Proposition d’un indicateur de durabilité pour la détection des réactions de gonflement interne dans le béton

La Réaction Sulfatique Interne (RSI) peut avoir lieu lorsque le béton subit une élévation de température importante au jeune âge, supérieure à 65°C (Godart et al., 2009). Dans le cas d’ouvrage massif, cette élévation de température peut être générée par l’exothermie des réactions d’hydratation amenant à une déstabilisation de l’ettringite primaire. Lors du retour à température ambiante et en présence d’eau l’ettringite recristallise dans un espace confiné sous forme massive et comprimée. La pression de cristallisation étant supérieure à la résistance en traction du béton (Scherer, 1999), le béton fissure sous l’effet de la contrainte interne générée.

La Réaction Alcali-Silice (RAS) nécessite la présence de granulats réactifs, c’est-à-dire, contenant de la silice amorphe et/ou mal cristallisée qui va réagir avec les alcalins et l’eau contenue dans le béton pour former un gel expansif (Godart et al., 2008). Comme dans le cas de la RSI, la pression interne engendrée par le gel conduit à la fissuration du béton. Les conditions de développement de ces réactions étant proche, elle peuvent survenir de manière concomitante dans un ouvrage.

HYDRATATION DU CIMENT PORTLAND

L’hydratation du ciment Portland concerne principalement quatre éléments, les silicates tricalciques, les silicates dicalciques, les aluminates tricalciques et les alumino-ferrites tétracalciques. Leur hydratation va conduire à la formation de silicates de calcium hydratés (C-S-H) en grande quantité, de Portlandite (CH) et d’aluminates de calcium hydratés (C-AH).

LA RÉACTION SULFATIQUE INTERNE

Il existe deux réactions sulfatiques, l’une dont l’origine des sulfates est externe, appelée « réaction sulfatique externe (RSE) » et l’autre dont la provenance est interne, appelée « réaction sulfatique interne (RSI)». Ce chapitre est uniquement consacré à la RSI. Cette pathologie se retrouve dans les ouvrages massifs dont la température du béton s’est retrouvée élevée à un moment de son histoire.

Dans le cas d’un échauffement au jeune-âge c’est l’exothermie des réactions d’hydratation du ciment qui est à l’origine de la montée en température, pouvant dépasser les 80°C. La RSI se caractérise par la formation d’ettringite différée provoquant un gonflement du béton, réduisant grandement les propriétés mécaniques de l’ouvrage .

Les différents types d’ettringite
On distingue trois types de formation d’ettringite :
● l’ettringite de formation primaire,
● l’ettringite de formation secondaire,
● l’ettringite différée.

L’ettringite de formation primaire
L’ettringite primaire est un produit issu des réactions d’hydratation entre le régulateur de prise (gypse, hémihydrate et anhydrite), l’aluminate tricalcique (C3A) et l’eau. Cette formation, se faisant pendant la prise du béton dans les espaces libres, n’induit pas de gonflement du béton. Elle s’avère même bénéfique en contribuant à la cohésion de la pâte et en comblant la porosité. On retrouve cette ettringite sous forme aciculaire (Godart et al., 2009).

L’ettringite de formation secondaire
La formation secondaire d’ettringite est régie par des phénomènes de dissolution/précipitation dépendant de certaines conditions thermodynamiques liées au pH, à la température et à la concentration en alcalins. Elle résulte des réactions chimiques entre l’aluminate tricalcique déjà présent dans le matériau et un apport extérieur de sulfate et d’eau. Cette pathologie, appelée réaction sulfatique externe peut se retrouver dans les ouvrages sous-terrain, en contact avec le sol, mais également au niveau des piles de pont en contact avec l’eau de mer.

Dans le cas où il n’y a pas d’apport d’agents agressifs extérieurs, l’ettringite peut cristalliser sous forme aciculaire sans endommager le matériau, en prenant place dans les espaces libres du béton.

Dans le cas d’un apport de sulfate venant de l’extérieur et en présence d’eau, l’ettringite cristallise sous forme massive et comprimée pouvant engendrer un gonflement du matériau (Godart et al., 2009).

L’ettringite de formation différée
On parle d’ettringite différée dans le cas où le béton a subi une élévation de température de plus de 65°C au jeune âge, ce qui peut survenir en particulier dans les ouvrages massifs (barrages, centrales nucléaires). A une telle température, l’ettringite ne cristallise pas pendant la prise, au contact de l’eau et à température ambiante mais elle peut cristalliser par la suite et engendrer de la fissuration. Dans ce cas il n’y a pas d’apport de sulfate externe, toutes les molécules nécessaires à la formation d’ettringite sont déjà présentes dans le béton (Godart et al., 2009).

Les mécanismes physico-chimiques

La Réaction Sulfatique Interne (RSI) se caractérise par la formation d’ettringite différée dans le matériau cimentaire, après durcissement du béton et sans apport externe de sulfate. Cette réaction nécessite la présence de trois principaux facteurs:
● des ions sulfates,
● de l’eau,
● une élévation de la température au jeune âge et/ou tardive.

La source de sulfates

Les réactions d’hydratation du ciment sont sensibles et varient en fonction de la température. Les sulfates contenus dans le ciment ne réagissent pas tous pour former de l’ettringite primaire ; de plus avec une élévation de température la solubilité de l’ettringite augmente, ce qui se traduit par une plus grande concentration en ions sulfates dans la solution interstitielle du béton. La solubilité de l’ettringite est également fonction de la concentration en alcalin de la solution interstitielle ; en effet, en présence d’une grande concentration d’alcalin et à des températures supérieures à 65°C, le domaine de stabilité de l’ettringite est fortement réduit. A plus haute température, entre 70 et 90°C, une grande part des ions sulfates (SO₄²⁻ ) obtenue par dissolution de l’ettringite primaire est adsorbée par les C-S-H, une autre part des sulfates se retrouve sous forme de cristaux nanométriques de monosulfoaluminate de calcium. Cette capacité d’adsorption des ions sulfates par les C-S-H s’accroît avec le rapport C/S des C-S-H et cette dernière augmente avec une élévation de la température (Fu et al., 1994). Du fait de la faible liaison entre les C-S-H et les ions sulfates, au cours du temps, ces derniers peuvent être relâchés faisant augmenter la concentration en sulfate de la solution interstitielle (Godart et al., 2009).

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I. CHAPITRE I: ETAT DE L’ART
I.1 INTRODUCTION
I.2 HYDRATATION DU CIMENT PORTLAND
I.2.1 La notation cimentaire
I.2.2 La réaction d’hydratation du C3S
I.2.3 La réaction d’hydratation du C2S
I.2.4 La réaction d’hydratation du C3A (en présence de sulfate)
I.3 LA REACTION SULFATIQUE INTERNE
I.3.1 Les différents types d’ettringite
I.3.1.1 L’ettringite de formation primaire
I.3.1.2 L’ettringite de formation secondaire
I.3.1.3 L’ettringite de formation différée
I.3.2 Les mécanismes physico-chimiques
I.3.2.1 La source de sulfates
I.3.2.2 La précipitation de l’ettringite
I.3.3 Les théories d’expansion
I.3.3.1 La pression de cristallisation
I.3.3.2 La pression osmotique
I.3.3.3 Le gonflement homogène
I.3.3.4 Le gonflement au niveau de l’interface pâte-granulat
I.3.3.5 La double couche électrique
I.3.3.6 Le couplage des théories
I.3.4 Les paramètres influents
I.3.4.1 Les paramètres de formulation
I.3.4.2 Les paramètres environnementaux
I.3.5 Les modèles numériques liés à la RSI
I.3.5.1 Les modèles statiques
I.3.5.2 Les modèles thermodynamiques
I.3.5.3 Les modèles cinétiques
I.4 LA REACTION ALCALI-GRANULAT
I.4.1 Les différents types de réaction
I.4.2 Les mécanismes de la réaction alcali-silice
I.4.2.1 L’approche topochimique
I.4.2.2 Le processus de dissolution-précipitation
I.4.3 Les théories d’expansion
I.4.3.1 La double couche électrique
I.4.3.2 La pression osmotique
I.4.3.3 La pression de cristallisation
I.4.3.4 La dissipation du gel
I.4.3.5 Le gonflement des corps poreux
I.4.3.6 Le gonflement granulaire
I.4.3.7 L’anisotropie de l’alcali-réaction
I.4.4 Les paramètres influents
I.4.4.1 Les paramètres de formulation
I.4.4.2 Les paramètres environnementaux
I.4.5 Les modèles numériques liés à la RAS
I.4.5.1 Les modèles basés sur l’expansion du béton
I.4.5.2 Les modèles basés sur la pression interne
I.4.5.3 Les modèles basés sur la diffusion-réaction des ions
I.4.6 Le couplage des pathologies
I.5 L’APPROCHE PERFORMANTIELLE
I.5.1 Les indicateurs de durabilité
I.5.2 Les indicateurs de durabilité et les réactions de gonflement interne
I.6 CONCLUSION
II. CHAPITRE II : PROGRAMME EXPERIMENTAL
II.1 INTRODUCTION
II.2 MATERIAUX D’ETUDE
II.2.1 Constituants de base
II.2.1.1 Ciments
II.2.1.2 Granulats
II.2.1.3 Adjuvant
II.2.2 Formulations de béton
II.2.3 Malaxage et mise en place
II.3 MATURATION
II.3.1 Protocole accéléré pour la RSI
II.3.1.1 Traitement thermique
II.3.2 Cycles humidification/séchage
II.3.3 Protocole accéléré pour la RAS
II.3.4 Cas de la concomitance des pathologies
II.4 PROTOCOLES D’ESSAIS DE CARACTERISATION
II.4.1 Avancement des RGI
II.4.1.1 Suivi d’expansion et de masse
II.4.1.2 Microscope Electronique à Balayage
II.4.2 Essais chimiques
II.4.2.1 Analyse de la solution interstitielle : mesure du pH et de la teneur en alcalin
II.4.2.2 Teneur en Portlandite
II.4.2.3 Diffraction aux rayons x
II.4.3 Essais mécaniques
II.4.3.1 Résistance en compression
II.4.3.2 Module statique
II.4.3.3 Module dynamique acoustique linéaire
II.4.3.4 Module dynamique acoustique non linéaire
II.4.4 Essais physiques
II.4.4.1 Porosité accessible à l’eau
II.4.4.2 Perméabilité au gaz
II.4.4.3 Migration des chlorures en régime non stationnaire
II.4.4.4 Résistivité électrique
II.5 CARACTERISATION DES BETONS A L’ETAT SAIN
II.5.1 Caractérisation à l’état frais
II.5.2 Caractérisation à l’état durci
II.5.2.1 Suivi des bétons de référence au cours du temps
II.5.2.2 Caractérisation des bétons à l’état initial
II.6 CONCLUSION
III. CHAPITRE III : CARACTERISATION DES BETONS ATTEINTS DE RGI
III.1INTRODUCTION
III.2DEMARCHE ADOPTEE
III.2.1 Echéances de caractérisation
III.2.2 Seuil de détection
III.3PRESENCE DES RGI
III.3.1 Cas de la RSI
III.3.1.1 Variation de longueur et de masse
III.3.1.2 Evolution de la microstructure et des produits formés
III.3.2 Cas de la RAS
III.3.2.1 Variation de longueur et de masse
III.3.2.2 Evolution de la microstructure et des produits formés
III.3.3 Cas du couplage
III.3.3.1 Variation de longueur et de masse
III.3.3.2 Evolution de la microstructure et des produits formés
III.3.4 Synthèse
III.4EVOLUTION DES PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES ET MECANIQUES SOUS DEGRADATION DE RGI
III.4.1 Evolution des propriétés chimiques
III.4.1.1 Teneur en alcalin
III.4.1.2 pH de la solution interstitielle
III.4.1.3 Teneur en Portlandite
III.4.1.4 Diffraction aux Rayons X
III.4.1.5 Synthèse
III.4.2 Evolution des propriétés mécaniques
III.4.2.1 Resistance en compression
III.4.2.2 Module statique
III.4.2.3 Module dynamique en acoustique linéaire
III.4.2.4 Module dynamique en acoustique non linéaire
III.4.2.5 Synthèse
III.4.3 Evolution des propriétés physiques
III.4.3.1 Porosité accessible à l’eau
III.4.3.2 Perméabilité aux gaz
III.4.3.3 Migration des ions chlore
III.4.3.4 Résistivité électrique
III.4.3.5 Synthèse
III.5CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE

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