PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE ET DROITS D’AUTEUR
ANALYSE CRITIQUE DE LA MÉTHODOLOGIE DES ÉTUDES
La population étudiée
Tous les articles sélectionnés représentent l’échantillon de population recherché par cette revue de la littérature : les adolescentes. Cependant, les tranches d’âge étudiées ne sont pas toujours les mêmes. De manière générale, les données recueillies concernent les adolescentes à partir de 10 ans (Kaplanoglu et al., 2015), alors que dans une étude la limite est plus haute car les données concernent les adolescentes à partir de 15 ans (Birkeland et al., 2005). Cette différence ne pose pas de problème majeur dans cette revue car l’article de Birkeland et al. (2005) traite d’aspects psychosociaux, principalement la dépression, et n’a pas dû être utilisé pour faire une comparaison avec les articles qui évaluent les risques obstétricaux. Ainsi, quatre des articles sélectionnés, dont la métaanalyse avec ses quatre études (moins de 20 ans, sans limite inférieure), ont un échantillon semblable.
Les deux études concernant les issues obstétricales (Kaplanoglu et al., 2015 ; Kawakita et al., 2016), ont séparé leur échantillon en différents groupes d’âge. Cela permet d’analyser en comparaison les résultats et d’émettre des hypothèses de liens cause-effet. Kaplanoglu et al. (2015) apportent un élément nouveau en ce qui concerne le suivi des adolescentes. Selon les auteurs, lors de la prise en charge des jeunes femmes, il ne faudrait pas prendre en compte l’âge chronologique mais plutôt l’âge gynécologique. Celui-ci est calculé en soustrayant l’âge de la ménarche à l’âge au moment de la conception. Cet âge gynécologique représenterait un certain niveau de maturité biologique de la femme. Selon eux, certaines issues, comme par exemple l’accouchement prématuré, sont significativement augmentées pour les adolescentes par rapport aux femmes adultes. Cependant, lorsque la comparaison est faite entre les adolescentes ayant atteint un niveau de maturité biologique (âge gynécologique supérieur à trois ans) et le groupe contrôle (les adultes), les résultats ne montrent plus de différence. La différence se situe donc entre le groupe avec un âge gynécologique inférieur à trois ans et le groupe où l’âge gynécologique est atteint ainsi que le groupe contrôle. Avec ces comparaisons, les auteurs veulent montrer que les jeunes ayant atteint la maturité biologique n’ont pas des grossesses plus à risque qu’une femme adulte. Ainsi selon Kaplanoglu et al. (2015), il faut prendre en compte cet âge gynécologique pour évaluer les risques obstétricaux.
Population représentative de la population suisse
La plupart des études explicitent clairement les critères d’inclusion, qui sont principalement : grossesse unique, femme adolescente et primipare (Birkeland et al., 2005 ; Kaplanoglu et al., 2015 ; Kawakita et al., 2016). Chaque étude a aussi ses propres critères, comme par exemple : pas d’antécédents chirurgicaux ou de pathologies chez la future mère (Kaplanoglu et al., 2015) ou pas d’anomalie chez le fœtus (Kawakita et al., 2016). Ces critères de sélection énoncés permettent donc de connaître les caractéristiques de l’échantillon, d’en évaluer la concordance et un élargissement à lapopulation suisse.
En ce qui concerne la méta-analyse de Sukhato et al. (2015), les auteurs ont sélectionné leurs quatre études de manière claire et explicite, ce qui donne ainsi la possibilité de pouvoir l’utiliser à des fins de comparaison avec d’autres études.
L’étude observationnelle rétrospective de Das et al. (2007) ne référence malheureusement pas clairement les critères de sélection et il est difficile de savoir si la
population étudiée est représentative de la population recherchée (biais de sélection). Cependant, même si les critères ne sont pas connus, le but de l’instauration de la consultation spécialisée est bien décrit et peut être repris pour répondre à la question de recherche de cette revue de la littérature « La grossesse des adolescentes : quel modèle de suivi adéquat ? ».
Deux études ont été menées aux Etats-Unis (Birkeland et al., 2005 ; Kawakita et al., 2016). La méta-analyse (Sukhato et al., 2015) a été menée en Thaïlande, mais les études qui ont été sélectionnées proviennent également des Etats-Unis et une étude d’Amérique Latine. Les critères de sélection sont applicables à la population suisse, cependant la généralisation est difficile car les adolescentes sont, pour la plupart, en situation de précarité. Les conditions de vie, même si non identiques, sont, dans les deux pays, celles d’un pays développé. La grande différence est l’accès aux soins. Aux USA, cet accès peut être très difficile pour une jeune femme qui n’a pas de moyens (comme cela peut aussi l’être pour une femme adulte). Les frais de grossesse coûtent cher et beaucoup de personnes ne peuvent pas se payer d’assurance maladie (French District, 2018). En
raison de cette complexité d’accès aux soins aux USA, il existe des programmes de prévention et d’aide aux jeunes mères (United States Departement of Agriculture [USDA], 2018). Aucune des différentes études ne mentionne cela dans leurs critères de sélection.
Il y a donc une complexité d’évaluation concernant la possibilité d’élargir les résultats à la population suisse car il y a une multitude de variables qui ne sont pas clairement connues concernant la réalité de chaque pays et des patientes présentes dans les échantillons.
ne faut également pas oublier les problèmes de santé publique répandus aux USA, comme l’obésité, le surpoids et les maladies chroniques, déjà présentes en jeune âge. Cette réalité diffère par rapport à la Suisse (Centre de recherche et d’information nutritionnelles [CERIN], 2016). Pour ces différentes raisons, l’extrapolation des résultats à la population suisse sera faite avec prudence.
Légitimité des auteurs
Dans l’étude de Das et al. (2007), les biographies des auteurs sont difficilement trouvables. A priori, ils seraient médecins/gynécologues, en tout cas S. Das l’est (Bupa, 2015), et ils travaillent tous dans le département d’obstétrique et de gynécologie du Royal Oldham hôpital à Manchester. Cette position permettrait de dire qu’ils sont compétents pour réaliser une telle étude.
Les quatre autres études sont réalisées par des auteurs également qualifiés par rapport à leur profession. Tous les auteurs travaillent dans le domaine de la médecine et surtout dans le département de gynécologie-obstétrique. La plupart sont médecins et parfois même professeurs (Birkeland et al., 2005 ; Kaplanoglu et al., 2015 ; Kawakita et al., 2016 ; Sukhato et al., 2015), c’est-à-dire des personnes travaillant dans la recherche et ayant développé des compétences dans ce domaine. D’autres auteurs sont spécialistes dans l’analyse statistique pour la recherche médicale, par exemple, A. Thakkinstian chez Sukhato et al. (2015), ou C.-C. Huang chez Kawakita et al. (2016), ce qui rend les statistiques des études valables.
Selon le thème de l’étude, les domaines de compétences des auteurs sont différents. L’étude de Birkeland et al. (2005) traite de la dépression et R. Birkland est psychiatre, J.K. Thompson a un doctorat en psychologie et V. Pharesqui est professeur spécialisée dans l’adolescence, l’enfance, la famille et leurs interactions (University of South Florida [USF], 2015).
Le fait qu’ils soient tous médecins peut apporter un biais d’interprétation des résultats, par rapport à une vision purement médicale du sujet. La présence d’autres professionnels de la santé, en lien direct avec la maternité comme des sages-femmes, pourrait apporter un regard différent, critique et complémentaire sur l’étude. Dans le même ordre d’idée, pour l’étude de Birkeland et al. (2005), il aurait été intéressant d’avoir également un obstétricien.
Types d’études et méthodologie
Les cinq études analysées présentent différents types de méthodes, car il a fallu trouver des articles qui couvrent la question de recherche dans son entier et sous différents aspects. Selon les issues à analyser et les résultats à obtenir, certaines méthodologies se sont révélées plus appropriées que d’autres. Cette diversité apporte une richesse de résultats, avec des thématiques et des variables communes, mais aussi un certain nombre de résultats isolés. Ceux-ci sont indispensables pour répondre à la question de recherche, mais plus compliqués à intégrer dans l’analyse critique.
Les études rétrospectives sont représentées en majorité. Ce type d’étude permet d’identifier les facteurs de risque ou les facteurs protecteurs d’un comportement ou d’une situation. Dans ce travail, le facteur de risque est d’être une femme entre 10 et 20 ans enceinte. Ce type d’étude a été choisi malgré le fait qu’elles ont une puissance statistique moindre et qu’elles sont souvent caractérisées par de nombreux biais, car les études rétrospectives élaborent et interprètent les résultats à la suite de récoltes de données déjà existantes. Elles ont la qualité d’avoir, la plupart du temps, un grand nombre de données et de larges échantillons. Par exemple, chez Kawakita et al. (2016), les données ont été récoltées sur six ans et dans divers centres hospitaliers aux USA, ce qui leur a permis d’avoir un large échantillon d’analyse. Le fait d’avoir pris des données sur une longue durée amène toutefois le risque qu’un changement de pratique soit intervenu entretemps dans l’un des centres (Kawakita et al., 2016). De plus, avec ces larges échantillons, il est difficile de faire des liens de cause à effets prouvés car les données sont déjà existantes.
Les chercheurs ne peuvent donc pas approfondir les données ou faire des recherches ultérieures, par exemple au niveau du dossier médical pour mieux les interpréter. Ainsi, les possibles liens sont plutôt des hypothèses car le risque de faire des liens inappropriés par la présence de facteurs de confusion (par exemple la consommation d’alcool ou le niveau de socio-économique) reste présent. Néanmoins, les auteurs des différentes études utilisent de nombreuses notions basées sur des connaissances biophysiologiques déjà connues. Grâce à cela, le raisonnement critique et l’approfondissement des recherches pour mieux comprendre les résultats, par rapport à ce qui a été dit par les auteurs, est possible. Les auteurs des études ont procédé à des analyses des facteurs de confusion pour réduire les biais de l’étude. Par exemple, les ajustements statistiques font une standardisation des données pour réduire les biais de confusion, c’est-à-dire le risque de faire des liens avec des issues différentes et incompatibles.
Une étude multicentrique est un avantage pour un meilleur élargissement à la population générale mais présente un risque de biais par rapport aux pratiques des différents centres. Kawakita et al. (2016) ont fait standardiser leurs données après les avoir récoltées. Il est probable que les biais par rapport à des pratiques divergentes soient donc moindres.
Kaplanoglu et al. (2015) ont récolté des données sur un an dans un centre en Turquie. L’échantillon est donc moins large ; cependant, ils savent exactement quelles sont les prises en charge du centre et la manière dont sont constitués les dossiers des patientes. Leurs résultats ne présentent pas de biais significatifs. Une méta-analyse (Sukhato et al., 2015) a également été sélectionnée pour ce travail. Le but d’une méta-analyse est de réunir une grande quantité de données, issues de plusieurs études sélectionnées suite à une revue de la littérature, et d’en combiner les résultats.
Les auteurs nomment leurs critères de sélection et définissent les variables de façon précise et sélective, ce qui permet de donner de la valeur à leur étude. Malgré cela, la définition des interventions psychosociales aurait pu être encore plus précise. Effectivement, ces interventions peuvent différer d’une étude à une autre, ce qui peut être problématique pour l’interprétation des résultats. Dans cette étude, les auteurs énoncent peu de biais dans leur sélection d’études. Le principal étant les données incomplètes dans certaines en raison d’une perte de suivi, il s’agit d’un biais d’attrition (Sukhato et al., 2015). Afin de mieux pouvoir interpréter cette méta-analyse, ses articles ont également été recherchés et analysés.
Parmi les cinq études, celle de Birkeland et al. (2005) est une étude prospective, c’est-àdire que les auteurs ont eux-mêmes produit des données à la suite d’une enquête. Un aspect intéressant de leur méthodologie concerne la manière dont la distribution des sondages a été faite. Les quatre formulaires ont été mis dans des enveloppes dans un ordre différent ; au total quatre séquences de sondage ont été construites dans le but de réduire le risque d’influencer les réponses selon l’ordre, ce qui représenterait un biais de subjectivité des observateurs (risquer de suggérer des réponses selon la manière dont sont données les informations). Lors de l’interprétation des résultats, une attention particulière sera portée au biais de déclaration. Celui-ci correspond au fait que les personnes interrogées sur des sujets sensibles pourraient orienter, inconsciemment, leurs réponses selon ce qui pourrait être attendu par des normes sociales. La grossesse à l’adolescence étant encore un tabou dans certaines sociétés, ce biais ne peux pas être exclu complètement.
ANALYSE CRITIQUE DES RÉSULTATS DES ÉTUDES
Poids de naissance
Concernant le poids de naissance des bébés nés d’adolescentes, la plupart des articles sélectionnés tendent à dire que celui-ci est diminué 2015 ; Sukhato et al., 2015). Tous les articles comparent le poids à la naissance et font également des statistiques sur les petits (<2.5 kg) ou les très bas (<1.5 kg) poids de naissance.
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Table des matières
QUESTIONNEMENT PROFESSIONNEL
CADRE DE RÉFÉRENCES THÉORIQUES
2.1 L’ADOLESCENCE
2.1.1 Bref historique de l’adolescence
2.1.2 L’adolescence : définition de certains concepts
2.1.3 La sexualité à l’adolescence
2.1.4 La grossesse chez les adolescentes
2.2 LE SUIVI PÉRINATAL
2.2.1 Aspects juridiques
PROBLÉMATIQUE
DIMENSION ÉTHIQUE
4.1 ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE
4.2 ÉTHIQUE ET TRAVAIL DE RECHERCHE DANS CETTE REVUE DE LITTÉRATURE
4.3 PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE ET DROITS D’AUTEUR
MÉTHODOLOGIE
5.1 SÉLECTION ET RECHERCHE DES MOTS-CLÉS
5.2 LES BASES DE DONNÉES UTILISÉES
5.3 PERFECTIONNEMENT DE LA RECHERCHE ET ARTICLES SÉLECTIONNÉS
5.4 LIMITES ET CONTRAINTES DE LA RECHERCHE DE LITTÉRATURE
5.5 RECHERCHE DE LITTÉRATURE DE RÉFÉRENCES
ANALYSE DESCRIPTIVE DES ÉTUDES
ANALYSE CRITIQUE DE LA MÉTHODOLOGIE DES ÉTUDES
7.1 LA POPULATION ÉTUDIÉE
7.1.1 Population représentative de la population suisse
7.1.2 Légitimité des auteurs
7.2 TYPES D’ÉTUDES ET MÉTHODOLOGIE
ANALYSE CRITIQUE DES RÉSULTATS DES ÉTUDES
8.1 POIDS DE NAISSANCE
8.1.1 Petit poids de naissance (<2.5 kg) et très bas poids (<1.5 kg)
8.1.2 Petit poids et suivi prénatal
8.2 ÂGE GESTATIONNEL À LA NAISSANCE ET ACCOUCHEMENT PRÉMATURÉ
8.2.1 Âge gestationnel
8.2.2 Accouchement prématuré
8.3 MODE D’ACCOUCHEMENT
8.3.1 Accouchement par voie basse
8.3.2 Accouchement par césarienne
8.4 RUPTURE PRÉMATURÉE DES MEMBRANES
8.5 PATHOLOGIES DE LA GROSSESSE
8.6 POST-PARTUM
8.6.1 Allaitement et contraception
8.6.2 Dépression
DISCUSSION
9.1 PRÉMATURITÉ ET POIDS DE NAISSANCE
9.1.1 1ère hypothèse
9.1.2 2ème hypothèse
9.2 MODE D’ACCOUCHEMENT ET RPM
9.3 SUIVI PÉRINATAL
9.4 PATHOLOGIES DE LA GROSSESSE
9.5 PÉRIODE DU POST-PARTUM
RETOUR À LA PRATIQUE
10.1 PRISE EN SOINS AVANT LA GROSSESSE
10.2 RÉSEAU DE SOINS
10.3 PRISE EN SOINS PENDANT LA GROSSESSE
10.4 PRISE EN CHARGE PENDANT L’ACCOUCHEMENT
10.5 PRISE EN SOINS AU POST-PARTUM
10.6 AUTRES PISTES D’AMÉLIORATION
10.6.1 Outils pour les professionnels
10.6.2 Formation des sages-femmes
10.6.3 Activités entre ados
10.7 NOUVELLES PROPOSITIONS DE RECHERCHES
FORCES ET LIMITES REVUE DE LA LITTÉRATURE
CONCLUSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES .
14.1 ANNEXE 1, TABLEAUX DES RECHERCHES DE LITTÉRATURE
14.2 ANNEXE 2, RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES DES ARTICLES PRÉSÉLECTIONNÉS
14.3 ANNEXE 3, ÉCHELLE DU STRESS PERÇU
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