Dans la plupart des pays en développement, la question concernant la population pose un grand problème au niveau du pouvoir public. La forte croissance démographique a entrainé depuis quelques années la vulnérabilité de l’économie nationale dans les pays pauvres. L’augmentation rapide des naissances en est la véritable cause et le mariage précoce dû aux coutumes ancestrales. La politique pro-nataliste avait encore jusque-là une domination au niveau de la politique de la population dans les pays en développement.
De ce fait, les gouvernements soucieux de développer les conditions de vie des habitants ont maintenant adopté des politiques démographiques visant à restreindre le nombre de naissances. Comme le cas du Cameroun dans les années 80, le gouvernement camerounais a décidé de passer d’une politique pro nataliste à une politique volontariste de maîtrise de la procréation. Le gouvernement du Cameroun à cette époque a su que si la population s’évolue sans cesse, une crise socio-économique pourrait frapper le pays à moyen terme. A Madagascar, les autorités publiques ne l’ont pas oublié. Les stratégies mises au point pour des politiques démographiques efficaces sont élaborées par les décideurs politiques dans des programmes de lutte contre la pauvreté. La planification familiale en est une. Elle touche en effet le développement économique du pays et reflète ainsi la situation sociodémographique de Madagascar. Mais le travail concernant la population nécessite un progrès à long terme, il ne suffit pas seulement de contrôler la croissance démographique. L’enjeu c’est aussi d’améliorer les conditions de vie des habitants et de leur donner des emplois adéquats afin qu’ils puissent se nourrir et de fournir une bonne éducation aux enfants. La planification familiale est en fait un des programmes mis en œuvre dans l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement.
APPORT DE LA PLANIFICATION FAMILIALE DANS LES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT
Dans la cible des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) (ENSOMD 2012- 2013, objectif 02) l’Organisation des Nations Unies (ONU) veut apporter un progrès dans l’éducation primaire pour tous. Face à cette ambition, il est indispensable pour la famille d’utiliser la contraception pour donner à leurs enfants une meilleure scolarisation. Grâce à la méthode contraceptive, les parents auront moins de dépenses dans les charges de la famille comme l’éducation des enfants et ils peuvent ainsiassurer leur nourriture. Dans la santé maternelle, le recours aux méthodes contraceptives fait diminuer le nombre de femmes décédées lors de l’accouchement et le nombre de grossesses non désirées ou trop rapprochées. En effet, l’objectif c’est aussi de réduire la mortalité infantile et d’assurer une bonne santé des nouveaux nés. Couvrir les formations sanitaires publiques des programmes de planning familial pour l’année 2015 en est une autre cible pour le court terme.
Planification familiale et santé publique
Problèmes de santé maternelle et d’accessibilité en service de PF
Dans les pays où l’accès aux soins de santé est peu généralisé, plusieurs facteurs empêchent les femmes de recevoir des avis médicaux et des traitements. Le manque de ressources financières fait reculer les mères à assurer la santé de sa famille. Ce problème financier constitue fréquemment une difficulté pour les femmes de recevoir l’accès aux soins de santé (68,6% selon ENSOMD 2012). Au niveau des acteurs politiques généralement l’Etat, le ravitaillement des centres de santé de base en matériels nécessaires et le manque de personnel provoquent dans les régions rurales une diminution de l’accès aux soins de santé. En outre, la distance des centres de services de santé limite les femmes à accéder aux soins de santé. En milieu rural 47% des femmes déclarent avoir des problèmes sur l’éloignement des services de santé contre 19% dans les villes (ENSOMD, objectif 5, 2012-2013). Dans 32% des cas, les femmes ont cité l’obligation de devoir prendre un moyen de transport et 24% représente le cas des femmes qui ont le malaise d’aller seul dans un service de santé.
Un autre problème figure aussi. Le problème de genre entraine les femmes à avoir peur de consulter un centre de santé. L’idée que le prestataire ne soit une femme constitue une limite à l’accès aux soins de santé. Moins d’une femme sur cinq déclare être de cet avis soit 18% des femmes enquêtées. Parmi les femmes sans instruction, cette proportion est de 21% contre 9% pour les femmes ayant un niveau d’instruction secondaire de premier cycle complet (ENSOMD 2012).
Pour le niveau de mortalité maternelle, il est encore très élevé dans le pays. Le décès maternel de Madagascar est de 428 pour 100000 naissances vivantes ce qui est encore loin de la cible des OMD pour l’année 2015 qui vise à 127 pour 100000 . Ce niveau élevé est la cause de plusieurs facteurs psychosociaux. Dans certaines régions du pays les coutumes ancestrales dominent encore au niveau de la vie communautaire. Les jeunes femmes se marient très tôt et mettent au monde des bébés au moment où elles doivent suivre leurs études.
A Madagascar, les services en soins sanitaires doivent réaliser de progrès sur le long terme à afin de lutter contre la pauvreté extrême. Mais de grands obstacles se tiennent toujours surtout à propos de la santé de la mère et de l’enfant. On parle très souvent de la malnutrition chronique. Les principales causes allant à cette malnutrition viennent de : (i) faible recours à la planification familiale, (ii) violence basées sur le genre, (iii) insécurité alimentaire des ménages, (iv) mauvaises pratiques de soins maternels et infantiles, (v) la faiblesse des services de santé, (vi) l’environnement inapproprié. Le faible recours des femmes à la planification familiale entraîne les grossesses précoces et rapprochées selon l’ENSOMD 2012. De cette enquête, l’on a évalué qu’un tiers seulement des femmes en âge de procréer recourt à des méthodes contraceptives modernes. La banalisation des violences basées sur le genre favorise également les grossesses adolescentes : 14% des filles de moins de 15ans sont touchées par le mariage précoce et forcé. Dans l’intervalle d’âge de 15-19 ans, 20% des femmes sont mariées et 29% en union. Les violences sexuelles et l’exploitation sexuelle des enfants sont également à la base de nombreuses grossesses précoces.
Mise en œuvre de la PF dans les politiques de développement
Madagascar s’est engagé au respect des droits de l’enfant et de la mère dans les OMDs. Le droit à la survie de la mère et de l’enfant constitue un principe fondamental à l’origine de tous les droits. Chaque enfant a la possibilité de jouir de ce droit de grandir dans un cadre favorable, de se développer convenablement et de devenir adulte. En effet, le développement du pays se lie étroitement avec la Déclaration du Millénaire dont les objectifs sont :
▶ Réduire de moitié entre 1990 et 2015 la proportion de la population qui souffre de la faim ;
▶ Réduire des deux tiers la mortalité des enfants de moins de cinq ans entre 1990 et 2015 ;
▶ Réduire de trois quarts la mortalité maternelle entre 1990 et 2015 ;
▶ Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies ;
▶ Réduire de moitié dans l’année 2015 le pourcentage de la population qui n’a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable salubre.
Pour promouvoir l’élaboration de ces divers objectifs, un plan opérationnel pour la santé de la mère-enfant a été mis en place pour honorer l’engagement pris par Madagascar en mars 2011. Ce plan vient de la stratégie globale du SG des Nations Unies sur la santé de la mère-enfant. Ce plan opérationnel pluriannuel comporte alors quatre axes stratégiques : (i) l’augmentation de la demande en service de santé, (ii) l’amélioration de l’offre et de l’accès aux services de qualité, (iii) la mise à l’échelle des interventions à hauts impacts et l’instauration d’approches novatrices, (iv) l’appui institutionnel.
Lors de la conférence internationale sur la planification en 2009 qui s’est tenue à Kampala en Ouganda, les dirigeants africains se sont mis d’accord sur l’interaction de la planification familiale et du développement. La mise en œuvre de la planification familiale serait un facteur de développement économique. L’amélioration de la contraception pourrait réduire le niveau de la pauvreté et de la faim, éviter 32% des décès maternels et près de 10% pour ceux des enfants. Par ailleurs, la contraception contribue à des mesures substantielles à l’autonomisation des femmes et aider à l’amélioration de l’éducation pour tous et la préservation de l’environnement.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I: EFFETS DE LA PLANIFICATION FAMILIALE ET SITUATION SOCIO-DEMOGRAPHIQUE DE MADAGASCAR
CHAPITRE 1 : APPORT DE LA PLANIFICATION FAMILIALE DANS LES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT
Section 1 : Planification familiale et santé publique
Section 2 : Planification familiale et éducation nationale
CHAPITRE 2 : PLANNING FAMILIAL ET CARACTERISTIQUE SOCIO-DEMOGRAPHIQUE DE LA POPULATION MALGACHE
Section 1 : Caractéristiques sociodémographiques de la population malgache
Section 2 : Cas des méthodes contraceptives dans le mode de vie de la population malgache
PARTIE II: CADRE THEORIQUE DE LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE ET RELATION PLANIFICATION FAMILIALEFECONDITE
CHAPITRE 3 : REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE
Section 1 : Dilemme entre l’approche orthodoxe et l’approche hétérodoxe
Section 2 : rôle du capital humain dans la croissance économique
CHAPITRE 4 : RELATION ENTRE PLANIFICATION FAMILIALE ET FECONDITE
Section 1 : Formes théoriques de la gestion de la fécondité au niveau des ménages
Section 2 : Valeur économique et valeur religieuse du planning familial pour la gestion de la natalité
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE