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Synthèse des élastomères renforcés avec des silices recouvertes de greffons réactifs
Dans ce cas nous avons repris la méthode mis au point par Ford et validée par Berriot et al.
Les silices greffées sont transférées par dialyse du méthanol vers les monomères acrylate. La fraction massique finale est de l’ordre de 30 à 45%. On ajuste ensuite la concentration des particules dans la solution d’acrylate par dilution jusqu’à la valeur souhaitée. Nous ajoutons également un initiateur de polymérisation (Irgacure 819) 0.1 % en masse de monomère d’acrylate et un réticulant (1,4-butanedioldiacrylate) 0.3 % molaire de monomère. La suspension est agitée pendant 1 heure pour bien homogénéiser le mélange.
Pour réaliser la polymérisation nous fabriquons un moule entre deux plaques de verre transparent fermées hermétiquement par un adhésif. Ce moule est ensuite placé sous UV sur un carrousel en rotation pour une illumination alternée du mélange. Après 10 minutes environ léchantillon gélifie. La polymérisation est terminée après 1 heure dirradiation. Léchantillon démoulé est ensuite recuit une nuit sous vide à 100°C.
Synthèse des élastomères renforcés avec des silices recouvertes de greffons inertes
Nous avons développé une méthode de synthèse permettant de fabriquer des systèmes dans lesquels les silices greffées ne sont pas agrégées. Lorsque le greffon nengage pas de liaisons covalentes avec la matrice, la croissance des chaînes génère des forces de déplétion importantes qui entraînent lagrégation des particules de silice. Pour éviter ce phénomène nous avons décidé de polymériser les monomères en présence dun solvant (acétone ou méthanol). Le choix du solvant a été fait en prenant en compte la qualité du solvant pour le monomère et sa qualité pour maintenir un bon état de dispersion des particules de silices.
La présence de solvant modifie la réactivité des différents composants du mélange. La matrice ainsi obtenue à des propriétés différentes de celle obtenue en labsence de solvant dans les mêmes conditions de synthèse. Nous avons adapté les conditions de synthèse pour obtenir des propriétés similaires entre une matrice synthétisée en présence de solvant et celle fabriquée hors solvant. Pour cela, nous avons du ajuster la quantité de réticulant qui passe de 0.3 % molaire pour une polymérisation hors solvant à 1.0 % molaire pour une polymérisation en solvant. Le taux dinitiateur reste inchangé 0.1 % en masse. Enfin, la polymérisation en présence de solvant seffectue sous UV direct pendant 6 heures.
Caractérisation physico-chimique des échantillons
Dans les parties précédentes nous avons décrit les protocoles de synthèse utilisés pour fabriquer des systèmes renforcés ayant des forces dinteraction particules/matrice variables. Il faut maintenant vérifier que ces voies de synthèses permettent bien de fabriquer des systèmes modèles, c’est-à-dire des matériaux où larrangement des particules est contrôlé et indépendant de la force de linteraction particule/matrice. Pour cela, nous avons mesuré létat de dispersion des particules par diffusion de neutrons aux petits angles (SANS) et par imagerie cryo-TEM pour nos différents systèmes.
Puis, nous avons caractérisé la force des interactions particules/matrice en utilisant différentes sondes :
– Tout dabord, nous avons analysé par RMN 1H la réticulation induite par les interactions particules/matrice.
– Ensuite nous avons mesuré lévolution du taux de gonflement maximum à léquilibre en fonction de la nature du greffon et de la fraction volumique.
– Enfin ces résultats expérimentaux ont été complétés par un calcul théorique de la force dinteraction entre la particule greffée et le polymère dacrylate déthyle pour différents types de greffons et de taux de greffage.
Etat de dispersion et distance moyenne entre particules SANS et cryo-TEM
Dans notre étude, nous souhaitons comparer les propriétés mécaniques de systèmes renforcés ayant des états de dispersion contrôlés. Notre objectif est donc de disposer de familles de matériaux ayant des états de dispersions identiques quel que soit le type de greffon utilisé.
