Les infections nosocomiales sont connues depuis la crรฉation des hรดpitaux. Une infection est dite nosocomiale lorsquโ elle survienne dans les 48 heures aprรจs lโadmission ร lโhรดpital et 72 heures aprรจs la sortie. Elles reprรฉsentent un problรจme de santรฉ publique prรฉoccupant en raison de la morbiditรฉ importante, de la rรฉsistance des bactรฉries hospitaliรจres, de la mortalitรฉ รฉlevรฉe et du surcoรปt hospitalier non nรฉgligeable quโelles engendrent (1). En milieu Pรฉdiatrique, trรจs peu dโรฉtudes ont รฉtรฉ effectuรฉes sur ces infections nosocomiales (IN). Les stratรฉgies actuelles pour la surveillance, la maรฎtrise et la prรฉvention de ces infections sont, en effet, le fruit des รฉtudes rรฉalisรฉes sur des patients adultes et visant essentiellement cette population (2). Une รฉtude sur la premiรจre รฉpidรฉmie dโinfection nosocomiale ร BMR a dรฉjร รฉtรฉ effectuรฉe ร lโHรดpital Mรจre Enfant Tsaralalร na et des mesures de lutte simples ont รฉtรฉ prises pour pallier ร la propagation et ร la pรฉrennisation de lโinfection. Lโobjectif principal de cette รฉtude est de comparer nos rรฉsultats aux donnรฉes antรฉrieures afin dโรฉmettre de nouvelles suggestions pour une meilleure prise en charge de ces infections nosocomiales.
RAPPELS ET GENERALITES
EPIDEMIOLOGIE
Prรฉvalence :
Si les infections nosocomiales sont connues depuis longtemps, leurs frรฉquences et leurs facteurs de risque restent jusquโร ces derniรจres annรฉes mal รฉvaluรฉs (3). Certaines donnรฉes รฉpidรฉmiologiques gรฉnรฉrales concernant ces IN sont quand mรชme disponibles grรขce ร quelques enquรชtes notamment ceux du rรฉseau amรฉricain de surveillance des IN (NNISS ou National Nosocomial Infection Surveillance System).Dโaprรจs cette รฉtude, la prรฉvalence de ces IN est de lโordre de 7 ร 8 %(4) tout รขge confondu. Ce taux est variable entre 4-6% dans les services de Pรฉdiatrie (3) (5). Pour certaines รฉtudes, il atteint mรชme 30% (6). Ce taux est toute fois plus important dans les services de Rรฉanimation que dans les services de Pรฉdiatrie gรฉnรฉrale.
Gravitรฉ :
La gravitรฉ des IN ร BMR est liรฉe ร la lourde mortalitรฉ quโelles peuvent induire variant de 6 ร 42% voire mรชme 70% en cas de septicรฉmie sรฉvรจre (7) (8). Cette gravitรฉ est fonction de plusieurs facteurs entre autre le site infectieux, le terrain (5), la rรฉsistance รฉlevรฉe des bactรฉries responsables et lโinaccessibilitรฉ aux antibiotiques adรฉquats dans les pays pauvres (2).Cette inaccessibilitรฉ au traitement a รฉtรฉ dรฉjร signalรฉe par Ravelomanana dans lโรฉtude rรฉalisรฉe ร lโHรดpital Mรจre Enfant Tsaralalร na (HMET) sur ces infections nosocomiales ร BMR (2).
Sites infectieux :
Cinq principaux sites anatomiques reprรฉsentent plus de 70% des infections nosocomiales. Il sโagit de lโappareil urinaire, des voies respiratoires infรฉrieures, du site opรฉratoire, des bactรฉriรฉmies et des infections sur cathรฉters (3) (9) (10). Concernant la frรฉquence des infections nosocomiales, les donnรฉes ne sont pas uniformes : certaines รฉtudes avancent que ce sont les infections urinaires qui sont les plus souvent rencontrรฉes en Pรฉdiatrie (40%) suivies des infections respiratoires et les bactรฉriรฉmies (11). Dโautres รฉtudes ont constatรฉ par contre que les infections nosocomiales pรฉdiatriques les plus frรฉquentes touchent les tractus respiratoire (17 35%) et intestinal (16-24%) (3). Certains auteurs soulignent que ce sont les septicรฉmies qui sont les plus frรฉquentes (2,12). Elles reprรฉsentent en effet plus de 20% des infections nosocomiales dont 21% pour Ford Jones et 22% pour Campins (13) (14). Des donnรฉes rรฉcentes du NNISS pour la rรฉanimation pรฉdiatrique ne font que confirmer cette large prรฉdominance des septicรฉmies nosocomiales avec un taux de 28% .
Germes responsables
Tous les microorganismes peuvent รชtre responsables dโune IN. Mais les plus frรฉquents et les plus redoutables sont les bactรฉries (2/3 des cas) (3) (@1). Parmi ces bactรฉries, quelques soient les techniques biologiques employรฉes, les Cocci Gram Positif et les Bacilles Gram Nรฉgatif (BGN) occupent une place prรฉpondรฉrante dans les IN .
