Protection des ressources raphières contre les actions anthropiques

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LIMITES ET CONTRAINTES DE LA METHODOLOGIE

L’insécurité, l’éloignement et l’enclavement des zones de production ainsi que les contraintes temporelles ont limité le nombre d’acteurs enquêtés à savoir les paysans, les collecteurs, les transporteurs et les exportateurs. C’est le cas dans le district de Besalampy où l’enquête auprès des paysans producteurs a été impossible car personne n’a accepté d’accompagner l’équipe jusqu’aux sites de production. D’autres difficultés s’ajoutent à ces problèmes. Le calendrier des travaux a été perturbé par le report à plusieurs reprises du déplacement de Mahajanga – Besalampy – Mahajanga dû à la panne technique du bac. D’ailleurs, le déplacement par bac a duré 2 x 30 heures, alors qu’un voyage par avion n’aurait duré que quelques heures. Le temps précieux perdu sur la mer aurait permis d’augmenter le nombre d’acteurs enquêtés.
Compte tenu des contraintes citées précédemment, la méthodologie adoptée a présenté des limites dans la pratique.

Etude comparative des potentialités des zones d’étude

Les données de base provenant de la DIREEF Mahajanga sont les seules à donner la production par district dans le Faritany de Mahajanga à titre officiel. Ces données sont basées sur les quantités déclarées par les collecteurs à partir desquelles sont calculées les redevances forestières à payer. Ainsi, ces données de base ont été utilisées pour la présente étude (Cf Annexe 4).
Le tableau 3 ci-après résume la localisation des sites de production, leurs superficies, leurs caractéristiques et la production de chaque site dans les districts de Besalampy, Maevatanana, Mitsinjo et Soalala.

ANALYSE COMPARATIVE DE LA FILIERE RAPHIA DANS LES ZONES D’ETUDE

Le flux, le circuit commercial des fibres de raphia et la typologie des acteurs dans la filière seront étudiés dans ce paragraphe. Une étude économique axée sur les prix et les valeurs ajoutées complètera cette étude de la filière raphia.

Flux des fibres de raphia

Presque la totalité du raphia produit dans le faritany de Mahajanga est acheminée vers Mahajanga où sont basés les exportateurs. C’est le cas des 180 tonnes de fibres de raphia provenant de Besalampy, 62 tonnes de Mitsinjo et 50 tonnes de Soalala. Toutefois, une partie de la production de raphia issu des zones trop éloignées de la ville de Mahajanga tels Andriba, Mahazoma et Mahatsinjo, ne dépassant pas 30% de la production du district de Maevatanana, a comme destination Antananarivo.
A partir des zones de production situées au niveau des villages et des fokontany le raphia est, en général, transporté jusqu’aux différents points de collecte par charrettes ou à dos d’homme. Les collecteurs se chargent ensuite de leur acheminement vers Mahajanga ou Antananarivo. Exceptionnellement, une agence de la Société COMEX faisant sa collecte à Mahajanga, transfère les produits ainsi obtenus vers son siège à Toamasina.
Les fibres de raphia de Besalampy, environ 180 tonnes, sont transportées par boutre directement de Besalampy à Mahajanga2. Dans le district de Soalala, les fibres de raphia collectées sont acheminées sur Soalala en charrettes ou en pirogue. Elles sont ensuite déposées dans un hangar de stockage pour un premier triage. Elles seront embarquées dans un boutre allant vers Mahajanga lorsque le tonnage aura atteint 2 à 3 tonnes environ. La durée du voyage jusqu’à Mahajanga dépend du vent et varie de 2 à 4 jours à partir de Soalala et de 5 jours à plus d’une semaine à partir de Besalampy.
Des collecteurs de Mitsinjo embarquent leurs camions chargés de raphia à bord du bac reliant Katsepy et Mahajanga. Ces camions sont d’ailleurs utilisés pour effectuer des collectes à Andranomavo – Soalala, complétant ainsi le tonnage du raphia de Mitsinjo, avant de les embarquer à Katsepy. Le boutre permet à des collecteurs illicites de transporter le raphia à partir d’un point d’embarquement “discret”, Antrema – Katsepy par exemple, pour arriver à Mahajanga.
Dans le district de Maevatanana, environ 68% du raphia, soit 54 tonnes, sont acheminés vers les exportateurs à Mahajanga. Les produits parviennent aux différents points de collectes, notamment dans les communes d’Ambalanjanakomby, Antsiafabositra, Andriba, Mahazoma, Mahatsinjo et Maevatanana par charrettes ou à dos d’hommes et sont pris en charge par les collecteurs. Ces derniers y possèdent généralement des aires de séchage et des magasins de stockage. Ainsi, ils procèdent sur place au triage, au séchage et à l’empaquetage des fibres de raphia collectées. Ces produits sont ensuite déposés dans les magasins de stockage en attendant leur expédition par camions vers Mahajanga.
Une autre partie, soit 25 tonnes, de la production des zones assez éloignées de Mahajanga comme Andriba, Mahazoma ou Mahatsinjo, toujours dans le district de Maevatanana est acheminée vers Antananarivo.

L’administration forestière

Le dysfonctionnement de la filière est aggravé par la vacance de poste du Cantonnement de l’Environnement et des Eaux et Forêts (CEEF) à Besalampy. Il est très difficile pour le Chef de la Circonscription de l’Environnement et des Eaux et Forêts (CIREEF) à Maintirano, responsable du district de Besalampy de procéder à des contrôles.
Il en est de même pour Soalala. Les autorités communales pensent qu’il y a urgence de rouvrir le poste du Cantonnement Forestier à Soalala, vacant également depuis des mois et de le pourvoir d’un responsable car, selon eux, le contrôle de la clandestinité qui frappe la filière raphia échappe aux agents des aires protégées de l’ANGAP qui sont présents sur le terrain.
Quant à Mitsinjo, un nouveau chef de Cantonnement vient d’y être affecté. Son prédécesseur s’est impliqué dans la formation des collecteurs de raphia avec des supports écrits tels que monographie, notes de service.
L’éloignement des sites raphières et le mauvais état des routes ainsi que l’insécurité constituent un vrai handicap dans les différentes zones de cette étude. C’est ainsi qu’à Maevatanàna, le Chef de Cantonnement de l’Environnement, des Eaux et Forêts ne peut procéder à des contrôles dans les zones raphières que très rarement.
La gestion des ressources forestières dépend de la prise de conscience de chacun. Il est donc indispensable de reconnaître la pluralité et de prendre en compte les attentes de chaque entité. Il est tout aussi indispensable de coordonner les actions si l’on veut gérer durablement ces ressources naturelles.
Dans le cadre de la gestion de la filière raphia, l’objectif consiste pour la DIREEF à établir une gestion concertée entre les différents acteurs concernés. Le but en est d’atteindre un accroissement de la performance économique du secteur forestier, en privilégiant la valorisation économique des Produits Forestiers non Ligneux ou PFNL, entre autres le raphia.
Des textes réglementaires et des notes de services sont actuellement en vigueur et appliquées par l’Administration.

Revenu et charges des exportateurs

Les coûts de revient et bénéfices nets par kilogramme des exportateurs de balles de fibres de raphia brutes sont donnés en Annexe 17. Malgré les charges nombreuses, les exportateurs ont une marge bénéficiaire assez confortable de 31%. La plupart d’entre eux exportent par centaine de tonnes de raphia brut en balles, c’est pourquoi ils ont le revenu annuel le plus élevé par rapport aux autres catégories d’opérateurs surtout s’ils les exportent sous forme de pelotes, de brosses ou de pinceaux.
Les Tableaux 13 et 14 ci-après montrent les marges nettes et les parts des acteurs de la filière dans les Districts de Besalampy, Soalala, Mitsinjo et Maevatanana.