Une technique de choix pour létude de létat de dispersion de particules de silices dans le réseau polymère est la diffusion de neutrons aux petits angles (SANS). Cette technique permet à la fois de mesurer la taille des particules et leur polydispersité, mais également de déterminer lorganisation des particules au sein du réseau élastomère.
La longueur donde des neutrons est de lordre de 0.6 nm aux petits angles elle permet de mesurer des distances et des tailles entre la dizaine et la centaine de nanomètre. Cette gamme de taille correspond à la taille typique des particules insérées pour renforcer les élastomères (typiquement la taille des particules est de la dizaine de nanomètre et celle des agrégats de lordre de quelques centaines de nanomètres). Dans notre cas nous étudions des particules entre 25 nm et 100 nm de diamètre.
Le rayonnement neutron interagit directement avec le noyau des particules. Le contraste qui existe entre les atomes de silice et ceux de la matrice élastomère est suffisamment fort pour garantir une intensité diffusée importante. Il est nécessaire cependant de contrôler la taille de léchantillon pour obtenir le nombre dobjets nécessaires à la mesure et éviter tout phénomène de diffusion multiple qui altère le spectre de diffusion.
Dans un premier temps nous allons présenter la technique de diffusion des neutrons aux petits angles. Puis nous analyserons comment cette technique nous permet de mesurer la taille et la dispersité de taille de nos particules. Enfin nous analyserons létat de dispersion des particules, dans nos échantillons, obtenus par les différentes méthodes de synthèse. Cette étude sera complétée par des images cryo-TEM.
Aspects théoriques – Diffusion des neutrons
La diffusion des neutrons rentre dans le champ plus large de la déviation dondes électromagnétiques ou particulaires par des hétérogénéités de matériaux. Lorsque quune onde plane E r t E ei (ki r t ) . . . 0 ( , ) . −ω = rencontre un objet diffusant, londe réémise lest de manière élastique et elle prend la forme dune onde sphérique qui atteint un récepteur placé à une distance R (position r’ ). Lamplitude sécrit alors : .( . . ‘ . ‘) 0. ( ‘, ‘) . ei q r ks r t R b E r t E + −ω = Équation II-1.
Où q est le vecteur de diffusion. Le terme q.r mesure lécart de phase entre londe diffusée en r et celle diffusée à lorigine lorsquelles atteignent le récepteur. Le terme b est la longueur de diffusion du noyau, ou de la molécule, considéré, il est à lorigine du contraste observé.
Dans un échantillon le nombre déléments diffusants est N dans le volume V observé. La position de chacun des éléments est repérée par lindice i. Lamplitude de la radiation diffusée sécrit alors : .( . . ‘ . ‘) .( . ) 0. . . . 1 ( ‘, ‘) s i i q r N i i i q r k r t e b e R E r t E + − = ω Équation II-2 La moyenne de lintensité dans le temps atteignant le récepteur de surface S situé à une distance D est : − = N N i j iq r r i i j i j b b e R S E E I , , .( ) 2 * . . . . . Équation II-3
Les crochets désignant la moyenne sur les isotopes, les états du spin et les positions du noyau. On définit alors une section efficace de diffusion ∂W ∂σ en écrivant quun échantillon soumis à un flux de rayonnement Ii réemet un nombre de neutrons par unité de temps I (ϑ) dans langle solide 2 R DW = S donné par : DW ∂W ∂ ( ) = . . σ ϑ i I I Équation II-4.
Facteur de structure, distance moyenne et clichés cryo-TEM
Lorganisation des particules dépend du type dinteraction existant aux interfaces et du protocole de synthèse utilisé. Dans cette partie nous allons vérifier que les protocoles de synthèse, utilisés dans ce travail, permettent bien dobtenir des échantillons bien dispersés quelle que soit la nature du greffon et de sa réactivité vis-à-vis de la matrice polymère.
La présence dune organisation régulière des particules se traduit sur le spectre de diffusion SANS par la présence dun pic de structure caractéristique de la distance entre les particules (cf figure II.3). En revanche, la présence dagrégat se traduit par une augmentation rapide de lintensité diffusée aux faibles vecteurs donde.
Une analyse rapide des spectres présence ou non dune remontée aux petits q, présence du pic de corrélation permet de déterminer létat de dispersion des particules et de discriminer les différentes séries de matériaux synthétisés.
Létude plus précise du spectre de diffusion nous permet de remonter à un paramètre clé : la distance moyenne entre particules. Nous avons isolé le facteur de structure de léchantillon en divisant lintensité totale I(q) par le facteur de forme P(q) mesuré sur une suspension de silice diluée.
Les figure II.6 et II.7 présentent des facteurs de structure mesurés sur nos différents échantillons renforcés.
La figure II.7 présentent les résultats typiques observés pour des systèmes IC1 synthétisés avec la méthode de Ford, dans lesquels le greffon engage des liaisons covalentes avec les monomères acrylates pendant létape de polymérisation. On observe dune part la présence nette dun pic de structure autour de q.D = 0.32 et dautre part une intensité décroissante lorsque q.D tend vers 0. Ces éléments indiquent que les particules ne sont pas agrégées entre elles et quelles sont en partie ordonnées.
Comme le montre la figure II.6, on obtient des états darrangement similaires sur les systèmes INC2, pour lesquels les greffons ne réagissent pas pendant létape de polymérisation avec les monomères acrylates. On rappelle que ces échantillons ont été fabriqués en polymérisant les monomères en présence dune grande quantité de solvant. Ce protocole avait été choisi pour éviter lagrégation des particules pendant létape de polymérisation. Ces résultats valident notre protocole de synthèse et montrent que les particules de silices des systèmes INC ont de bons états de dispersion, similaires à ceux obtenus pour le matériaux IC.
Nature et force des interactions aux interfaces particules/matrice
Dans son travail de thèse, J.Berriot a montré que lorsque les particules de silice sont reliées via des liaisons covalentes à la matrice élastomère, alors il existe un gradient de température de transition vitreuse positif près des surfaces. Ainsi la température de transition vitreuse des chaînes de polymères augmente lorsque lon se rapproche de la surface de la particule. CE gradient de Tg entraîne un ralentissement du polymère près des surfaces sur une distance de quelques nanomètres. Dans ce cas, la dynamique des chaînes polymères situées aux interfaces contrôle les dépendances en température et fréquence des propriétés mécaniques de lélastomère renforcé. Lobjectif de notre travail est de comprendre, de façon plus générale le rôle des interactions à linterface polymère/solide sur les propriétés viscoélastiques dans nos nanocomposites dans le régime linéaire et non-linéaire. Pour cela, il faut disposer de différentes familles déchantillons renforcés ayant des états de dispersions similaires et des interactions particule/matrice de différentes forces. Pour faire varier la force des interactions à linterface particule/polymère, nous avons choisi dadapter la nature et la réactivité du greffon recouvrant la surface de la silice. Dans les parties I et II de ce chapitre nous avons montré que nous étions capables de fabriquer des échantillons renforcés ayant de bons états de dispersion quelle que soit la réactivité du greffon vis-à-vis des monomères acrylates. Il faut maintenant vérifier quen changeant la nature du greffon nous sommes capables de faire varier sensiblement la force des interactions particules/matrice. Pour cela il faut dabord préciser la nature et la force des interactions mises en jeu aux interfaces dans les différents échantillons que nous avons synthétisés. Nous avons donc sondé la force des interactions particule/matrice via différentes techniques.
Tout dabord des simulations numériques ont été réalisées par Magalie Charlot et Cécile Corriol du service de simulation de rhodia pour estimer laffinité entre les chaînes de polymères dacrylate déthyle et une surface de silice partiellement ou totalement greffée. Nous avons également sondé par analyse RMN 1H limpact des interactions aux interfaces particule/matrice sur lélasticité caoutchoutique de la matrice polymère. Nous en avons déduit pour chaque échantillon le taux de réticulation supplémentaire induit par des interactions attractives entre les particules et la matrice élastomère.