Modes de contamination
Il existe deux types de contamination :
– la contamination endogรจne ou auto-infection : le plus souvent ร point de dรฉpart digestif ; le patient sโinfecte ร partir de la flore saprophyte digestive. Elle est favorisรฉe par une stase digestive ou une antibiothรฉrapie prรฉalable. Parfois, elle est occasionnรฉe par certains soins (sondage urinaire, ventilation assistรฉe, actes chirurgicaux,โฆ) (2).
– la contamination exogรจne ou hรฉtรฉro-infection : 90% des cas dโIN se produit suite ร un contact de personne ร personne, c’est-ร -dire quโil y a transfert de germes dโun patient ร lโautre. On parle alors de ยซ transmission croisรฉe ยป (3). Le manuportage constitue le principal mode de transmission. Les personnels soignants jouent un rรดle primordial dans la dissรฉmination de lโinfection (2). Des รฉtudes ont montrรฉ que les gestes quotidiens telles lโauscultation, la prise de tempรฉrature ou la mesure de la pression artรฉrielle peuvent รชtre source dโIN (27). Trรจs rarement, la transmission se fait ร partir de rรฉservoirs situรฉs dans lโenvironnement hospitalier tels que lโeau ou lโair (3). La transmission de germes virulents et/ou multi rรฉsistants dโun patient ร lโautre reste toutefois redoutable car elle peut รชtre responsable dโune รฉpidรฉmie .
Facteurs de risques
Ils sont multiples pouvant รชtre regroupรฉs en facteurs intrinsรจques et extrinsรจques.
a) Facteurs de risques intrinsรจques :
Ils sont reprรฉsentรฉs par :
– lโรขge : en effet, plus lโenfant est jeune, plus il est prรฉdisposรฉ ร lโinfection (29).
– la prรฉmaturitรฉ et le faible poids ร la naissance majorent ce risque (2). Ainsi, le risque dโattraper une infection nosocomiale est de 46% chez le prรฉmaturรฉ de moins de 1000g et 25% chez le prรฉmaturรฉ de 1000 ร 2500g .
– la gravitรฉ de la pathologie sous-jacente par le biais du dรฉsordre immunologique liรฉ au stress ainsi que la multiplicitรฉ des gestes diagnostiques et thรฉrapeutiques rรฉalisรฉes favorisent รฉgalement la survenue dโune infection nosocomiale (31). – lโรขge gestationnel : lโincidence des infections nosocomiales bactรฉriennes atteint 57% pour un รขge gestationnel <33 semaines dโamรฉnorrhรฉes contre 14% pour un รขge gestationnel >33 semaines dโamรฉnorrhรฉes (23). – la perturbation de la flore microbienne commensale : lโusage dโantibiotiques ร large spectre modifie lโรฉcosystรจme bactรฉrien endogรจne en faveur de bactรฉries multirรฉsistantes (2) (32). – la durรฉe dโhospitalisation : plus le sรฉjour ร lโhรดpital est long, plus le risque de contracter une infection nosocomiale est รฉlevรฉ (33). – le sรฉjour en unitรฉ de soins intensifs : ce risque sera encore plus important si le malade a eu un passage en rรฉanimation et a รฉtรฉ lโobjet de gestes diagnostiques et thรฉrapeutiques plus invasifs et /ou rรฉpรฉtรฉs.
b) Facteurs de risques extrinsรจques :
– le port dโun dispositif invasif :
* la sonde urinaire : elle multiplierait par 16 le risque dโinfection nosocomiale (11).
* les cathรฉters vasculaires centraux ou pรฉriphรฉriques : une รฉtude europรฉenne a montrรฉ que 66% des infections nosocomiales en service de nรฉonatalogie ont en effet un rapport direct avec le port de ces dispositifs (34).
* la ventilation assistรฉe : elle reprรฉsente รฉgalement un risque inรฉluctable avec un risque cumulatif de 1% chaque jour (35).
* les sondes digestives (sonde naso-gastrique ou rectale) ou endo-trachรฉales.
– les actes invasifs comme une intervention chirurgicale, une endoscopie,…
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS ET GENERALITES
A- Epidรฉmiologie
1-Prรฉvalence
2-Gravitรฉ
3-Sites infectieux
4-Germes responsables
5-Modes de contamination
6-Facteurs de risques
B- Mรฉcanisme de rรฉsistance aux antibiotiques
C- Clinique
1- Diagnostic
2-Traitement
D- Coรปts de lโinfection
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
A- Population et mรฉthode
B- Rรฉsultats
1- Nos observations
2- Analyse des paramรจtres
TROISIEME PARTIE: COMMENTAIRES, DISCUSSION ET SUGGESTIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE