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Mesures existantes de bien-être en vache laitière
En matière de bien être il n’existe pas de mesure universelle et unique. Au contraire, le bien-être est un concept multidimensionnel et il convient d’évaluer chacune de ses dimensions. De plus, l’appréciation globale du bien-être ne peut être dérivée de la simple description de l’existant (par exemple, l’état corporel moyen dans un troupeau, l’incidence des mammites…). Les données obtenues par de telles mesures doivent être interprétées en termes de bien-être [64]. Plusieurs systèmes ont d’ores et déjà été proposés pour produire une évaluation globale du bien-être des animaux d’élevage. Ces systèmes d’évaluation ont été proposés dans le but de conseiller les éleveurs, d’aider à la prise de décision publique ou de réaliser des études dans le cadre de programmes de recherche. Ils se basent généralement sur les informations fournies par de nombreuses mesures qui sont ensuite synthétisées en une seule évaluation globale au niveau de l’élevage [65].
Dans les systèmes d’évaluation proposés actuellement, les données recueillies sur une ferme peuvent être :
– Analysées par un ou plusieurs experts qui en tirent une conclusion générale, mais sans que le processus de décision n’ait été formalisé ;
– Comparées à des exigences minimales définies pour chacune des mesures prises en compte ;
– Converties en des données correspondant chacune au rang de la ferme sur la mesure considérée, ces rangs étant ensuite sommés ; converties en scores évalués sur une échelle de valeur, ces scores étant ensuite agrégés via une moyenne pondérée (ex. TGI 35L) ou via des règles ad hoc. La TGI 35L a été employée en Algérie pour mesurer l’atteinte de bien-être en TIZI-Ouzou [4].
Les systèmes d’évaluation existant à l’heure actuelle, au moins quand ils sont utilisés de manière exclusive, peuvent se révéler être insuffisamment sensibles (par ex. en ne permettant de distinguer que deux catégories de fermes) ou non applicables en routine. De plus, ils peuvent ne pas répéter correctement la nature multidimensionnelle du bien-être animal ou ne pas tenir compte de l’importance relative des différentes mesures. Il s’agit pourtant de conditions requises dans le contexte du projet Welfare Quality [64].
Ces méthodes peuvent cependant se révéler être très utiles dans un système d’évaluation où elles seraient utilisées de manière complémentaire. Elles pourraient en effet être utilisées à différentes étapes de la construction du modèle d’évaluation globale, en fonction des contraintes identifiées à chacune des étapes de la procédure d’agrégation.
Appréciation du bien-être des animaux d’élevage
Ergonomie
L’ergonomie est l’étude des relations entre un opérateur et une machine. Cette démarche peut être transposée aux relations entre les animaux et les installations d’élevage. Elle consiste alors à considérer l’animal comme un agent devant effectuer certaines tâches : se nourrir, se reposer, se déplacer…
L’ergonomie doit donc permettre de limiter les blessures et d’améliorer le confort des animaux, en aidant à concevoir des installations respectueuses de leur taille, de leurs postures et de leurs mouvements. Pour les vaches, cette démarche s’appuie souvent sur des considérations anatomiques: la longueur des logettes et le positionnement des cornadis [66].
La longueur des logettes des vaches laitières doit être ajustée à la taille des vaches. Cette longueur (hors tête) correspond à l’espace occupé par le corps de la vache (de l’arrière aux genoux avant) lorsqu’elle est couchée. Elle doit être égale à 0,95 L + 0,15 m, « L » étant la distance entre la pointe de l’épaule et la pointe de la fesse (longueur diagonale).
La longueur de la place de la tête correspond à la place occupée par la tête lorsque la vache est couchée, plus l’espace nécessaireau déplacement en avant de la tête lorsque la vache se lève. L’amplitude du mouvement de relever a été établie en filmant des vaches se levant, illustrée dans dans la Figure3. La longueur de la place de la tête doit être au moins égale à 0,56 H (« H » étant la hauteur au garrot), pouvant être ramenée à 0,32 H si les logettes se font face [67]
Mesure de l’inconfort
Le degré d’inconfort ou de souffrance perçu par l’animal sera recherché au travers de différentes mesures : l’état sanitaire de l’animal, sa capacité à produire et à se reproduire, le degré d’activation des systèmes neuroendocriniens impliqués dans les réactions de stress, son comportement.