Enfin, nous avons complété les résultats obtenus par RMN 1H par la mesure du taux de gonflement maximum à léquilibre de nos échantillons renforcés. Ces mesures ont été réalisées dans différents solvants, ayant des énergies dinteraction avec les surfaces de silice variables. Nous avons montré quen jouant sur laffinité du solvant pour la surface de la silice, nous pouvions maintenir ou éliminer les interactions attractives particule/matrice pour les systèmes renforcés INC.
Simulation numérique des interactions silice greffée matrice PEA
Il est généralement admis que le taux de sites de surface sur des silices Stöber est compris entre 8 et 15 OH par nm2 de surface [11], la valeur de 15 OH par nm2 est attribuée à la quantité de proton dans les pores de la silice. Nous avons donc décidé de baser notre étude sur lexistence de 8 sites OH par nm2 de surface externe. Les taux de greffage que nous avons mesurés sont compris entre 1 et 6 molécules/nm2, nous narrivons donc pas à la saturation de la surface. Il donc des sites OH libre à la surface des particules, qui peuvent potentiellement interagir via des liaisons hydrogènes avec les chaînes acrylates. Tout dépend de leur accessibilité ou non à des chaînes de polymère longues.
Pour obtenir une information sur laccesibilité des sites OH résiduels à la surface dune silice greffée nous avons eu recours à des simulations numériques. Elles ont été réalisées par Magalie Charlot et Cécile Corriol au sein des équipes de simulation Rhodia. Pour obtenir une information complète sur nos systèmes, plusieurs études ont été menées en faisant varier le taux de site OH et le taux de greffage de la surface de la silice. Deux cas de surface de silice ont été étudiés :
– Des silices partiellement substituée avec un nombre de site OH de 8 OH/nm2 et un taux de greffage de 2 sites/nm2.
– Des silices totalement substituées possédant 2 OH/nm2.
La simulation numérique a été effectuée suivant la procédure suivante : Minimisation des énergies puis évolution suivant la dynamique des chaînes et nouvelle minimisation dénergie. Le champ de force utilisé est de type COMPASS. La dynamique moléculaire a été utilisée pour optimiser les conformations du polymère. En fin de simulation, on reporte les énergies dinteraction minimum, maximum et moyenne entre la surface du solide et les chaînes de polymères.
Létude a été menée sur deux types de greffons : le greffon covalent TPM et le greffon compatibilisant MCSNC. Pour les greffons TPM, les simulations sont menées en supposant que les greffons ne sont pas reliés par liaisons covalentes avec les chaînes de poly(acrylate déthyle.
Analyse par RMN 1H de lélasticité caoutchoutique de la matrice élastomère
La relaxation de laimantation transverse des spins nucléaires des protons dun système polymère placé dans un champ magnétique externe B0 est contrôlée majoritairement par les interactions dipolaires existant entre les spins de 2 protons voisins. Les interactions dipolaires sont contrôlées par la distance entre 2 spins en interaction et lorientation de cette paire de spins par rapport au champ magnétique principal B0 Lamplitude de linteraction dipolaire moyenne va donc fluctuer dans le temps sous leffet des réorientations moléculaires subies par les protons, porteurs des spins. La dynamique du système polymère étudié va donc moduler lamplitude des interactions dipolaires et donc leur efficacité à faire relaxer laimantation transverse des spins nucléaires des protons. Donc la relaxation de laimantation transverse dun système polymère est un bon outil pour sonder la dynamique dun milieu polymère.
La relaxation de laimantation transverse des protons se caractérise par un temps de relaxation noté T2. On peut montrer que, plus la dynamique du système polymère est lente, plus le temps T2 de relaxation de laimantation transverse est court. Ainsi pour un polymère à létat vitreux, les temps de relaxation T2 sont typiquement de lordre de la dizaine de microseconde, alors que pour un polymère à létat liquide, le temps T2 est de lordre de la ms.
Dans le domaine de température correspondant au régime caoutchoutique, la relaxation transverse dun élastomère est contrôlée par les contraintes topologiques qui limitent les mouvements des chaînes polymères c’est-à-dire les enchevêtrements et les points de réticulation. Le temps de relaxation T2 des protons dun système polymère est donc fixé dans le régime caoutchoutique par la température à laquelle on observe la relaxation de laimantation et la densité en contrainte topologique (enchevêtrements et points de réticulation). Donc, à température constante, la relaxation de laimantation transverse délastomères de même nature chimique mais de densité de réticulations différentes dépendra uniquement de la distance entre points de réticulation.
Nous allons utiliser cette propriété pour estimer le taux de réticulation des matrices élastomères de nos matériaux renforcés.
Des études précédentes [14, 15, 16, 17] ont montré que dans un élastomère renforcé étudié à des températures très supérieures à sa température de transition vitreuse, on peut distinguer deux types de dynamique de chaînes :
– Des chaînes immobilisées à la surface de la particule, dont laimantation relaxe très rapidement (T2 ≈ 10 μs).
– Des chaînes très mobiles dont laimantation transverse relaxe lentement (T2 ≈ 100 ms).
Ces chaînes sont situées loin de la surface des particules. Leur temps de relaxation T2 est fixé par tous les contraintes topologiques sexerçant sur elles : les enchevêtrements, les points de réticulation directs entre chaînes polymères et les points de réticulation supplémentaires induits par des interactions attractives existant entre la matrice élastomère et les particules.
En déterminant le temps de relaxation T2 des chaînes mobiles dans nos élastomères renforcés, et en le comparant au temps de relaxation T2 de la matrice élastomère non renforcée, nous pouvons donc en déduire le taux de réticulation supplémentaire induit par les interaction attractives existant entre les chaîne polymères et la surfaces des silices. Cette densité de réticulation interfaciale renseigne donc sur la force des interactions aux interfaces particules/matrice. Pour réaliser cette étude nous caractériserons donc dans un premier temps lévolution du signal RMN à haute température (T = Tg + 80°C, soit T = 100°C) sur la matrice pure en fonction de son taux de réticulation. Puis, dans une deuxième étape, nous mesurerons la réponse de nos élastomères renforcés. .Nous nous concentrerons dans cette partie sur le signal mesuré aux temps longs, qui est caractéristique de la dynamique de la phase élastomère, située loin des particules. Plus précisément, nous comparerons la forme du signal à celle mesurée sur la matrice pure référence contenant le même taux dagent de réticulation que le matériau renforcé. On en déduira ainsi le taux de réticulation effectif de la matrice dans nos échantillons renforcés. Lécart entre le taux de réticulation effectif et celui fixé par la concentration en agent de réticulation introduit avant létape de polymérisation est un bon indicateur de la force des interactions particule/matrice.
Bilan RMN
La relaxation de laimantation transverse 1H permet de caractériser lélasticité entropique de la matrice élastomère située loin des particules de silices. Nous avons ainsi déterminé laugmentation de densité de réticulation induite par lajout des particules de silices greffée.
Cette caractérisation montre que la force des interactions particule/matrice varie selon la nature et la longueur du greffon 4 INC = système à interactions non-covalentes particules/matrice Lajout de silices greffées avec des silanes (TPM) capable de créer des liaisons covalentes avec la matrice élastomère entraîne une augmentation plus nette de la densité de réticulation. Les interactions particules/matrice sont donc plus fortes dans les matériaux renforcés IC.
Il existe également une différence légère entre les greffons non covalents selon leur taille. Les interactions sont moins fortes lorsque les silanes sont longs (on passe dun seul CH3 pour le HMDS à un chaîne alkyl en C8 pour les C8TES et C8MES). Daprès les simulations numériques, cette différence serait due au fait que les silanes longs sécrasent sur la surface des silices et empêchent le polymère dentrer en interaction avec un nombre de site OH plus grand que 1.
