Lโactivitรฉ physique est par dรฉfinition toute activitรฉ responsable d’une augmentation de la dรฉpense รฉnergรฉtique. Par opposition lโinactivitรฉ physique est une quantitรฉ insuffisante dโactivitรฉ physique, de moins de 30 minutes dโactivitรฉ physique modรฉrรฉe par jour (1) . La sรฉdentaritรฉ, dรฉfinie par un รฉtat dโรฉveil associรฉ ร une dรฉpense รฉnergรฉtique trรจs faible, est un problรจme de santรฉ publique mondial puisque 31% des adultes manquaient dโactivitรฉ physique en 2008 (hommes 28% et femmes 34%) et 3,2 millions de dรฉcรจs chaque annรฉe sont attribuables au manque dโexercice (2) . Les raisons de la sรฉdentaritรฉ sont diverses. Les loisirs sont de nos jours constituรฉs dโactivitรฉs sรฉdentaires et il y a peu de pratique dโactivitรฉ physique. Dโautre part les professions sont de plus en plus sรฉdentaires. Finalement lโutilisation de modes de transports rรฉduisant le niveau dโactivitรฉ physique (voiture, bus…) contribue en grande partie ร cette baisse dโactivitรฉ physique quotidienne. De plus certains facteurs peuvent dรฉcourager la pratique dโactivitรฉ physique comme la violence urbaine, la forte densitรฉ de circulation, la pauvre qualitรฉ de lโair, lโabsence de parcs, trottoirs ou dโinstallations sportives dans les villes (2) .Chez l’adulte, la pratique dโune activitรฉ physique rรฉguliรจre permet une rรฉduction du risque de dรฉvelopper une hypertension artรฉrielle, une maladie cardiovasculaire, un diabรจte, un cancer du sein et du colon, une dรฉpression, et une rรฉduction du risque de chute. Il permet une amรฉlioration de l’รฉtat osseux et un meilleur contrรดle du poids (1) .
Les recommandations actuelles selon lโOMS pour les adultes de 18 ร 64 ans sont une pratique hebdomadaire de 150 minutes dโactivitรฉ dโendurance dโintensitรฉ modรฉrรฉe ou au moins 75 minutes dโactivitรฉ dโendurance dโintensitรฉ soutenue, ou une combinaison รฉquivalente. Lโactivitรฉ dโendurance doit รชtre pratiquรฉe par pรฉriodes dโau moins 10 minutes. Pour pouvoir en retirer des bรฉnรฉfices supplรฉmentaires sur le plan de la santรฉ, les adultes devraient augmenter leur activitรฉ dโendurance dโintensitรฉ modรฉrรฉe de faรงon ร atteindre 300 minutes par semaine ou pratiquer 150 minutes par semaine dโactivitรฉ dโendurance dโintensitรฉ soutenue ou combinaison รฉquivalente. Des exercices de renforcement musculaire sont recommandรฉs au moins deux jours par semaine (3) .
Pendant la grossesse il semblerait que lโactivitรฉ physique soit aussi bรฉnรฉfique. Historiquement, au XVIIIรจme siรจcle, il existait une volontรฉ de protรฉger la femme enceinte des risques dโavortement et dโaccouchement prรฉmaturรฉ par diminution des dรฉplacements et des gestes pendant la grossesse, et ainsi รฉviter tout risque de chute (4) . Cependant cela concernait majoritairement les femmes des classes les plus aisรฉes. Dans les milieux populaires, on ne recommandait pas le repos, mais surtout parce quโon ne pouvait pas se le permettre : les femmes enceintes de ces milieux travaillaient jusquโร lโaccouchement (5) . Ainsi Dr Jean Astruc รฉcrivait en 1770, que les paysannes qui travaillaient jusquโร leur terme ยซ ont des grossesses et des couches heureuses ยป (6) en faveur de bรฉnรฉfices de lโactivitรฉ physique pendant la grossesse.
Dโaprรจs une รฉtude de Magro-Malosso et al. (7) la pratique dโune activitรฉ physique aรฉrobie pendant 30 ร 60 min, 2 ร 7 fois par semaine permet une diminution du risque dโhypertension artรฉrielle gravidique et dโaccouchement par cรฉsarienne. Dโautre part, selon Wang et al. (8) la pratique de vรฉlo, dรฉbutรฉ prรฉcocement, et pendant 30 min 3 fois par semaine dans une population de femmes enceintes en surpoids ou obรจses est associรฉ ร une diminution du risque de dรฉvelopper un diabรจte gestationnel. Le dรฉbut prรฉcoce de lโactivitรฉ physique pendant la grossesse semble contribuer ร un gain pondรฉral plus faible. De plus il nโa pas รฉtรฉ montrรฉ dโaugmentation du risque dโaccouchement prรฉmaturรฉ et au contraire on retrouverait une augmentation modรฉrรฉe de la frรฉquence des accouchements physiologiques chez les femmes pratiquant une activitรฉ physique pendant leur grossesse (9) . Par ailleurs, on ne semble pas retrouver dโaugmentation du risque d’accouchement prรฉmaturรฉ, ni d’augmentation du nombre d’hospitalisations pendant la grossesse et on voit une diminution du risque dโaccouchement par cรฉsarienne (10) .
La sรฉdentaritรฉ et lโinactivitรฉ physique semblent รชtre des facteurs de risque de comorbiditรฉs obstรฉtricales. Il existe une tendance ร lโaugmentation du taux de sรฉdentaritรฉ pendant la grossesse puisque 50% du temps est consacrรฉ ร des activitรฉs sรฉdentaires pendant la grossesse (11) . La grossesse est le moment idรฉal pour encourager des modes de vie sains car les femmes enceintes sont plus rรฉceptives pour la santรฉ de leur enfant ร venir. L’activitรฉ physique est donc recommandรฉe pendant la grossesse s’il n’y a pas de contre-indications.
Les recommandations canadiennes publiรฉes en 2019 (12) conseillent au moins 150 minutes d’activitรฉ physique par semaine avec toutefois certaines contre-indications ร l’activitรฉ physique pendant la grossesse, telles que la rupture des membranes, le travail prรฉmaturรฉ ou des saignements vaginaux persistants inexpliquรฉs. Les conditions de pratique de l’activitรฉ physique sont รฉgalement ร prendre en compte car il n’est pas recommandรฉ de pratiquer une activitรฉ physique par temps chaud. Les activitรฉs physiques prรฉsentant un risque de contact physique ou de chute (sports d’รฉquipe, รฉquitation, etc.) ne sont pas recommandรฉes. En outre, la plongรฉe est formellement contre-indiquรฉe pendant la grossesse (13). De plus, il n’est pas recommandรฉ de pratiquer une activitรฉ physique ร haute altitude (au-dessus de 2500 m) chez les patients qui vivent habituellement ร basse altitude sans pรฉriode dโacclimatation (14). La pratique d’une activitรฉ physique de compรฉtition doit รชtre รฉvaluรฉe et supervisรฉe par un obstรฉtricien professionnel. Il est nรฉcessaire de maintenir une bonne hydratation et une nutrition adรฉquate lors de la pratique d’une activitรฉ physique pendant la grossesse. Les recommandations amรฉricaines sont globalement similaires (15)
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Dans une revue de la littรฉrature en cours de publication (16), rรฉalisรฉe par une รฉquipe de notre centre (How to promote physical activity during pregnancy : a systematic review, James P, Morgant R, Merviel P, Saraux A, Giroux-Metges MA, Guillodo Y, Duprรฉ PF, Muller M, 2020), nous avions retrouvรฉ une grande variabilitรฉ dans les mรฉthodes de promotion de lโactivitรฉ physique telles que les entretiens individuels et de groupe, les supports multimรฉdias ou papiers et enfin les applications pour smartphone. Globalement, cette รฉtude a montrรฉ que les diffรฉrentes mรฉthodes de promotion de lโactivitรฉ physique avaient un faible impact sur lโaugmentation de lโactivitรฉ physique chez ces femmes enceintes et que dโautres รฉtudes plus poussรฉes sont nรฉcessaires.
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Table des matiรจres
PREMIรRE PARTIE
INTRODUCTION SUR LโACTIVITร PHYSIQUE AU COURS DE LA GROSSESSE
BIBLIOGRAPHIE
DEUXIรME PARTIE : ARTICLE ORIGINAL
ABSTRACT
FULL ARTICLE
Introduction
Material and methods
Results
Discussion
Conclusion
Funding
REFERENCES
CONCLUSION
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