modalité de recrutement
III.2. Aspects évolutifs
III.2.1. Sur le plan des activités de la vie quotidienne
III.2.2. Sur le plan fonctionnel
III.3. La qualité de vie selon SF 36
III.4. Facteurs influant l’évolution de la qualité de vie
DISCUSSION
I. Aspects évolutifs
I.1. La reprise des activités physiques et sportives
I.2. La reprise des activités professionnelles et scolaires
I.3. Les douleurs
I.4. Les cannes anglaises
I.5. Le périmètre de marche
I.6. Le score de WOMAC
II. La qualité de vie
III. Facteurs influant la qualité de vie
III.1. Selon la tranche d’âge
III.2. Selon le genre
III.3. Selon la reprise des activités : professionnelles ou scolaires, physiques et sportive
III.4. Selon l’existence de comorbidité
III.5. Selon le délai entre l’intervention et l’évaluation
III.6. Selon la réalisation de rééducation préopératoire
III.7. Selon la réalisation de rééducation postopératoire
III.8. Selon le score de WOMAC
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES