La concentration urbaine
La région de Dakar connait une très forte croissance urbaine avec un taux d’urbanisation de 88,4% en 1976 qui est passé à 97,2% en 2007 (recensement général de la population et de l’habitat, RGPH 2007). Le département de Dakar, qui a 41,0% de la population urbaine régionale est le plus peuplé, suivi du département de Pikine avec 36,6% de la population urbaine régionale. La croissance urbaine est alimentée essentiellement par une population aussi bien urbaine que rurale s’activant principalement dans le commerce informel. La longue sécheresse de 1976 à 1988 est sans doute l’une des causes significatives des mouvements de la population rurale vers les villes du Sénégal notamment vers Dakar. Les difficultés liés a l’agriculture qui est la principale activité qu’on rencontre à la campagne font que les populations rurales surtout les jeunes se voient contraints d’immigrer à la recherche de travail et de meilleures conditions de vie. Ce phénomène n’est pas prêt de s’estomper si de vraies politiques de décentralisation de déconcentration et d’aménagement du territoire ne sont pas mis en place pour répondre aux problèmes qui menacent depuis fort longtemps la ville de Dakar et surtout sa banlieue. Le dynamisme urbain résulte de deux facteurs principaux à savoir la croissance naturelle et l’immigration. La question de l’aménagement urbain se pose avec acuité dans les grandes villes comme Dakar.
Les marchés ruraux périodiques
Les marchés hebdomadaires ne sont pas une tradition urbaine mais un phénomène qui a vu le jour en milieu rural. En effet le louma était le lieu d’échange et de rencontre des populations rurales, il accueillait à son sein vendeurs et acheteurs venus des villages environnants du lieu ou est localisé le louma et même des centres urbains des alentours. Il constituait ainsi le lieu d’échange dans les relations ville campagne. L’initiative de création de louma en zone rurale répondait principalement au souci d’avoir un lieu d’échange, d’écoulement des produits agricoles d’une part, et la nécessitée de trouver des recettes pour la caisse de la communauté rurale. Le « louma » rural constituait un lieu d’attraction pour l’ensemble des activités économiques comme le disait Ousmane Ba, 20004 « toutes les activités économiques à l’exception de l’agriculture se font dans et autour du louma ». Le citadin qui fréquente le louma rural est intéressé par les produits agricoles qui proviennent des zones rurales et généralement par les produits de l’élevage (moutons, chèvres, bœufs) surtout pendant les cérémonies familiales, tandis que les ruraux sont attirés par les produits manufacturés provenant des grands centres urbains. Il s’agit généralement de denrées alimentaires de consommation courante comme le pain, l’huile, le sucre… Le louma rural est un lieu d’échange pour les produits agricoles, les produits manufacturés et autres. Chaque produit est disponible dans le louma à une période précise de l’année surtout pour les produits agricoles si bien qu’il ya généralement une succession. Les produits agricoles écoulés dans le louma sont nombreux et variés. On a l’arachide, les céréales et les fruits et légumes. Les céréales constituent sans doute le produit le plus important que les ruraux écoulent sur le marché. Il s’agit essentiellement du mil qui procure plus d’argent pendant la saison des pluies. Pour les fruits les produits varient selon le milieu et la période de l’année. Pour les légumes on peut citer l’aubergine, le manioc, la tomate, le choux, le gombo… et là aussi cela dépend des spéculations de la zone. Les produits forestiers et les produits halieutiques ne sont pas en reste. Pour les produite de l’élevage, il s’agit essentiellement du bétail, de la viande, de la volaille et du lait. Ainsi les « loumas » demeurent les nœuds vers lesquels convergent les flux d’échanges, ils drainent ainsi des foules nombreuses constituées de marchands, d’acheteurs, de tourisme et même de malfaiteurs » comme le dit Ousmane Ba dans son ouvrage ou il montre aussi l’importance des «loumas» surtout pendant les grandes fêtes musulmanes à l’occasion desquelles des séances spéciales sont organisées en vendant essentiellement des produits destinés à l’alimentation (condiments surtout) et des vêtements, pour répondre aux besoins des populations rurales. Le louma constitue un élément clé dans le développement des échanges en milieu rural et au dynamisme des ruraux dans leurs activités quasi singulières tournant autour de l’agriculture. Le louma rural est un fait très ancien comme le montre Nguyen VanChi-Bonnardel,6 1978, dans son ouvrage ou l’auteur affirme que « la plupart des marchés hebdomadaires du Sénégal ont vu le jour depuis moins de dix ans. Les marchés les plus anciens sont l’exception. Parmi eux, le «Marbat » de Louga, marché au bétail né au contact des agriculteurs du Cayor et des éleveurs du Sahel. Le marché de Keur Samba Kane, celui de Touba Toul ne sont pas antérieurs au 19 siècle et sans doute à l’occupation coloniale. De plus anciens marchés, toutefois sont signalés dans la période précoloniale. Au milieu du 15 siècle, Ca da Mosco visite un marché et « foyré » qui a lieu le lundi et le vendredi au « royaume de Sénéga ». Il signale, mais sans précision, l’existence d’autres marchés sénégalais. Les échanges se faisaient par troque. Au milieu du 18 siècle, dans sa « description de l’Afrique », l’auteur néerlandais Olfried Dapper signale l’existence de trois marchés périodiques au Sénégal, dans le Sine qui correspondrait à l’actuel marché rural hebdomadaire de Diouroup ; Kamino, « à une lieue de Refrisko » sans doute l’actuel Bargny et Iamesil, non loin de Lambaye, ancienne capitale du Baol. Un seul, celui de Diouroup, a donc survécu jusqu’à nos jours. Les autres avaient disparu dès avant la conquête coloniale après une assez longue existence » : Bornnadel, La vie des relations au Sénégal, 1978.
