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LA CONSTRUCTION SCIENTIFIQUE DU LOISIR : LES PRÉCURSEURS
C’est au XIXème siècle que l’on trouve les premières réflexions sur le loisir. Les analyses sont alors axées sur la distinction entre les activités productives et improductives. Elles critiquent largement l’oisiveté des classes possédantes qui restaurent, par leurs comportements, des mœurs que l’on aurait préféré abandonner aux aristocrates de l’Ancien Régime. C’est Saint-Simon qui le premier évoque l’oisiveté dans son travail, en critiquant les classes improductives de la société. Dans « L’organisateur », écrit en 1820, il imagine la disparition de la classe des aristocrates et le peu d’impact que cette perte aurait pour la société industrielle, qui dépend bien plus des savants et des ouvriers que des gouvernants. Il n’articule pas sa pensée autour de la lutte des classes mais montre plutôt les oisifs comme les ennemis des producteurs et des ouvriers qui font la richesse de la société (Lanfant,1972).
Les écrits de Marx introduisent dans la critique de l’oisiveté la notion d’injustice et de domination. Marx affirme ainsi que l’oisiveté des bourgeois est le résultat d’une exploitation du surtravail des ouvriers. Il présente le travail comme une aliénation. L’ouvrier vend sa force de travail au possesseur du moyen de production. Le travail, dit-il, est extérieur au travailleur :
In his work therefore, he does not affirm himself but denies himself, does not feel content but unhappy, does not develop freely his physical and mental energy but mortifies his body and ruins his mind »1 (Marx, 1844, 2010a, p.5). Cette conception du travail comme aliénant plutôt que comme réalisateur sera reprise plus d’un siècle plus tard par des auteurs comme Georges Friedmann, David Riesman ou encore Herbert Marcuse. Se pliant à la morale ascétique de l’économie politique, le travailleur renie ses besoins humains pour ne plus satisfaire que des besoins animaux : manger, boire, procréer etc. Le capitaliste réduit l’existence du travailleur à des mouvements mécaniques qu’il rémunère. Il considère alors les besoins du travailleur comme étant réalisés et ose appeler cela une existence humaine. « Dans sa passion aveugle et démesurée, dans sa gloutonnerie de travail extra, le capital dépasse non seulement les limites morales mais encore la limite physiologique extrême de la journée de travail. Il usurpe le temps qu’exigent la croissance, le développement et l’entretien du corps en bonne santé. Il vole le temps qui devrait être employé à respirer l’air libre et à jouir de la lumière du soleil. » (Marx, Proposition de traduction : « Ainsi, dans son travail, il ne s’affirme pas mais se renie lui-même, il ne se sent pas accompli mais malheureux, il ne développe pas librement son énergie physique et mentale mais abime son corps et détruit son esprit. »
1867, in Lanfant, 1972, p.45). Il transforme le travailleur en être qui renie ses besoins pour mieux capitaliser son argent et s’aliéner : « Self-renunciation, the renunciation of life and of all human needs is the principal thesis [of political economy]. The less you eat, drink and buy books; the less you go to the theater, the dance hall, the public house; the less you think, love, theorize, sing, paint, fence, etc., the more you save […] your capital. The less you are, the less you express your own life, the greater is your alienated life. »1 (Marx, 1844, 2010a, p.10). Marx pose déjà là un des supports idéologiques importants des études sur le loisir : son importance pour le développement personnel des individus. Dans Le Capital, il ajoute à cette analyse les notions de règne de la nécessité et de règne de la liberté. Opposant l’un à l’autre, il conçoit la liberté comme systématiquement détachée du travail et des obligations sociales et nécessaire à l’épanouissement humain. Ceci requiert comme préalable, dit-il, la réduction de la journée de travail. (Marx, 1867, 2010b). Là encore, l’idée de la liberté, considérée comme intrinsèquement liée au loisir, sera reprise par les fondateurs du concept.
