Protocole de prise en charge de la douleur aiguë à l’accueil
L’infirmière organisatrice de l’accueil
L’IOA est un poste qui n’a pas toujours existé formellement et s’est construit au fil du temps. Historiquement, le travail fait par l’IOA, le tri, était déjà présent au XIXe siècle. Pendant les guerres napoléoniennes, il est apparu nécessaire de trier les blessés sur les champs de bataille. « Les moyens étaient dépassés, il fallait donc classer rapidement les priorités, pour savoir qui soigner » (Maillard-Acker, 2012, p. 2). Puis au XXe siècle, « les professionnels des urgences s’interrogent sur qui est le plus apte à évaluer et à trier »(Maillard-Acker, 2012, p. 2).Aujourd’hui, la problématique est la même : l’impossibilité de traiter tous les patients en même temps, et donc la nécessité d’identifier, d’évaluer et de définir des priorités. La seule façon de traiter cette contrainte est de mettre à l’avant-poste, dès l’accueil, une infirmière capable d’apprécier l’état de stabilité (ou non) du patient. L’organisation doit permettre que celui-ci soit vu dans les 10 minutes qui suivent son arrivée. (Boizat, Décréau, Maillard-Acker, & Liotier, 2010, p. 15) Ce poste a été confié à l’IOA, sous délégation médicale. Elle assure plusieurs activités dans le cadre de l’accueil des patients et de leurs accompagnants, allant del’orientation du patient dans le service à la réévaluation de l’évolution de l’état de santé des patients en salle d’attente (HFR Urgence, 2016). Elle identifie les besoins en santé, les évalue,administre les premiers soins et catégorise le degré d’urgence. Ces différents points représentent les rôles de l’IOA. Pour pouvoir les remplir, elle doit détenir plusieurs compé- tences.
Prise en charge de la douleur à l’accueil
Physiologiquement, la douleur est définie comme la prise de conscience d’un message nociceptif**. La nociception comprend quatre étapes, la transduction**, la transmission**,la perception** et la modulation**, ce qui permet à l’organisme d’être informé du danger et de réagir. Aux urgences, « la douleur aiguë … est principalement due à un excès de nociception » (Galinski, 2010, p. XIII). Un stimulus douloureux active les récepteurs nociceptifs, ce qui entraîne une libération de substances chimiques, notamment d’histamine** et ,de bradykinine**, qui sont traduites en message sensitif et transmises jusqu’au cortex qui perçoit la douleur.
Conséquences du non-soulagement de la douleur
« La douleur déclenche une réaction biologique de stress … La réaction biologique de stress comprend une réaction directe à court terme, une réaction à moyen terme et une réaction indirecte à long terme » (Urden, Stacy, & Lough, 2014, p. 142). Aux urgences, Le rôle de l’infirmière à l’accueil des urgences pour la prise en charge de la douleur aiguë, c’est surtout la réaction à court terme qui importe. En effet, elle a un impact sur l’état de santé du patient. Tout d’abord, le système nerveux sympathique est activé. « En présence d’un stresseur tel que la douleur, l’hypothalamus libère l’hormone de libération de la corticotrophine (CRH), qui active directement le système nerveux sympathique » (Urden, Stacy, & Lough, 2014, p. 142). La noradrénaline et l’adrénaline sont libérées et cela entraîne l’augmentation entre autres de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque et de la fréquence respiratoire. Selon Dumwoody, Kenzischek, Pasero & al. (2008), le myocarde nécessite alors un apport d’oxygène plus important (p. S18). Cela entraîne de l’inconfort chez les patients. Cet inconfort, dans l’attente d’une prise en charge, peut amener de l’anxiété au patient pour qui l’urgence est ressentie. Le patient, alors agité, inconfortable et anxieux ne sera pas à même de collaborer dans sa prise en charge. La prise en charge inadéquate de la douleur peut avoir des conséquences psychosociales et amener les patients à être insatisfaits (Dumwoody, Krenzischek, Pasero, Rathmell, & Polomano, 2008, p. S 19). De plus, les conséquences du système nerveux sympathique peuvent donner suite à des symptômes, tels que la dyspnée**, la tachycardie, des nausées ou encore des céphalées**, liées à la douleur, pouvant fausser le diagnostic. Si le stress perdure, par exemplelorsque le patient attend avant de consulté et que la douleur dure sur du plus long terme,il peut amener un dysfonctionnement du ventricule gauche, voir une ischémie myocardique ou encore un infarctus du myocarde, chez les patients à risque de trouble cardiovasculaire (Dumwoody, Krenzischek, Pasero, Rathmell, & Polomano, 2008, p. S18).
