Programmes spécialisés et financement de la lutte contre les maladies de l’enfant

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Caractéristiques de la mère

Les déterminants relatifs aux parents jouent également un rôle important dans la production de la santé de l’enfant. Etant donné que c’est à la mère que revient principalement la charge de s’occuper des soins à apporter à l’enfant, les discussions de cette section sont sélectives et privilégient les caractéristiques de la mère.
L’éducation de la mère est l’un des facteurs universellement reconnus comme ayant un impact significatif sur l’amélioration de la santé de l’enfant. Dans les pays en développement, l’éducation maternelle affecte la santé de l’enfant de différentes manières : les mères éduquées sont plus enclines que celles non éduquées à rompre avec la tradition pour adopter de nouvelles alternatives dans les soins à apporter à l’enfant, elles sont aussi les plus capables d’établir un contact avec les fournisseurs des services médicaux modernes et elles sont les mieux équipées et ont plus d’autorité leur permettant d’entreprendre des actions appropriées lorsque les enfants ont besoin des soins de santé (Shin, 2007; Caldwell, 1979).
Les recherches empiriques sur l’éducation de la mère ont été orientées dans plusieurs directions pouvant être regroupées en trois.

Le premier groupe de travaux comprend ceux qui considèrent l’éducation comme un important déterminant en soi de l’état de santé de l’enfant. Parmi ces auteurs, Caldwell (1979) est l’un des premiers auteurs à mettre en évidence le rôle crucial de l’éducation de la mère sur la survie de l’enfant. En utilisant les données du Nigeria, il démontre avec force que l’éducation maternelle est le déterminant le plus important de différences marquées dans la mortalité infantile. Les résultats de l’analyse ont indiqué, en outre, que parmi tant d’autres facteurs socioéconomiques qui affectent la mortalité aucun n’a l’impact de l’éducation de la mère. Et quand bien même ces autres facteurs seraient pris ensemble, ils n’approcheraient pas toujours l’explication de l’effet de l’éducation maternelle. D’autres travaux ont également confirmé une relation négative entre l’éducation de la mère et la mortalité des enfants (Kravdal, 2003; Bicego et Boerma, 1993; Cleland et Ginneken, 1988). Strauss (1990) s’est intéressé aux déterminants de l’état nutritionnel des enfants de moins de six ans en Côte d’Ivoire.

Dans ses analyses, même après avoir contrôlé les résultats des effets fixes au niveau de la famille, les résultats obtenus ont montré que l’éducation de la mère améliore aussi bien la taille -pour-âge de l’enfant que son poids-pour-âge bien que l’effet sur l’indicateur nutritionnel de court terme soit plus fort que celui sur l’indicateur de long terme. Même lorsque les différences dans les niveaux de richesse sont prises en compte, l’éducation de la mère promeut une meilleure santé et permet d’expliquer la qualité des soins de santé accordés à l’enfant (Howlader et al., 2000). Wagstaff et al.(2003), Yimer (2000) et Engle et Pedersen (1989) ont également utilisé un indicateur anthropométrique pour appréhender l’état de santé de l’enfant et leurs résultats ont confirmé que l’éducation maternelle est un important déterminant pour la croissance et le développement de l’enfant.

Le deuxième groupe de travaux voit plutôt dans l’éducation de la mère une mesure du capital social et humain au lieu d’un déterminant direct de la santé de l’enfant. Schultz (1984) a identifié différentes voies possibles par lesquelles l’éducation de la mère pourrait influencer la santé de l’enfant : (i) l’éducation peut améliorer la productivité des inputs de santé qui déterminent la santé de l’enfant parce que les mères les mieux éduquées profitent le plus d’une utilisation donnée des services de santé, (ii) l’éducation peut influencer la façon de percevoir la meilleure allocation des inputs de santé, (iii) l’éducation permet l’accroissement des ressources totales de la famille et (iv) l’éducation peut affecter les préférences pour la santé des enfants et la taille de la famille étant donné les ressources totales, les prix et la technologie. Behrman et Wolfe (1987) ont étudié l’état de santé des enfants de moins de cinq ans au Nicaragua à partir de leurs indicateurs anthropométriques.

Lorsque les auteurs contrôlent les résultats des effets fixes au niveau du ménage, ils constatent que l’effet de l’éducation maternelle sur l’état nutritionnel de l’enfant n’est plus significatif. Ils suggèrent que si l’environnement de l’enfance de la femme n’est pas contrôlé, alors l’éducation maternelle pourrait servir de proxy pour le capital humain lequel, inclut les aptitudes requises pour les soins de santé et les habitudes acquises durant l’enfance.
Le dernier groupe de travaux pourrait être vu comme celui qui tente de trancher entre les deux premiers. Ces études s’intéressent systématiquement aux mécanismes par lesquels l’éducation de la mère affecte la santé de l’enfant. Glewwe (1999) a identifié trois canaux possibles : premièrement, l’éducation formelle transmet directement les connaissances relatives à la santé aux futures mères ; deuxièmement, les compétences en alphabétisation et en calculs acquises à l’école assistent les futures mères dans le diagnostique et le traitement des problèmes de santé de l’enfant et, enfin, l’exposition à la société moderne de la scolarisation formelle rend les femmes plus réceptives aux traitements de la médecine moderne. Les résultats des analyses empiriques de l’auteur, dans le cas du Maroc, ont indiqué que les connaissances de la mère sur la santé, de manière isolée, apparaissent comme étant des compétences cruciales pour améliorer la santé de l’enfant. Thomas et al. (1991) avaient trouvé, dans le cas du Brésil, que tout l’impact de l’éducation maternelle pouvait être expliqué par les indicateurs d’accès à l’information tels que lire les journaux, suivre la télévision ou écouter la radio. Par ailleurs, leurs résultats ont également indiqué que l’éducation de la mère et la disponibilité des services de santé sont des substituts.
Cependant, que son effet soit direct ou non, l’éducation de la mère a été acceptée comme étant l’un des déterminants les plus influents de la santé de l’enfant.

Dans le cas de la RDC, Emina et al. (2011) ont montré que quoi que l’éducation de la mère ait un rôle important dans la promotion de la santé nutritionnelle de l’enfant en RDC, son effet dépend du contexte général (stabilité politique, niveau de bien-être du ménage, éducation générale de la femme, etc.). En particulier, les auteurs trouvent que l’éducation de la mère n’a pas d’impact sur l’état nutritionnel de l’enfant dans les provinces de l’Est ou parmi les enfants vivant dans les ménages les moins nantis. Ils retiennent alors trois éléments pour expliquer leurs résultats : (i) la femme la plus hautement éduquée vivant dans un ménage appartenant à une catégorie socioéconomique élevée aurait eu à quitter probablement la province affectée par les conflits (l’une des provinces de l’Est parmi lesquelles le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le Maniema), (ii) il est possible que les mères vivant dans les régions conflictuelles, ou appartenant aux grappes où le niveau d’éducation de la mère est faible, aient échoué de profiter au maximum de leur éducation. Ce qui pourrait s’expliquer par le fait que les dévastations des infrastructures de santé et du tissu économique ont affecté tous les habitants desdites régions sans exception aucune du niveau d’éducation, et (iii) l’éducation a un effet positif dans les segments riche et pauvre de la population au travers des choix. Dans le contexte de rareté des ressources ou d’abondance, par exemple, l’éducation peut être à la base de différences en augmentant les compétences des mères pour prendre de bonnes décisions en matière de nutritions et de médecines préventives.

Les facteurs biologiques et démographiques tels que la taille, l’indice de masse corporelle et l’âge de la mère peuvent également être des facteurs prédictifs de l’état de santé de l’enfant.
La prise en compte de la taille de la mère permet de contrôler partiellement les effets des facteurs génétiques ainsi que les variables inobservées au niveau de la famille (Strauss, 1990). La taille de la mère peut également être vue comme un indicateur des investissements dans le capital humain effectués durant son enfance (Strauss et Thomas, 1998).
L’indice de masse corporelle de la mère peut expliquer la croissance et le développement de l’enfant. Un état de malnutrition grave de la mère, par exemple, peut être interprété comme un indicateur de la non-disponibilité de la nourriture au sein du ménage. Ambapour et Hylod (2008) ont pris en compte cette variable pour le cas des enfants au Congo-Brazza et ils ont trouvé un impact significatif et négatif sur la croissance de l’enfant. Leur résultat refléterait le fait que l’insécurité alimentaire au sein du ménage freine la croissance et le développement des enfants. Par contre, Grira (2007) a trouvé un impact positif et très significatif dans le cas du MATLAB.

L’âge de la mère peut être inclus dans l’étude pour examiner la possibilité que les enfants nés des mères jeunes soient en moins bonne santé que ceux des mères âgées. Les jeunes femmes ont probablement moins de maturité et d’expérience pour bien prendre soin de leur enfant. Et tout cela augmente les risques de morbidité et même de mortalité pour les enfants nés des mères jeunes. En effet, le taux d’accouchements précoces parmi les adolescents est souvent très élevé dans les pays en développement.10 Strauss (1990) a trouvé, dans le cas des enfants en Côte d’Ivoire, que les enfants ayant une mère âgée de moins de 18 ans avaient un poids-pour-taille plus faible que leurs paires des mères plus âgées. Stifel et al. (1999) ont trouvé que les résultats nutritionnels s’améliorent avec l’âge de la mère et qu’ils ont un effet décroissant, laissant suggérer qu’un âge trop élevé est un handicap autant qu’un âge bas. Cependant, d’autres travaux ont confirmé l’effet négatif d’un bas âge de la mère sur la santé de l’enfant, mais ont rejeté la pertinence d’un effet de seuil (Morrisson et Linskens, 2000).
D’autres facteurs tels que le statut d’occupation de la mère, son état marital ou le régime matrimonial dans lequel elle se trouve jouent également un rôle déterminant dans la santé de l’enfant.

En effet, le travail de la mère génère des ressources additionnelles pour le ménage et, par conséquent, permet de mieux financer la santé de l’enfant. Ce qui devrait réduire le risque de retard de croissance chez les enfants (Glick et Sahn, 1998). Mais les activités professionnelles ont aussi une incidence négative du fait que la mère n’a pas assez de temps pour s’occuper de son enfant pendant ses heures de travail.
L’effet total n’est pas certain et dépend de travaux empiriques. Ces derniers peuvent être regroupés en deux :
Le premier groupe concerne les études qui mettent en évidence l’effet négatif du travail de la mère sur la santé de l’enfant. C’est par exemple le cas de Popkin (1980) qui montre que la participation des mères au marché du travail réduit le temps consacré aux soins apportés à l’enfant en milieu rural aux Philippines. Ce qui affecte négativement leur état nutritionnel.
Le second groupe concerne les travaux qui mettent en exergue l’absence de corrélation entre l’emploi de la mère et la santé de l’enfant. Dans cette optique, Leslie (1988) a revu et analysé les différents résultats et méthodologies de cinquante études sur le travail de la mère et les pratiques d’allaitement ainsi que le travail de la mère et l’état nutritionnel de l’enfant. Et quoi que l’allure des résultats soit complexe et par moment contradictoire, l’auteur conclut que dans l’ensemble il y a très peu d’évidence d’un effet négatif de l’emploi de la mère sur la nutrition de l’enfant et que, par conséquent, il n’ya pas lieu de limiter la participation de la femme au marché du travail en prenant comme prétexte la promotion du bien-être de l’enfant.

Quant à la situation familiale de la femme, la littérature empirique distingue avant tout les femmes mariées ou en union de celles vivant seules et ensuite elle prend en compte le régime matrimonial.
Lorsque la mère n’est pas en union, cela a souvent pour conséquences des faibles ressources pour se nourrir et pour financer la santé de l’enfant comparativement à une mère mariée ou en union. Cependant, cet effet négatif peut être atténué si la mère est très éduquée.
Dans une famille polygamique, l’enfant de l’épouse la plus âgée naît généralement plus tôt que celui de l’épouse la plus jeune à un moment où les ressources du ménage ne sont pas encore réduites par des naissances non planifiées. Ce qui peut expliquer que l’enfant de l’épouse la plus âgée soit en meilleure santé que celui de l’épouse la plus jeune (Strauss, 1990).

Caractéristiques du ménage

De manière générale, le bien-être économique du ménage demeure le facteur le plus mentionné dans la littérature empirique tant dans les pays développés (Burgess et al., 2004) que dans les pays en développement (Masset et White, 2003; Glewwe et al., 2002; Alderman, 1990).
D’un point de vue empirique, le choix du revenu comme variable centrale dans l’étude des déterminants de l’état de santé des enfants se justifie par le fait que la plupart des ressources disponibles dans un ménage sont utilisées dans les dépenses pour la nourriture et aussi pour la santé impliquant une relation positive entre le revenu et l’état de santé de l’enfant (Charmarbagwala et al., 2004). Ainsi, les parents riches pourront avoir des enfants en bonne santé parce qu’ils ont assez de revenu pour se procurer de leurs soins de santé et d’autres biens nécessaires pour produire une meilleure santé (Burgess et al., 2004).

Il existe une abondante littérature sur la santé et le revenu. Les études entreprises diffèrent dans la mesure de la santé et des approches méthodologiques (Fomba et al., 2013). Les discussions dans cette étude se focalisent sur la santé de l’enfant telle que mesurée par les indicateurs anthropométriques très souvent utilisés dans les travaux empiriques.
En utilisant la taille-pour-âge comme proxy pour la santé des enfants au Mozambique, Garrett et Ruel (1999) ont trouvé un impact élevé et positif des dépenses par tête sur l’état nutritionnel des enfants âgés de 24 à 60 mois et un impact moins élevé pour ceux de moins de 24 mois quel soit le milieu de vie, rural ou urbain. En utilisant le revenu par tête et les dépenses par tête comme indicateurs de richesse, Yamano et al. (2003) en Ethiopie et Wagstaff et al. (2003) au Vietnam montrent respectivement que la richesse a un impact positif et significatif sur la santé nutritionnelle des enfants.

Arif (2004) appréhende la santé à la fois par les indices poids-pour-âge et taille-pour-âge. Il utilise les dépenses de consommation par tête pour mesurer l’impact de la pauvreté sur la santé nutritionnelle des enfants au Pakistan et il trouve un impact significatif et positif de la dépense par tête sur l’indice poids-pour- âge et un effet non significatif sur le retard de croissance. L’auteur suggère que l’effet de la pauvreté durant cette période s’est plus fait ressentir sur l’indicateur de malnutrition générale.
L’environnement de vie de l’enfant dans le ménage où il se trouve a également bien été pris en compte dans les analyses. Mosley et Chen (1984) ont proposé deux façons pour pouvoir mesurer l’intensité de la contamination de l’environnement. Cette mesure peut être faite soit directement sur les agents infectieux dans l’environnement (par exemple par un examen microbiologique de l’air, de l’eau, de la nourriture, etc.) ou sur les effets des agents infectieux dans l’environnement (par exemple en mesurant la prévalence des maladies parmi les enfants sous étude), soit indirectement en utilisant une série d’indicateurs physiques simples connus pour être fortement corrélés avec les niveaux de contamination biologique de l’environnement. Parmi ces indicateurs physiques, il y a par exemple le nombre d’individus d’un ménage par pièce (mesure de l’intensité d’encombrement dans un ménage) pour capturer la contamination de l’air ou le risque de transmission des infections respiratoires par contact, le type de source d’eau pour la contamination de l’eau, les pratiques de nettoyage, de cuisine et de conservations de nourritures pour capturer la contamination des aliments du ménage et la présence des toilettes ou l’utilisation du savon et de l’eau pour une potentielle contamination fécale.

Il existe une abondante littérature empirique sur l’impact des caractéristiques de l’environnement sur la santé de l’enfant.
Plusieurs études ont, en effet, essayé d’analyser l’effet de l’utilisation de l’eau potable et de celle des toilettes adéquates sur la santé des enfants en utilisant différentes mesures telles que la prévalence de la diarrhée parmi les enfants (Esrey, 1996; Fewtrell et al., 2005), la mortalité infantile ou infanto-juvénile (Gunther et Fink, 2010; Masset et White, 2003; Mellington et Cameron, 1999) ou encore les indicateurs anthropométriques.
En utilisant les mesures anthropométriques taille -pour-âge et poids-pour-âge pour analyser comment les sources d’eau et les toilettes affectent la santé des enfants de 0 à 59 mois au Nigeria, Adewara et Visser (2011) ont trouvé que les z-scores de la taille et du poids-pour-âge de l’enfant sont positivement et significativement liés à l’accès à un forage et à l’eau canalisée (robinet) tandis qu’ils sont négativement et significativement corrélés à l’eau de puits ordinaire. Ils ont ensuite calculé les probabilités pour un enfant de souffrir de retard de croissance et de l’insuffisance pondérale, et les résultats de leurs analyses ont confirmé les premiers en montrant que ces probabilités sont significativement faibles pour les enfants prenant de l’eau du forage ou du robinet tandis que l’eau de puits ordinaire a des effets positifs et significatifs.
Toujours dans le même sens, ils ont montré que l’utilisation des toilettes à chasse d’eau a un impact positif et significatif sur les z-scores alors que celle de latrines à fosse a un impact négatif sur la santé de l’enfant. Egalement, la probabilité pour un enfant de souffrir de retard de croissance ou d’insuffisance pondérale est négativement et significativement liée à l’utilisation des toilettes à chasse, mais positivement liée à l’utilisation des toilettes à fosse.

Système de santé en R.D.Congo

Le système de santé peut être défini soit de façon très large soit de façon étroite. Selon la première approche, toutes les activités qui améliorent la santé sont à inclure dans le système de santé. C’est le cas, par exemple, de la définition du système de santé d’après l’OMS qui se base sur le concept d’activité : « all the activities whose primary purpose is to promote, restore or maintain health » (OMS, 2000, p.5). Il découle de cette définition que les services de santé formels, incluant les prestations professionnelles du personnel médical, aussi bien que les actions des guérisseurs traditionnels et toute utilisation des médicaments qu’ils soient prescrits ou non par un prestataire font partie intégrante du système de santé.

Du point de vue de la seconde approche, le système de santé peut être défini comme l’ensemble des moyens organisationnels, humains, structurels et financiers destinés à réaliser les objectifs d’une politique de santé. Selon D’Indignano et Ulmann (2001), il s’agit d’un ensemble plus ou moins cohérent de moyens de financement, d’information, de prévention et/ou de retraitement organisé en vue de maintenir ou d’améliorer la santé. Dans le cadre de cette étude, le système de santé sera plutôt vu comme l’ensemble des activités sous la responsabilité du Ministère de la Santé.
Les différentes fonctions d’un système de santé peuvent être regroupées en quatre (OMS, 2000) : (i) la production des prestations de services (provision) de santé préventive ou curative qu’elle soit individuelle ou collective ; (ii) la création de ressources (investissement et formation) nécessaires à la production des prestations ; (iii) le financement et (iv) l’administration générale (régulation, contrôle).
La présente section a pour but de décrire l’évolution du système de santé en RDC en apportant des critiques sur sa capacité à réaliser les fonctions qui lui sont associées. D’abord seront traitées les questions relatives à l’administration générale en présentant le cadre organisationnel dudit système (1), puis suivront les questions des créations des ressources particulièrement celles des infrastructures sanitaires et du réseau des soins de santé (2) ainsi que des ressources humaines (3), et enfin seront présentés les programmes spécialisés de la santé des enfants ainsi que les questions de financement s’y rapportant (4).

Cadre organisationnel du système de santé en RDC

Le système de santé de la RDC est à structure pyramidale hiérarchique organisée en trois niveaux, à savoir le niveau central, le niveau provincial et le niveau opérationnel ou local.

Niveau central

Le niveau central, ou niveau politique, est constitué du Cabinet du Ministre et du Secrétariat Général qui compte 13 directions (dont une direction responsable des maladies endémiques majeures et des mesures préventives ainsi qu’une direction responsable des soins de santé primaires) et 52 programmes spécialisés parmi lesquels le programme élargi de vaccination, les programmes nationaux de lutte contre les infections respiratoires aiguës, les maladies respiratoires chroniques, la tuberculose, le paludisme, les hépatites virales, les maladies diarrhéiques et le programme national de nutrition.
Le Ministre de la Santé Publique et son cabinet exercent une autorité politique tandis que le Secrétaire Général de la santé a une autorité administrative. Chacune des directions centrales est animée par un directeur central et, de même, chaque programme spécialisé est animé par un directeur de programme.

C’est au niveau central que sont définies les politiques, les stratégies, les normes et les directives ainsi que les différentes interventions de portée nationale. Les cliniques universitaires, les hôpitaux nationaux, les hôpitaux spécialisés et les laboratoires nationaux sont également des structures des soins appartenant à ce niveau tertiaire.

Niveau provincial

Le niveau provincial, ou niveau administratif, constitue le niveau intermédiaire que l’on retrouve dans chaque chef lieu de province. Dans chaque province, la structure administrative comprend, hormis le ministre provincial de la santé, le médecin inspecteur provincial ainsi que des représentations de chacune des 13 directions centrales, les coordinations provinciales des programmes spécialisés, des structures techniques et des hôpitaux provinciaux généraux de référence.

Le niveau provincial assure un rôle d’encadrement technique, de suivi et de la mise en œuvre des directives et politiques au niveau des Zones de Santé. Le niveau intermédiaire a aussi pour mission d’offrir à travers l’hôpital provincial, les soins de santé de référence secondaire.
Jusqu’en fin 201411, le niveau provincial comptait 11 Inspections Provinciales de la Santé et 65 districts sanitaires. Ces derniers complètent le niveau intermédiaire pour des raisons de proximité avec les zones de santé. Chacun des districts sanitaires est dirigé par un médecin inspecteur de district et est composé de trois cellules à savoir la cellule des services généraux et études, la cellule de l’inspection des services médicaux et pharmaceutiques et la cellule des services d’hygiène.

Niveau opérationnel

L’unité opérationnelle est la zone de santé. Le niveau opérationnel intègre les services de soins de santé primaires et les services de première référence sous la supervision et l’encadrement du niveau intermédiaire.
La zone de santé est un espace géographiquement limité ne correspondant pas forcément aux limites administratives. Elle constitue le niveau de premier recours. En 1986, le territoire national était subdivisé en 306 zones de santé (ZS) servant d’unités opérationnelles pour la fourniture des soins de santé primaires et en 2001, la RDC a publié une nouvelle politique de santé portant le nombre de zones de santé à 515 et a aligné leurs limites à celles des districts administratifs (African Region Human Development & The Ministry of Health of the Democratic Republic of Congo, 2005).

Une zone de santé est composée d’un bureau central de zone de santé (BCZS), d’un hôpital général de référence (HGR) du niveau primaire assurant le paquet complémentaire d’activités (PCA) ainsi que des aires de santé (AS) comprenant des postes et centres de santé (PS et CS) fournissant à la population le paquet minimum d’activités (PMA) défini par le Ministère de la Santé Publique (MSP).

Infrastructures sanitaires et réseau des services de soins de santé

Lorsque le territoire national fut subdivisé en 306 zones de santé en 1986, chaque zone de santé couvrait alors une population moyenne d’environ 110 000 habitants (Guengant et al., 2014). La principale motivation était celle d’assurer l’accessibilité géographique et logistique de la population aux soins de santé. Le nouveau découpage du territoire en 2003, faisant passer le nombre de zones de santé de 306 à étude ne prennent pas en compte l’année 2015, le découpage territorial précédent, celui en 11 Provinces, sera maintenu dans tout le travail.

Programmes spécialisés et Financement de la lutte contre les maladies de l’enfant

Programmes prioritaires de lutte contres les maladies de l’enfant

A la suite de l’état de lieux du secteur de la santé de 1998, il a été élaboré un Plan de Développement Sanitaire. Ce plan a redynamisé les activités des programmes déjà existants comme le Programme Elargi de Vaccinations (Unicef/RDC, 2008) et a conduit à l’adoption, en 2001, de la stratégie de Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfance (PCIME) visant à réduire la morbidité et la mortalité de l’enfant en combinant les actions des services de santé de base au niveau des formations sanitaires et au niveau des communautés ainsi qu’au niveau des ménages (Ministère de la Santé Publique, 2001). La lutte contre les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires aiguës, le paludisme et la malnutrition s’effectuent dans ce cadre13.
Le programme national de nutrition
Depuis l’an 2000, la RDC a élaboré cinq documents stratégiques pour améliorer l’état nutritionnel de la population14. Il s’agit :

(i). de la Politique Nationale de Nutrition (PNN) adoptée en 2000 dont l’objectif spécifique privilégié jusqu’à ce jour est celui de l’élimination de la malnutrition sous toutes ses formes par la prise en charge des personnes mal nourries dans les Centres de Nutrition Thérapeutique (CNT) ;
(ii). du Plan Directeur de Nutrition pour le Développement de la Santé (PDDN) élaboré en 2001 pour assurer une meilleure coordination des interventions ;
(iii). du Plan d’Action de Nutrition (2001) dont l’objectif global est de contribuer à la réduction de la morbidité et de la mortalité dues à la malnutrition par (1) la lutte contre la malnutrition protéino-énergétique et les carences en micronutriments (vitamine A, iode, fer et zinc) et (2) la promotion des programmes d’allaitement exclusif au sein, de nutrition scolaire, des consultations préscolaires, des surveillances nutritionnelles et de sécurité alimentaire des ménages ;
(iv). du Plan Stratégique Commun pour la Malnutrition Aiguë (2005) dont l’objectif était de réduire la morbidité et la mortalité liée à la malnutrition aiguë par l’amélioration des systèmes de surveillance et de prise en charge de la situation alimentaire au niveau de la communauté et des centres de nutrition, la formation et la facilitation de la commercialisation des produits agricoles et l’accroissement de la synergie entre les intervenants en privilégiant l’approche multisectorielle ;
(v). du Plan Stratégique de Nutrition 2011-2015 élaboré dans le cadre du Plan National de Développement Sanitaire 2011-2015 (MSP, 2010) et ayant parmi ses objectifs à atteindre d’ici 2015 ce qui suit : (1) amener 57% de mères à pratiquer correctement l’allaitement maternel et l’alimentation de complément, y compris dans le contexte du VIH/SIDA (2) réduire chez les enfants de moins de cinq ans la malnutrition aiguë globale de 13% à moins de 5 %, l’insuffisance pondérale de 25% à moins de 10% et le retard de croissance de 47 % à moins de 25 % (3) réduire à moins de 20% la prévalence de la carence en vitamine A (4) Maintenir à plus de 95% la consommation du sel iodé dans les ménages.

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Table des matières

Abstract
Introduction générale
1. Contexte théorique de l’étude
2. Contexte empirique de l’étude
3. Problématique et Intérêt
4. Objectif de la recherche
5. Hypothèses de recherche
6. Méthodologie
7. Structure de la thèse
Première Partie : Facteurs explicatifs de la dynamique de l’état de santé des enfants, 2001-2014
Introduction de la Première Partie
Chapitre 1. Santé des enfants : une analyse théorique et contextuelle
Introduction du chapitre 1
Section 1. Déterminants de la santé des enfants : que nous enseigne la littérature ?
1. Caractéristiques de l’enfant
2. Caractéristiques de la mère
3. Caractéristiques du ménage
4. Caractéristiques de la communauté
Section 2. Système de santé en R.D.Congo
1. Cadre organisationnel du système de santé en RDC
2. Infrastructures sanitaires et réseau des services de soins de santé
3. Ressources humaines du secteur de la santé
4. Programmes spécialisés et Financement de la lutte contre les maladies de l’enfant
Conclusion du chapitre 1
Chapitre 2. Facteurs explicatifs de la dynamique de l’état de santé des enfants en R.D.C, 2001-2014 : une analyse empirique
Introduction du chapitre 2
Section 1. Contexte général de la situation de santé des enfants en R.D.C
1. Mesures de la santé des enfants
2. Statistiques générales relatives à la santé des enfants en RDC
Section 2. Evaluation empirique de la dynamique de l’état de santé des enfants de moins de cinq ans en R.D.C de 2001 à 2014
1. Données utilisées dans les estimations économétriques
2. Méthodologie
3. Résultats empiriques
Conclusion du chapitre 2
Conclusion de la Première Partie
Deuxième Partie : Inégalités socio-économiques relatives dans le secteur de la santé en RDC : cas de la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans, 2001-2014
Introduction de la Deuxième Partie
Chapitre 3. Inégalités socioéconomiques de la santé : enseignements de la littérature et performance du système de santé en R.D.C.
Introduction du chapitre 3
Section 1. Inégalités socio-économiques de santé : notions et leçons tirées de la littérature
1. Cadre conceptuel sur la notion d’inégalités
2. Inégalités socio-économiques de santé : leçons tirées de la littérature 130
Section 2. Système de santé et Inégalités de santé en R.D.C
1. Le financement du système de santé comme source d’inégalité de santé
2. La couverture géographique du système de santé comme source d’inégalité de santé
3. Autres facteurs d’accès à la santé pouvant occasionner les inégalités de santé : l’éducation et la prévention.
Conclusion du chapitre 3
Chapitre 4. Analyse empirique de la dynamique de l’inégalité socio- économique de la santé des enfants en RDC, 2001-2014
Introduction du chapitre 4
Section 1. Contexte général des inégalités socioéconomiques de santé des enfants en R.D.C.
1. Echantillons de données utilisés
2. Mesures utilisées dans l’analyse des inégalités socioéconomiques de santé
3. Statistiques générales sur les inégalités socioéconomiques de santé des enfants en R.D.C.
Section 2. Evaluation empirique des déterminants de la dynamique de l’inégalité socio-économique de santé des enfants de 2001 à 2014
1. Méthodologie
2. Résultats empiriques
Conclusion du chapitre 4
Conclusion de la Deuxième Partie
Conclusion Générale
1. Principaux résultats
2. Implications de politique publique
2.1. Amélioration du niveau de vie des ménages
2.2. Augmentation du nombre d’années d’éducation de la mère
2.3. Accès à l’eau potable et utilisation des toilettes à chasse d’eau
2.4. Améliorer les conditions de vie dans les provinces
2.5. Augmenter les moyennes ou réduire les inégalités ?
3. Principales limites de l’étude et pistes pour les recherches futures
Annexes
1. Compléments au chapitre 1
2. Compléments au chapitre 2
3. Compléments au chapitre 4
4. Complément à la conclusion générale
Bibliographie

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