PSYCHOLOGIE DE LA SANTÉ ET MODÈLE TRANSACTIONNEL ET MULTIFACTORIEL
La Théorie de la Gestion des Symptômes (TGS)
Actuellement, mettre au centre de la pratique infirmière l’expérience vécue des symptômes chez les patients atteints d’une maladie chronique est un enjeu majeur. Car les progrès de la médecine et des technologies engendrent non seulement une augmentation de l’espé-rance de vie mais aussi du nombre d’individu pouvant développer des maladies chroniques avec leurs symptômes associés. En effet, les malades chroniques présentent de multiples symptômes dus à de l’évolution de la maladie, des traitements et de leurs effets secon-daires. (Eicher, Delmas, Cohen, Baeriswyl, & Python, 2013) Un symptôme est l’expérience individuelle résultant des changements dans le fonctionne-ment bio-psycho-social, dans les perceptions et dans la cognition d’une personne. (Dodd et al., 2001) Prendre en considération les signes et symptômes d’un patient est très impor-tant car ils mettent en évidence les perturbations de son fonctionnement. (Aouizerat & Group, 2008). C’est ainsi que, la théorie infirmière intermédiaire sur la gestion des symptômes est utile car elle apporte les informations nécessaires afin d’éliminer le symptôme ou de réduire la détresse qui en découle. De plus, elle permet de guider la pratique clinique en évaluant de manière subjective et systématique les symptômes, le choix des interventions et leurs éva-luations. (Eicher et al., 2013)
L’odeur L’odeur désagréable qui provient des plaies est due à de nombreux différents facteurs. Tout d’abord, il y a les bactéries qui sont présentes dans les tissus nécrosés des plaies malignes. Ces bactéries peuvent être de deux types, soit anaérobique soit aérobique. Il s’agit, plus particulièrement, des bactéries anaérobies qui en produisant la putrescine et la cadavérine sont à l’origine de l’odeur nauséabonde ; elles peuvent amener comme réaction des nau-sées, vomissements et une perte d’appétit. (O’Brien, 2012, p. e142) De plus, les tissus nécrosés et mal vascularisés ainsi que le niveau élevé d’exsudat contribuent eux aussi à une odeur désagréable. Finalement, une plaie cancéreuse infectée est également une source d’odeur. Les patients qui sont sous traitement de chimiothérapie sont plus suscep-tibles de développer une infection en raison de leur système immunitaire amoindri. (Sib-bald, Krasner, & Lutz, 2010) Le fait que les plaies soient malodorantes a un impact négatif sur la qualité de vie de la personne atteinte et de ses proches déclenchant de ce fait des sentiments tels que la cul-pabilité et la répulsion qui finalement conduisent à l’isolement social et à la dépression. (EONS, 2015, p. 13) Chez les soignants, l’odeur est également une problématique comme l’indique (Firmino & Figueiredo Ferreira Lós Alcântara, 2014, p. 302) En ce qui concerne l’odeur qui émane de ces plaies, la même chose a été citée par toutes les infirmières comme le symptôme le plus difficile à contrôler, comme l’illustre le récit sui-vant – Le défi est de contrôler l’odeur. Il y avait un consensus sur le fait que l’odeur déran-geait patients et professionnels, comme le montre le récit suivant – L’odeur ? Mon Dieu ! Cela dérange le patient et même nous !
L’image corporelle
L’image corporelle est l’image du soi physique. Il s’agit des perceptions conscientes et in-conscientes que l’individu a de la taille, des aspects et du fonctionnement de son corps. Elle comporte deux parties, le cognitif et l’affectif. Le volet cognitif correspond à la connais-sance du corps et de ses différentes parties dans sa dimension purement physique. Le volet affectif quant à lui se rapporte aux sensations ressenties par le corps comme la dou-leur, le plaisir ou la fatigue. L’image de son corps est donc le résultat de l’association des perceptions de ces deux points. L’image corporelle se construit suite aux réactions et attitudes des autres envers notre corps mais aussi par les propres explorations sensorielles de la personne. Afin de bien saisir cette notion, il ne faut pas perdre de vue que chaque individu porte un regard et une importance différente sur son image. Dans le cas où une personne souffre d’une perturbation de son image corporelle, ses ré-actions peuvent aller de l’isolement au refus d’observer ou toucher la partie du corps altérée par une maladie ou un accident. La présence de sentiments négatifs peut également sur-venir comme le désespoir, l’impuissance, la culpabilité, … (Kozier et al., 2012) Des études sur la féminité ont démontré une perte de confiance de la part des femmes vivant avec une plaie maligne car l’image corporelle a un grand impact sur le bien-être étant donné qu’elle est associée directement à notre propre identité. Il a aussi été relevé que la plupart des personnes vivant avec une plaie maligne ont dit qu’elles avaient l’impression d’avoir perdu le contrôle de leur vie et qu’elles s’étaient retirées de la société. (Young, 2005)
Validité méthodologique
L’approche phénoménologique de cette étude, permet de comprendre une singularité vé-cue par les participants. En effet, ce type de recherche étudie et veut décrire le sens des expériences vécues par une personne ainsi que la signification accordée au phénomène. (Fortin & Gagnon, 2010) Un échantillonnage par choix raisonné a permis d’obtenir un échantillon de 25 participants âgés de plus de 18 ans et résidant à Victoria, en Australie. La moyenne d’âge était de 71 ans et ils étaient tous atteints d’une plaie chronique. Tout d’abord une définition du terme « plaie chronique » a été établie de la manière suivante une lésion de la peau de toute étiologie mettant plus de quatre semaines à guérir. Les participants ont ensuite fait l’objet d’entrevues menées par le même expert entre Octobre 2014 et Aout 2015. Cette manière de procéder a été préconisée selon l’avis de plusieurs experts.
Actuellement, les critères permettant de certifier une certaine rigueur à la recherche sont ceux établis par Lincoln et Guba (1985). (Loiselle, 2007) Ces différents critères ont été respectés dans cette étude. Afin d’optimiser la crédibilité, un échange régulier avec les pairs a eu lieu, puis une vérification de certaines données auprès des participants. Afin d’optimi-ser la fiabilité, l’équipe de recherche a documenté et évalué à intervalles réguliers la prise de décision et les résultats obtenus. Afin d’optimiser la transférabilité, les caractéristiques du milieu, des participants à l’étude et des stratégies de recrutement ont été détaillées. En ce qui concerne la conformabilité, les chercheurs ont énoncé avant le début de l’étude leurs postulats et leur position. Finalement l’authenticité de cette recherche a été évaluée en abordant de nouvelles compréhensions et recommandations pour la pratique infirmière.
Description de l’étude 3 Cette étude quantitative réalisée à Taiwan est de type descriptive transversale. Elle vise plusieurs objectifs. Premièrement, évaluer le fardeau des symptômes et la qualité de vie des patients atteints d’un cancer et souffrant d’une plaie maligne. Deuxièmement, recher-cher s’il existe une relation statistiquement significative entre ces symptômes et la qualité de vie. Et finalement, identifier si le statut démographique et le statut relié à la plaie sont reliés à la qualité de vie des patients. Les participants à l’étude sont issus de trois centres hospitaliers du pays ce qui révèle le caractère multicentrique de cette recherche. Un questionnaire structuré leurs a été proposé durant une entrevue en présence d’une infirmière chercheuse et spécialiste en gestion des plaies. Sur une période de 19 mois, de février 2008 à août 2009, plusieurs entretiens se sont déroulés. Ceux-ci ont eu lieu dans un endroit calme afin de préserver l’intimité.
Fina-lement, ce sont 75 patients qui ont été intégrés à l’étude et sur ce total seul 70 participations se sont avérées admissibles pour l’analyse finale. Le questionnaire rempli par les patients avait une certaine structure. Une première partie récoltait les informations démographiques et l’histoire médicale ainsi que les éléments sui-vants âge, genre, situation matrimoniale, niveau d’éducation, religion, antalgie, 1er dia-gnostic de cancer, le traitement du cancer et l’histoire des soins de plaies. Une seconde partie comprenait deux outils d’évaluation dont La version Taïwanaise du questionnaire de la qualité de vie de McGill (MQOL) (Hu, Dai, Berry, & Chiu, 2003). Ce questionnaire comprend 16 items ainsi que des questions ouvertes qui permettent aux patients de dire quels sont les évènements de vie qui ont influencé leur qualité de vie. Il se compose de quatre domaines les symptômes physiques, le bien-être psychologique, le bien-être existentiel et les problèmes de soutien. Les réponses sont basées sur une échelle numérique allant de 0 à 10 avec un support écrit à chaque extrémité.
Le questionnaire Malignant Fungating Wound Assessment Tool (MFWAT). Ce questionnaire est basé sur les recherches de multiples auteurs et possède deux domaines. Le 1er domaine est la perception qu’a le patient par rapport à sa plaie maligne. Cette partie comporte elle-même cinq sections dont 20 items qui portent sur la douleur, le confort du pansement, les symptômes de la plaie, les questions sociales et psychologiques. Le 2ème domaine est l’évaluation objective de l’état de la plaie maligne. Cette partie a été évaluée par des professionnels en soins de plaies. Elle comporte neuf items avec des points allant de 1 à 5, les scores totaux peuvent donc aller de 9 à 45. Un score élevé indique que la plaie est « grave » Les symptômes évalués par rapport à la qualité de vie sont les suivants le lit de la plaie, les bords de la plaie, le type de nécrose de la plaie, la quantité de nécrose, l’odeur, la quantité d’exsudat, la qualité d’exsudat, les saignements et les oedèmes.
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Table des matières
1. RÉSUMÉ
2. REMERCIEMENTS
3. DÉCLARATION
4. INTRODUCTION
4.1 PROBLÉMATIQUE
4.2 QUESTION DE RECHERCHE
4.3 BUT DE LA RECHERCHE
5. CADRE THÉORIQUE
5.1 LA THÉORIE DE LA GESTION DES SYMPTÔMES (TGS)
5.1.1 Les différents concepts de la TGS
5.2 LES SYMPTÔMES DES PLAIES TUMORALES
5.2.1 L’odeur
5.2.2 Hémorragie
5.2.3 Exsudat
5.2.4 Douleur
5.2.5 Signes d’infection
5.3 PSYCHOLOGIE DE LA SANTÉ ET MODÈLE TRANSACTIONNEL ET MULTIFACTORIEL
5.3.1 Le modèle transactionnel et multifactoriel
5.4 CONCEPT DE LA QUALITÉ DE VIE
5.4.1 Définition de la qualité de vie
5.4.2 Les dimensions de la qualité de vie
5.4.3 Les mesures de la qualité de vie
5.5 LE CONCEPT DE SOI
5.5.1 L’image corporelle
5.5.2 L’estime de soi
6. MÉTHODOLOGIE
6.1 DEVIS DE RECHERCHE
6.2 COLLECTE DE DONNÉES
6.3 SÉLECTION DES DONNÉES
6.4 CONSIDÉRATION ETHIQUE
6.5 ANALYSE DES DONNÉES
7. RÉSULTATS
7.1 DESCRIPTION DE L’ÉTUDE 1
7.1.1 Validité méthodologique
7.1.2 Pertinence clinique
7.2 DESCRIPTION DE L’ÉTUDE 2
7.2.1 Validité méthodologique
7.2.2 Pertinence clinique
7.3 DESCRIPTION DE L’ÉTUDE 3
7.3.1 Validité méthodologique
7.3.2 Pertinence clinique
7.4 DESCRIPTION DE L’ÉTUDE 4
7.4.1 Validité méthodologique
7.4.2 Pertinence clinique
7.5 DESCRIPTION DE L’ÉTUDE 5
7.5.1 Validité méthodologique
7.5.2 Pertinence clinique
7.6 DESCRIPTION DE L’ÉTUDE 6
7.6.1 Validité méthodologique
7.6.2 Pertinence clinique
7.7 SYNTHÈSE DES PRINCIPAUX RÉSULTATS
8. DISCUSSION
8.1 DISCUSSION DES RÉSULTATS
8.2 DISCUSSION DE LA QUALITÉ ET DE LA CRÉDIBILITÉ DES ÉVIDENCES
8.3 LIMITES ET CRITIQUES DE LA REVUE DE LA LITTÉRATURE
9. CONCLUSION
9.1 PROPOSITION POUR LA PRATIQUE
9.2 PROPOSITION POUR LA FORMATION
9.3 PROPOSITION POUR LA RECHERCHE
10. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
11. ANNEXES
11.1 ANNEXE I – TABLEAUX ET SCHÉMAS
11.2 ANNEXES II TABLEAUX DE RECENSION
11.3 ANNEXES III GLOSSAIRE MÉTHODOLOGIQUE
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