Détérioration de la qualité marchande du produit raphia

Faute de suivi et de contrôle, les paysans récolteurs sont livrés à eux-mêmes. Ainsi toutes les fraudes imaginables sont permises, affectant la qualité des fibres : ajout d’eau, de caillou, de sable, de morceau de bois, de boulet de canon dans le nœud des floches. Ainsi, les paysans pensent prendre sa revanche sur les coups de balance des acheteurs.
La plupart des zones productrices de raphia situées dans ces régions sont enclavées. Certains districts souffrent de l’absence de routes praticables et de l’insécurité. En conséquence, les collecteurs n’osent même plus se rendre comme auparavant dans les sites de production pour traiter directement avec les paysans. De ce fait, une nouvelle catégorie d’acteurs s’est donc interposée, perturbant le processus normal de la commercialisation du produit. Il s’agit de collecteurs intermédiaires irréguliers, des éléments non contrôlables, à l’abri de tout contrôle fiscal et n’ont aucun papier réglementaire pour exercer la collecte. Leur mauvaise prestation, favorise la pratique des paysans récolteurs relatée ci-dessus.
Les collecteurs intermédiaires irréguliers ne paient pas de redevances forestières et de taxes professionnelles. Ils peuvent éviter le paiement des ristournes quand ils achètent directement le raphia auprès des paysans dans les sites de production éloignés. Mais, ils ne peuvent pas y échapper lorsque l’achat se fait dans les marchés habituels où sont présents les agents de recouvrement communaux, alors que les collecteurs agréés paient, en plus des ristournes, les redevances forestières et les taxes professionnelles. Ainsi, les collecteurs irréguliers peuvent augmenter leur offre de prix sans se soucier de la qualité du produit. A cause de cette concurrence déloyale, les collecteurs agréés ne peuvent pas exiger des paysans une bonne qualité du raphia, puisque les paysans finissent toujours par vendre leurs récoltes.

Désorganisation de la filière

La filière raphia est désorganisée. Il n’existe aucune relation entre les acteurs au sein d’une même catégorie et entre les différentes entités. Au contraire, chacun essaie d’une part, d’augmenter ses bénéfices au dépens de ses concurrents, et d’autre part, de pérenniser ses activités ou même d’obtenir le monopole.
Du côté de l’Administration, l’administration forestière, la contribution directe et les communes travaillent séparément. En plus, les moyens dont ils disposent sont limités. Il en résulte une insuffisance de contrôle et de suivi. Ce qui entraîne un manque à gagner au niveau du recouvrement des taxes et redevances par rapport à la quantité réelle des produits récoltés selon les résultats d’enquête auprès des collecteurs eux-mêmes (Cf Annexe 20).

Les problèmes rencontrés par la filière

L’exploitation des fibres de raphia de moins de 1,10m est interdite selon le décret n° 87-122 du 7 avril 1987 fixant les normes de qualité. Cependant, certains paysans pressés par le besoin d’argent immédiat ne les respectent pas. Ces fibres hors normes sont délibérément mélangées aux fibres de longueur normale.
Pour les mêmes raisons, la période de campagne est fixée par l’arrêté provincial n° 005 / 05 / PDS / MGA / AE du 22 avril 2005 n’est pas respectée dans certains cas. Des paysans producteurs et des collecteurs poursuivent leurs activités au-delà de la fermeture de la période de campagne. L’inexistence des rapports entre les différents acteurs de la filière constitue un problème. N’ayant pas les mêmes intérêts à défendre, chaque entité cherche évidemment à conforter sa position. Même au sein de l’Administration, c’est le recouvrement qui compte : les ristournes aux communes et les redevances forestières à la DIREEF.
L’octroi des conventions de collecte est du ressort de la DIREEF. Il est difficile pour les communes reculées de procéder à la vérification des prélèvements effectués dans les sites de production par les collecteurs. Et ces derniers en profitent parfois pour limiter les ristournes à payer auprès des communes concernées.