Bilan gonflement
Les mesures de gonflement mettent en évidence deux types de comportements selon la nature du greffon recouvrant la surface des particules et donc la nature des interactions particules/matrice. Lorsquil existe des liaisons covalentes aux interfaces particule/matrice, le gonflement est limité par ladhésion permanente de la matrice élastomère à la surface des silices. Le taux de gonflement observé est alors inférieur à celui de la matrice. Le taux de gonflement est contrôlé par la quantité de liaisons covalente reliant la matrice polymère à la silice.
Pour les systèmes dans lesquels les interactions aux interfaces ne sont pas covalentes. le gonflement dépend sensiblement de laffinité du solvant utilisé avec la surface des silices. Lorsque le solvant interagit peu avec la surface des silices, on observe comme pour les systèmes covalents précédents, une restriction au gonflement pilotée par des interactions hydrogène qui assurent une adhésion de la matrice polymère sur la surface des silices. En revanche, lorsque le solvant utilisé interagit fortement avec la surface des silices, alors, les liaisons hydrogènes existant initialement entre la matrice polymère et la surface des silices disparaissent. La limitation du gonflement liée aux liaisons hydrogènes surface/particule disparaît. Il ny a plus dadhésion aux interfaces particule/matrice et lon observe des taux de gonflement élevés, typiques dun gonflement de type « sans adhésion ».
Ces résultats affinent les prédictions de la modélisation moléculaire et les observations faites par RMN. En outre, ils nous indiquent que lon peut jouer sur la nature et la quantité de solvant ajouté pour moduler la force de linteraction aux interfaces. Nous nous servirons de cette propriété pour étudier la réponse viscoélastique déchantillons renforcés dans lesquels il ny a pas ou peu dadhésion entre la matrice élastomère et la surface des silices.
Bilan des interactions
La RMN et le taux de gonflement sont des sondes de linteraction entre la surface de la silice et le polymère. Un calcul théorique nous permet également de savoir si le polymère interagit avec une surface de la silice greffée.
En recoupant les résultats obtenus par des simulations numériques, des mesures de relaxation de laimantation transverse des protons et les valeurs de taux de gonflement à léquilibre, nous avons précisé la nature de la force de linteraction particule/matrice existant dans nos différents échantillons renforcés.
Les greffons covalents créent des interactions fortes ayant une portée à longue distance et indestructible en présence de solvant Dune part, ces interactions induisent une nette augmentation de la densité de réticulation de la matrice située loin de la particule qui se traduit par une accélération significative de la relaxation de laimantation des protons de la matrice élastomère mesurée à haute température. Dautre part, on observe une forte restriction
du gonflement de la matrice polymère dans les échantillons renforcés. Les liaisons covalentes assurent une adhésion forte entre la surface des particules et la matrice élastomère qui résiste à lajout de solvant, Lorsque les silices sont recouvertes par des greffons nengageant pas de liaisons covalentes avec la matrice, les interactions se font via des forces de van der Waals et des liaisons hydrogènes entre les hydroxyles de surface et la fonction carbonyle (de lester) du PEA. Ces interactions sont de plus faible portée. En effet laugmentation du taux de réticulation effectif de la matrice élastomère située loin des particules est plus faible. Les mesures de taux de gonflement montrent que ces interactions peuvent être éliminées en ajoutant un solvant interagissant fortement avec les surfaces de silices. Elles sont maintenues si on ajoute un solvant ayant plus daffinité avec les chaînes polymère quavec la surface des silices.
Bilan des mesures RMN
Les mesures de relaxation de laimantation transversale avec le temps de relaxation mettent en évidence lexistence de deux populations bien distinctes de chaînes polymères quel que soit le type déchantillon. Nous montrons ainsi que pour des interactions attractives de forces différentes, il existe toujours une couche immobile en surface de la particule.
Nous avons également montré que lépaisseur de la couche vitreuse est fixé à la fois par la force et le nombre dinteraction existant aux interfaces particules matrice mais aussi par la distance minimale h bord à bord entre premiers voisins. Nous avons construit un diagramme détat donnant lévolution de lépaisseur de la couche vitreuse avec la distance moyenne entre particule et la température. Ce diagramme détat est constitué de trois domaines:
(1) Régime dilué, correspondant au domaine (Haute température/grandes valeurs de h) où lépaisseur de la couche névolue pas avec la distance minimale entre particules.
(2) Régime de recouvrement, cest à dire le domaine (basse T/ faibles valeurs de h), où il y a une décroissance de la couche vitreuse avec la diminution de distance.
(3) Régime confiné domaine des (hautes températures/faibles h).où lépaisseur de couche vitreuse augmente alors que la distance entre particule diminue.
Ce diagramme détat montre pour la première fois que la distance à la particule influence la dynamique des chaînes polymères. Il est général aux systèmes IC et INC. La nature des interactions ne joue que sur les valeurs absolues des épaisseurs et les valeur des paramètres température ou distance h auxquelles on passe dun régime à un autre.
Lévolution de la couche vitreuse avec la température est donc plus complexe quinitialement prévue par le modèle Long et Lequeux [5] ou Long et Merabia [10]. Lépaisseur évoluerait selon la loi suivante : ω ω δ g g T T T e e h − = + ( ) 0 Équation I-20.
Où, e0 dépend de la nature des interactions aux interfaces.
Lorsque lon ajoute un bon solvant du polymère qui a peu daffinité avec la surface des particules, le solvant ne pénètre pas jusquà la surface de la particule. La première conséquence est que pour les systèmes INC, la présence de solvant ne détruit pas les liaisons H existant entre le polymère et la surface pour ces systèmes. La deuxième conséquence est quil ny a pas de destruction totale de la couche vitreuse mesurée à sec, y compris pour des concentrations en solvant correspondant au taux de gonflement maximum à léquilibre de lélastomère renforcé.
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Table des matières
Partie I Propriétés viscoélastiques d’un élastomère renforcé
I.1 Caractéristiques viscoélastiques
I.2 Superposition temps température
I.2.1 Influence de la structure des charges
Partie II Régime non-linéaire
II.1 Description du phénomène
II.2 Influence de la structure de l’échantillon
Partie III Concepts de la littérature
III.1 Dynamique interfaciale, ou dynamique des chaînes :
III.2 Interprétations géométriques, Réseau de charge
III.2.1 Domaine linéaire
III.2.2 Effet Payne
III.2.3 Bilan des modèles
III.3 Modification de la mobilité des chaînes en surface des particules
III.3.1 Parallèle avec les films minces de polymère supportés ou non
III.3.2 Retour sur les élastomères renforcés
Partie IV Problématique générale de la Thèse
CHAPITRE 1 : SYNTHESE, ELABORATION ET CARACTERISATION PHYSICO-CHIMIQUE DES ECHANTILLONS
Introduction
Partie I Elaboration des échantillons
I.1 Synthèse Stöber
I.1.1 Nucléation
I.1.2 Croissance
I.2 Greffage des silices, stabilité et taux de greffage
I.2.1 Choix des silanes
I.3 Greffage des silanes
I.3.1 Cas des alkoxysilanes
I.3.2 Autres types de silanes (chlorosilane et HMDS)
I.4 Taux de greffage effectif
I.5 Méthodes de synthèse
I.5.1 Synthèse des élastomères renforcés avec des silices recouvertes de greffons réactifs
I.5.2 Synthèse des élastomères renforcés avec des silices recouvertes de greffons inertes
I.5.3 Bilan des protocoles de synthèse