En 1883, Paul Lafargue, gendre de Karl Marx, publie « Le droit à la paresse ». Il exhorte les ouvriers français à revendiquer une meilleure répartition des tâches en diminuant la durée de leurs journées, pour laisser aux bourgeois oisifs de la place sur le marché du travail. Il montre en effet le décalage entre la valeur accordée au travail dans la société capitaliste et le comportement des bourgeois. Les classes ouvrières se sont approprié la valeur travail au point d’en réclamer : « Et dire que les fils des héros de la Terreur se sont laissés dégrader par la religion du travail au point d’accepter après 1848, comme une conquête révolutionnaire, la loi qui limitait à douze heures le travail dans les fabriques ; ils proclamaient, comme un principe révolutionnaire, le droit au travail. Honte au prolétariat français ! Des esclaves seuls eussent été capables d’une telle bassesse. » (Lafargue, 1883, p.11). Lafargue invite donc le prolétariat remettre en question la morale chrétienne et économique et à réclamer non plus le droit au travail mais un droit à la paresse. Avec beaucoup de cynisme, il décrit le désarroi dans lequel le zèle du prolétariat a laissé les bourgeois, condamnés à l’oisiveté, à l’improductivité et à la surconsommation : « Il y a un ou deux siècles de cela, le bourgeois était un homme rangé, de mœurs raisonnables et paisibles ; il se contentait de sa femme ou à peu près ; il ne buvait qu’à sa soif et ne mangeait qu’à sa faim. […] Aujourd’hui, il n’est de fils de parvenu qui ne se croie Proposition de traduction « La renonciation à soi-même, la renonciation à la vie et à tous les besoins humains est le principal principe de l’économie politique. Moins vous mangez, buvez ou achetez de livres ; moins vous allez au théâtre, au dancing, au « pub » ; moins vous pensez, aimez, théorisez, chantez, peignez, faites de l’escrime, etc., plus vous préservez […] votre capital. Moins vous êtes, moins vous vous épanouissez dans votre vie propre, meilleure est votre vie aliénée. »
Enfin, La théorie de la classe de loisir de Thomas Veblen, publiée en 1899, décrit les activités sportives, les pratiques de chasse, la consommation d’objets de luxe des bourgeois comme des façons de copier les aristocrates et d’obtenir un statut équivalent au leur. Ils se distinguent par l’inutilité et l’improductivité des activités auxquelles ils s’adonnent. Le sport, valorisé par cette élite bourgeoise, devient aussi une façon de mieux conquérir l’espace social, d’y montrer ses conquêtes et sa force physique. En tant qu’économiste, Veblen considère le loisir comme la consommation improductive de temps. Cette dépense superflue, dans une morale marquée par la valorisation de l’accumulation capitaliste, devient l’expression du prestige et de la supériorité. L’opposition entre productivité et improductivité marquera également les premiers travaux de sociologie du loisir.
Ses précurseurs abordent le loisir comme l’antithèse du travail. Pour les théoriciens qui considèrent ce dernier comme aliénant, le loisir ne peut être considéré que comme positif et émancipateur. Pour les autres, le loisir est traité sous l’angle de la critique de l’oisiveté des classes dirigeantes. Les premières approches du non-travail sont marquées par les luttes des classes ouvrières et bourgeoises et par la condamnation morale de l’oisiveté opposée à l’exploitation. Il ne pourra être question de loisir qu’avec la libération du temps libre et sa démocratisation. Le loisir devient finalement une question concernant toute la société, l’acquis d’une lutte des classes qui reste encore un marqueur social très important.
QUATRE CONCEPTIONS SCIENTIFIQUES DU LOISIR
Pour continuer d’aborder la définition scientifique de ce qu’est le loisir, nous aurions pu, comme l’a fait Marie-Françoise Lanfant (1972), présenter de façon chronologique l’histoire des différents courants américain, européen et soviétique de la sociologie du loisir. Nous avons plutôt choisi d’organiser notre présentation selon quatre conceptions du loisir, telles que les présente le collectif dirigé par Les Haywood dans Understanding leisure (1989). On y décrit successivement le loisir comme occupation du temps résiduel, comme l’ensemble des activités récréatives, comme l’exercice de la liberté individuelle, ou on le décrit à travers ces différentes fonctions. Ces conceptions ne sont pas exclusives les unes des autres et se retrouvent dans les différents travaux des sociologues du loisir.
Le temps libre
Cette première conception consiste à assimiler le loisir au temps libéré du travail. Depuis la création d’outils nationaux et internationaux, tels que le Bureau International du Travail1 créé en 1919, les données concernant le temps de travail sont facilement accessibles et permettent donc de quantifier le temps libre disponible, de le voir évoluer au cours du temps et d’étudier sa distribution dans différentes sociétés. De même, les études sur les budgets-temps permettent d’extraire du calcul du temps libre le temps consacré aux obligations familiales et aux moments de récupération (alimentation, sommeil, soin du corps etc.) pour quantifier le temps qui pourra effectivement être accordé à des activités de loisir (Haywood, Kew, Bramham, 1990).
L’association du loisir et du temps libre se retrouve dans l’ensemble des travaux en sociologie du loisir. Un des points communs de toutes les études est effectivement de le considérer comme une activité non rémunérée et donc pratiquée en dehors du temps de travail. Cette analyse est donc subordonnée à une analyse du travail. Une bonne part de la littérature revient donc sur la façon dont le temps s’est peu à peu libéré à travers des perspectives historiques, et présente dès lors le loisir comme un phénomène social actuel.
Le Bureau International du Travail (BIT) est le secrétariat permanent de l’Organisation Internationale du Travail, un organisme créé en 1919 avec le Traité de Versailles, qui établit des normes internationales et des programmes de promotion du travail décent. Le BIT comprend un centre de documentation et de recherche qui produit des données internationales sur le travail dans le monde.
Le temps hors-travail
Dans cette conception, on ne peut envisager l’analyse du loisir sans observer l’évolution du partage entre le temps accordé au travail et le temps laissé à disposition des individus. Jean Viard résume ainsi le processus qui a vu naître la possibilité du loisir : « Il a fallu délier temps et religion, lier temps et travail puis les délier, lier travail et études, délier travail et durée de la lumière du jour, construire la journée de huit heures puis la semaine de cinq jours, inventer les congés payés puis la retraite rémunérée » (Viard, 2015, p.16). C’est dans l’organisation du travail, née de la révolution industrielle et du salariat, que l’on va chercher les sources de la revendication du loisir : « [Un] temps de relative lenteur, souple, malléable, occupé par des activités souvent mal déterminées a été peu à peu remplacé par le temps calculé, prévu, ordonné, précipité de l’efficacité et de la productivité ; temps linéaire, temps strictement mesuré, qui peut être perdu, gaspillé, rattrapé, gagné. C’est lui qui a suscité la revendication de l’autonomie d’un temps pour soi. » (Corbin, 1995, p.10)
Le loisir ne se conçoit pas sans son antagoniste : le travail. C’est ce qui fait dire à Roger Sue (1993) que le loisir n’existait pas dans l’antiquité. La vie des esclaves n’était alors faite que de travail et de contraintes, celle des citoyens d’instruction et d’élévation culturelle. Le travail est conçu comme dégradant. Le temps des citoyens n’a pas besoin de s’en libérer, il s’en détache complètement. Sue reprend alors une citation de Joffre Dumazedier « Le loisir n’est pas l’oisiveté, il ne supprime pas le travail, il le suppose. Il correspond à une libération périodique du travail à la fin de la journée, de la semaine, de l’année ou de la vie de travail» (1974, p.25). Il insiste ainsi sur le travail comme étant lié au loisir et comme condition nécessaire pour en faire exister le concept.
Le loisir ne peut pas non plus se concevoir sous l’Ancien Régime. L’aristocratie, là encore, vit dans l’oisiveté. Les serfs, par contre, combinent bien des temps de travail et des temps hors travail, des temps dictés par les conditions climatiques (l’inactivité est subie en hiver) ou par l’alternance du jour et de la nuit. Ce temps libéré est cependant encore contraint par l’Église, qui les meuble de rites normalisés qui ne laissent pas la place aux choix individuels (Sue, 1993). La place importante de la religion conditionne l’usage du temps : « Si le temps appartient à Dieu, toute activité autre que la prière est détournement du bien d’autrui » (Viard, 2015, p.46). Les dimanches et les fêtes doivent être chômés pour mieux pouvoir se consacrer au culte. Au Moyen-Âge, le samedi est également chômé pour mieux pouvoir préparer le culte du lendemain. Ces temps ne sont pourtant pas du loisir. Les fêtes et les dimanches s’opposent effectivement au travail, Dumazedier (1974) les décrit comme des moments de négation de la vie quotidienne. Pourtant dit-il, le culte ne relève pas du loisir puisqu’il est encore encadré. Le loisir dès lors est un concept inadapté. On voit ici apparaître une seconde conception du loisir axée cette fois-ci sur la notion de liberté.
L’Ancien Régime voit déjà poindre la critique de l’oisiveté de l’aristocratie, portée par la pensée des Lumières qui valorise au contraire l’activité et le travail productif : « Depuis la fin du XVIIIème siècle, la disparition progressive des oisifs est annoncée » (Corbin, 1995, p.73) L’idéal révolutionnaire valorise effectivement le travail physique et le collectif ; il est laissé peu de place pour la vie privée (Sirost, 2007). La Révolution française sera l’occasion de laïciser le découpage des temps de travail et des temps de repos et de transformer les fêtes et le calendrier religieux pour les calquer sur les rythmes de la nature (Ozouf, 1988). L’industrialisation, le développement du salariat vont renforcer la place du travail productif et des valeurs qui y sont attachées. La séparation de l’État et de l’Église ne permet plus à cette dernière de légiférer sur l’organisation du temps des salariés, mais le temps hors travail est encore largement consacré au culte : « si la pensée religieuse ne fait plus corps avec l’organisation sociale, elle demeure cependant l’idéologie collective. [L’Église] a perdu la société civile, mais pas les civils de la société ». (Viard, 2015, p.49). Dumazedier présente l’arrivée de l’ère industrielle comme la condition première de l’émergence du loisir. Il faudra pourtant attendre d’importants progrès techniques et sociaux avant de le voir naître. Dans un premier temps, le travail est trop peu rémunérateur pour que l’on puisse souhaiter une réduction du temps qu’on y consacre. Ces revendications n’émergeront qu’avec la mécanisation et la hausse de la productivité (Dumazedier, 1962). Au XIXème siècle, l’exode rural fournit la main d’œuvre nécessaire au développement des manufactures dans les villes. Alors que le travail rural à domicile se distinguait difficilement de la vie familiale, on passe, avec le salariat, d’un travail considéré comme une tâche à accomplir, un travail considéré comme le temps qu’on y occupe. La séparation entre les sphères professionnelle et domestique s’établit (Corbin, 1995). Le travail paysan rythmé par le climat et l’alternance des jours et des nuits est abandonné par les ouvriers au profit d’un travail d’usine qui ne laisse de libre que le temps de reconstituer sa force de travail (Sue, 1993). Les premières lois régissant la durée du travail limitent l’activité des enfants de moins de 12 ans à 8 h par jour et celui des 12-16 ans à 12 h par jour en 1841. Ce n’est qu’après 1884 et la liberté de constitution des syndicats que l’on verra la journée de travail limitée à 10 heures par jour, en 1900.
Les fonctions du loisir
Le loisir peut être abordé en termes de fonctions. Une des définitions les plus communément admises est d’ailleurs celle proposée par Joffre Dumazedier sous la forme des trois D : « Délassement », « Divertissement », « Développement de la personnalité » (1962). Cette approche cherche à aborder le contenu et les conséquences sociales du loisir. Elle tente de le définir à travers ses effets sur les individus et sur la société. Dès lors, elle permet aussi d’organiser l’offre publique de loisir et d’observer sa dimension politique (Haywood, Kew, Bramham, 1990).
C’est en premier lieu la fonction de repos que l’on attribue au loisir. Les temps poreux des travaux ruraux qui peuvent s’adapter aux rythmes biologiques sont abandonnés au profit d’un temps de travail fixé au sein des usines urbaines. Le temps hors travail est donc d’abord pensé comme le temps qui doit être consacré à la satisfaction des besoins physiologiques (Marx, 2010a). Le besoin de repos est rapidement compris comme nécessaire pour maintenir la productivité des travailleurs. Au repos quotidien s’ajoute le besoin d’un repos hebdomadaire, présenté à la fin du XIXème siècle comme un moyen d’accroitre la productivité, et donc la prospérité et la puissance de la nation. Alain Corbin (1995) expose d’ailleurs les arguments du médecin Haegler, en 1889, en faveur du dimanche chômé : « Il est un autre repos destiné, celui-là, au rétablissement de « l’élasticité du corps et de l’esprit » ; c’est celui du dimanche. Interrompre le travail un jour sur sept correspond à une « loi naturelle » ; c’est bien ce qui, en France, a entrainé l’échec du décadi. Les chevaux de fiacre, eux-mêmes, demeurent à l’écurie un jour, chaque semaine » (1995, p.385). En plus de ces considérations d’ordre physiologique et psychologique, les précurseurs de la sociologie du loisir avaient identifié des fonctions sociales du loisir. Pour Veblen, il est un outil de distinction. Pour Marx, il devrait être un moyen de s’épanouir personnellement au-delà de la simple condition animale humaine. Rapidement cependant, le loisir va devenir un outil de contrôle social.
Le loisir comme outil de contrôle social
L’urbanisation et la séparation du temps de travail des autres temps sociaux se sont accompagnées d’une critique de l’oisiveté des classes populaires et de craintes concernant leurs mœurs. L’Angleterre a été la première nation à vivre la révolution industrielle mais aussi à connaître le développement des loisirs. John Fitz Gerald, dès 1856, revendique une meilleure répartition du temps des travailleurs, laissant plus de place au loisir, et surtout à l’éducation :
Our notion of time properly divided is this : part for the bodily exercice ; part for reading, or acquiring mental improvement ; part for absolute rest, including by that term the time given to meals, and the quiet enjoyment of the family circle ; time when the man is not in any way at work. And we affirm, that if the poor labourer is so long at his daily employment, that he has no longer time for his mental improvement […].» (Fitz Gerald, 1856, p.7)1.
Pour contribuer à l’organisation de ce temps « proprement réparti », les premières mesures publiques concernant le loisir répondront aux besoins éducatifs en s’adressant surtout aux plus jeunes. En 1870, les Sunday Schools proposent un programme éducatif accessible aux enfants sur leur dimanche chômé. Suivra tout un courant hygiéniste tentant de favoriser la moralité des milieux populaires, en orientant l’occupation des temps libres vers la fréquentation de parcs et autres espaces verts agencés en ville, pour favoriser l’accès au plein air et à l’exercice physique. Edwin Chadwick, réformateur anglais et hygiéniste, écrit en 1842 : « Beaucoup de perversité pourrait, je crois, être évitée par le cricket ou le football » (Corbin, 1995, p.11). Le loisir et l’oisiveté sont tolérés comme un mal nécessaire, qu’il faut pouvoir orienter et contrôler de façon à le rendre bénéfique. la même époque, en France, les ouvriers occupent leur peu de temps libre de façon joviale. Conservant les traditions du monde rural, ils continuent de remplir leurs jours chômés de festivités : banquets, jeux collectifs, mais aussi jardinage ou bricolage (Sirost, 2007). Le développement de certains jeux physiques, comme la balle au pied, pratiqués sur leur temps libre par les ouvriers, vient à inquiéter les entrepreneurs qui tiennent à ce que les travailleurs préservent leur force de travail pour servir la rentabilité des chaines de production. Il s’agit de ne pas dépenser inutilement ce produit précieux qu’est la force physique des ouvriers : « De fait, les industriels voient d’un mauvais œil les jeux de dépense physique et l’essor des sports modernes car l’ouvrier dépense gratuitement et inutilement ses forces sans contrepartie. »
(Sirost, 2007, p.269). En France, de la même façon qu’en Angleterre, on distingue dès lors le bon et le mauvais loisir, ce dernier étant incompatible avec la mission principale de l’ouvrier qui est de fournir sa force de travail, et toute sa force de travail, au service des industriels.
Le scientifique, l’amateur, le citoyen et le militant
La science naturaliste s’est construite en s’appuyant en grande partie sur les amateurs qui ont joué le rôle de collecteurs, que Linné appelait de ses vœux, pour mieux fournir de la donnée. Le travail d’inventaire est effectivement difficilement envisageable sans la participation d’un grand nombre de personnes. Les amateurs naturalistes sont nombreux dès le XVIIIème siècle au cours duquel la botanique fait des émules dans le grand public. Les scientifiques s’entourent déjà d’amateurs pour faciliter leur travail : « les campagnes d’observation sur le terrain font partie des pratiques de sociabilité des cercles académiques, et obéissent à des règles sociales normalisées » (Pépy, 2015, p.37). Il est alors difficile de distinguer les amateurs des professionnels, des catégories qui ne tiennent d’ailleurs pas vraiment l’époque en botanique, où l’on devrait plutôt distinguer trois types de naturalistes : les botanistes professionnels dont l’activité est rémunérée (grandes institutions scientifiques, mécénat royal ou aristocratique), les médecins naturalistes et les amateurs. Les professionnels cherchent à se distinguer des amateurs principalement par la publication d’articles scientifiques. Toutefois, là encore, la démarcation avec les amateurs n’est pas nette dans la mesure où l’on compte aussi des amateurs éclairés. Emilie-Anne Pépy les décrit ainsi :
Amatrices et amateurs éclairés partagent avec les savants un horizon culturel, des codes de sociabilité et une culture matérielle spécifiques. Ils constituent les forces vives des académies provinciales ou des sociétés savantes, possèdent souvent une bibliothèque et des collections naturalistes, pratiquent des herborisations. On les retrouve à la périphérie des réseaux de correspondances des savants ; certains ont une activité de publication, qui va du mémoire académique à l’ouvrage de vulgarisation. Les amateurs sont également actifs au niveau de la collecte d’échantillons. » (Pépy 2015 p.38).
Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, l’observation de la nature est valorisée dans l’enseignement comme une source importante d’apprentissage. Le naturalisme, et notamment la botanique, est promu au rang de loisir particulièrement moral et convenable pour la jeunesse. Au XIXème siècle, les sociétés savantes se remplissent de nouveaux émules naturalistes. La Société des Amis des Sciences Naturelles du Muséum de Rouen (SASNMR), encore en activité aujourd’hui, a ainsi été fondée en 1865. Le rôle des amateurs est encore loin d’être officiel et totalement reconnu dans le domaine des sciences naturelles. Malgré leur incontestable contribution à l’inventaire des espèces au fil des siècles, la place des amateurs a toujours été questionnée. La construction d’un champ disciplinaire scientifique solide a nécessairement contraint les scientifiques à se dissocier au moins en partie des amateurs, pour pouvoir revendiquer des compétences spécifiques et asseoir leur légitimité académique. Au XVIIIème les professionnels cherchent à se distinguer des amateurs éclairés par la publication. À partir de la fin du XXème siècle, les scientifiques professionnels prennent en considération les caractères moléculaires et biochimiques des espèces à classer et non plus seulement leurs caractères morphologiques. Une nouvelle distance s’installe avec les amateurs qui ne disposent pas des moyens pour participer à ce type d’études (Drouin, 2011). Cette distance est encore régulièrement la source de tensions lors des collaborations, par ailleurs fréquentes, entre naturalistes amateurs et professionnels. Dans le cadre de la protection de la nature, les inventaires naturalistes sont en effet une source d’informations précieuse et l’occasion de collaborations entre les sociétés savantes et les professionnels, mais aussi entre les professionnels et des collecteurs citoyens dans les récents dispositifs de sciences participatives. Nous reviendrons sur ces différentes collaborations avant de présenter un dernier type de naturaliste plus récent, le naturaliste militant.