Relations entre acteurs

L’inexistence de regroupement et de dialogue entre les acteurs que ce soit entre les différentes catégories ou à l’intérieur des catégories explique le dysfonctionnement de la filière. En effet, chacun des acteurs a ses propres objectifs et intérêts vis-à-vis du raphia. Par ailleurs, du côté de l’administration, les autorités communales, l’administration forestière et la contribution directe travaillent séparément et d’une manière indépendante. Chaque entité ne s’intéresse qu’au recouvrement des taxes et des redevances pour sa propre caisse.

Irrégularités dans la filière

Certains paysans et quelques collecteurs trichent dans le but d’augmenter le poids de leur produit ; ce qui, pour la commune, augmenterait d’autant les ristournes perçues. Certains opérateurs cherchent à limiter le paiement des ristournes et redevances forestières en diminuant les quantités déclarées. Des cas extrêmes existent : certains collecteurs ne paient ni les ristournes, ni les redevances forestières, ni les taxes professionnelles. Il en résulte une concurrence déloyale qui, d’une part, défavorise les collecteurs réguliers et d’autre part, pousse les paysans à tricher impunément en détériorant la qualité du produit.
La surexploitation et le non respect des normes de qualité et de la période de fermeture de la campagne par des opérateurs, entraîneraient la non régénération naturelle des raphias. Les feux de brousse et l’extension des rizières vers les raphières notamment par les migrants constituent également des menaces pesant sur la ressource.

Les valeurs ajoutées

Les artisans malgaches ont créé une infinité d’articles artisanaux : paniers à provisions, sacs à main, chapeaux, sandales, tapis, moïses pour les nouveaux-nés, napperons, dessous de verre, sets de table, poufs, rideaux, des représentations d’animaux, de baobab,…. Beaucoup de ces articles sont exportés, mais la grande majorité du raphia est exportée brut, conditionnée sous différentes formes par les exportateurs. En Europe et aux Etats-Unis, la fibre est d’un usage courant dans les opérations de greffage et dans la viticulture (République française, 1914). Elle est également utilisée par les fleuristes pour lier les fleurs.
Les analyses de prix précédentes ont montré que l’exportation des produits artisanaux peut dégager beaucoup plus de bénéfices que celle du raphia brut. En plus, cela régénère beaucoup de valeur ajoutée, d’emplois même dans d’autres filières comme le cuir, le “penjy”, le sisal.
L’exportation des produits transformés devrait être favorisée par rapport à celle du raphia brut afin d’accroître la valeur ajoutée et de promouvoir des petites et moyennes entreprises de transformation.

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Table des matières

I. METHODOLOGIE
1.1. COLLECTE D’INFORMATIONS
1.1.1. Recherche documentaire
1.1.2. Entretiens avec des personnalités responsables
1.1.3. Enquêtes auprès des acteurs de la filière
1.2. TRAITEMENT DES DONNEES
1.3. LIMITES ET CONTRAINTES DE LA METHODOLOGIE
II. RESULTATS
2.1. ETUDE DE LA RESSOURCE
2.1.1. Comparaison du degré d’exploitation des zones d’étude
2.1. 2. Etude comparative des potentialités des zones d’étude
2.1.3. Etude comparative des potentialités de 2003 à 2005
2.2. ANALYSE COMPARATIVE DE LA FILIERE RAPHIA DANS LES ZONES D’ETUDE
2.2.1. Flux des fibres de raphia
2.2.2. Circuit commercial
2.2.3. Typologie des acteurs
2.2.4. Analyse des prix
2.2.5. Comparaison des valeurs ajoutées des produits bruts et des produits élaborés
III. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
3.1. DISCUSSIONS
3.1.1. Pressions sur la ressource
3.1.2. Les problèmes rencontrés par la filière
3.1.3. Les valeurs ajoutées
3.2. RECOMMANDATIONS
3.2.1. Protection des ressources raphières contre les actions anthropiques
3.2.2. Développement des produits finis en raphia
3.2.3. Vulgarisation des techniques de cueillette, de repeuplement, de pare-feux et l’application des textes réglementaires
3.2.4. Financement de la réorganisation de la filière raphia
3.2.5. Professionnalisation des acteurs dans la filière raphia
3.2.6. Organisation des ateliers périodiques
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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