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Cadre géographique
Le département de Pikine fait partie de la région de Dakar.
Cette dernière est située dans la presqu’île du Cap Vert entre 17° 10’ et 17° 32’ de longitude Ouest et 14° 53’ et 14° 35’ de latitude Nord et s’étend sur une superficie de 550 km² ce qui correspond à environ 0,3% du territoire du Sénégal. Elle est limitée par la région de Thiès à l’Est et par l’Océan Atlantique dans ses parties Nord, Ouest et Sud.
Climat et environnement
Avec une façade maritime ceinturant presque toute la région, le climat est caractérisé par une fraîcheur et une humidité quasi permanente et relativement forte de l’ordre de 25%. La température varie entre 17° et 25° C de décembre à avril et entre 27° et 30 ° C de mai à novembre.
La pluviométrie se distingue par une durée relativement courte de l’hivernage, variant entre trois et quatre mois de juin à octobre. Elle est marquée, d’une part, par une répartition inégale dans le temps et dans l’espace et, d’autre part, par une faiblesse des quantités d’eau enregistrées. Il est important de souligner que la région de Dakar se situe entre les isohyètes 300 et 600 mm [44]. Mais malgré ce climat exceptionnellement doux, la région de Dakar se trouve très impactée par les poussières désertiques en provenance du Sahara, qui viennent s’ajouter à une pollution atmosphérique galopante liée notamment au trafic automobile diesel, aux industries et aux brûlages à l’air libre. Dans son rapport annuel datant de 2017 [45], le Centre de Gestion de la Qualité de l’Air (CGQA), dresse un bilan alarmant. Il estime que la qualité de l’air à Dakar n’a été globalement bonne que durant seulement quatre mois de toute l’année (juin à septembre). Elle a été mauvaise à très mauvaise la plupart du temps. Ce sont les particules en suspension qui ont eu le plus d’impact (PM10 et PM2,5), les autres polluants gazeux n’ayant jamais dépassé les seuils.
Un rapport récent de l’organisation mondiale de la santé qui classe Dakar aux premiers rangs des villes les plus polluée d’Afrique [46].
Urbanisme
La région de Dakar est organisée administrativement en :
Quatre départements : Pikine, Dakar, Guédiawaye et Rufisque ;
Dix arrondissements :
Dagoudane, Niayes et Thiaroye
Almadies, Dakar- Plateau, Grand Dakar, Parcelles Assainies,
Guédiawaye, Rufisque et Sangalkam
(Seuls les trois premiers, font partie du département de Pikine).
52 communes et 1347 quartiers
C’est une région très urbanisée avec 96,47% de citadins. Seul le département de Rufisque abrite une population rurale qui représente 3,53% de la population régionale [44].
Cadre démographique
Le poids démographique de la région de Dakar contraste nettement avec sa superficie. Elle concentre à elle seule, 23% de la population nationale soit 3 429 371 habitants selon les estimations de 2016. Elle reste la région la plus peuplée du Sénégal avec une densité de 6 056 hbts/km² [44].
La population est inégalement répartie entre les différents départements. En effet, le département de Pikine est le plus peuplé avec 37,4% de la population régionale. Dakar en abrite 36.5%. Les départements de Rufisque (15,6%) et Guédiawaye (10,5%) sont les moins peuplés [44].
Critères d’inclusion
Ont été incluses, quel que soit le sexe, toutes les personnes qui :
Résidaient au département de Pikine
Habitaient l’une des maisons/concessions choisies selon l’échantillonnage
Avaient plus d’une année d’âge (vu l’incertitude d’assurer la validité du questionnaire chez les nourrissons de moins d’un an).
Et ont, eux même, consenti à participer à l’étude ou leurs tuteurs avaient donné leurs accords s’il s’agissait d’enfants.
Critères de non inclusion
Les personnes étrangères de passage
Echantillonnage
Taille de l’échantillon :
Notre étude visait, en premier, à estimer la prévalence de la dermatite atopique dans la population générale, mais nous nous attendions, comme décrit dans la littérature, à avoir une prévalence différente chez l’adulte et chez l’enfant.