Propositions pour la formation
Les cours de la formation Bachelor en soins infirmiers ne couvrent pas le service d’urgences et le tri aux urgences. La HES-SO Valais propose un Diploma of Advanced Studies (DAS) en Soins d’Urgence, Soins Aigus qui enseigne et évalue dans un de ces modules l’accueil, le tri et l’organisation d’un service d’urgence. L’Hôpital du Valais propose une formation d’IOA sur deux jours théoriques, suivis d’un jour ou l’infirmière est doublée**.Une première introduction, pendant la formation de base, à la spécificité des services d’urgence pourrait être faite afin d’aider les futures IOA dans leur apprentissage et dans les soins à prodiguer chez les patients dans l’attente d’une prise en charge médicale. Par la suite le DAS en Soins d’Urgence, Soins Aigus qui intègre la prise en charge de la douleur et montre les bénéfices apportés par une telle pratique, renforcerait ces apprentissages. Finalement, les infirmières plus expérimentées pourraient aider leurs collègues en leur montrant comment elles ont utilisé le protocole médico-délégué d’antalgie pendant les colloques.La douleur et son traitement devraient aussi être revus afin de diminuer les fausses croyances et les craintes relatives à certains traitements. Des posters scientifiques à ce sujet pourraient être affichés à la Haute École de Santé de Sion ou encore à l’hôpital, afin de sensibiliser non seulement le personnel soignant, mais aussi les patients. La dernière proposition serait d’encourager les infirmières qui le souhaitent, à se former en CAS en Qualité des Soins et Conseil : infirmière clinicienne. Pour les autres, la recherche de l’information qui leur manque au sujet de la prise en charge de la douleur pourrait se faire auprès des infirmières référentes ou cliniciennes
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Table des matières
1 Résumé.
2 Abstract
3 Remerciements
4 Déclaration
5 Introduction
5.1 Problématique
5.2 Question de recherche
5.3 Objectifs de la recherche
6 Concepts théoriques
6.1 L’infirmière organisatrice de l’accueil
6.2 Prise en charge de la douleur à l’accueil
6.2.1 Conséquences du non soulagement de la douleur
6.2.2 Évaluation de la douleur
6.2.3 Protocoles d’antalgie
6.3 Obstacles
7 Méthode
7.1 Devis de recherche
7.2 Collecte des données
7.3 Sélection des études
7.4 Analyse des données
8 Résultats
8.1 Étude 1 (Taylor, & al., 2015)
8.1.1 Description de l’étude 1
8.1.2 Validité méthodologique
8.1.3 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
8.2 Étude 2 (Muntlin Athlin, Carlsson, & Gunningberg, 201 5)
8.2.1 Description de l’étude 2
8.2.2 Validité méthodologique
8.2.3 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
8.3 Étude 3 (Pretorius, Searle, & Marshall, 2015)
8.3.1 Description de l’étude 3
8.3.2 Validité méthodologique
8.3.3 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
8.4 Étude 4 (Patrick, Rosenthal, Iezzi, & Brand, 2015)
8.4.1 Description de l’étude 4
8.4.2 Validité méthodologique
8.4.3 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
8.5 Étude 5 (Barksdale, Hackman, Williams, & Gratton, 2016)
8.5.1 Description de l’étude 5
8.5.2 Validité méthodologique
8.5.3 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
8.6 Étude 6 (Cabilan, Eley, Hughes, & Sinnott, 2015).
8.6.1 Description de l’étude 6
8.6.2 Validité méthodologique
8.6.3 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
8.7 Synthèse des principaux résultats
9 Discussion
9.1 Discussion des résultats
9.2 Discussion de la qualité et de la crédibilité des évidences
9.3 Limites et critiques de la revue de la littérature
10 Conclusions
10.1 Propositions pour la pratique
10.2 Propositions pour la formation
10.3 Propositions pour la recherche
11 Bibliographie
12 Annexe I : Protocole de prise en charge de la douleur aiguë à l’accueil
13 Annexe II : Tableaux de recension
14 Annexe III : Abréviations
15 Annexe IV : Glossaire général **
16 Annexe V : Glossaire méthodologique ***.
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