Ecologie du riz
Les conditions nécessaires au bon développement du riz sont développées par les études de Zingore et al. en 2014.
Pluies : Une moyenne de 150 à 200mm par mois est nécessaire pour le riz pluvial pour la durée du cycle normal. Il peut tolérer un manque d’eau passager, mais ne résiste pas aux excès d’eau.
Température : Les températures optimales sont comprises entre 20 et 30°C. Les températures trop élevées (plus de 35°C) empêchent la production des graines. Et les températures trop basses (en dessous de 15° C) ralentissent la croissance des plantes et la floraison.
Ensoleillement : Le riz s’épanouit mieux quand il y a du soleil, en particulier au cours des 45 jours qui précèdent la récolte. Pendant cette période, au moins 6 heures de soleil sont nécessaires chaque jour.
pH du sol : La valeur du pH est un facteur important pour le riz pluvial. Il pousse mieux dans les sols à pH proche de la neutralité. Si le pH est trop faible (trop acide), il y a un risque de toxicité aluminique et de faible disponibilité du phosphore (essentiel à la bonne croissance des racines et au tallage).
Épandage des engrais
A la suite des entrevues et pour diminuer les hétérogénéités des conditions d’expérimentation pour le dispositif de bloc dispersé, l’utilisation de fertilisant minéral a été limitée et uniformisée à 60 kg/ha de NPK 11-22-16 (Annexe 6). L’application de fumier a été plus complexe vue la possibilité des producteurs, il a donc été demandé aux producteurs d’appliquer leur dose habituelle de fumier selon leur habitude et leur possibilité (Annexe 7). L’épandage s’est également fait selon les habitudes des producteurs qui se séparent généralement en deux méthodes : épandage 2 à 3 jours avant le semis ou épandage sur les lignes de semis pour couvrir les grains de riz avant la couverture finale avec la terre.
Performance des variétés
Les résultats donnés par les variétés lors des essais de la campagne 2016-2017 sont largement supérieurs à ceux de la campagne 2017-2018. En effet, la pluviométrie durant cette campagne a été particulièrement différente à la pluviométrie moyenne des 15 dernières années. En général, cette campagne a reçu plus de pluviométrie par rapport aux dernières années. Ce qui a probablement influencé cette différence de production. Les caractères observés sur les variétés ne diffèrent pas que ce soit en condition de station ou en condition paysanne en ce qui concerne les traits variétaux. Ceci est conforme aux études de Ranomenjanahary en 2011, sur des études similaires dans la région Amoron’ny Mania, qui dit que le comportement des variétés vis-à-vis de ses caractères internes n’a pas de grande différence entre les essais en milieu paysan et en station (cycle de culture, hauteur moyenne, capacité de tallage,…). En ce qui concerne le rendement, les variétés ont réagi différemment selon les contextes des milieux. En condition de fertilisation minérale, la production des variétés est presque doublée. En effet, l’apport d’engrais permet d’au moins doubler les rendements obtenus en riz (environ 0,8 tonne de paddy/ha sans engrais à plus de 3 tonnes/ha avec apport d’engrais minéral) (Gala Bi et al., 2010). Par ailleurs les plantes répondent différemment au traitement station et milieu paysan en condition de fertilisation organique uniquement. Certaines variétés telles que SCRID 324-205-3-1, SCRID 312-56 5-3-2 et SCRID 352-60-4-4 sont plus aptes à produire en milieux paysans qu’en station. Les variétés pouvant produire malgré la difficulté des conditions pédo-climatiques, aux pratiques des paysans et au contexte socio-économique dans lequel elles s’insèrent sont adaptées aux milieux réels (Phillips and Wolfe, 2005). Placées dans des conditions difficiles, les variétés expriment leur pleine potentielle pour s’adapter. A ce stade, la première hypothèse est donc partiellement confirmée, il existe effectivement une différence de performance productive entre les variétés conduites en milieu paysan et en station, bien que certaines de leurs caractères (hauteur des plantes, longueur des panicules, poids de mille grains) dans les deux conditions ne soient pas significativement différents . Les variétés qui ont de meilleures performances que le témoin sont SCRID 263-33-3-4-4, SCRID 324-76-2-5, SCRID 240-100-2-2-5-2-1 et SCRID 263-50-5-2-2. La performance de ces variétés peuvent être expliquée par leur géniteurs. En effet, ces variétés ont parmi leur parent le témoin, la variété Yunlu 48 ou la variété FOFIFA 172 (issue du croisement de Jumli Marshi et IRAT 265). Ce sont donc des descendants de variétés népélaises. Or les variétés népélaises introduites (Yunlu 48 , Jumli Marshi et Chhomrong Dhan) sont des variétés très performantes (Raboin et al., 2013). Ce qui confirme la deuxième hypothèse, quelques variétés peuvent concurrencer le témoin du point de vue de la production.
Evaluation participative
Les résultats de l’évaluation participative ont montré que, pour choisir ou non une variété, les producteurs mettent en avant certains critères comme la hauteur des plantes, la longueur des panicules, la fertilité des panicules, la résistance aux difficultés, et surtout le cycle. Les études de Randrianarisoa en 2003 confirment ces critères de choix pour les paysans des Hautes-terres. En plus de la productivité proprement dite de la variété, ces critères sont entre autres les mêmes que ceux utilisés par les sélectionneurs en sélection conventionnelles (site : Groupement national interprofessionnel des semences et plants). Mais l’appréciation de ces critères semble différent pour les deux acteurs puisque les variétés choisies sur une sélection normale n’auraient pas été choisies à l’unanimité par les producteurs malgrés leur productivité. Les résultats sont conformes à ceux de Vom Brocke et al. en 2017 , certaines variétés que les sélectionneurs auraient choisies seuls, en station, n’ont pas été choisies par les producteurs. On peut par exemple citer la variété SCRID 324-205-3-1 qui a été la plus productive de l’expérimentation mais qui n’a pas été choisie par les producteurs. Quand on regarde la raison de ce rejet, on peut observer que les producteurs trouvent que les grains de la variétés ont une petite taille, et que le cycle cultural de la variété est plus long, caractère qui d’après les entrevues ne sont pas favorables selon les producteurs. Selon Ceccarelli et al. (2001), les variétés sélectionnées à la station par les sélectionneurs ne sont pas les mêmes que celles sélectionnées par les paysans dans leurs fermes, même si les critères peuvent être les mêmes. Ainsi la troisième et dernière hypothèse est rejetée : les producteurs et les sélectionneurs choisissent les variétés sur les mêmes critères, la différence est l’importance que prend certains critères pour les producteurs.
CONCLUSION
En conclusion, les études menées ont permis de comparer les résultats d’une sélection conventionnelle et d’une sélection participative et décentralisée. Les qualités d’expérimentation sont comparables en conditions standards de sélection en station et dans les milieux paysans. Mais la performance des variétés dans les deux conditions diffère d’une variété à une autre. Par ailleurs, quelques-unes des variétés mises en sélection peuvent concurrencer la variété principale de la région, le Chhromrong Dhan, telles que SCRID 263-33-3-4-4, SCRID 324-76-2-5, SCRID 240-100-2-2-5-2-1 et SCRID 263-50-5-2-2. Ces variétés sont issues de croisement impliquant des variétés népalaises, très productives. La sélection participative a permis de cerner les critères de choix de variétés appliquées par les producteurs. Ceci concernent la productivité, la hauteur des plantes, la longueur des panicules, le cycle cultural, la forme des grains, la résistance aux bioaggresseurs et à la verse. Même si dans une sélection standard ces critères sont également pris en compte, l’importance d’un critère par rapport aux autres n’est pas forcément la même pour les producteurs. Ainsi des caractères comme la forme du grain peuvent basculer un choix pour un producteur. Impliquer les producteurs dans ce processus de sélection s’avère donc être intéressant non seulement pour pouvoir mieux cerner les critères de choix d’adoption d’une variété par les producteurs mais également pour favoriser l’adoption elle même des variétés lors de la future vulgarisation des variétés. Suivant le processus de sélection établi par le programme SCRID de FOFIFA/CIRAD, les variétés choisies par les sélectionneurs et par les producteurs à l’issue de cette expérimentation devront normalement l’objet d’un « essai variétal » pour confirmer leur productivité. Elles seront encore évaluées par les producteurs qui leur nommeront selon leurs caractères d’après des diagnostics participatifs. Dans une sélection normale, c’est seulement à ce stade qu’elles subiront des tests multilocaux, mais ayant déjà fait leur preuve en conditions réelles, elles seront de suite diffusées et en liste pour être inscrites dans le catalogue national de riziculture. Une sélection participative et décentralisée est donc plus efficace malgré une certaine perte de contrôle sur les expérimentations. C’est un modèle de sélection à multiples bénéfices, entre autres la suivie de l’évolution des variétés en conditions réelles. Mais pour être efficace et pour observer la stabilité des caractères recherchés, la sélection doit être un travail à long terme. Les résultats d’une campagne ne sont pas suffisantes pour permettre de réellement de faire des conclusions. Des essais sur plusieurs années sont donc recommandés pour apprécier la réalité des résultats.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. ETATS D’ART
1.1. Le riz pluvial
1.2. Programme d’amélioration de riz pluvial de FOFIFA/CIRAD dans la région de Vakinankaratra
1.3. Sélection participative et décentralisée
2. MATERIELS ET METHODES
2.1. Site d’études
2.2. Matériel génétique
2.3. Choix des producteurs participant et rôles assignés aux différent partenaires
2.4. Caractéristiques des parcelles des producteurs
2.5. Méthodologie appliquée
2.6. Limites de l’étude
3. RESULTATS
3.1. Qualité des essais
3.2. Performance des variétés en milieu paysan
3.3. Performance des variétés en station
3.4. Comparaison des performances des variétés en milieu paysan et en station
3.5. Comparaison des nouvelles variétés par rapport au témoin
3.6. Résultats de l’évaluation participative
4. DISCUSSION
4.1. Qualité des essais
4.2. Performance des variétés
4.3. Evaluation participative
4.4. Intérêts de la sélection
5. RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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