Phase préparatoire
Après avoir choisi le sujet que nous allons traiter, la formulation de la problématique et le cadrage du thème à aborder nécessite une large documentation, qui constitue une étape préalable avant la descente sur terrain. La documentation sert à bien cerner la problématique du sujet et va servir à élaboration les outils de collecte de données dont le guide d’entretien et le questionnaire
Documentation Il s’agit de consulter autant que possible, tous les documents ayant une relation avec le sujet à traiter. En plus des supports de cours théoriques pendant la formation. Il est ainsi nécessaire de consulter les mémoires, les articles, les rapports et ouvrages des experts dans la matière, sans oublier les textes législatifs en vigueur pour la conformité de l’étude. Ces documents constituent une référence bibliographique. Les centres de documentation sont : la bibliothèque de l’école, la bibliothèque de Madagascar National Parks Direction Maromandia et la bibliothèque de l’ONE (Office National pour l’Environnement). Cela a été complété par des recherches sur l’internet.
Élaboration des fiches d’enquête L’efficacité du questionnaire est une clé de réussite pendant la collecte de données. Il doit être pertinent pour disposer des bonnes informations nécessaires à l’étude, aussi bien pour l’enquête auprès de la population que pour les entretiens auprès des autorités et l’administration de Madagascar National Parks en vue d’une stricte collaboration pendant la recherche, d’une part, et pour avoir les informations complètes, efficaces et nécessaires pour l’étude, d’autre part. La fiche d’enquête est élaborée en tenant compte des termes de référence de laréalisation des activités du projet et quelques descentes préliminaires à titre de reconnaissance des lieux, pour s’assurer de la pertinence des questionnaires.
Les entretiens Dans la cadre de la recherche de collaboration et pour mettre les responsables au courant sur l’étude, quelques visites de courtoisie, suivies d’entretiens sur le thème, ont été menées auprès des cadres et personnel de Madagascar National Parks, Direction Sahamalaza et les autorités locales. Ces visites ont permis de relever quelques données et indications indispensables avant la descente sur terrain.
Les Habitants des aires protégées
Deux sites sont habités presque en plein cœur de la réserve :
– Le premier, l’ile Nosy Faly ou Antanimora, où un grand nombre de pêcheurs sont venus s’y installer. Attirés par l’abondance de produits marins, l’Île de Nosy Faly est devenu un lieu privilégié des pêcheurs qui comptent environ 70 personnes. Ces pêcheurs sont des immigrants de Nosy Be, Mahajanga et de Maromandia, à la recherche de concombres de mers, de requins et de langoustes. Ils sont logés dans de simples cases en paille.
– Le deuxième est le village de Kapany, qui se trouve en plein cœur de la parcelle Kapany. Les habitants comptent environ 80 personnes. Ce sont des habitants presque autochtones ou descendants des familles royales qui veillent sur le respect du « fady », ou interdits concernant la conservation de la mangrove et de la forêt humide locale. Ils vivent en harmonie avec ces ressources. Cette communauté de Kapany contribue à la gestion durable de la réserve en tant que gardien traditionnel et légitime de la parcelle. Mais l’arrivés des immigrants a provoqué une menace importante à l’équilibre de cet écosystème.
Les habitats naturels objets de la conservation
La Réserve Biosphère Marine contient deux habitats naturels importants à la conservation. Il s’agit de la mangrove et des récifs coralliens.
Les mangroves : La forêt de palétuviers de la Réserve Biosphère Marine couvre une superficie estimée environ à 10 000 ha. La mangrove côtière de Maromandia occupe environ 8 000 ha. La presqu’île de Sahamalaza est aussi bordée d’une bande à épaisseur variable de mangrove. Un palétuvier peut atteindre une hauteur de 10 m. La mangrove de Sahamalaza contient les huit espèces de palétuviers de Madagascar. Ces espèces sont bien reparties en proportion variable selon l’endroit obéissant à la zonalité, caractéristique de cet écosystème, issue des différences de la durée de submersion par le balancement de la mer (Iltis, 1996). On en distingue principalement :
⋅ Les Avicenia marina et Sonneratia alba en front de la mer ;
⋅ Les Rhizophora mucronata, Bruiguiere gymnorhiza et Xylocarpus granatum dans le domaine interne de la mangrove ;
⋅ Les Ceriops tagal, Lumnitzera racemosa, Herittiera littoralis et à nouveau Avicenia marina en bordure ferme.
La forêt de palétuviers constitue une zone de refuge pour les oiseaux, zone de nurserie pour les crevettes et poissons. Elle est peuplée de crabes exploitables comme les Scylla cerrata. L’habitat de mangrove de Sahamalaza est important pour la conservation de cinq espèces d’oiseaux menacées, dont l’espèce fanion, le Pygargue de Madagascar.
Les récifs coralliens : Les récifs coralliens de la Réserve Biosphère Marine de Sahamalaza comprennent les sites potentiels suivants :
⋅ Le récif barrière extérieur
⋅ Les récifs frangeants des îles Radama
⋅ Le récif frangeant de la côte occidentale de la presqu’île de Sahamalaza
⋅ Les deux grandes formations coralliennes de la baie de Ramanetaka appelées Lagna et Ankakabe
⋅ Les petits récifs coralliens à l’Ouest de Lagna et Ankakabe appelés Ambatomaiky
⋅ Et les récifs coralliens au Nord-ouest de Lagna appelés Ampasimailala et Masiaposa.
218 d’espèces de coraux et invertébrés et 168 espèces de poissons ont été répertoriées dans les récifs coralliens de la Réserve Biosphère Marine de Sahamalaza. Les classes coralliennes les plus diverses sont les Acropora avec 32 espèces, les Favidae avec 16 espèces et les Poritidae avec 11 espèces. L’inventaire participatif des espèces de poissons d’intérêt économique révèle la présence de Carangoides, Thunus et Scomberomorus, six espèces de requins et sept types de Raies, de baleines dauphin et dugongs et cinq espèces de tortues marines. Le fond étendu à faible profondeur de la baie de Ramanetaka est un milieu propice pour les holothuries.
LES PERCEPTIONS PAR LES POPULATIONS NON CONCERNEES PAR LES SOUS-PROJETS
Les populations non touchées sont des habitants des villages situés à proximité des zones de protection mais ne sont pas choisis dans la réalisation des sous-projets. Nous avons estimé intéressant de collecter leur avis sur le projet car, même s’ils ne sont pas bénéficiaires du sous-projet, ils sont aussi touchés par les impacts du projet. Les villages où nous avons mené l’enquête sont celui d’Antanabe de Nosy Kalakajoro Fokontany Berafia et celui d’Ankitsiky Fokontany Maropapango. Il ressort de nos enquêtes que sur les 20 personnes enquêtées dans cette catégorie (non concernées par les sous-projets), 60% (35% + 25%) de cette population ne connaît pas le bien-fondé de ce projet ACR ou Appui aux Communautés Riveraines. Ils pensent que c’est une nouvelle forme de répression comme celle de la restriction d’accès aux ressources naturelles alors que ces dernières restent le seul moyen de subsistance et source de revenu de la population. Concernant les sous-projets, 15% estiment que les bénéficiaires de ces sous-projets devraient être les groupes vulnérables, victimes de la création de l’aire protégée et de la restriction d’accès aux ressources. Selon eux, ce projet ACR provoquera un nouveau conflit social, entrainant une rivalité entre les CLP qui s’occupent de la surveillance du parc et les exploitants. Le fait de donner les matériels de pêches aux CLP crée des soupçons aux exploitants, qu’ils ont l’accès d’entrer dans l’Aire Protégée. Par contre, autre 15% de la population enquêtée sont conscients de la diminutionde rendement de la pêche dans la zone. Selon eux, cette aire protégée va être surveillée pour développer l’épanouissement de la population locale et surtout pour assurer l’avenirde la génération future. Mais elles ont déclaré que la privation de la population locale de leur patrimoine traditionnel devrait être compensée par le développement des micros projets pour toute la population, afin de pallier aux problèmes de survie de la population locale, comme dans le Plan de Sauvegarde Social et Environnement (PSSE). En outre, 10% de la population enquêtée pensent que la population locale n’a pasété prise en compte lors de l’élaboration et mise en œuvre du projet. Selon eux, l’Etat ne vise qu’à atteindre ses objectifs de protéger les aires protégées et ses recettes ; le reste ne l’intéresse pas. Si bien que les populations trouvent des difficultés pour nourrir la famille, car elles ont peur de rencontrer de histoires avec les surveillants du parc comme de la Gendarmerie. Elles ont ajouté aussi que la plupart des zones de pêches, sont délimitées par le gestionnaire du parc. Alors que ce sont les seuls endroits qui sont encore propices à la pêche. Ces derniers déplorent également que la sélection des membres de CLP s’est faite d’une manière unilatérale, où la population locale n’a même pas été mise au courant dudébut du projet. Le promoteur du projet n’a pas organisé des séances d’information, de sensibilisation ou de consultation publique. L’impact de cette négligence des populations locales est souvent négatif autant pour celles-ci que pour l’efficacité des actions de conservation des parcs. Les aires protégées se sont transformées en milieux de répression où Madagascar National Parks exerce sa souveraineté sans tenir compte des besoins des populations. Dans ce sens, les populations riveraines considèrent que la zone Sahamalaza est devenue un patrimoine exclusif de MNP ou Madagascar National Parks. Ces populations ont des points communs sur la perception des impacts du projet ACR. Selon eux, la réalisation de ce projet provoque de la perturbation socio-économique. La structure traditionnelle risque de disparaître et la rupture sociale et l’individualisme surgiront dans la région.
Les mesures d’atténuation des effets négatifs du projet ACR
Les mesures d’atténuation ou de correction se définissent comme l’ensemble des actions envisagées pour atténuer ou éradiquer les effets négatifs des activités du projet, de telle sorte que le milieu et les ressources puissent s’en accommoder sans grands dommages (ONE, juin 2006). La pérennisation et l’efficacité de la composante spécifique du projet d’Appui aux Communautés Riveraines ou ACR exige des mesures palliatives et parfois compensatoires de chaque effet négatif. Les mesures peuvent être générales ou spécifiques. Les mesures générales seront destinées à atténuer les effets négatifs d’un projet pris dans son ensemble. Les mesures spécifiques viseront l’atténuation des impacts sur une composante particulière de l’environnement. Les mesures générales et spécifiques devraient s’ajouter au cahier des charges du projet et faire partie du plan de gestion environnemental et social. Pour les mesures générales, nous pouvons citer les actions suivantes:
⋅ Accorder une attention particulière sur les avis des populations pendant la consultation publique
⋅ Installer des infrastructures d’intérêt local
⋅ Révision de plan de sauvegarde sociale et environnementale du projet,
⋅ Vulgariser les activités économiques locales
⋅ Renforcer la collaboration entre les autorités traditionnelles et locales et le gestionnaire du parc
⋅ Respecter les us et coutumes de la zone
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Table des matières
REMERCIEMENT
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
GLOSSAIRE
INTRODUCTION
CHAPITRE I : CADRAGE THEORIQUE DE L’ETUDE
11- CADRAGE PEDAGOGIQUE DE L’ETUDE
12- CADRE JURIDIQUE DE L’ETUDE
121- Les instruments juridiques nationaux
122- Les Conventions Internationales
13- OBJECTIF DE L’ETUDE
14- APPROCHE METHODOLOGIQUE
15- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SITE
16- PROBLEMATIQUE
17- HYPOTHESE
18- LIMITE DE L’ETUDE
CHAPITRE II : DESCRIPTION DU PROJET
21- DESCRIPTION DE LA ZONE DU PROJET
22- CONTEXTE GENERAL DU PROJET
23- APPROCHE TECHNIQUE ET METHODOLOGIE DU PROJET ACR
231- PHASE 1 : DIAGNOSTIC PARTICIPATIF
232- PHASE 2 : APPUI AUX COMMUNAUTES EN MATIERE DE GESTION
233- PHASE 3 : ELABORATION DES DOSSIERS TECHNIQUES ET FINANCIERS POUR LES SOUSPROJETS
234- PHASE 4 : SELECTION ET VALIDATION DES DOSSIERS DE SOUS PROJETS
235- PHASE 5 : MISE EN ŒUVRE DES SOUS-PROJETS
Chapitre III : DESCRIPTION DU MILIEU RECEPTEUR
31. DELIMITATION
32. CONTEXTE ET HISTORIQUE DU PARC NATIONAL SAHAMALAZA-ILES RADAMA
33. DEMOGRAPHIE
331- Les Habitants des aires protégées
332- Zones de protection et périphéries
34- CONTEXTE ADMINISTRATIF ET INSTITUTIONNEL DU SITE MARIN
35- COMPOSANTES ENVIRONNEMENTALES
351- Milieu biophysique
3511- Caractéristiques physiques
3512- Les habitats naturels objets de la conservation
3513- Pressions anthropiques sur les ressources
352- Le Milieu humain
3521- L’Organisation locale
3522- Conditions sociales
3523- Activités économiques
3524- Les valeurs culturelles
CHAPITRE IV : ANALYSE DES IMPACTS DES ACTIVITES DU PROJET
41- LES APPRECIATIONS DES POPULATIONS BENEFICIAIRES
43- AVIS DES AUTORITES LOCALES
44- IDENTIFICATION ET EVALUATION DES IMPACTS PREVISIBLES
441- Impacts sur le milieu biophysique
442- Impacts sur le milieu humain
CHAPITRE V: LE PLAN DE GESTION ENVIRONNEMENTALE ET SOCIALE DU PROJET
51- LES MESURES D’ATTENUATION DES IMPACTS NEGATIFS ET D’OPTIMISATION DES IMPACTS POSITIFS
511- Les mesures d’atténuation des effets négatifs du projet ACR
512- Les mesures d’optimisation des impacts positifs du projet
53- LE PLAN DE MISE ŒUVRE
54- LE COUT ESTIMATIF
PLAN DE SUIVI ET EVALUATION
RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
DOCUMENT DE REFFERENCE
WEBOGRAPHIE
RESUME
ABSTRACT
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