Proposition d’une séquence didactique sur le conte
Introduction générale
Aujourd’hui, il est recommandé d’enseigner par genre de texte. Ce qui est à savoir est que chaque genre s’enseigne différemment d’un autre, et ce, en raisons des caractéristiques qui les distinguent. A ce sujet, Dolz, Noverraz et Schneuwly disent : « Chaque genre de texte nécessite un enseignement adapté, car il présente des caractéristiques distinctes : les temps verbaux, par exemples, ne sont pas les mêmes si l’on relate un évènement vécu ou si l’on écrit une notice pour la fabrication d’un objet » (2002, 18-19 cité par Ammouden, 2015, p. 6-7).
Dans le cas de notre étude, nous allons nous intéresser à l’enseignement-apprentissage du conte proposé dans le projet 1 du manuel de la 2ème AM, et ce, afin d’atteindre différents objectifs de recherche qui consistent, dans un premier temps, à connaitre les caractéristiques du conte. Dans un second temps, à chercher à savoir si ces caractéristiques sont prises en charge par les activités du premier projet. Dans un troisième temps, à proposer une séquence didactique dans le cas où des insuffisances seront constatées.
Afin d’atteindre nos objectifs de recherche, nous allons analyser dix contes à l’aide du modèle de Chartrand, Emery-Bruneau et Sénéchal (2015) pour dégager leurs caractéristiques ainsi que les activités du premier projet du manuel.
Notre travail se scinde en deux chapitres. Dans le premier, nous définirons la notion de genre, rendrons comptes des résultats d’analyse des caractéristiques du conte ainsi que de ceux des activités du premier projet.
Dans le second, nous exposerons les activités de notre séquence.
Introduction partielle
Dans le présent chapitre, nous allons rendre compte des résultats d’analyse des caractéristiques de dix contes. Mais, avant cela, nous allons commencer par la définition de la notion de genre. Ensuite, nous allons vérifier si les caractéristiques qui seront dégagées sont prises en charge par les activités du premier projet.
Le genre de discours
Définition de la notion de genre
Le genre de discours, selon Moirand, est une « représentation sociocognitive intériorisée que l’on a de la composition et du déroulement d’une classe d’unités discursives, auxquelles on a été « exposé » dans la vie quotidienne, la vie professionnelle et les différents mondes que l’on a traversés »(Moirand,2003, p. 2 cité par Ammouden, 2015, p1. ).
D’après Schneuwly, cette notion est: « traditionnellement utilisée dans le domaine de la rhétorique et de la littérature, cette notion a, probablement pour la première fois, trouvée une extension considérable dans l’oeuvre de Bakhtine(1979) auquel se réfèrent de nombreux auteurs contemporains» (Schnewly, 1998, p. 159).
Adam a cité dans son article que Bakhtine déclare que « Tout énoncé particulier est assurément individuel, mais chaque sphère d’usage du langage élabore ses types relativement stables d’énoncés [énonciations], et c’est ce que nous appelons les genres discursifs [du langage] » (Bakhtin, 1984, p. 265, dans la traduction de Todorov, 1981, p. 127 cité par Adam 1997, p .9).
Dans une autres contribution Adam dit qu’« Un genre est ce qui rattache – tant dans le mouvement de la production que dans celui de l’interprétation – un texte à une formation socio-discursive » (Adam, 2005, p.117).
Les caractéristiques du genre
Pour connaître les caractéristiques d’un genre de discours, il est nécessaire de se servir d’un modèle d’analyse, à l’exemple de Chartrand, Emery-Bruneau et Sénéchal (2015) qui s’organise autour de cinq niveaux de caractéristiques :
– Caractéristiques communicationnelles.
Analyse des contes
Le genre de discours qui nous intéresse dans le cadre de la présente étude est le conte. Pour connaître ses caractéristiques, nous avons dix exemplaires (voir annexe).
Les caractéristiques communicationnelles
L’intention de communication de l’auteur
Nous avons remarqué que les contes nous racontent des histoires imaginaires. Ces contes sont écrits et narrés dans le but de partager des cultures, de donner des leçons et des morales comme le cas dans le conte de « la curiosité », et même pour partager des idées avec le lecteur et faire passer des messages.
L’énonciateur et le destinataire
L’énonciateur est le narrateur qui raconte les événements des contes. Par exemple, le conte « Le chevale géant »est narré par Fine Daniel.
Le destinataire qui est le lecteur qui pourrait être un enfant, apprenant, un passionné des contes, etc.
Les thèmes traités
Ils sont variés et universelle : l’amour, la mort des parents, la guerre, la trahison, la curiosité. Par exemple, dans le conte de « J.M. Leprince de Beaumont », c’est le thème de la curiosité qui est traité. Dans le conte de « La petite filles et les allumettes », c’est la pauvreté et la mort.
– Répétition
Conte 3:«elle fleurissait pour lui, pour lui elle répandait son parfum» « Il y a maintenant une année que l’enfant est chez Dieu, et il y a une année que la fleur est restée oubliée sur la fenêtre» (H. C.Andersen, traduction par D.Soldi ,1843) 2.3.3. Le vocabulaire Le vocabulaire utilisé est le vocabulaire courant. Nous en distinguons deux types selon le sens :
– Le vocabulaire au sens propre Conte 1 :« Il y avait une fois un homme qui n’était pas fort riche ; il se maria et épousa une jolie femme. Un soir, en hiver, qu’ils étaient auprès du feu, ils s’entretenaient du bonheur de leurs voisins qui étaient plus riches qu’eux. » (Jeanne Marie Leprince de Beaumont).
– Le vocabulaire au sens figuré Conte 7 : « Les prunes étaient mûres, et ceux de ces fruits qui tombaient à la portée de la main du tailleur, il les mangeait gloutonnement pour calmer la soif qui le dévorait. » (A. Orain;Contes des pays Gallo).
Les caractéristiques grammaticales
Les structures de phrase
Il y a plusieurs types et forme de phrases.
– Les phrases déclaratives Conte 10 :« Il était une fois une petite fille de village, la plus éveillée qu’on eût su voir : sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge qui lui seyait si bien, que partout on l’appelait le petit Chaperon rouge». (Charles de Perrault, 1697)
Conte : « La petite fille cheminait avec ses petits pieds nus, qui étaient rouges et bleus de froid ; elle avait dans son vieux tablier une grande quantité d’allumettes, et elle portait à la main un paquet. C’était pour elle une mauvaise journée ; pas d’acheteurs, donc pas le moindre sou ». (H. C. Andersen, traduction par D.Soldi, 1845)
– Les phrases interrogatives Conte 9 : « Qui cela, ma bonne femme ? ». (A.Orain ; Contes des pays Gallo, 1904) Conte 4 : « Les flocons de neige tombaient dans ses longs cheveux blonds, si gentiment bouclés autour de son cou ; mais songeait-elle seulement à ses cheveux bouclés ? » (H.C.Andersen, traduction par D.Soldi, 1845).
– Les phrases exclamatives Conte 10 : « Elle lui dit : Ma mère-grand, que vous avez de grands bras ! — C’est pour mieux t’embrasser, ma fille ! — Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes ! — C’est pour mieux courir, mon enfant ! ». (charles de perrault, 1697) Conte 4 : «la frotter sur le mur et réchauffer ses doigts ! Elle en tira une : ritch ! Comme elle éclata ! Comme elle brûla ! C’était une flamme chaude et claire comme une petite chandelle, quand elle la couvrit de sa main. Quelle lumière bizarre ! (H. C.Andersen, traduction par D.Soldi, 1845)
– Les phrases négatives Conte 6 : « Le pauvre couturier ne parvenait pas à éviter le cochon». « Il n’en dormait plus la nuit, perdait l’appétit ainsi que son entrain et sa gaîté». (A.Orain ; Contes des pays Gallo ,1904)
– Les phrases emphatiques Conte 4 : « car sa vieille grand’mère, qui seule avait été bonne pour elle, mais qui n’était plus, lui répétait souvent : « Lorsqu’une étoile tombe, c’est qu’une âme monte à Dieu. » (H.C. Andersen, traduction par David Soldi, 1845) Conte 3 : « Le jour du déménagement, on l’a jetée parmi les immondices de la rue, et c’est cette pauvre fleur fanée que nous avons recueillie dans notre bouquet, car elle a causé plus de joie que la plus riche fleur du jardin d’une reine. (H.C. Andersen, traduction par D.Soldi ,1843).
Les substituts grammaticaux Les substituts grammaticaux servent à éviter la répétition. Voici des exemples :
Conte7 : « Ils saisirent la bête par les cornes et la mirent dans le sac». (A.Orain ; Contes des pays Gallo ,1904) 2.4.3. Les indicateurs spatiaux-temporels
Le contes sont riches des indicateurs spatiaux-temporels. Comme illustration, nous donnons les exemples ci-dessous : Conte 5 « Le père Bousin, charretier, était autrefois au service d’un nommé Hervé qui habitait le village de la Rivière-Bizé, dans la commune de Bruz». (A.Orain ; Contes des pays Gallo, 1904) Conte 3 :« Là-bas, dans cette rue sombre, dans une espèce de cave, demeurait un pauvre petit garçon malade». (H.C. Andersen, traduction par D.Soldi ,18430).
Le système énonciatif
Le système énonciatif dans le manuel est minime puisque nous ne trouvons pas des activités qui traitent toute les différentes marques énonciatives: pronom personnels, possessifs,les temps verbaux, etc.
– La structure compositionnelle
Le manuel abandonne les activités qui traitent la structure compositionnelle. – Le système
des temps verbaux
Les temps les plus fréquentes du conte sont : l’imparfait et le passé simple. Le manuel a proposé un ensemble d’exercices et d’activités sur ces deux temps.
Les indicateurs spatiaux-temporels
Les indicateurs spatiaux-temporels sont présents dans le manuel. Voici un exemple :
Je m’entraîne
Recopie les phrases, souligne les compléments circonstanciels (C.C) et précise s’il s’agit d’un (C.C.L), (C.C.T) ou(C.C.M).
-pendant toute la journée, blanche neige nettoya la maison des sept nains.
-la vieille sorcière prépara sa potion magique durant toute la soirée.
-sans méfiance, les garçons allèrent près de la grotte.
-les pauvres enfants crièrent avec effroi quand ils virent le lion sortir de sa tanière.
Rédige un court texte dans lequel tu utiliseras le complément circonstanciel de temps, de lieu et de manière.
L’exemple précédent est un exercice avec des phrases séparées. Il serait mieux de fairedes activités sur les indicateurs spatiaux-temporels en se basant sur la partie du déroulement des événements dans le conte.
Caractéristiques graphiques ou visuelles
Les images jouent un rôle très important dans la compréhension des contes. Comme ils aident l’apprenant à l’imagination et à l’ouverture d’esprit. Le projet du conte n’abandonne pas ce point.
Conclusion générale
Dans le cadre de ce travail, nous nous sommes assigné trois objectifs de recherche qui consistent à connaitre les caractéristiques du conte, à chercher à savoir si ces caractéristiques sont prises en charge par les activités du premier projet et à proposer une séquence didactique dans le cas où des insuffisances seront constatées.
Pour aboutir à ces objectifs, nous avons analysé dix contes à l’aide du modèle de Chartrand et al. (2015) et dégagé leurs caractéristiques. Après, nous avons analysé les activités du premier projet. Nous nous en sommes sorti avec ces résultats : le premier projet a plusieurs points positifs comme il a aussi des insuffisances. Nous avons remarqué qu’il manque d’activités concernant le champ sémantique et lexical, l’énonciation et les thèmes, le vocabulaire au sens propre et figuré. Comme il y a aussi une anarchie dans l’enchaînement des cours.
L’analyse nous montre aussi qu’il n’y a pas une variété d’activités qui sont présentées sous forme d’atelier, dans des séquences suivant toujours le même schéma : j’observe, je m’entraine, je rédige, je m’évalue.
Ce travail n’est pas sans limites, il aurait mieux valu pour nous de travailler sur tous les projets du manuel. Nous souhaitons que cela se fasse à l’avenir.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre 1 : Quelles activités pour quelles caractéristiques
1. Le genre
2. Analyse des contes
3. Analyse des activités
Chapitre 2 : Proposition d’une séquence didactique
1. La séquence didactique
2. Proposition d’une séquence didactique sur le conte
Conclusion générale
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