Propositions pour une « Plateforme de soutien aux chercheurs »
Open Science
«Open science is about the way researchers work, collaborate, interact, share resources and disseminate results. A systemic change towards open science is driven by new technologies and data, the increasing demand in society to address the societal challenges of our times and the readiness of citizens to participate in research. »(Amsterdam Call for Action, 2016, p. 4)
Définition:
Il existe de multiples définitions de l’Open Science. La plupart des auteurs s’accordent sur le fait que cela concerne a minima l’Open Access pour les publications, l’Open Data pour les données et l’Open Source pour les logiciels (Gruson-Daniel, 2013). Le centre FOSTER4 a établi une taxonomie complète de ce que peut recouvrir cette notion : Les termes « Open scholarship » ou « Open research » existent également pour ne pas exclure les sciences humaines et sociales, qui ne se retrouvent pas toujours dans le terme « science » (Bezjak et al., 2018, p. 8 ; LEAGUE OF EUROPEAN RESEARCH UNIVERSITIES et al., 2018, p. 4).
Origine:
Les débuts de la publication savante sont généralement reliés à la publication du « Journal des scavans » ou des « Philosophical Transactions of the Royal Society », en 1665, dans le but de disséminer les résultats de recherche (Schneider, 2016). Au fil des siècles, le nombre de revues et d’éditeurs ont augmenté, jusqu’à arriver à une saturation du marché et une course au profit. Les bénéfices extrêmes de quelques éditeurs, les biais induits par la course aux citations ainsi que l’apparition de l’internet ont poussé les chercheurs à vouloir ouvrir leurs recherches au monde entier. En 2002, la déclaration de Budapest indique que : « Supprimer les obstacles restreignant l’accès à cette littérature va accélérer la recherche, enrichir l’enseignement, partager le savoir des riches avec les pauvres et le savoir des pauvres avec les riches, rendre à cette littérature son potentiel d’utilité, et jeter les fondements de l’unification de l’humanité à travers un dialogue intellectuel, et une quête du savoir communs. » (Initiative de Budapest, 2002)
En 2003, la Déclaration de Berlin élargit le libre accès aux : « résultats originaux de recherches scientifiques, de données brutes et de métadonnées, de documents sources, de représentations numériques de documents picturaux et graphiques, de documents scientifiques multimédia.» (Déclaration de Berlin, 2003)
Gestion des données de la recherche
Yoon et Schultz (2017) ont recensé les services de management des données de la recherche en analysant le contenu des sites internet de 185 bibliothèques académiques américaines et Pasquier (2017) a recensé les services offerts aux chercheurs dans 5 institutions européennes.
Le service le plus répandu à l’heure actuelle est le soutien à la soumission des DMP, par des formations ou des rendez-vous individuels. Cependant, les services pour la gestion et l’ouverture des données doivent couvrir tout le cycle de la recherche, dès son début : recherche et manière d’utiliser d’autres données, stockage courant, gestion au quotidien, nettoyage et anonymisation pour l’archivage, définition des métadonnées, archivage à long terme, partage et licences, etc (Briney, 2015 ; Fachinotti et al., 2016 ; Pryor et al., 2014). Cela comprend également la stratégie à propos de cette gestion, en remontant les besoins et les pratiques pour définir des documents de gouvernance (Bent, 2016, p. 140‑148). De nombreux organismes mettent à disposition des informations ou documents sur la gestion des données de la recherche : Digital Curation Center (DCC)6, Consortium of European Social Science Data Archives (CESSDA), Facilitate Open Science Training for European Research (FOSTER) ou en français le site Données de la Recherche : Apprentissage Numérique à la gestion et au partage (DoRANum).
Open Access
Les bibliothèques informent les chercheurs sur leurs droits et les avantages de l’Open Access, établissent des processus d’aide au choix de revue (Bent, 2016, p. 159‑165) ou de défense de l’OA10. Certaines signent des accords avec les éditeurs pour réduire les coûts de financement des articles.