Le professionnel et l’amateur
Les associations naturalistes sont parmi les principaux pourvoyeurs d’informations sur l’environnement local, des informations particulièrement précieuses pour la protection de la nature. Les associations naturalistes se caractérisent par leur intérêt pour la production de connaissances, une légitimité en matière d’expertise, et leur capacité à mobiliser des réseaux de bénévoles (Alphandéry, Fortier, 2011). Parmi les bénévoles adhérents de ces associations, on retrouve des degrés d’expertise et d’implication dans l’activité de loisir allant de l’amateur du dimanche à l’amateur chevronné : autrement dit d’une pratique de casual leisure à une pratique de loisir sérieux. Alphandéry et Fortier (2011) font les mêmes constats que Gary Alan Fine (2015) en observant les associations de mycologie : les occasions de sociabilité, le partage d’une passion commune pour les sorties en plein air, l’acquisition de connaissances et les projets menés en commun fondent la dynamique de ces groupes. Par ailleurs, les amateurs partagent souvent un besoin de reconnaissance encore trop souvent frustré alors que « sans le travail des bénévoles qui ne comptent ni leur temps, ni leur argent, les listes d’espèces fongiques régionales ne pourraient voir le jour » (Alphandéry, Fortier, 2011, p.25). Ce manque de reconnaissance prend corps autour du statut de la donnée produite et des conditions selon lesquelles elle est confiée à l’analyse des scientifiques professionnels. Une observation naturaliste doit a minima préciser le nom de l’espèce, la date, le lieu de l’observation et le nom de l’observateur (Arpin, Charvolin, Fortier, 2015). Les données ainsi recueillies sont suffisamment standardisées pour permettre leur inclusion dans des bases de données qui seront analysées par les scientifiques universitaires et les gestionnaires d’espaces naturels. Les amateurs sont attachés à ces données produites au cours de leurs sorties de terrain. Elles ne sont pas seulement une donnée scientifique, elles sont aussi le reflet de leur compétence à observer la nature, le souvenir d’une sortie entre amis ou en famille, la capture d’une découverte exceptionnelle, et une performance. Même si leur nom est associé à l’observation, il est toujours frustrant de céder une donnée sans en garder la trace. Pour valoriser le rôle primordial des amateurs dans la production de ces informations, certaines associations parlent même de les vendre aux professionnels plutôt que de les céder gratuitement (Rémy, 1995). C’est pour rassurer les amateurs et reconnaître leur propriété sur ces données qu’il peut être utile de mettre en place des règlements intérieurs sur certaines collaborations. C’est le choix qui avait été fait lors de l’élaboration d’un atlas des reptiles et des amphibiens dans les années 1980, un projet observé par Elisabeth Rémy (1995). Le processus de rationalisation des données naturalistes dans le cadre de la protection de l’environnement tend également à minorer le rôle des naturalistes amateurs et à casser le lien entre les producteurs des données et leur analyse. En effet, depuis les années 1970 et la mise en place de la protection de la nature, la conception de la science et des services qu’elle doit rendre actions de gestion menées par des professionnels. Pour cela, les méthodes de recueil, de traitement et de mutualisation des données sont de plus en plus technicisées. D’autres acteurs que les associations naturalistes sont aussi sollicités, et notamment un public de citoyens sans expertise scientifique. La mise en place d’un Système d’Information sur la Nature et les Paysages (SINP), sous la direction du ministère de l’Environnement, vient encore intensifier la standardisation des données puisque, pour établir une base de données nationale à partir des études régionales, le SINP prévoit la diffusion d’outils et de normes standardisés au niveau régional et national. Une des volontés derrière la mise en place de ce système est de garantir un fondement scientifique aux données des naturalistes amateurs. Le doute pèse donc toujours sur leur sérieux. Les associations naturalistes se sont pourtant professionnalisées au cours des années 1990, notamment pour gagner en légitimité. Certaines fonctionnent désormais grâce à une équipe de salariés permanents qualifiés, d’autres s’appuient toujours sur des bénévoles mais confient leur gestion à des professionnels, d’autres encore proposent les services de certains de leurs membres experts à des bureaux d’études… Cette professionnalisation ne permet pourtant pas de revaloriser le statut de l’amateur bénévole et de son travail. Elle donne une légitimité à l’association mais l’amateur naturaliste est de plus en plus souvent relégué au simple statut de main d’œuvre (Alphandéry, Fortier 2011). La professionnalisation donne l’opportunité à des passionnés de vivre du naturalisme associatif. Ils entrent potentiellement dans la catégorie des devotee workers, se distinguant des amateurs non par leur passion partagée mais par leur qualification et la reconnaissance financière de leur travail et de leur expertise. La loi de 1976 sur la protection de la nature avait confié aux associations naturalistes des missions de service public telles que la défense du patrimoine naturel mais « à travers la tendance qui consiste à faire des associations des prestataires de services et à les cantonner dans un rôle d’expertise, le ministère ne semble plus attendre d’elles qu’elles soient porteuses d’une capacité d’initiative politique » (Alphandéry, Fortier, 2011, p.29). Comble de l’ironie, alors que les amateurs chevronnés sont peu à peu mis à distance des initiatives politiques, d’autres programmes tentent de recruter des observateurs néophytes en valorisant leur action comme un acte citoyen.
Promenade le long de l’estuaire, découverte d’un territoire vécu
L’itinérance proposée ici s’appuie sur les travaux de nos prédécesseurs (Dégremont, Lévêque, 2012 ; Armani et al, 2015 ; Sirost et al, 2012) ainsi que sur nos propres observations. Nous y mettons en avant les éléments nécessaires à la compréhension de notre travail : les pratiques de prédation, mais aussi certains enjeux localisés dans l’estuaire et les aspects paysagers et environnementaux qui animent les discussions des gestionnaires et des associations de protection de la nature.
C’est à Poses que le barrage, construit par Gustave Eiffel entre 1862 et 1886, bloque l’effet de la marée et marque la limite amont de l’estuaire de la Seine. Une écluse et une passe poisson permettent aux péniches comme à la faune aquatique de poursuivre leur route vers Paris. Le barrage est surmonté d’une promenade accessible aux visiteurs, et permet de relier les deux berges qui représentent deux facettes de l’estuaire. Sur la rive droite s’élève la côte des Deux-Amants. Une légende locale raconte que sur ce coteau calcaire, un jeune prétendant tenta d’obtenir la main de sa belle en la portant jusqu’au sommet pour finalement y mourir d’épuisement. Le site est protégé et géré par le conservatoire des espaces naturels qui y entretient coûte que coûte les quelques spots de violette de Rouen qui s’y trouvent. Cette fleur est endémique de la région et tend aujourd’hui à disparaître. Elle ne pousse que sur les éboulis calcaires et sa préservation nécessite parfois d’en recréer artificiellement. Le site est l’objet de toutes les attentions et l’on cherche avant tout à en préserver la naturalité en évitant les passages trop fréquents des pratiquants de loisirs de plein air qui risqueraient de déranger la faune et la flore. De l’autre côté de l’eau par contre, le tourisme bat son plein. D’anciennes carrières d’extraction de sable ont été transformées dans les années 1970 pour devenir des bases de loisir balnéaires. À partir de 1965 en effet, les logiques d’urbanisme prévoient dans l’aménagement du territoire la mise en place de bases de plein air et de loisir (BPAL) pour satisfaire les besoins des populations urbaines (Sirost et al, 2012). L’utilité sociale vient servir l’utilité environnementale puisque ce sera l’occasion pour les carriers de réaménager leurs exploitations, mises en eau et naturalisées. Les lacs de Poses proposent aujourd’hui de nombreux loisirs (baignade, ski nautique, pédalos, etc.). C’est un lieu apprécié des pêcheurs et des plaisanciers. Les naturalistes, en revanche, préfèrent aller observer les nombreux cormorans de la réserve ornithologique de la Grande Noé toute proche. Ceux-ci regardent parfois avec condescendance ceux qui préfèrent à l’observation de la faune caractéristique de l’estuaire la serre tropicale Biotropica installée auprès des plages artificielles, du camping et du golf.
Le barrage de Martot
Le barrage de Martot est situé sur l’Eure, qui rejoint la Seine un peu plus en aval. Terminé en 1864, il fut en partie supprimé entre 1938 et 1943, ce qui n’a pas été sans conséquence. La suppression a fait baisser le niveau d’eau du fleuve (Dégremont, Lévêque, 2012). Ces évènements reviennent aujourd’hui sur le devant de la scène alors que les pêcheurs, qui fréquentent beaucoup Image 6 – Barrage de Martot, © M. C. Bellenger l’amont du barrage, s’inquiètent des projets d’effacement de l’ouvrage. En effet, dans le cadre de leur programme de continuité écologique, les gestionnaires de cette rivière envisagent sérieusement la destruction du barrage pour permettre une circulation plus fluide de la faune aquatique. Pour les pêcheurs de l’AAPPMA locale, cette destruction causera une baisse significative du niveau d’eau dans l’Eure, et la disparition de ce site de pratique très prisé. La pêche est effectivement un loisir important dans l’estuaire de la Seine. Le fleuve en lui-même pâtit d’une mauvaise image. Il a eu la réputation d’être un égout à ciel ouvert et même si les poissons retrouvés le ventre en l’air, tués par la pollution, sont maintenant bien loin, les souvenirs sont toujours là. La Seine subit encore une interdiction de prélèvement du poisson à cause de la pollution aux PCB. Dans l’estuaire, la pêche de loisir en Seine reste rare. Contrainte par les marées, par la qualité de l’eau, par le trafic fluvial et des chemins de halage souvent peu accessibles, on lui préfère la pêche sur les affluents, comme à Martot, ou sur les étangs.
Elbeuf
Cette petite ville au passé industriel appuie aujourd’hui son économie sur la zone commerciale de Tourville-la-Rivière et sur l’usine Renault de Cléon toutes proches. Là encore, l’eau est un support de loisir important. Un bras mort de la Seine, et un peu plus loin l’étang de Bédane sont des sites de pêche et d’activités nautiques proposées aux enfants des écoles de la ville. Mais Elbeuf s’illustre aussi par le dynamisme de son muséum d’histoire naturelle. Récemment rénové par la Métropole Rouen Normandie, il a pris le nom de « Fabrique des Savoirs » et a rouvert ses portes en 2010 dans les anciens bâtiments des usines textiles qui ont fait vivre la ville. La muséographie fait d’ailleurs la part belle à cette histoire industrielle, mais met aussi en valeur un patrimoine bien plus ancien, avec en 2014 une exposition sur « La Seine au temps des mammouths ». Le muséum est en lien avec la ville et organise des animations pour les jeunes publics en partenariat avec les écoles et la Maison des Jeunes et de la Culture. Il est, depuis sa création, en partenariat avec une petite société savante, la Société d’Étude des Sciences Naturelles d’Elbeuf (SESNE), à l’image du partenariat entre le muséum de Rouen et la SASNMR. Les présidents successifs de la société savante ont quasiment tous occupé en même temps le rôle de conservateur du muséum. C’est encore le cas aujourd’hui.
Rouen
La ville de Rouen est le chef-lieu du département de Seine-Maritime et jusqu’à la réunification des régions Haute et Basse Normandie, elle était la capitale régionale. Rouen a la particularité d’être la seule ville de l’estuaire à être traversée par la Seine. Le fleuve y est une barrière entre une rive droite au cœur historique touristique et une rive gauche plus moderne. Occasionnellement cependant, le fleuve devient le centre de la ville à l’occasion de grandes manifestations. La plus impressionnante d’entre elles reste l’Armada de Rouen pendant laquelle les quais accueillent des voiliers du monde entier. Chaque année, le fleuve devient le stade des 24 heures motonautiques, une course de bateaux lancés à grande vitesse autour de l’Île Lacroix. Enfin, la foire Saint-Romain s’installe chaque année, à la fin du mois d’octobre, au bord de l’eau. Depuis quelques années, la ville a fait de gros travaux de réaménagement de ses quais. Les parkings ont laissé la place à des espaces verts qui s’étalent jusqu’aux bassins du port de Rouen et ses anciens docks ont été réhabilités en restaurants, bars et autres lieux de loisirs. Le port réintègre ainsi peu à peu la ville. L’esplanade Saint Gervais, située entre deux bassins du port accueille depuis quelques années des concerts gratuits pendant l’été, et depuis 2016, la foire Saint-Romain. La Seine reprend ainsi de la valeur aux yeux des Rouennais au gré des politiques volontaristes de la Métropole Rouen Normandie, qui cherchent faire de ces quais un nouveau poumon vert dans une ville où ces espaces sont par ailleurs assez rares.
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Table des matières
Introduction
CADRE THÉORIQUE
Chapitre 1 – Définir le loisir
1. Le terme de « loisir »
2. La construction scientifique du loisir : les précurseurs
3. Quatre conceptions scientifiques du loisir
3.1. Le temps libre
3.2. Les activités
3.3. Les fonctions du loisir
3.4. La liberté
3.5. Quelques leçons à tirer
4. The serious leisure perspective
4.1. Les loisirs sérieux
4.2. Catégoriser les loisirs sérieux
4.3. Repenser l’opposition entre travail et loisir
4.4. Le bénévolat comme loisir
Chapitre 2 : Du loisir au jardinage planétaire
Le Loisir et l’espace
1. Le loisir : moteur de la préservation de la nature
1.1. Le plein air et le paysage
1.2. Le naturaliste, le chasseur et l’animal
2. De la préservation du terrain de jeu à la protection de la nature
2.1. La protection de la nature
2.2. La professionnalisation du militant
Chasseurs, pêcheurs, cueilleurs et naturalistes : des jardiniers contrariés
3. La chasse
3.1. Quelques données générales
3.2. Chasse loisir ou gestion bénévole
3.3. Justifier la violence
4. La pêche
4.1. Quelques données générales
4.2. Pêcheurs plaisanciers, amateurs, gestionnaires
4.3. Pêche vivrière ou sportive
4.4. La violence
5. La cueillette
5.1. La cueillette en France
5.2. Cueillette loisir ou travail
5.3. Un mode d’appropriation du territoire
6. Le naturalisme
6.1. Définir le naturalisme
6.2. Le naturalisme, une histoire de science et de passion
6.3. Le scientifique, l’amateur, le citoyen et le militant
QUESTION DE RECHERCHE
MÉTHODOLOGIE
Chapitre 3 : Un estuaire en mosaïque
1. Définir l’estuaire
1.1. Promenade le long de l’estuaire, découverte d’un territoire vécu
1.2. Zonage administratif de l’estuaire de la Seine
2. L’observation participante
2.1. Modes de participation
2.2. Les Fêtes de la Nature
2.3. Les apports d’une approche par l’observation participante
3. Le questionnaire
3.1. Échantillonnage
3.2. Méthode de passation
3.3. Analyse de l’échantillon
3.4. Conception du questionnaire
3.5. Méthode d’analyse du questionnaire
4. L’entretien
4.1. Modalités d’entretiens
4.2. Échantillonnage
4.3. Méthode d’analyse et de restitution des entretiens
RÉSULTATS
Chapitre 4 : Le loisir sérieux au service de la nature
1. À la rencontre des chasseurs, pêcheurs, cueilleurs et naturalistes de l’estuaire
1.1. Qui êtes-vous ?
1.2. Chasses et chasseurs de l’estuaire
1.3. Pêches de l’estuaire
1.4. Cueillettes de l’estuaire
1.5. Naturalismes de l’estuaire
2. De la païdia au sérieux
2.1. De la païdia au ludus
2.2. Du ludus à la passion
2.3. De la passion au sérieux
Chapitre 5 : Loisir, ordre moral et passeur Nature et ordre moral
1. La noblesse du prédateur
1.1. La prédation, structure et plaisirs
1.2. La « nature vraie » des prédateurs
1.3. Le prédateur et l’Autre
2. Professionnels, usagers et amateurs
2.1. Canaliser l’usager hédoniste
2.2. Le professionnel et le prédateur jardinier
2.3. La donnée scientifique
2.4. Des ponts entre professionnels et usagers
3. Anthropocentrisme et écocentrisme
3.1. Le bon, le vrai et le viandard
3.2. L’échelle des attitudes vis-à-vis de la nature
Le loisir, le travail et le passeur
4. Trois figures de passeurs
4.1. Le prédateur bénévole
4.2. Le professionnel
4.3. Le travailleur passionné
4.4. Le cumul des légitimités
5. Le loisir comme support de passation
5.1. Une activité passionnelle à partager
5.2. Usage utilitaire du loisir
5.3. Créer des liens
5.4. Mettre en cohérence le jardinage de l’estuaire
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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