Prophylaxie et traitement de la coccidiose chez le Poulet

Prophylaxie et traitement de la coccidiose chez le Pouletย 

Mesures sanitaires

La lutte contre la coccidiose chez le poulet nรฉcessite, tout dโ€™abord, une bonne hygiรจne et des conditions dโ€™รฉlevages contrรดlรฉes (contrรดle du bruit, de lโ€™alimentation, de la ventilation, de la tempรฉrature et du taux dโ€™humiditรฉ qui doivent รชtre adรฉquats). Il est impossible dโ€™รฉliminer totalement les ookystes dโ€™une ferme, mais une bonne hygiรจne peut rรฉduire considรฉrablement le nombre. Le nettoyage (balayage, brossage) et la dรฉsinfection doivent รชtre systรฉmatiques.

Lutte directe contre la coccidiose chez le Poulet

Rรฉponse immunitaire contre les Eimeria

De maniรจre gรฉnรฉrale et plus particuliรจrement pour les Eimeria du poulet, une infection primaire confรจre une solide immunitรฉ contre la rรฉinfection (Rose, 1974 ; Licois et al., 1992 ; Coudert et al., 1993). Lโ€™acquisition de lโ€™immunitรฉ permet en effet un arrรชt du dรฉveloppement du parasite au cours de la rรฉinfection. Les mรฉcanismes mis en jeu semblent dรฉpendre de lโ€™espรจce de parasitaire. Chez le poulet, lโ€™inhibition de la pรฉnรฉtration dans la muqueuse nโ€™est constatรฉe que dans certains cas (Augustine et Danforth,1986); aprรจs pรฉnรฉtration dans la muqueuse intestinale, seuls quelques parasites sont retrouvรฉs au niveau des cryptes. Dans tous les cas, leur dรฉveloppement ultรฉrieur est arrรชtรฉ. Il semblerait que les sporozoรฎtes restent bloquรฉs dans les lymphocytes assurant leur transport vers les celles hรดtes (Riley et Fernando, 1988).

Le traitement moderne

Les anticoccidiens
Pour lutter contre la coccidiose, des molรฉcules ร  activitรฉ anticoccidienne appelรฉes anticoccidiens ont รฉtรฉ dรฉveloppรฉes et sont utilisรฉes ร  titre prรฉventif ou curatif et administrรฉs par lโ€™eau d boisson ou en complรฉment dans lโ€™aliment. Certaines de ces molรฉcules sont des analogues de vitamines essentielles aux parasites, bloquant ainsi leur dรฉveloppement.

Au Sรฉnรฉgal, trois molรฉcules dominent le marchรฉ : lโ€™amprolium, le lasalocid et la salinomycine. Lโ€™amprolium est efficacement utilisรฉ dans le traitement de la coccidiose. Il nโ€™est pas toxique lorsquโ€™on utilise la dose prescrite. Il est sous forme de poudre ร  20% ou en solution ร  12% (Villate, 1997). La Salinomycine administrรฉe ร  20 ppm dans lโ€™aliment est trรจs efficace (Peters et al, 1988 ; Coudert, 1989). Les autres traitements curatifs contre les coccidioses sont les sulfamides et des molรฉcules plus rรฉcentes comme le Diclazuril et le Doltrazuril. En travaillant avec des รฉlรฉments dโ€™Eimeria isolรฉs, Mc Douglad et al. (1990) ont montrรฉ que le Diclazuril ร  0.5 ppm est complรจtement efficace contre Eimeria tenella, Eimeria acervulina et Eimeria mitis. Les anticoccidiens ont permis lโ€™expansion de lโ€™รฉlevage avicole. Cependant, lโ€™utilisation intensive (la mรชme molรฉcule utilisรฉe pendant des mois voire des annรฉes) de ces molรฉcules efficaces a conduit ร  lโ€™apparition, plus ou moins rapide sur le terrain, de coccidies rรฉsistantes (Ryley, 1981; Chapman 1997). Aujourdโ€™hui, des programmes raisonnรฉs dโ€™utilisation des divers anticoccidiens existants sont utilisรฉs : rotation dโ€™une bande ร  lโ€™autre ou โ€˜shuttle programโ€™ cโ€™est-ร -dire alternance dedeux, voire trois anticoccidiens sur une mรชme bande de poulets.. Lโ€™apparition progressive de chimio-rรฉsistances aux anticoccidiens et la pression des consommateurs pour diminuer lโ€™utilisation des substances mรฉdicamenteuses chez les animaux dโ€™รฉlevage, incitent ร  dรฉvelopper de nouveaux moyens de lutte. La vaccination semble รชtre une approche sรฉduisante puisque la plupart des espรจces induisent une bonne protection contre une rรฉinfection.