Nous avons, donc, opté pour le sondage de deux échantillons :
Un échantillon représentatif des moins de 16 ans
Un échantillon représentatif des individus âgés de 16 ans et plus
La formule de Schwartz, nous a semblé la plus adaptée pour le calcul des tailles des échantillons pour ce type d’étude. Avec une procédure d’échantillonnage à plusieurs degrés, les paramètres pris en compte dans le calcul de la taille de l’échantillon des enfants de moins de 16 ans étaient les suivants :
Z-score de 1,96 (pour une confiance de 95%)
Prévalence attendue de 20% au maximum
Prévalence complémentaire de 80% au minimum
Précision de 4%
Effet grappe fixé à 2
Ces paramètres ont donné une taille d’échantillon de 433 individus, arrondie à 450. Ainsi 450 enfants de moins de 16 ans seront sélectionnés dans toute la région de Dakar, de même que 450 individus âgés de 16 ans et plus.
Ces échantillons permettront une estimation de la prévalence de la DA dans ces deux sous-groupes de la population avec une erreur standard de 0,4% au maximum. L’estimation de la prévalence dans la population générale fera appel à une procédure de pondération pour prendre en compte la sur-représentation des enfants.
Procédure de sondage :
Comme nous l’avons précisé précédemment, cette étude menée au département de Pikine fait partie intégrante d’une étude plus large qui intéressera toute la région de Dakar.
La procédure de sondage s’est faite à plusieurs degrés avec une allocation proportionnelle des individus par département.
Pour atteindre la taille ciblée, 45 clusters de 10 individus au moins seront sélectionnés pour chacun des deux échantillons.
Le tableau, ci-dessous, présente la répartition des clusters par département.
Variables et collecte des données
Une fiche d’enquête préétablie a été utilisée pour chaque participant (cf. annexe 2).
Nous nous sommes basés sur un questionnaire validé par l’ » International Study of Asthma and Allergies in Childhood » (ISAAC) [34] dans sa version française que nous avons jugé utile d’enrichir par des questions supplémentaires pour pouvoir étendre sa validité à tous les groupes d’âges [48] et d’autres questions qui nous ont semblé pertinentes dans notre contexte local.
Un cas de dermatite atopique a été défini par une réponse affirmative aux deux premières questions et à au moins une des trois question suivantes (3, 4 ou 5) à savoir :
une éruption cutanée prurigineuse apparue dans les douze derniers mois,
d’évolution chronique intermittente sur une période d’au moins 6 mois
et qui touche électivement certaines zones (plis des coudes, derrière les genoux, en avant des chevilles, sous les fesses, autour du cou, autour des yeux ou des oreilles.
En plus des joues pour les enfants de moins de dix ans et du front et la convexité des membres pour les enfants de moins de quatre ans.
L’enquête a été conduite par l’enquêteur principal (étudiant en quatrième année du diplôme d’études spécialisées en dermatologie-vénéréologie, formé par le directeur de mémoire sur le protocole d’enquête et les techniques d’enquête de terrain) accompagné de deux autres enquêteurs (étudiants en septième année médecine préalablement formés par l’enquêteur principal).
Les variables recueillies étaient principalement (cf. annexe 2) :
– Les données sociodémographiques : âge, ethnie, lieu de résidence, nationalité, situation matrimoniale, profession, niveau socio-économique.
– Les données cliniques : antécédents, terrain dont notamment la présence d’équivalents atopiques (rhinite permanente ou saisonnière, conjonctivite allergique, asthme (ou toux sèche nocturne), allergie alimentaire, allergie médicamenteuse, lombo-conjonctivite endémique des tropiques (LCET), peau réactive), mode de vie, constantes, signes fonctionnels, généraux et physiques.
Considérations éthiques
Les personnes interrogées étaient libres de participer ou non, et également de demander leur retrait de l’étude à tout moment.
L’entretien avec les enfants a toujours été mené en présence des parents et avec leurs accords.
Le respect de la confidentialité des participants a été assuré par l’attribution d’un numéro au sein de l’étude, numéro figurant sur tous les documents et bases de données.
Toutes les personnes chez qui nous avons dépisté des problèmes de santé, dermatologiques ou autres, au moment de l’enquête, ont été référées à un service médical compétent.
L’accord des autorités médicales concernées et du comité d’éthique de l’université Cheikh Anta Diop a été également demandé au préalable (cf. annexes 3 et 4).
Analyses statistiques
La précision et la qualité des données étaient surveillées tout au long de l’enquête. Les analyses étaient conduites par un statisticien en utilisant les procédures standardisées des logiciels « IBM SPSS Statistics » version 25 et « Epi Info » version 7.2.
Les tests utilisés pour l’analyse des données étaient le khi 2 ou le test de Fisher exact ou le test de Student avec un degré de significativité p<0,05 et un intervalle de confiance de 95%.
Habitudes et mode de vie des personnes enquêtées
Consommation de tabac :
Aucun enfant dans notre population d’étude n’avait déclaré être consommateur de tabac contre 4% des adultes (n=7).
L’exposition au tabagisme passif à domicile était rapportée par 26,11% (n=41) des enfants et 20,48% (n=34) des adultes.
Consommation d’alcool :
Aucun des enfants enquêtés n’avait déclaré consommer d’alcool.
Quant aux adultes, 4% (n=7) avaient rapporté une prise régulière d’alcool.
Accessoires pour le bain :
Parmi les adultes 92,13% (n=164) se servaient d’un filet pour prendre leur bain. Il en était de même pour 85,88% (n=146) des enfants. L’éponge végétale était utilisée dans 3,93% (n=7) et 5,88% (n=10) des cas respectivement.
Usage du beurre de Karité :
Dans notre population d’étude, 72,73% (n=128) des adultes et 79,64% (n=133) des enfants se servait du beurre de karité pour des soins cosmétiques dont respectivement 42,62% (n=52) et 50,42% (n=60) de façon quotidienne.
Les intéressés l’appliquaient sur le tronc et les membres de la même manière que pour un lait de corps dans 81,3% (n=195) des cas. 57,1% (n=137) s’en servaient également sur le visage et 49,2% (n=118) sur les cheveux.
Nous avons noté par ailleurs que 98,22% (n=166) des enfants et 76,4% (n=136) des adultes interrogés nous avaient rapporté avoir reçu des massages au beurre de karité pendant leurs premiers mois de vie ce qui constitue une pratique très courante au Sénégal et qu’on appelle « damp ».
Usage d’huile pour le corps :
L’usage d’huiles cosmétiques a été noté chez 7,3% des adultes et 4,29% des enfants de notre population d’étude. L’huile de noix de coco était celle qui avait été la plus citée.
Usage d’un lait de corps :
Un lait de corps était utilisé au quotidien par 74,29% (n=130) des adultes et 76,51% (n=127) des enfants.
Nous avons répertorié 44 produits différents pour les adultes et 26 pour les enfants.
Parmi ceux utilisés par les adultes 54,54% avaient des propriétés éclaircissantes. Il en était de même pour 23,08% de ceux des enfants.
Profil clinique de la population d’étude :
Diabète :
Aucun des enfants interrogés n’avait un diabète.
Parmi les adultes, 12 sur les 178 retenus pour l’enquête (6,74%) avaient déclarés être diabétiques.
Hypertension artérielle :
Il y avait 43 adultes dans notre échantillon qui étaient connus hypertendus soit 24,16% des adultes concernés. Cependant, les prises de la tension artérielle effectuées à domicile le jour de l’enquête, ont révélé que 20 personnes de plus dans cette tranche d’âge, soit 35,8% des adultes au total, avaient des chiffres tensionnels élevés.
Aucun enfant n’était connu hypertendu mais 3 parmi eux, avaient des chiffres tensionnels élevés lors des mesures effectuées par les enquêteurs.
Dyslipidémie :
Dans notre population d’étude, 2 adultes avaient déclaré être suivis pour une dyslipidémie.
Aucun enfant n’avait une dyslipidémie connue.
Indice de masse corporelle :
L’indice de masse corporelle (IMC) pour les sujets âgés de moins de 18 ans, a été calculé en se référant aux courbes de Gauss correspondantes à l’âge et au sexe. L’interprétation usuelle de l’IMC calculé selon la formule poids/(taille)2 n’est valide que pour les adultes âgés entre 18 et 65 ans. Au-delà de 65 ans, le calcul reste le même mais l’interprétation diffère.
Les données de notre enquête ont mis en évidence que 41,07% (n=69) des enfants souffraient de dénutrition (contre 3,27% des adultes, n=5), 30,36% (n=51) souffraient de maigreur.
Dans la population adulte, 45,1% (n=69) avaient une corpulence normale, 25,49% (n=39) étaient en surpoids et 13,73 % (n=21) souffraient d’obésité.
Phase analytique
Validité du questionnaire
Pour les besoins de notre enquête, nous nous sommes basés sur le questionnaire ISAAC [34] dans sa version française, validé pour le dépistage des cas de dermatite atopique chez les enfants d’âge scolaire, et que nous avons jugé utile d’enrichir par des questions supplémentaires.
Les questions 4 et 5 ont été ajoutées pour pouvoir étendre la validité du questionnaire à tous les groupes d’âges tel qu’il a été suggéré par des études précédentes [48].
Les questions 6 à 8 ont été ajoutées pour écarter les cas suspects de gale (atteinte des espaces interdigitaux dans un contexte de prurit familial à prédominance nocturne ou sans horaire défini) ce qui nous a semblé fort pertinent dans notre contexte local. Ainsi, 3 sujets ont été éliminés au cours de l’enquête.
Deux conclusions pouvaient être tirées à la fin de la fiche d’enquête : la première se rapportait à l’opinion propre des enquêteurs, tous médecins avec de bonnes connaissances en dermatologie, et la deuxième, a été tirée après application stricte des critères du questionnaire par l’investigateur principal.
La comparaison des cas dépistés par le questionnaire et des cas diagnostiqués par les praticiens, l’avis de ces derniers étant pris pour gold standard dans cette comparaison, nous a permis de calculer pour chacune des populations de l’étude, adulte et pédiatrique, la sensibilité et la spécificité du questionnaire. Les valeurs prédictives positive (VPP) et négative (VPN) ont pu aussi être calculées selon les formules suivantes : VPP = (prévalence x sensibilité) / (prévalence x sensibilité + (1-prévalence) x (1-spécificité)) [49].
Profil socio-démographique et dermatite atopique
Population pédiatrique :
L’analyse des données de l’enquête relatives à cette tranche d’âge, n’a objectivé aucun lien statistiquement significatif entre la dermatite atopique et le profil socio-démographiques des enfants enquêtés. Les croisements ont été à la limite de la significativité pour la classe d’âge (p=0,04) et le fait de suivre un enseignement en langue française (p=0,06).
Population adulte :
Les tests de liaison entre la dermatite atopique chez les adultes et les différentes caractéristiques socio-démographiques individuelles, ont objectivé une liaison statistiquement significative pour le genre (p<10-3), le niveau de scolarisation en langue française (p=0,01), la catégorie socio-professionnelle (p=0,01) et la classe de revenus mensuels (p=0,02).
Habitudes et mode de vie des personnes enquêtées
Population pédiatrique :
L’usage du filet pour le bain (p=0,04) a été inversement lié à la dermatite atopique dans cette tranche d’âge.
Aucune des autres variables étudiées n’avait un lien significatif.
Population adulte :
L’étude des liaisons entre la dermatite atopique chez les adultes et les différentes variables explorant les habitudes et mode de vie des sujets retenus pour l’enquête a décelé une liaison statistiquement significative en ce qui concerne : le tabagisme, actif (p=0,01) mais aussi passif (p=0,04) et l’usage des huiles pour le corps (p=0,01).
La dépigmentation volontaire a été inversement liée à la dermatite atopique dans cette tranche d’âge (p=0,01).
L’usage du beurre de karité pour les soins cosmétiques, était à la limite de la significativité (p=0,07).
Environnement des personnes enquêtées
Population pédiatrique :
Les tests de croisement ont été à la limite de la significativité (p=0,06) en ce qui concerne la présence d’un environnement humide à la maison.
