Propositions d’appui pour une meilleure insertion des GIC dans la filière lait

SYSTEMES DE PRODUCTION DES GIC LAITIERS

Autorités impliquées dans la gestion des pâturages

Il y a juxtaposition de deux systèmes d’autorité impliqués dans la gestion du territoire dans une grande partie du Cameroun : pouvoir traditionnel et instances gouvernementales. L’autorité importante que détiennent les chefs traditionnels constitue d’ailleurs une des particularités camerounaises. Ainsi dans le domaine du foncier coexistent une législation foncière écrite et des pratiques traditionnelles qui sont d’ailleurs reconnues par la loi, ainsi que l’autorité des chefs traditionnels. Par le Régime Foncier et Domanial, l’Etat camerounais s’est constitué gardien de toutes les terres, mais tout citoyen peut légalement réclamer et obtenir une parcelle à mettre en valeur (Tandjeu Ngounou, 1998).

• Chefs traditionnels En Adamaoua, l’organisation socio-politique traditionnelle qui prédomine est celle des Foulbés : la terre est tout d’abord sous l’autorité du laamiDDo, assisté de sa cour. Le contrôle de son territoire étant assuré par l’intermédiaire des djaoro (chef de village Foulbé) et ardo (chef d’un ensemble de familles Mbororos). Le territoire du laamiDDa est divisé en tokkal entre les différents chefs de communauté et de village. Puis les ardo ou djaoro attribuent des walde (territoire restreint attribué à une famille) aux chefs de famille qui dépendent de leur autorité. Cette attribution se fait selon certaines règles mais ce sont surtout l’ancienneté et l’influence de la personne qui la déterminent. Le reste de l’espace est considéré comme zone de pâturage communautaire (Letenneur, 1995).

• Autorités administratives Ainsi les acteurs directement impliqués dans la gestion des pâturages sont dans un premier lieu les ardo, djaororos et laamiDDo. Puis les autorités administratives interviennent de façon plus ponctuelle et/ou lointaine par les lois, les décrets et les immatriculations de terre. Par exemple un décret a officialisé l’interdiction de l’accès au département de la Vina à toutes les espèces bovines allogènes pour la « sécurisation des pâturages » et la « protection du génotype bovin Goudali » (Arrêté préfectoral n°061/AP/H.52/SP). Cela permet par la même occasion de limiter la présence des Mbororos et de leurs troupeaux dans le département, car rares sont ceux ayant des troupeaux constitués uniquement de Goudalis, puisqu’ils restent attachés à leurs zébus Mbororos. Il s’agit ici d’un cas particulier montrant les tensions qu’il peut y avoir entre les différents clans peuls. Cependant en général les autorités traditionnelles comme administratives veillent surtout à ce que la zone qui est placée sous leur autorité enregistre un maximum d’éleveurs et de bétail puisqu’ils perçoivent des impôts sur le bétail, et ce dernier est la principale ressource économique de la région. Donc, dans une vision à court terme, leur objectif est en général de favoriser l’installation des éleveurs dans leur zone. On voit que dans ce système de pâturages communautaires principalement soumis à l’autorité traditionnelle, les impératifs de préservation, de gestion réelle des pâturages sont difficilement pris en compte.

Troupeaux communs

Les GIC s’orientent aujourd’hui vers la constitution d’un troupeau laitier commun. Chaque éleveur fournit par exemple 2 productrices pour le troupeau du GIC.Ces troupeaux sont constitués de 20 à 30 animaux dans les GIC étudiés. Certains GIC ont des « troupeaux tournants » où chaque éleveur doit fournir des femelles en lactation, qu’il reprend quand elles ne produisent plus de lait pour en fournir d’autres. Cette solution pose en fait de nombreux problèmes : certains éleveurs ne fournissent jamais une femelle en lactation en temps et en heure ou bien fournissent les moins productrices, les vaches rapportées dans leur troupeau d’origine retournent parfois dans le troupeau laitier où l’alimentation est beaucoup plus complète. D’autres GIC ont des troupeaux que nous appellerons « permanents » : composés d’animaux en lactation ou non qui sont toujours conduits ensemble. Le troupeau est alors conduit de façon homogène pour la reproduction et l’alimentation peut être contrôlée. Deux GIC ont même commencé à acquérir des animaux pour constituer un troupeau appartenant au GIC, grâce aux bénéfices de la vente du lait reversés dans le fond de roulement.

On retrouve ainsi une grande hétérogénéité dans la constitution du troupeau laitier. Il semble préférable de réunir les animaux en un troupeau unique, pour faciliter la collecte, fournir une alimentation appropriée et homogène. Un troupeau permanent est la meilleure solution sur le long terme pour obtenir une production efficace au point de vue technique : elle autorise un suivi continu de l’alimentation des animaux, une production laitière continue et programmée sur le long terme, et une sélection devient envisageable. L’ensemble des améliorations qui peuvent être proposées devrait avoir un impact réel avec un troupeau laitier permanent. Cela suppose aussi qu’un éleveur soit responsable de la conduite du troupeau et exige donc un certain niveau de confiance au sein du GIC. La formation d’un troupeau commun à plusieurs éleveurs est en fait assez originale et peut laisser sceptique, l’élevage étant en général une affaire d’exploitations familiales et individuelles, surtout en production laitière. Cependant dans le contexte local où beaucoup de troupeaux, communs ou non, sont de toute façon confiés à des bergers, qui n’ont que peu ou pas d’intérêt direct dans la productivité des animaux, le troupeau commun et permanent semble être en effet la solution la plus stable en matière de conduite des animaux.

Complémentation protéique

Les pâturages de saison sèche ont des teneurs faibles en matières protéiques. Les animaux subissent donc tous des pertes de poids importantes à cette époque, s’ils ne reçoivent pas de complémentation compensatrice : des animaux non allaitant perdent 17% de leur poids de saison des pluies en moyenne (Rippstein, 1985), mais cela peut aller jusqu’à 30% pour une femelle suitée. Cette évolution pondérale est limitée par l’apport en protéines. Pour les vaches laitières un apport est bien sûr indispensable.

• Tourteau de coton : Tous les GIC étudiés qui produisent du lait en saison sèche apportent une complémentation azotée à leurs animaux en saison sèche, essentiellement sous forme de tourteau de coton. Les autres aliments source d’azote disponibles dans la région sont rarement utilisés (tourteau de palmiste, paille enrichie à l’urée). Les variations de pratiques se trouvent surtout au niveau des périodes de distribution. Certains attendent le mois de janvier, février pour le distribuer, d’autres commencent au mois de novembre décembre, un seul commence dès septembre. Or les animaux commencent à perdre du poids dès le mois de septembre sans complémentation (Rippstein, 1985). Dans 5 GIC sur 9, l’alimentation n’est pas différenciée suivant le stade de lactation, la seule distinction se fait au niveau des veaux qui sont nourris à part. Le complément est distribué au troupeau, constitué de femelles en gestation, en lactation, taries.

Dans les 4 autres les femelles en lactation reçoivent une complémentation supérieure aux femelles taries. Aucun GIC ne varie la complémentation au cours de la lactation. Les quantités distribuées par femelle en lactation sont très variables (0,4 à 2 kg/jour), certains ayant fait le choix de ne produire qu’en saison sèche où ils commercialisent très bien le lait grâce à leur bar laitier, et d’autres ne produisant que le minimum en saison sèche. Or en saison sèche pour maintenir le poids d’un animal à l’entretien il faut 300g/100 kg de poids vif et pour couvrir les besoins permettant une production de 4 kg de lait il faut 1,5 kg de tourteau de coton (soit 594 g de MAD, 1,38 Ufl, 16 g de P et 3,3g de Ca). L’ingestion de fourrage augmente alors de 4 kg de MS (soit 2 Ufl, 6g de Ca et 2 g de P). Il faut apporter également un complément de calcium (Jarrige, 1988) (cf annexe 6).

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Table des matières

INTRODUCTION
PRESENTATION DE L’ETUDE
Adamaoua, terre d’élevage
Les éleveurs et leur environnement
Problématiques pour le développement de l’élevage en Adamaoua
Cadre de l’étude
L’UGICETA : historique et évolution
Projet GESEP
Objectifs de l’étude et méthodologie
SYSTEMES DE PRODUCTION DES GIC LAITIERS
Les troupeaux laitiers
Organisation des troupeaux laitiers
Conduite des troupeaux laitiers
Alimentation des vaches laitières
1 Evaluation des besoins
Alimentation : pratiques des éleveurs
Disponibilités des compléments à Ngaoundéré
C.La production laitière
La traite
Collecte, transport et transformation du lait
III. PROPOSITIONS d’appui POUR UNE MEILLEURE INSERTION DES GIC DANS LA FILIERE LAIT
GIC laitiers dans leur environnement
Organisation des GIC laitiers
Les GIC dans la filière lait à Ngaoundéré
Perspectives pour l’appui de l’UGICETA aux GIC laitiers
Amélioration des systèmes de production
Amélioration du traitement du lait
Organisation de la commercialisation
CONCLUSION
BIBILOGRAPHIE
LEXIQUE DES TERMES EN FUFULDE
TABLE DES MATIERES
ANNEXES

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