Les chercheurs peuvent également être alertés au sujet des éditeurs qui cherchent à tirer profit de leurs travaux : soit des revues dites ‘prédatrices’ qui acceptent tout article soumis, quelle qu’en soit la qualité, ou des éditeurs accaparant les droits sur les thèses de doctorat (Bent, 2016, p. 154‑156). Le seul but de ces éditeurs est de gagner de l’argent rapidement, sans promouvoir la qualité scientifique.
Archives institutionnelles
23 hautes écoles suisses ont un dépôt institutionnel pour les publications de leurs chercheurs.Le FNS référence également les publications liées aux projets soutenus. Silvia Meroni a listé des éléments de frein (travail supplémentaire, incertitude sur le droit d’auteur, crainte d’un système d’évaluation quantitative, etc.) ou de motivation (création de bibliographie, visibilité, archivage) par rapport à l’utilisation de l’Archive ouverte de l’Université de Genève (2016, p. 47‑ 48). Les données de recherche sont plutôt rassemblées dans des dépôts thématiques : si l’ETHZ, l’EAWAG, les universités de Berne et Lucerne possèdent leurs propres dépôts, d’autres renvoient vers des services existant : DaSCH, FORS, Zenodo, Dryad, OpenAIRE, …
Re3data.org, le plus grand annuaire des dépôts de données, référence plus de 2100 dépôts dans le monde, dont 66 sont identifiés avec le mot-clé « Suisse ».
Certaines archives permettent de chercher simultanément dans les données et les publications liées, par exemple Inter-university Consortium for Political and Social Research(ICPSR) et United Kingdom Data Service (UKDA)(Rice, Southall, 2016, p. 36).
Formation
Les spécialistes de l’information forment traditionnellement les chercheurs à la recherche documentaire et l’utilisation de la littérature scientifique, le stockage et la citation des sources.
Ils doivent maintenant leur transmettre comment respecter les bonnes pratiques de la communication scientifique actuelle et les attentes des bailleurs de fonds : les avantages de publier en Open Access, informations sur le droit d’auteur, pratique de l’archive institutionnelle (Research Information Network, Kingdom, 2011, p. 36‑37) ; l’identification et la recherche de données, leur stockage et leur citation, la planification de la gestion des données, l’organisation et la documentation des données, le stockage et la sécurité, l’éthique et la propriété intellectuelle, l’archivage et le partage des données (Hudson-Vitale, 2016, p. 29‑30 ; Rice, Southall, 2016, p. 36‑37, 46‑49 ; University of Edinburgh, 2017). Le contenu de ces cours devrait être individualisé selon les besoins spécifiques des chercheurs en lien avec leur discipline.
Bibliothécaire embarqué
Hudson-Vitale (2016) présente différentes manières d’embarquer un bibliothécaire au sein d’une équipe de recherche à travers d’études de cas. De l’écriture de la demande de subvention à la rédaction des rapports finaux, le bibliothécaire embarqué peut aider à enregistrer, décrire, lier et archiver les données, ajouter les métadonnées dans les bases de données, mais aussi créer des bases de données ad hoc et les procédures associées (Federer, 2013). Il peut aussi réaliser des tâches plus traditionnelles du métier : recherches dans la littérature scientifique, veille sur le sujet de recherche, gestion bibliographique, etc. Le bibliothécaire embarqué doit être au plus près des chercheurs et comprendre leurs vrais besoins (Bent, 2016, p. 83‑ 84), participer aux réunions pour pouvoir réagir directement s’il constate un problème ou une possibilité d’amélioration. Il doit être en lien direct avec le bureau de la recherche afin de recevoir des alertes à la soumission de nouveaux projets pour pouvoir proposer ses services.
« Data reference »
A l’instar des services de référence bibliographique, les « Data reference » orientent les chercheurs sur les jeux de données pouvant les intéresser, qu’ils soient référencés dans des archives de données, des livres, des articles ou des données ‘grises’, non publiées. Fort de 25 années d’expérience, Bobray Bordelon (2016) liste 15 conseils pour cet aspect du métier, en commençant par se familiariser avec les données statistiques, leur composition, leur vocabulaire propre, différent selon la discipline ; étudier les manières de faire des chercheurs de son institution ; lire les notes de bas de page des compilations statistiques, etc enfin, se tenir au courant des nouvelles via les organisations IASSIST18 et ACRL19.
« Walk-in help »
L’Université de New-York propose à ses étudiants, professeurs et chercheurs un espace dédié aux « Data services » dans la bibliothèque Elmer Holmes Bobst Library. Vingt ordinateurs sont disponibles ou réservables à distance, avec 39 logiciels spécifiques pour l’acquisition et le traitement des données et 18 autres généralistes. Des permanences sont offertes, avec prise de rendez-vous selon les spécialités : aide pour les recherches qualitatives, visualisation de données, logiciels de statistique, systèmes d’information géographique, …
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Table des matières
1. Introduction
1.1 Cadre général
1.2 Contexte du travail
1.3 Objectifs
1.4 Méthodologie
1.4.1 Revue de littérature
1.4.2 Entretiens
1.5 Limites du travail
1.6 Structure du mémoire
2. Revue de littérature
2.1 Open Science
2.1.1 Définition
2.1.2 Origine
2.2 Services aux chercheurs
2.2.1 Gestion des données de la recherche
2.2.2 Open Access
2.2.3 Archives institutionnelles
2.2.4 Formation
2.2.5 Autres services
2.3 Point de vue des chercheurs
2.3.1 Motivations
2.3.2 Réticences
2.4 Structures organisationnelles
2.4.1 Organisation
2.4.2 Partenariats
2.4.3 Compétences
3. Analyse de l’existant
3.1 Contexte politique et institutionnel
3.1.1 Conseil d’État
3.1.2 Université de Lausanne
3.1.3 Facultés
3.1.4 UNIRIS
3.1.5 Fonds national de la recherche scientifique (FNS) / swissuniversities
3.2 Parties prenantes actuelles
3.2.1 Services centraux de l’Université
3.2.2 Dans les facultés
3.2.3 Services externes sur le campus
3.3 Synthèse
4. Résultats des entretiens et enquêtes
4.1 Services de soutien Open Science d’autres institutions
4.1.1 Services
4.1.2 Recommandations
4.2 Enquêtes sur les besoins des chercheurs
4.2.1 A l’Université de Lausanne
4.2.2 Autres institutions
4.2.3 Synthèse
4.3 Entretiens à l’UNIL
4.3.1 Identification des répondants
4.3.2 Open science
4.3.3 Collaborations
4.3.4 Avis sur le « Centre de soutien Open Science »
4.3.5 Autres remarques
4.4 Autres entités internes à l’UNIL
4.4.1 Centre de soutien à l’enseignement (CSE)
4.4.2 Réseau Interfacultaire de Soutien Enseignement et Technologies (RISET)
4.4.3 Centre de soutien à la recherche
4.5 Synthèse générale des entretiens et enquêtes
5. Axes stratégiques
5.1 Démystifier l’Open Science
5.1.1 Pour les chercheurs
5.1.2 Pour les consultants recherche
5.1.3 Pour la Direction et les décanats
5.1.4 Autres pistes
5.2 Améliorer la communication entre parties prenantes
5.2.1 Formalisation des rencontres
5.2.2 Plateforme d’échange entre spécialistes
5.2.3 Plateformes à destination des chercheurs
5.3 Définir le niveau de soutien aux chercheurs
5.3.1 Soutien spécifique à l’Open Science
5.3.2 Soutien à la recherche, y compris l’Open Science
5.3.3 Choix du niveau de soutien
5.4 Synthèse
6. Propositions pour une « Plateforme de soutien aux chercheurs »
6.1 Gouvernance
6.1.1 Organisation
6.1.2 Documents de gouvernance
6.1.3 Communication
6.2 Services
6.2.1 Communauté de pratique
6.2.2 Formations
6.2.3 Archive des publications
6.2.4 Dépôt pour les données de recherche
6.2.5 Répertoire des compétences Open Science
6.2.6 Systèmes d’information
6.3 Ressources
6.3.1 Ressources humaines
6.3.2 Ressources financières
6.3.3 Ressources informatiques
6.3.4 Espaces de travail
6.4 Recommandations
6.5 Synthèse
7. Conclusions
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