État sanitaire
Le comportement des animaux malades, qu’il s’agisse d’isolement d’avec le troupeau ou de posture antalgique, permet de supposer qu’ils perçoivent la maladie comme un événement désagréable, voire douloureux. Pour juger une installation d’élevage selon des critères de bien-être animal, il convient donc de prendre en compte les risques de maladies et de blessures. Citons, à titre d’exemples, les maladies respiratoires aggravées par une mauvaise ambiance et les blessures causées par un sol glissant. L’augmentation de la densité des animaux favorise les pathologies [66]. Certains vont même jusqu’à considérer que des maladies peuvent jouer le rôle de « sentinelles » avertissant une ou des anomalies d’élevage [71].
Critères de production
Un stress peut être détecté par une diminution de la production de lait. Lorsque les contraintes imposées sont moins extrêmes ou qu’elles durent depuis moins longtemps, la baisse de l’état général de l’animal peut être observée au travers de critères de production [66].Les réactions à un stress peuvent s’exprimer par une diminution des performances et des modifications physiologiques et comportementales. Ainsi un stress peut être détecté par la diminution de la production de lait et ceci est visible en particulier pendant les premiers jours après un changement d’environnement (Figure 12).
Des vaches qui sont changées de troupeau peuvent avoir une baisse de production de lait pendant plusieurs semaines. Ces altérations sont dues à l’activation des systèmes neuroendocriniens impliqués dans les réactions de stress ainsi qu’à une baisse de l’ingestion.
Réactions physiologiques de stress
Deux grands types d’activation neuroendocrinienne existent communément regroupés sous le terme de réponse de stress : l’activation de la branche sympathique du système nerveux autonome et l’activation de l’axe corticotrope [73]. L’activation de ces deux systèmes permet à l’animal de mobiliser son énergie pour faire face à l’événement qu’il perçoit comme une agression.
En mesurant la fréquence cardiaque et le cortisol sanguin, les stress ponctuels tels ceux liés à la contention en cage ou l’isolement avec les partenaires sociaux habituels seraient détectables. Il a été montré que les vaches laitières sont stressées si elles disposent de moins d’une logette par animal [74]. Des veaux maintenus dans des cases de moins de 1,8 m2 sont également plus stressés que des veaux plus libres de leurs mouvements, maintenus dans des huttes et disposant d’une aire d’exercice ou maintenus en groupes [75].
Comportement
Les indicateurs comportementaux sont bien souvent plus sensibles et plus précoces que les autres indicateurs [76]. Deux groupes de modifications comportementales sont distingués : les modifications de l’activité de l’animal et les modifications de sa réactivité. Lorsque l’animal ne dispose pas des substrats adéquats pour réaliser un comportement pour lequel il est fortement motivé, il va déplacer son activité vers un autre objet. On parle alors souvent d’activité anormale, par référence à l’objet anormal vers lequel cette activité est dirigée (Figure 13).
Notation d’état corporel (NEC)
La note d’état corporel est attribuée à l’animal sur la base de l’apparence des tissus recouvrant des proéminences osseuses des régions lombaire et caudale. Plus précisément, les zones anatomiques évaluées comprennent les processus transverses et épineux des vertèbres lombaires, les tubérosités iliaques (pointe de la hanche) et ischiatiques (pointe de la fesse), le détroit caudal, la base de la queue et la ligne du dos. La couverture tissulaire peut être estimée par la palpation et/ou l’inspection visuelle [77]. La NEC permet d’estimer la satisfaction alimentaire des bétails et permet ainsi à l’éleveur d’équilibrer le rationnement pour éviter l’engraissement excessif des vaches avant le vêlage.
Selon une grille de notation établie par l’Institut Technique de l’Élevage Bovin, chaque critère anatomique se voit attribuer par un observateur une note de 0 à 5, la note globale correspondant à la moyenne de 6 notes (avec une précision de 0,5 point), de 0 pour vache cachectique à 5 pour vache très grasse [78]. D’autres échelles de score existent. En outre-Atlantique, le système de notation le plus communément utilisé s’étale de 1 à 5 points : 1 pour vache cachectique, 2 pour maigre, 3 pour moyenne, 4 pour grasse et 5 pour très grasse, avec une précision de 0,25 unité. Des formules permettant la conversion d’une échelle à l’autre ont été établies par Ferguson [77]. La NEC permet à l’éleveur de décider les actions à faire pour leur exploitation. En général, les vaches en lactation sont classées parmi les maigres. Les éleveurs qui ne connaissent pas ce paramètre pourraient évaluer mal leur exploitation.
Méthode ‘‘Welfare Quality®’’
Welfare Quality® est un projet Européen (2004-2009) qui propose une méthode standardisée pour l’évaluation et l’information sur le bien-être des bovins, des porcs et des volailles. Un ensemble de 4 principes (Alimentation adaptée, Logement correct, Bonne santé et Comportement approprié) déclinés en 12 sous-critères de bien-être est défini. Une cinquantaine de mesures ont été mis en place en ferme de vache laitière pour vérifier la conformité vis-à-vis de chaque critère en tenant compte de leur pertinence, leur répétabilité et leur faisabilité. Les données issues des mesures sont alors utilisées pour calculer des scores exprimant la conformité d’une ferme par rapport à chaque sous-critère (de 0- très mauvais à 100- parfait). Les scores des sous-critères composant un même principe sont ensuite agrégés en limitant très fortement les compensations entre les sous- critères (agrégation par l’intégrale de Choquet). L’agrégation des principes pour former une évaluation globale utilise une méthode de comparaison à des profils prédéfinis délimitant quatre catégories de bien-être : Excellent, Amélioré, Acceptable, Non classé.
Le concepteur de la méthode Welfare Quality® pense que ce modèle :
– Peut servir de base au diagnostic-conseil en élevage en utilisant les informations recueillies au niveau des sous-critères, voire des mesures, comme base de discussion avec l’éleveur.
– Permet surtout d’intégrer de manière formalisée le bien-être animal dans des démarches de qualité en élevage en permettant l’affectation d’une exploitation à une classe de bien-être.
– Pourra être utilisé, soit dans le cadre d’un label spécifique au bien-être, ou plus comme partie dédiée au bien-être au sein de labels qualité déjà existants [79,80].
Proposition des solutions d’amélioration
L’analyse factorielle a permis de déterminer la dépendance entre les différentes variables. À partir de l’existence d’une dépendance significative entre deux variables, l’amélioration de l’une entraîne le progrès du niveau de respect du bien être ou l’augmentation de la production laitière. Ces solutions d’amélioration ont été présentées sous forme de Tableau. Ce Tableau est constitué de 3 colonnes. La première colonne comportait les deux variables présentant la dépendance, la deuxième la valeur de p (p-value) et la troisième est remplie par les propositions des solutions d’amélioration.
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Table des matières
PREMIÈRE PARTIE : RAPPELS
I. VACHES LAITIÈRES
1. Situation de la production laitière mondiale
2. Évolution de la filière lait à Madagascar
3. Races laitières rencontrées à Madagascar
4. Système d’élevage laitier
5. Maladies des vaches laitières
II. BIEN-ÊTRE
1. Historique
2. Législation en matière de bien-être
3. Définitions du bien-être animal
4. Mesures existantes de bien-être en vache laitière
5. Appréciation du bien-être des animaux d’élevage
6. Méthode ‘‘Welfare Quality®’’
DEUXIÈME PARTIE: MÉTHODES ET RÉSULTATS
I. MÉTHODES
1. Recueil des données
1.1. Caractéristiques du cadre de l’étude
1.2. Type d’étude
1.3. Durée de l’étude
1.4. Période d’étude
1.5. Population d’étude
1.6. Mode d’échantillonnage
1.7. Calcul de taille de l’échantillon
1.8. Protocole d’évaluation du bien-être en ferme à partir de Welfare Quality®
1.9. Variables étudiées
1.10. Mode de collecte des données
1.11. Limites d’étude
1.12. Considérations éthiques
2. Analyses des données
3. Proposition des solutions d’amélioration
II. RÉSULTATS
1. Proportion
1.1. Taille d’échantillon
1.2. Profils des éleveurs
1.3. Caractéristiques zootechniques de l’élevage
1.4. Profils sanitaires
1.5. Bien-être des vaches selon les sous-critères et les quatre principes d’évaluation
2. Facteurs
3. Solutions d’amélioration
TROISIÈME PARTIE : DISCUSSION
CONCLUSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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