Le désencombrement
L’espace urbain dakarois s’est très tôt doté de marchés formels qui résultent souvent de la formation de nouveaux quartiers. Les marchés de Kermel et Sandaga sont les plus anciens marchés de Dakar et datent de la période coloniale. Le marché Kermel fut crée en 1908 et Sandaga en 1933. A la suite de leurs créations, d’autres vont s’en suivre au fur et à mesure que la ville s’agrandisse. Après, c’est au tour de la banlieue de doter leur population de structures commerciales. Seck, Ibrahima11 nous donne des détails sur les grands marchés de la grande banlieue qui comme ceux du centre ville vont rapidement connaitre progression et débordement. La ville de Pikine, fondée en 1952 pour accueillir l’excédent d’immigrants ruraux que le centre ville ne pouvait plus contenir, se dote très tôt d’équipements sociaux et commerciaux. Le premier marché créé date de 1952, il s’agit du marché Savanel qui sera vite suivi de quatre autres marchés à savoir : le marché Zing créé à la fin de la même année (1952), le marché de Baye Laye en 1954, celui de Wakhinane et Kermel en 1957. En 1961, les marchés de Sham et Diarème sont créés ; Diamaguène (1961-1962) et Yeumbeul (1967) fondent leur marché. En 1970 c’est autour de Thiaroye de fonder son marché. Dans les années 1980, l’urbanisation sans cesse continue entraine la densification de Yeumbeul et ses alentours. Des marchés se créent spontanément avec la création des quartiers. Les stuctures commerciales constituent l’une des préoccupations premières pour la satisfaction des besoins en consommation des populations, l’installation des marchés complète la constitution de l’établissement humain. Ainsi furent créés Hafia Yeumbeul et Benn Barrack respectivement en 1984 et 1987. Les marchés officiels ou structurés, on en compte par dizaines surtout dans la banlieue qui abrite l’essentielle de la population dakaroise. Actuellement chaque localité du territoire est dotée d’un voir plusieurs marchés en vue de rapprocher les populations de leur lieu d’approvisionnement. Cependant il faut noter que les marchés les plus fréquentés dans la région de Dakar sont les marchés de Sandaga en pleine centre ville, celui de Thilène, et de HLM 5 ; de Thiaroye Gare, de Zing et de Syndica, dans la banlieue dakaroise. Tous ces grands marchés ont rapidement débordés de leur cadre initial entrainant la naissance de petits espaces commerciaux dits espaces non structurés fondés dans l’anarchie échappant au contrôle des autorités étatiques. Ces espaces ne figurent sur aucun plan d’aménagement et font souvent l’objet de déguerpissement par les municipalités qui tentent sans grands résultats de restructurer l’espace urbain surtout l’espace commerciale. Dès leur naissance, les marchés permanents de la ville de Dakar connaissent une croissance rapide qui entraine très vite leur débordement. Cette situation prend son élan dans la croissance accélérée des nouveaux quartiers que les marchés approvisionnent. Cette excroissance des quartiers de la ville de Dakar est due à l’arrivée sans précédant des nouveaux migrants. Ainsi la demande en approvisionnements est de plus en plus importante et le chômage de ces derniers conduit à l’exercice du métier de commerce. Les activités commerciales se manifestent principalement dans le marché par l’occupation anarchique des abords et par le débordement et se localisent le plus souvent hors du cadre réglementé par les autorités. De nos jours, tous les marchés classiques de Dakar sont confrontés aux problèmes de d’excroissance et de débordement de leur site initial. Au grand mécontentement des populations riveraines, des automobilistes ou des piétons, le problème est toujours présent, malgré les nombreux mouvements de déguerpissements menés par les autorités municipales. Les marchés semblent constitués des lieux de prédilections pour les nouveaux migrants qui y tirent leurs revenus sans de gros investissements ni formation spéciale. Pour désencombrer les alentours de ces marchés classiques, les marchands sont recasés dans les marchés hebdomadaires pour résoudre le problème du débordement.
Les problèmes de localisation et de fixation des « loumas » urbains
Ils font souvent objet de suspension, de déguerpissement, de délocalisation comme l’attestent les nombreux déplacements souvent dans le même périmètre communale ou ailleurs dans un autre territoire. Ce fut le cas du louma de Gueule Tapée qui s’est arrêté de 1994 pour reprendre en 1997. Actuellement, le louma des Parcelles Assainies qui fait l’un des marchés que nous avons ciblé dans notre étude, est arrêté depuis le 02 septembre 2009 après trois années d’existence. Le « louma » du mardi à Rufisque a eut un problème de localisation fixe, initialement implanté le long du Grand Canal, il se retrouve aujourd’hui à Arafat 2. C’est toujours le cas du louma de jeudi à Guédiawaye, on le trouvait d’abord à Fith Mith, puis à Sam et actuellement à la Corniche. On assiste même à des suppressions pures et simples des « loumas » comme ce fut le cas du marché de la Grande Mosquée. Les causes de ce problème de situation des « loumas » de Dakar sont dues à la précarité de l’assiette foncière ou ils sont implantés, ils ne figurent pas sur les plans d’aménagement. Pour des raisons de stratégies de ventes qui consistent à l’attraction d’une clientèle nombreuse et à un accès facile , les marchés hebdomadaires sont localisés le long des voies de communications, les abords des routes de forte fréquentation qui sont souvent des routes très étroites comme le site du louma des Parcelles Assainies unité, les aires libres, les environs des gares routières, l’entre deux voies comme le marché de Castors-Front de Terre et le marché de Gueule Tapée. Cette situation a pour conséquence des difficultés de circulation des voitures qui aboutissent à des embouteillages synonymes de perte de temps, de stress et de nervosité des conducteurs ce qui provoque des accidents le plus souvent. Les difficultés que les « loumas » posent aux conducteurs et aux populations sur le plan de la circulation peuvent être illustrées par le « louma » de Diamaguène qui, implanté tous les lundis sur un tronçon de la route secondaire qui relie Thiaroye Gare à Diamaguène, reste fermer à la circulation pendant 24h, car les stands sont installés la veille du marché et ne sont démontés que le lendemain après le «louma». De même, le « louma » de Gueule Tapée qui est très fréquenté, est à l’origine d’embouteillages sur l’avenue Cheick Anta Diop surtout à partir de 16h heure de descente (Seck, Ibrahima).
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Table des matières
Introduction générale
Problématique
Méthodologie
PREMIERE PARTIE CADRE GENERAL, ORIGINE DES MARCHES HEBDOMADAIRES ET LES FACTEURS DE L’EXPANSION
Chapitre 1 : Cadre général
1- Présentation de la région de Dakar
2- Présentation de la commune d’arrondissement des Parcelles Assainies
Chapitre 2 : Origine des marchés hebdomadaires et facteurs de l’expansion
1- Les marchés ruraux périodiques
2 -Les marchés hebdomadaires urbains
3-Les facteurs de la prolifération
DEUXIEME PARTIE : REPARTITION DES MARCHES HEBDOMADAIRES DANS LA VILLE DE DAKAR ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT
Chapitre 1: La répartition des marchés hebdomadaires
1- Les problèmes de localisation et de fixation des « loumas » urbains
2 – Evolution des marchés hebdomadaires
Chapitre 2 : Tautologie des marchés hebdomadaires : organisation et fonctionnement
1- Les « loumas » traditionnels
2 – Les « loumas » modernes de la MADS : exemple du « louma » du parking du stade L.S.S.
TROISIEME PARTIE ANALYSE DES IMPACTS
Chapitre 1 : Les impacts socio-économiques
1 – Les impacts sociaux
2 – Les impacts économiques
Chapitre 2 : Les impacts environnementaux
1- Sur le plan de la salubrité et de la sécurité
2- Les limites de la gestion des marchés
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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