PROFIL EPIDEMIOLOGIQUE ET ANATOMO-CLINIQUE DES CANCERS CUTANES

Rappels histologiques

La peau se compose de :
– L’épiderme : C’est un épithélium malpighien stratifié kératinisé et formé de plusieurs assises cellulaires.
On décrit de la profondeur à la surface :
• la couche des cellules basales ou germinatives
• les couches des cellules malpighiennes traduisant la maturation progressive des cellules de la profondeur vers la surface par la charge en kératine.
– Le derme: C’est un tissu conjonctivo-fibreux constitué de fibroblastes, d’histiocytes et de vaisseaux et dont le rôle est double, mécanique, car il supporte l’épiderme et trophique par sa richesse vasculaire.
– L’hypoderme qui comprend :
• une zone externe formée d’un panicule adipeux d’épaisseur variable
• une zone profonde faite de tissu conjonctivo-élastique lâche
– Des annexes de la peau qui sont:
• les glandes sudoripares
• les glandes sébacées
• les follicules pileux.

Forme ulcéro-bourgeonnante

       C’est la forme la plus fréquente. La tumeur est saillante, volumineuse, infiltrante et enchâssée dans le derme avec une surface irrégulière, bourgeonnante et ulcérée. L’ulcération à un fond irrégulier plus ou moins végétant et saignant. Le bord est épais, dur, éversé et constitue la coque de la masse tumorale dans laquelle s’est formée l’ulcération. La prolifération et l’ulcère reposent sur une base infiltrée tumorale qui dépasse irrégulièrement les limites visibles de la lésion.

Mélanome à extension superficielle (SSM)

        Il compte pour près de 70 % des cas et donne des lésions qui ont tendance à se propager à la surface de la peau. L’ABCDaire du mélanome est un outil précieux d’aide au diagnostic, sans oublier le grand intérêt de la dermoscopie devenue depuis plusieurs années, un outil de travail incontournable et en particulier pour le diagnostic précoce des lésions débutantes très jeunes. Toute lésion pigmentée, asymétrique, irrégulière, de couleur variable et de diamètre supérieur à 6mm reste suspecte de mélanome. Pour facilité le dépistage, les critères de malignité sont souvent formulés en par une activité jonctionnelle s’étalant sur plus de 3 crêtes épidermiques au-delà de l’infiltration du derme par les mélanocytes de la composante verticale, sur au moins une des berges de la lésion.

Dermatofibrosarcome de DARRIER-FERRAND

Définition : Le dermatofibrosarcome est une tumeur rare, de développement lent, particulière par son agressivité locale et sa tendance aux récidives en l’absence de chirurgie adaptée. Sa nature fibroblastique, histiocytaire ou neurectodermique est toujours discutée et sa pathogénie encore inconnue.
Epidémiologie : Le dermatofibrosarcome ou tumeur de Darrier-Ferrand est une tumeur rare qui survient le plus souvent chez l’adulte jeune, entre 20 et 40 ans et exceptionnellement chez l’enfant avec une prédominance masculine.
Aspects cliniques : Le siège le plus fréquent est le tronc, notamment la ceinture scapulaire, les extrémités proximales ou la région cervico-céphalique. Les localisations acrales sont très rares, sauf peut-être chez l’enfant. Cette tumeur débute le plus souvent par une plaque unique, ferme, indurée, brun-rouge, violacée ou couleur peau normale. Rarement, la lésion initiale prend l’aspect d’un nodule ferme, d’une plaque atrophique ou d’une lésion sclérodermiforme. La tumeur de Bednar, rare, est la forme pigmentée du dermatofibrosarcome. Elle survient surtout chez le sujet de race noire et contient, histologiquement des dépôts de mélanine.
Histologie : La prolifération tumorale siège dans le derme et l’hypoderme. La tumeur est composée de cellules fusiformes, avec peu d’atypies et de mitoses. Ces cellules sont groupées en petits faisceaux enchevêtrés réalisant un aspect en « panier tressé » ou « storiforme » des Anglo-Saxons. En profondeur, la tumeur infiltre l’hypoderme en nappes dissociant les lobules adipeux, et sous forme de coulées dans les cloisons inter lobulaires. Elle peut s’étendre à distance du foyer principal, atteignant les fascias ou les plans aponévrotiques sous-jacents.
Evolution : Si l’évolution de cette tumeur est longue, elle est fréquemment émaillée de récidives dont la fréquence dépendant des marges de l’exérèse initiale. Les métastases sont rares (5 %), essentiellement pulmonaires. Quelques cas de transformation en sarcome de haut grade de malignité de dermatofibrosarcome ont été rapportés [40].

Angiosarcome

        Nous avons colligé 4 cas d’angio sarcome. Il concernait 2 femmes âgées respectivement de 70 et 64 ans. Il s’agissait d’un angiosarcome céphalique primitif chez une patiente et d’un angiosarcome survenu chez une patiente présentant une sclérodermie systémique dans un cas. Le type histologique des sarcomes n’a pas été précisé. Le traitement consistait en une radiothérapie pour le cas de l’Angiosarcome sur sclérodermie et d’une abstention thérapeutique du fait du stade avancé de la tumeur dans l’autre cas. Les patients ont été perdus de vue dans un cas alors que l’évolution était favorable après un délai de 3 ans dans le cas de l’angiosarcome survenu sur sclérodermie systémique. Nous avons observé 2 cas de sarcomes de haut grade sur maladie de Kaposi. Les patients étaient âgés de 54 et 70 ans ; et étaient de sexe masculin.

Dermatoses pré néoplasiques

     Le carcinome épidermoïde survient presque toujours chez le sujet noir, sur une dermatose pré-existante acquise ou congénitale [25, 27, 41]. Dans notre série, l’existence d’une dermatose pré néoplasique était retrouvée dans 85 cas. Il s’agissait d’une dermatose pré néoplasique acquise dans 70 cas et congénitale dans 15 cas. Les dermatoses pré néoplasiques acquises rencontrées dans notre série étaient très largement dominées par les cicatrices de brûlures (34 %). Elles étaient suivies par les cicatrices post-traumatiques (17 %). La chéilite actinique occupait la 3° place des dermatoses pré néoplasiques acquises. Nous n’avons noté aucun cas d’ulcère phagédénique de jambe et pourtant, il représentait en 1988 à Dakar, 80 %, soit la première dermatose acquise responsable de carcinome épidermoïde [62]. La régression des ulcères phagédéniques de jambe est sans doute liée à l’amélioration du niveau d’hygiène des populations. Dans l’étude de Dieng et al, les cicatrices de brulures thermiques étaient en cause dans 19% des cas [18]. Par ailleurs, la dépigmentation artificielle a été en cause dans 6 cas. Ce facteur récemment identifié a été rarement rapporté dans la littérature [36]. Concernant les génodermatoses, elles étaient dominées dans notre étude par l’albinisme, suivie du xéroderma pigmentosum[5, 34, 68]. Au Bénin, les études révèlent que l’albinisme (31,25%) est le principal facteur pré-néoplasique [5]. En Tanzanie et en Afrique du Sud un cancer cutané survenait respectivement dans 13,2% et 23,4 % des cas chez un albinos [34, 67].

Dermatofibrosarcome de DARRIER-FERRAND

      Le Dermato fibrosarcome de Darrier- Ferrand est une tumeur relativement rare. Sur une période de 10 ans, nous avons retrouvé 45 cas correspondant à une fréquence de 12% des cancers cutanés à l’HALD. Dans les séries Africaines, on note également une faible fréquence de cette tumeur avec 6 cas en 15 ans au Togo, 1 cas en 10 ans à Cotonou, un cas en 3 ans à Dakar, 10 cas en 20 ans KOMBATE dans le laboratoire d’anatomopathologie [33,52, 56, 64]. Au Maroc, Nawal Hammas et al ont colligé 27 cas sur une période de 7 ans [30]. Tous les patients étaient relativement jeunes dans notre étude avec une moyenne d’âge de 48 ans. Il en est de même dans la plupart des études chez le Noir Africain [33, 64]. Les localisations de cette tumeur sont très variables, mais largement dominées par celle du tronc, qui était concernée dans 27 % des cas dans notre étude [6, 52]. La présentation clinique était le plus souvent typique faite d’une tumeur indurée et multilobée. Sur le plan évolutif, nous avons noté un important taux de récidive postchirurgical (40 %), témoignant de la difficulté du respect des marges standardisées d’exérèse. Il en est de même au Nigéria où un taux de récidive post-chirurgical de 73 % a été noté [6]. Par ailleurs, une transformation en sarcome de haut grade de malignité avec des métastases pulmonaires en lâchers de ballon était survenue dans un cas. Il s’agit d’une évolution certes connue mais exceptionnellement décrite [32, 40].

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: RAPPELS SUR LES CANCERS CUTANES
I. GENERALITES
II. CARCINOME BASOCELLULAIRE
II.1. Définition
II.2. Epidémiologie
II.3. Aspects cliniques
II.4. Histologie
II.5. Diagnostic différentiel
II.6. Evolution et pronostic
II.7. Traitement
III. CARCINOME ÉPIDERMOÏDE 
III.1. Définition
III.2. Epidémiologie
III.3. Aspects cliniques
III.4. Histologie
III.5. Diagnostic différentiel
III.6. Evolution pronostic
III.7. Traitement
IV. MELANOME
IV.1. Définition
IV.2. Epidémiologie
IV.3. Aspects cliniques
IV.4. Histopathologie
IV.5. Evolution pronostic
IV.6. Traitement
V. LES SARCOMES CUTANEES
V.1. Définition
V.2. Epidémiologie
V.3. Classification
V.3.1. Dermatofibrosarcome de DARRIER-FERRAND
V.3.2. Liposarcomes
V.3.3. Angiosarcome (As)
V.3.4. Léiomyosarcomes (LMS)
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
OBJECTIFS
PATIENTS ET METHODES
I. RESULTATS
I.1. Epidémiologie
I.1.1. Fréquence
I.1.2. Répartition selon les années
I.1.3. Répartition selon l’âge
I.1.4. Répartition selon le sexe
I.2. Répartition selon le types de cancers
I.3. Répartition selon le service
I.3.1. Répartition du nombre de cancers selon le service
I.3.2. Répartition des différents types de cancer dans les différents services
I.4. Etude des différentes formes cliniques
I.4.1. Carcinome épidermoïde
I.4.2 Carcinome basocellulaire
I.4.3. Mélanome
I.4.4. Sarcomes
I.4.4.1.Dermatofibrosarcome de DARRIER-FERRAND
I.4.4.2.Autres sarcomes
I.4.4.2.1. Rhabdomyosarcome
I.4.4.2.2. Angiosarcome
I.4.4.2.3. Liposarcome
I.4.4.2.4 Sarcome inclassés
II. DISCUSSION
II.1. Limites de notre travail
II.2. Profil épidémiologique
II.3. Types de cancers
II.4. Répartition selon les services
II.5. Etude anatomo-clinique des différents types de cancers cutanés
II.5.1.Carcinome épidermoïde
II.5.2. Carcinome basocellulaire
II.5.3. Mélanome
II.5.4. Sarcomes cutanes
II.5.4.1. Dermatofibrosarcome de DARRIER-FERRAND
II.5.4.2. Autres sarcomes
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES

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