La vaccination
Actuellement, les seuls vaccins ayant montrรฉ une rรฉelle efficacitรฉ dans la lutte contre les maladies parasitaires sont des vaccins vivants. Des souches dโ€™Eimeria dites โ€˜prรฉcocesโ€™, ayant un pouvoir pathogรจne fortement diminuรฉ, ont รฉtรฉ obtenues chez le poulet par sรฉlection des premiers oocystes produits au cours des inoculations successives ; elles possรจdent un cycle raccourci et prรฉsentent une capacitรฉ de multiplication rรฉduite (Jeffers, 1975 ; Mc Donald et Ballingall, 1983a et 1983b ; Shirley et Bellatti, 1984). Les vaccins vivants attรฉnuรฉs sont disponibles mais ils restent encore dโ€™un coรปt prohibitif pour les รฉleveurs de volailles. Une autre voie pourrait alors apporter une aide au contrรดle des coccidioses, voire associรฉe aux vaccins lorsquโ€™ils seront plus largement utilisรฉs : il sโ€™agit de lโ€™utilisation des plantes mรฉdicinales.

Le traitement par les plantes mรฉdicinale

Pour traiter la coccidiose chez les poulets, les plantes mรฉdicinales constituent une alternative pour mettre ร  terme certains problรจmes liรฉs ร  lโ€™utilisation des anticoccidiens : chertรฉ des mรฉdicaments, phรฉnomรจne de rรฉsistance, rรฉsidus dans les denrรฉes issues de la volaille. Diffรฉrentes รฉtudes menรฉes surtout en Asie portent sur lโ€™efficacitรฉ dโ€™extraits de plantes contre les coccidioses et ont fait lโ€™objet dโ€™articles publiรฉs. Une รฉquipe indienne (Mandal et al., 1994) a observรฉ une rรฉduction des lรฉsions dues ร  Eimeria necatrix avec lโ€™utilisation dโ€™un produit prรฉparรฉ ร  partir de diffรฉrentes plantes locales (Holarrhena pubescens, Berberis aristata, Embelia ribes et Acorus calamus), inclus ร  0,6% dans la ration alimentaire.

Le Bakin et Karela, qui sont des prรฉparations issues respectivement du lilas des indes (Melia azedarach) et du melon amer (Momordica charantia), diminuent les pertes de gain de poids et lโ€™excrรฉtion dโ€™oocystes due ร  une infection par un mรฉlange de coccidies (Hayat et al., 1996). Plusieurs plantes asiatiques sโ€™avรจrent bรฉnรฉfiques dans la lutte contre une coccidiose ร  Eimeria tenella (Young et Noh 2001). Les racines du sophora (sophora flavescent) permettent une baisse du taux de mortalitรฉ et des diarrhรฉes sanguinolentes. Les fruits dโ€™une combrรฉtacรฉe (Quisqualis indica) amรฉliorent le gain de poids. L e tronc et les racines de sinomenium acutum rรฉduisent les excrรฉtions sanglantes. Parmi les plantes utilisรฉes en Afrique dans le traitement de la coccidiose nous pouvons citer : Bauhinia rufescens (caesalpiniacรฉes) et Acacia nilotica (mimosacรฉes) dont les macรฉrations de bourgeons sont administrรฉes per os aux malades selon BA (1994). Les extraits aqueux de graines de papaye (carica papaya) sont efficaces pour inhiber la sporulation de Eimeria tenella ร  la dose prรฉventive de 80g /l en 60 minutes (Tanyu, 2000). De nombreuses plantes constituent alors des alternatives aux anticoccidiens pour lutter contre la coccidiose chez le poulet. Comme pour les anticoccidiens, les extraits de plantes ayant un potentiel anticoccidien doivent รชtre รฉvaluรฉs sur le plan de la qualitรฉ et de lโ€™efficacitรฉ quโ€™ils apportent. Cโ€™est la raison pour laquelle, nous nous sommes proposรฉ de mener une รฉtude sur le traitement de la coccidiose aviaire par les extraits aqueux des รฉcorces de deux plantes, Pterocarpus erinaceus Poir.et Anogeissus leiocarpus DC, utilisรฉes en aviculture traditionnelle au Burkina Faso pour traiter les diarrhรฉes sanguinolentes de la volaille (Yamรฉogo et al., 2005).