Partie II Caractérisation physico-chimique des échantillons
II.1 Etat de dispersion et distance moyenne entre particules SANS et cryo-TEM
II.1.1 Aspects théoriques – Diffusion des neutrons
II.1.2 Détermination du facteur de forme des silices
II.1.3 Facteur de structure, distance moyenne et clichés cryo-TEM
II.1.4 Les clichés cryo-TEM associés sont les suivants :
II.1.5 Bilan
Partie III Nature et force des interactions aux interfaces particules/matrice
III.1 Simulation numérique des interactions silice greffée matrice PEA
III.2 Analyse par RMN 1H de lélasticité caoutchoutique de la matrice élastomère
III.2.1 Réponse dune matrice non renforcée en fonction de sa densité de réticulation
III.2.2 Etalonnage du taux de réticulation
III.2.3 Mesure du taux de réticulation induit par linteraction particule/matrice
III.2.4 Résultats
III.2.5 Bilan RMN
III.3 Gonflement maximum à léquilibre des élastomères renforcés
III.3.1 Protocole de mesures et équations
III.3.2 Etude de lélastomère
III.3.3 Bilan gonflement
Partie IV Bilan du chapitre 1
IV.1 Synthèse
IV.2 Bilan des interactions
CHAPITRE 2 :MOBILITE DES CHAINES DE POLYMERES EN PRESENCE DE CHARGES DE SILICES : MESURES RMN ET VISCOELASTIQUE LINEAIRE ET NON-LINEAIRE
Introduction
Partie I Caractérisation dynamique près des surfaces : RMN 1H
I.1 Existence dune couche de polymère vitreux près des surfaces
I.2 Systèmes renforcés de type IC
I.3 Systèmes renforcés de type INC
I.4 Comportement de la fraction solide avec la fraction volumique de silice
I.4.1 Systèmes renforcés IC
I.5 Diagramme détat
I.5.1 Détermination du paramètre δ pour les systèmes C8TES et influence de la concentration
I.6 Effet de solvant
I.6.1 Système renforcé IC
I.6.2 Système renforcés de type INC
I.7 Bilan des mesures RMN
Partie II Propriétés mécaniques dans le domaine linéaire
II.1 Systèmes renforcés IC
II.1.1 Préambule : définition des différents renforcements et protocole
II.1.2 Régime des basses températures : T < Tg + 50 K
II.1.3 Régime des hautes températures : T > Tg +50 K
II.2 Systèmes INC
II.2.1 Régime des basses températures : T < Tg + 50 K
II.3 Régime des hautes températures : T > Tg +50 K
II.4 Influence de la nature des interactions aux interfaces
II.4.1 Renforcement dans le régime des basses températures
II.4.2 Comportement à haute température
II.5 Bilan des mesures viscoélastiques dans le domaine linéaire
Partie III Propriétés plastique des polymères confinés
III.1 Systèmes IC
III.1.1 Non-linéarité sans ajout de solvant
III.1.2 Non-linéarité en présence de solvant
III.2 Systèmes INC
III.2.1 Comportement non linéaire des échantillons secs.
III.2.2 Comportement non linéaire en présence de solvant
III.3 Bilan
CHAPITRE 3 : DISCUSSION DES RESULTATS
Introduction
Partie I Existence d’une couche vitreuse
I.1 Diagramme d’état e(T,h)
I.1.1 Cas des systèmes INC
I.1.2 Cas des systèmes IC
Partie II Effet de la couche vitreuse sur le comportement mécanique en régime linéaire
II.1 Diagramme d’état et mécanique linéaire près de Tg
II.2 R(T,ω,h) : modélisation
II.2.1 Le modèle en h/2
II.2.2 Modèle de Palierne inversé
II.2.3 Bilan de la modélisation
II.2.4 Variation de la hauteur de Rmax en fonction du système
II.3 Superposition température-fréquence dans le domaine caoutchoutique
II.3.1 Systèmes renforcés IC
II.3.2 Systèmes renforcés INC
Partie III Existence de deux non linéarités différentes en nature
III.1 Systèmes renforcés INC
III.2 Non linéarité en présence de solvant
Rappel gonflement
III.3 Conclusion
Bilan des mesures RMN et viscoélastiques
Référence Bibliographique : Discussion des résultats
CONCLUSION GENERALE
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