On a tendance actuellement à préférer parler d’Infection Sexuellement Transmissible (IST). Ce terme permet de mieux prendre en considération les sujets asymptomatiques porteurs et vecteurs de ces agents, dont l’importance épidémiologique apparaît majeure. Même si le VIH constitue actuellement la plus importante de ces IST, nous nous focaliserons ici sur les affections plus «classiques» de cette catégorie, qui se distinguent du VIH par leur caractère accessible à un traitement simple.
En pratique, il s’agit surtout :
• De maladies se caractérisant par une ulcération des parties génitales : syphilis, chancre mou, maladie de Nicolas – Favre, donovanose et herpes génital essentiellement ;
• De maladies se caractérisant par un écoulement génital : infections dues à Neisseria gonorrheae, Chlamydia trachomatis sérotypes D à K, Trichomonas vaginalis, Gardnerella vaginalis et certains mycoplasmes surtout Mycoplasma genitalium.
En 1995, l’OMS a recensé plus de 333 millions de nouveaux cas d’IST curables dans le monde dont 66 millions pour l’Afrique subsaharienne (17). Ces chiffres semblent en augmentation dans de nombreux pays en développement. Ils coïncident avec l’expansion mondiale de l’épidémie du VIH/SIDA dont la transmission apparaît étroitement liée aux IST « classiques » qu’elles soient ulcératives ou non. Ces IST « classiques » ont fortement diminué dans les pays occidentaux notamment en raison de l’utilisation du préservatif qui a coïncidé avec les activités de prévention de la transmission sexuelle de l’infection à VIH.
Cependant, elles restent très endémiques dans les pays en développement. En effet, selon l’OMS les IST seraient la deuxième cause de mortalité et de morbidité chez les femmes de 15 à 45 ans après les infections périnatales et les complications obstétricales (53). La gravité des IST non traitées ou mal traitées par leurs complications propres constituent un problème de santé publique identifié de longue date. A ces complications des IST « classiques », il faut ajouter le risque de transmission du virus de l’immunodéficience humaine. De nombreuses études montrent la réalité de leurs interactions épidémiologiques et biologiques. En effet, d’une part ces IST sont des cofacteurs majeurs de la transmission du VIH et d’autre part, l’infection à VIH du fait de l’immunodépression qu’elle entraîne modifie la pathogénicité des IST en facilitant leur transmission et leur récurrence, en aggravant leur histoire naturelle et en rendant leur traitement plus difficile. De ce fait, l’efficacité d’une prévention et d’une prise en charge précoce des IST sur l’incidence de l’infection à VIH n’est cependant plus à démontrer. En effet, l’étude de Mwanza en Tanzanie (23) a montré qu’une prise en charge simple et peu coûteuse, syndromique et algorithmique, intégrée aux soins de santé primaire dans des conditions proches de celles rencontrées au quotidien dans des pays en développement, pouvait réduire de 40% le taux de nouvelles infections par le VIH. Si la plupart des IST « classiques» bénéficient de méthodes de diagnostique et de dépistage peu onéreuses et facilement applicables sur le terrain, il n’en est pas de même pour l’infection à Chlamydia trachomatis et la maladie de Nicolas-Favre. Ainsi, l’OMS recommande l’approche syndromique et algorithmique qui permet aux cliniciens de prendre en charge les IST sur la base de symptômes que présente le patient mais aussi sur les informations épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques.
La lutte contre les IST « classiques » constitue une priorité de santé publique au Sénégal. Ainsi plusieurs stratégies devraient être élaborées pour la prise en charge de ces IST :
– Prise en charge des hommes présentant une IST symptomatique tout venant et leurs partenaires sexuelles ;
– La focalisation sur les groupes à risques « prostituées et leurs clients » ;
– Le traitement de masse des populations.
Au Sénégal, cette lutte est intégrée dans le programme national de lutte contre le SIDA depuis le début de l’épidémie du VIH. Notre étude vise les objectifs suivants :
1- Déterminer le profil épidémiologique des hommes présentant une IST symptomatique au centre de référence des IST à l’IHS ;
2- Décrire les étiologies des IST chez ces Hommes ;
3- Proposer des recommandations en soins de santé publique pour une meilleure prise en charge de ces IST.
EPIDEMIOLOGIE DES IST
Epidémiologie globale des IST dans le monde
Aperçu général
De part le monde, les IST constituent un problème majeur de santé publique et d’après l’OMS, en 1995 il y a eu plus de 333 millions de nouveaux cas d’IST dans le monde dont 12 millions pour la syphilis, 62 millions pour la gonococcie, 89 millions pour les chlamydioses, 170 millions pour les trichomonases et 2 millions pour le chancre mou (17).
Transmission des IST
Mode de transmission
La voie sexuelle
Elle représente la voie la plus fréquente. Elle suppose le contact intime de deux muqueuses dont l’une est infectée et se fait par l’échange de liquides biologiques (sperme, sécrétion vaginale et sang). Elle concerne les rapports sexuels : hétérosexuels ou homosexuels. Certaines pratiques à risque expliquent les localisations extra génitales des IST (buccales et anales).
La voie sanguine
Elle concerne les contacts avec le sang et les produits sanguins contaminés lors de la transfusion sanguine.
La voie materno-fœtale
Elle concerne la transmission de l’agent pathogène de la mère à l’enfant avant ou pendant l’accouchement.
La contamination professionnelle ou accidentelle
Elle concerne surtout les personnels de santé (Médecin, sage-femme, infirmier(e) et les laborantins) qui sont en contact direct avec les patients ou avec les produits de sécrétion des prélèvements.
Facteurs de transmissions ou de risques
Ces facteurs sont socioéconomiques, culturels et sexuels.
La prostitution
La prostitution, à raison du multiparténariat et des pratiques sexuelles à risque constitue un facteur favorisant majeur dans la transmission des IST. Il peut s’agir d’une prostitution officielle chez les « professionnelles du sexe » ou d’une prostitution occasionnelle. Cette dernière catégorie est plus exposée car non suivie dans les programmes de lutte contre les IST et le SIDA.
La vulnérabilité des femmes
La vulnérabilité biologique
Chez l’homme, les IST sont très parlantes sur le plan clinique par contre elles sont souvent asymptomatiques et insidieuses chez la femme entraînant un retard dans le diagnostic et le traitement. Par ailleurs, le risque de contracter une IST lors d’un rapport sexuel est plus important chez la femme que chez l’homme. En effet, par rapport aux hommes, les femmes ont une surface de muqueuse plus importante exposée aux sécrétions sexuelles de leur partenaire.
La vulnérabilité socioéconomique
L’accessibilité des services de santé aux femmes est souvent difficile liée à la pauvreté et le risque de stigmatisation lors de la fréquentation des services d’IST.
Sur le plan social, la femme est dominée par l’homme qui contrôle la relation sexuelle. Les femmes n’ont pas ou ont peu de prise de décisions sur leur sexualité notamment celles concernant les précautions pour se protéger.
La migration
La migration constitue aussi un facteur en ce sens que le migrant se trouve souvent en situation de précarité, d’instabilité économique et sexuelle favorisant ainsi une multiparténariat et des comportements sexuels à risque.
Les pratiques sexuelles à risque
Tout rapport sexuel avec pénétration sans protection, qu’il soit volontaire ou non comporte un risque de transmission si l’un des partenaires est infecté. Certaines pratiques sexuelles augmentent le risque de transmission :
– Le multipartenariat avec des rapports sexuels non protégés ;
– L’homosexualité avec les rapports anaux et buccogénitaux.
L’alcool et la drogue
De part leurs effets sur la vigilance de l’individu, ils constituent un facteur essentiel pour induire des comportements à risque d’IST.
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Table des matières
I)INTRODUCTION
II) GENERALITES
III) METHODOLOGIE
IV) RESULTATS
V) COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VI) CONCLUSION
VII) REFERENCES
ANNEXES
RESUME