Population adulte :
L’étude statistique des variables relatives à l’environnement dans lequel vivaient les personnes enquêtées a montré qu’il existe une liaison statistiquement significative entre la dermatite atopique et la présence d’oiseaux et volailles dans le domicile (p=0,03) dans cette tranche d’âge, contrairement à la population pédiatrique.
Les tests ont été à la limite de la significativité pour ce qui est de l’usage de tapis et moquettes à la maison (p=0,06) et la présence d’un environnement humide à la maison (p=0,06).
Profil clinique de la population d’étude :
Population pédiatrique :
Parmi toutes les données cliniques étudiées chez les enfants, seule la présence de lésions sur la peau glabre a été statistiquement liée à la dermatite atopique dans ce groupe (p=0,01).
Population adulte :
Chez les adultes également, nous avons objectivé un lien statistiquement significatif entre la dermatite atopique et la présence de lésions sur la peau glabre (p<10-3).
Mais contrairement aux enfants, nous avons aussi noté une liaison statistiquement significative entre la dermatite atopique et la notion d’atopie, aussi bien personnelle (p=0,03) que familiale (p=0,01), ainsi que le nombre d’équivalents atopiques présents chez un même sujet (p=0,01). L’existence d’une limbo-conjonctivite endémique des tropiques (LCET) était à la limite de la significativité (p=0,076)
Régression logistique :
La régression logistique n’a pas pu intégrer toutes les variables d’intérêt à cause des effectifs.
Nous pouvons néanmoins retenir les liaisons suivantes, au moins :
En population pédiatrique : l’enseignement français (p=0,04), l’environnement humide à la maison (p=0,04) et l’allergie aux oeufs (p=0,03).
En population adulte : le genre (p=0,05), la catégorie socio-professionnelle (p=0,040, pour le « Secteur formel ») et l’usage de tapis et de moquettes (p=10-2).
Discussion
Apport de ce travail
Il s’agirait à notre connaissance, de la première étude au Sénégal à s’intéresser à la prévalence de la dermatite atopique et ses facteurs déterminants dans la population générale, et l’une des rares ailleurs qui ont pu faire l’état des lieux de cette pathologie à la fois en population pédiatrique et adulte. Nous nous sommes servis d’une même fiche d’enquête, quel que soit l’âge du participant, permettant ainsi une comparaison directe des différentes caractéristiques épidémiologiques de la dermatite atopique dans les deux groupes.
Pour la première fois également, nous avons pu valider un outil de dépistage de la dermatite atopique en population sénégalaise.
Les biais
Premièrement, notre étude a pu être sujette à un biais de classement lié, d’une part, à la présence, dans la population générale, d’autres maladies qui pouvaient être prises à tort pour une dermatite atopique, notamment la gale. Nous avons tenu compte de ce facteur dès l’élaboration de la fiche d’enquête en y incluant des questions discriminantes et nous avons essayé également de minimiser ce biais par une application stricte des critères définissant les cas de dermatite atopique tels que précisés au moment de la construction du questionnaire. D’autre part, le questionnaire utilisé, avait pu passer à côté des cas de dermatite atopique qui venaient de commencer ou ceux qui étaient en rémission.
Deuxièmement, est à signaler, un éventuel biais de sélection, lié d’un côté, aux non-réponses (même si elles étaient minimes dans le cas présent) et de l’autre côté à l’exclusion des nourrissons âgés de moins d’un an.
Les limites de l’enquête
La taille de l’échantillon sur lequel nous avons procédé à cette étude, a été calculée pour faire partie d’un échantillon plus grand portant sur toute la région de Dakar. La lecture des résultats présentés dans ce travail et relatifs au seul département de Pikine doit donc tenir compte de cette donnée et ils doivent être considérés comme des résultats préliminaires.
Dans le même ordre d’idées, la principale difficulté que nous avons rencontré pour la réalisation de notre enquête, était budgétaire. Toute l’étude était autofinancée par l’enquêteur principal et sa directrice du mémoire et nous n’avons reçu aucune aide matérielle d’une tierce partie.
L’étude que nous venons de réaliser au département de Pikine, objet de ce travail, ayant vocation de s’intégrer dans une étude plus large qui englobera les quatre départements de la région de Dakar, en est donc la première étape.
D’un autre côté, le questionnaire utilisé pour mener l’enquête était en langue française or beaucoup de sujets dans la population cible ne parlaient pas français. Les enquêteurs ont pu surmonter cet obstacle en traduisant eux même les questions en langues locales.
Enfin, les résultats obtenus ne sont que le reflet de la maladie étudiée au moment de la réalisation de l’enquête.
Discussion des résultats
Nous avons pu démontrer suite à cette étude que la prévalence de la dermatite atopique dans la population générale du département de Pikine était de 9,9%.
Quel que soit l’âge des populations étudiées, la prévalence de la dermatite atopique à l’échelle mondiale, montre une grande variabilité entre les pays et entre les différentes régions géographiques au sein d’un même pays [33, 36, 51-54].
Bien que la comparaison soit difficile en raison de la différence des méthodes adoptées, nos résultats placent le Sénégal en situation intermédiaire.
Une méta-analyse publiée en 2012 qui a étudié les tendances mondiales de l’évolution de la prévalence de la dermatite atopique, tout âge confondu, avait montré que celle-ci dépassait les 20% dans certains pays développés avec une évolution croissante en Afrique, Asie de l’est, Europe occidentale et certaines régions de l’Europe du nord [51].
La prévalence était de 18.4% en Belgique [55], 11.0% en Autriche [56], 15% au Brésil [57], 20.9% au Maroc [58], 19.8% au Kenya [59], 18% au Nigeria [60], 16.5% en Afrique du Sud [61], 9.3% en Corée du Sud [62] et 4 % à Taiwan [63]
La prévalence de la dermatite atopique dans notre étude s’est révélée bien au-dessus des seules données hospitalières dont nous disposions jusque-là au Sénégal. En effet, il s’agit de la première étude portant sur la dermatite atopique, menée dans la population générale. Les études précédentes, toutes hospitalières, parlaient d’une prévalence de 2% à 4% [41-43]. Ceci peut s’expliquer du fait que les malades atteints de dermatite atopique ne se sentent pas tous gênés par leur maladie au point de recourir à une consultation médicale. Holden et Parish, par exemple, estiment que de 25% à 33% des patients atteints de dermatite atopique ne consultent pas [64]. Ceci est d’autant plus vrai que dans le cas présent, les formes sévères de la dermatite atopique sont loin d’être nombreuses. En effet, sur les 36 sujets dépistés, seuls trois (deux enfants et un adulte) avaient une forme sévère avec à la fois des lésions persistantes et un sommeil perturbé. La sévérité des cas de dermatite atopique dépistés était donc volontiers légère à modérée ce qui correspond à ce qui a déjà été décrit dans d’autres publications [5].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I- Méthodologie
I-1- Cadre de l’étude
I-1-1- Cadre géographique
I-1-2- Climat et environnement
I-1-3- Urbanisme
I-1-4- Cadre démographique
I-2- Type d’étude
I-3- Population d’étude
I-4 – Critères d’inclusion
I-5- Critères de non inclusion
I-6 – Echantillonnage
I-6-1- Taille de l’échantillon
I-6-2- Procédure de sondage
I-7- Variables et collecte des données
I-8- Considérations éthiques
I-9-Analyses statistiques
I-10 Aspects financiers
I-11- Chronogramme
DEUXIEME PARTIE
II- Résultats de l’étude
II-1- Phase descriptive
II-1-1- Profil socio-démographique des personnes enquêtées
II-1-2- Habitudes et mode de vie des personnes enquêtées
II-1-3- Environnement des personnes enquêtées
II-1-4- Profil clinique de la population d’étude
II-1-5- Profil de la dermatite atopique dans la population d’étude
II-2- Phase analytique
II-2-1- Validité du questionnaire
II-2-2- Profil socio-démographique et dermatite atopique
II-2-3- Habitudes et mode de vie des personnes enquêtées
II-2-4- Environnement des personnes enquêtées
II-2-5- Profil clinique de la population d’étude
II-2-6- Régression logistique
III- Discussion
III-1- Apport de ce travail
III-2- Les biais
III-3- Les limites de l’enquête
III-4- Discussion des résultats
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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