GENERALITES SUR LES PLANTES SELECTIONNEES

Pterocarpus erinaceus Poir. (Fabaceae)

Caractรจres ethnobotaniques
Le Pterocarpus erinaceus Poir. est un arbre de 12 ร  15 m ร  fรปt droit, cylindrique, ร  cime ovoรฏde ou arrondie ; il peut รชtre caractรฉrisรฉ dโ€™emblรฉe par son รฉcorce foncรฉe, noirรขtre, trรจs lamelleuse : la branche est brune avec des stries rouges laissant sโ€™รฉcouler une rรฉsine rouge translucide qui se dessรจche et se durcit rapidement et qui constitue le Kino. Les feuilles alternes, composรฉes, imparipennรฉes avec 3 ร  5 paires de folioles, elliptiques, de 8 sur 4,5cm, ร  pubescence apprimรฉe ร  la face infรฉrieure ; de nombreuses nervures latรฉrales finement saillantes sur les deux faces, les internervures tertiaires รฉtant presque aussi marquรฉes que les nervures secondaires latรฉrales. Les gousses plates entourรฉes dโ€™une aile membraneuse mince, plissรฉes circulaires, mais proรฉminentes ร  lโ€™emplacement de la gaine et hรฉrissรฉes vers le centre de longs poils รฉpineux trรจs nombreux, vert pรขle pendant la maturation qui a lieu avant la feuillaison.

Classification

Pterocarpus erinaceus Poir. appartient ร  la famille des Fabacรฉes, rรฉpartie dans toutes les parties du monde. Elle est bien reprรฉsentรฉe dans les rรฉgions du Sรฉnรฉgal par 57 espรจces. Selon Berhaut, (1954), Pterocarpus erinaceus appartient :

– ร  lโ€™embranchement des Spermaphytes,
– au sous-embranchement des Angiospermes,
– ร  la classe des Dicotylรฉdones,
– ร  la sous-classe des Rosidae,
– ร  lโ€™ordre des Fabales,
– ร  la famille des Fabacรฉes,
– au genre Pterocarpus,
– ร  lโ€™espรจce erinaceus.

Nom franรงais : Santal de Sรฉnรฉgal, Palissandre du Sรฉnรฉgal, Vรจne.

Habitat

Pterocarpus erinaceus Poir. est une des essences les plus abondantes du Sรฉnรฉgal. Elle existe dans toute les savanes et forรชts sรจches soudaniennes depuis le Sud jusquโ€™ร  la forรชt guinรฉenne de la Casamance maritime. Elle vit soit isolรฉment, soit par tรขches (Niani), soit en peuplements clairs (Tambacounda) ou en peuplements monospรฉcifiques (Niokolo Koba).

Elรฉments de phytochimie

Le Pterocarpus fournit, soit naturellement, soit par blessure, un kino formรฉ principalement de tannins catรฉchiques (plus de 60%), qui se prรฉsente en fragments irrรฉguliers et luisants. Ces tannins se trouvent en presque totalitรฉ sous forme dโ€™acide kinotannique. Celui-ci soumis ร  la distillation sรจche ou ร  la fusion potassique donne la pyrocatรฉchine et de lโ€™acide protocatรฉchique ainsi que de la phoroglucine. Dรจs que le suc est exposรฉ ร  lโ€™air il brunit par suite de la transformation de lโ€™acide kinotannique en un phlobaphรจne, le rouge de kino, sous lโ€™action dโ€™une oxydase qui peut dโ€™ailleurs รชtre facilement dรฉtruite par รฉbullition. On comprend dans ces conditions que dans le produit naturel on trouve ร  cรดtรฉ de lโ€™acide kinotannique des proportions variables de rouge de kino et de faibles quantitรฉs de pyrocatรฉchine. Quant au taux de matiรจres minรฉrales, il est environ de 1,5%. Les Kinos actuellement livrรฉs par le commerce proviennent principalement de lโ€™espรจce indienne Pterocarpus marsupium ou kino de Malabar, mais doivent leur appellation au Pterocarpus erinaceus Poir., le kino des Manding, qui fut exploitรฉ dรจs le milieu du 18รจme siรจcle pour fournir un produit dโ€™exsudation dรฉnommรฉ kino de Gambie ou dโ€™Afrique (Kรฉrharo, 1974).

Selon Claus (citรฉ par Kerharo,1974) le kino qui fut officinal en Amรฉrique jusquโ€™en 1942 a la constitution suivante : acide kinotannique 30 ร  80% ; kinoรฏne 1,5% ; catรฉchol (pyrocatรฉchine) ; rouge de kino ; acide gallique ; gomme ; pectine ; 13 ร  15%.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : SITUATION DE Lโ€™AVICULTURE AU SENEGAL
I.1. CARACTERISTIQUES DE Lโ€™AVICULTURE AU SENEGAL
I.1.1. Les races exploitรฉes
I.1.2. Les types dโ€™รฉlevages
I.1.2.1. Lโ€™aviculture traditionnelle
I.1.2.2. Lโ€™aviculture sรฉmi-industrielle
I.2. CONTRAINTES DE Lโ€™AVICULTURE AU SENEGAL
II.2.1. Les contraintes nutritionnelles
II.2.2. Les contraintes pathologiques
II.2.3. Les contraintes Socioculturelles
CHAPITRE II- LA COCCIDIOSE CHEZ LE POULET
II.1. Lโ€™agent causal
II-1.1. Taxonomie des Eimeria
II.1.2.Cycle parasitaire des Eimeria du poulet
II. 2. Les manifestations cliniques
II.3. Les moyens de diagnostic
II.4. Prophylaxie et traitement de la coccidiose chez le Poulet
II.4.1. Mesures sanitaires
II.4.2. Lutte directe contre la coccidiose chez le Poulet
II.4.2.1. Rรฉponse immunitaire contre les Eimeria
II.4.2.2. Le traitement moderne
II.4.2.2.1. Les anticoccidiens
II.4.2.2.2. La vaccination
II.4.2.3. Le traitement par les plantes mรฉdicinales
CHAPITRE III : GENERALITES SUR LES PLANTES SELECTIONNEES
III.1. Pterocarpus erinaceus Poir. (Fabaceae)
III.1.1. Caractรจres ethnobotaniques
III.1.2. Classification
III.1.3. Habitat
III.1.4. Elรฉments de phytochimie
III.1.5. Usages en pharmacopรฉe
III.2. Anogeissus leiocarpus DC
III.2.1. Caractรจres ethnobotaniques
III.2.2.Classification
III.2.3. Habitat
III.2.4. Elรฉments de phytochimie
III.2.5. Usages en pharmacopรฉe
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
I.1. Prรฉsentation du site dโ€™รฉtude
I.2. Matรฉriel
I.2.1.Matรฉriel animal
I.2.1.1. Souche et origine des poulets utilisรฉs
I.2.1.2. le matรฉriel dโ€™รฉlevage
I.2.2. Matรฉriel pour la protection sanitaire
I.2.3. Matรฉriel vรฉgรฉtal
I.2.4. Anticoccidien utilisรฉ
I.2.5. Matรฉriel de laboratoire
I.3. Mรฉthodes
I.3.1.Conditions expรฉrimentales
I.3.2. Infestation artificielle des volailles
I.3.2.1. Sporulation des oocyste
I.3.2.2. Evaluation de la charge ookystale de lโ€™inoculum
I.3.2.3. Infestation expรฉrimentale
I.3.3. Prรฉparation des solutions dโ€™extraits aqueux des plantes
I.3.4. Constitution des lots et administration des solutions
I.3.5. Suivi de la volaille
I.3.5.1. Lโ€™รฉvolution pondรฉrale
I.3.5.2. Consommation alimentaire
I.3.5.3. Suivi coprologique
I.3.5.4. Cotation des lรฉsions
I.4. Analyses statistiques
CHAPITRE II : RESULTATS
II.1. Effets des traitements sur lโ€™รฉvolution de lโ€™infestation coccidienne
II.1. 1. Aspect des matiรจres fรฉcales
II.1.2. Excrรฉtion dโ€™oocystes
II.1.3. Lรฉsions individuelles
II.1.4. Symptรดmes cliniques
II.1.5. Mortalitรฉ
II.2. Effets sur les paramรจtres zootechniques
II.2.1. Evolution pondรฉrale des poulets
II.2.2. Evolution du GMQ (grammes/jour)
II.2.3. Evolution de la consommation alimentaire (grammes)
II.2.4. Evolution de l’indice de consommation
CHAPITRE III : DISCUSSION
III.1. Le choix du matรฉriel expรฉrimental
III.1.1. Matรฉriel animal
III.1.2. Matรฉriel vรฉgรฉtal
III.I.3. Anticoccidien
III.2. Les effets des traitements sur lโ€™รฉvolution de lโ€™infestation coccidienne
III.2.1. Excrรฉtion dโ€™oocystes
III.2.2. Lรฉsions individuelles
III.2.3. Matiรจres fรจcales
III.2.4.Mortalitรฉ et morbiditรฉ
III.3. Effets des traitements sur les paramรจtres zootechniques
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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