Propriété physicochimique des composés organophosphorés

Propriété physicochimique des composés organophosphorés

Les organophosphorés sont des composés chimiques organiques de synthèse. Ils dérivent de l’acide phosphorique, thiophosphorique, phosphonique, et thiophosphonique (figure 1) [9,10]. Les organophosphorés sont des inhibiteurs de cholinestérases [11-13]. L’OMS a regroupé les pesticides en familles selon leur potentiel de toxicité en «légèrement toxique», en «modérément toxique», en «très toxique» et en «extrêmement toxique»; selon les effets délétères observés chez l’animal (tableau I) [14].Les organophosphorés ne constituent donc pas une classe homogène, que cela soit par leurs propriétés physico-chimiques ou leurs effets toxiques. Il conviendra alors de distinguer les pesticides organophosphorés utilisés en pratique civile, et les neurotoxiques organophosphorés utilisés en tant qu’armes chimiques et ayant une neurotoxicité beaucoup plus importante.

En pratique civile, les pesticides organophosphorés connaissent de multiples usages: en agriculture, dans la lutte anti vectorielle, en milieu domestique comme insecticides ménagers, et en thérapeutique à concentration très faible comme antiparasitaire externe. La plupart des pesticides organophosphorés sont peu solubles dans l’eau, peu volatile, mais très liposoluble et sont commercialisés dans des solvants organiques [10]. Les intoxications aux pesticides organophosphorés (chlorpyrifos, diméthoate, fenthion, malathion, parathion …) surviennent le plus souvent après absorption accidentelle (chez les enfants lors des accidents domestiques et les professions exposées (agriculteurs notamment)) ou volontaire (tentative d’autolyse). Ils sont par contre présents dans les produits à usage professionnel, phytosanitaire ou industriel [12].

En pratique dite de guerre, les neurotoxiques organophosphorés, développés depuis la deuxième guerre mondiale, sont des dérivés d’organophosphorés. La dernière convention ayant condamné l’usage de ces armes chimiques a été ratifié en janvier 1996 par 145 pays [15]. On classe les neurotoxiques organophosphorés en deux grandes catégories : les agents G (cyclosarin, sarin, soman, tabun) et les agents V ou A (VX, VX russe, ou VR). Les agents G sont très volatiles et donc très dangereux sous forme de vapeurs (le Sarin, a par exemple été utilisé lors des attentats au Japon en 1994 puis le 20 mars 1995 dans le métro de Tokyo, faisant 6000 victimes dont 900 hospitalisations et 12 décès [16,17]) les agents V sont plus agressifs lors de l’exposition par voie percutanée.

La plupart de la population Malgache est des cultivateurs. Les insecticides et les herbicides sont très utilisés pour améliorer le rendement agricole. Parmi ces produits sont les produits organophosphorés dont les plus utilisés sont: K-Othrine, Nuvan, Knox out, Tamaron. Il y a aussi d’autres produits organophosphorés utilisés comme le raticide qui est un pesticide organophosphorés. Normalement, ces produits sont mis en vente par des distributeurs spécialisés [18]. Ce qui n’est pas le cas à Madagascar. Les produits organophosphorés sont vendus librement et même par des commerçants informels qui n’ont pas la connaissance sur les dangers causés par ces produits.

Mécanisme d’action

Les organophosphorés sont très lipophiles et franchissent aisément toutes les barrières biologiques pour ainsi agir sur les cholinestérases mais également sur d’autres systèmes enzymatiques [12].

Action sur les cholinestérases 

Il existe deux formes distinguées de cholinestérases dans l’organisme : l’acétylcholinestérase ou cholinestérase vraie (se trouvant au niveau du système nerveux central, des muscles lisses et striés et des globules rouges) et la butyrylcholinestérase (se trouvant au niveau du système nerveux central et dans le plasma) [12].

Le site d’action principal des organophosphorés se trouve au niveau des cholinestérases. Les organophosphorés se fixent de façon covalente au niveau du site estérasique des cholinestérases par phosphorylation et forment ainsi un complexe qui conduit dans un premier temps à l’inactivation fonctionnelle et réversible des cholinestérases. La déphosphorylation spontanée est possible mais celle-ci est très lente et ne permet pas le retour à la normale sans l’action d’un ré activateur (antidote). Dans un deuxième temps, après un temps variable selon l’organophosphoré en cause (24 à 48 heures(h)), la phosphorylation devient irréversible par dé alkylation, c’est le phénomène de vieillissement de l’enzyme et ce dernier devient non fonctionnel et non ré activable. Dans ce cas, la régénération de l’enzyme n’est plus possible même avec un antidote, c’est la synthèse de nouveaux cholinestérases qui permettra le retour à une activité fonctionnelle normale [19-21]. La finalité de ces phénomènes physiopathologiques est donc l’inhibition des cholinestérases, ainsi le blocage de la dégradation de l’acétylcholine donc une accumulation d’acétylcholine entrainant une hyperstimulation des récepteurs cholinergiques. L’acétylcholine est le médiateur chimique de la transmission de l’influx nerveux au niveau des ganglions du système nerveux autonome et de la jonction neuromusculaire (récepteurs nicotiniques), des fibres post ganglionnaires du système parasympathique (récepteurs muscariniques) et du système nerveux central [19,22,23]. Une altération de ces systèmes nerveux somatique et autonome affectera le système musculaire, endocrinien, cardiaque, respiratoire et digestif.

Effets sur d’autres systèmes enzymatiques

Certains organophosphorés peuvent phosphoryler une protéine du système nerveux centrale, la Neuropathy Target Esterase (NTE) encore dénommée estéraseneurotoxique [24,25].

Toxicocinétique 

La pénétration des organophosphorés dans l’organisme est possible par toutes les voies : digestive, respiratoire, conjonctivale et cutanée. L’absorption par voie orale est rapide et importante portant sur 70 à 100 % de la dose ingérée. La pénétration percutanée est relativement faible, 1 à 6% de la quantité d’organophosphorés déposée. La voie respiratoire n’est pas quantifiée [10]. Les organophosphorés se distribuent dans tous les tissus; traversent facilement la barrière hémato encéphalique, et se concentrent dans le foie, le rein, et les tissus adipeux. Les composés les plus liposolubles (diazinon, fenitrothion, parathion) se stockent dans les graisses et sont responsables de symptômes retardés et des évolutions prolongées (phénomène de relargage). Le métabolisme oxydatif hépatique est fréquemment une condition nécessaire à l’activation métabolique des organophosphorés: c’est la transformation du parathion, malathion, diazinon en «oxons» toxiques avec le risque d’évolutions prolongées et de rechutes. 80 à 90% de la quantité résorbée sont éliminés dans les urines, dans les 48 h sous forme métabolisée [10,26,27].

Intoxication par les composes organophosphorés 

Circonstances d’exposition

Il existe 4 principaux modes de pénétration des organophosphorés chez l’homme: la voie cutanée, digestive, respiratoire et oculaire [28,29].

Exposition cutanée
C’est la voie d’exposition majeure des pesticides chez les professionnels. Elle est responsable de la plupart des intoxications accidentelles sur les lieux de travail. La particularité de cette exposition est la latence d’apparition des signes qui atteint son paroxysme brutalement. Cette latence, dose dépendante, peut atteindre plusieurs heures.

Exposition respiratoire
L’inhalation constitue la principale voie d’entrée dans l’organisme des organophosphorés volatils. Le risque est d’autant plus élevé que la victime se trouve dans un espace clos, car les organophosphorés adhérent aux particules de poussière et aussi à la fumée de cigarette. Le décès peut survenir rapidement, parfois 5 à 10 min en cas de concentration très importante.

Exposition orale
La plupart des intoxications aigues sont les cas d’ingestion de toxiques organophosphorés. Les intoxications volontaires (tentative de suicide) représentent une grande part de ce mode d’intoxication. Elle reste rare chez les professionnels.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: RAPPELS
I. Toxicologie
1. Propriété physicochimique des composés organophosphorés
2. Mécanisme d’action
3. Toxicocinétique
II. Intoxication par les composes organophosphorés
1. Circonstances d’exposition
2. Présentation clinique de l’intoxication aiguë
3. Diagnostic des intoxications par les insecticides organophosphorés
4. Prises en charge des intoxications aigues graves
5. Évolution et pronostic
DEUXIEME PARTIE: METHODES ET RESULTATS
I. METHODES
1. Cadre de l’étude
2. Type de l’étude
3. Durée de l’étude
4. Période étudiée
5. Population d’étude
6. Mode d’échantillonnage
7. Taille de l’échantillon
8. Les variables étudiées
9. Mode de collecte de données
10. Mode de traitement des données
11. Considérations éthiques
12. Limite d’étude
II. RESULTATS
1. Les caractéristiques socioculturelles et démographiques
2. L’environnement physique et comportemental
3. Les signes cliniques présentés à l’admission, la prise en charge initiale et le devenir des patients
TROISIEME PARTIE: _Toc466577851DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
I. Profil socioculturelles et démographiques des patients
II. Selon l’environnement physique et comportemental
III. Les signes cliniques présentés à l’admission, la prise en charge initiale et le devenir des victimes
1. Signes cliniques présentés à l’admission
2. La prise en charge initiale
3. Selon le devenir des patients
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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