PROFIL EPIDEMIOCLINIQUE DES LOMBALGIES

EPIDEMIOLOGIE

            La lombalgie commune est particulièrement fréquente chez l’adulte. Environ 70-85% des adultes souffriront d’une lombalgie au moins une fois durant leur vie [11,12]. Chaque année, 15 à 45 % des adultes, indépendamment de la nature de leur travail, souffrent d’un problème de lombalgie (42 % dans une enquête récente en Belgique); ces chiffres peuvent être cependant plus élevés dans certains secteurs d’activité et certaines professions. Chaque année, 5 % des adultes connaissent un premier épisode de lombalgie (nouveaux cas). Les lésions graves du dos, telles que celles qui peuvent être la conséquence d’une chute ou résulter d’une maladie organique (appelée lombalgie spécifique), sont plutôt rares. Parmi les données de prévalence des lombalgies recensées dans la littérature, il existe une grande variabilité liée aux définitions peu précises de la symptomatologie et la différence méthodologique [13]. Dans une revue de la littérature, Loney et Strafford [14] ont recensé des études dont la symptomatologie est comparable. Parmi ces études, la prévalence ponctuelle a été estimée à 13,7% au Danemark [ 15], 16,9% en Finlande [16], 19% en Grande Bretagne [17], 28,7% au Canada [18], 31% en Suède [19] et 15,32% au Maroc [20]. Cette large différence entre la prévalence reflète la nature instable et épisodique de la plupart des lombalgies. L’hétérogénéité internationale des données de prévalence peut s’expliquer, outre les causes méthodologiques comme les différences d’échantillonnage, par l’attitude des sociétés et des systèmes de santé envers l’invalidité. Dans le monde, les lombalgies sont en augmentation exponentielle depuis 50 ans dans les populations des pays développés et en développement. Dans une revue de données mondiales de prévalence, il a été rapporté des taux de prévalence inferieurs dans les pays en voie de développement par rapport aux pays développés. Et il a été mis en évidence que la prévalence était variable en fonction de l’âge avec un maximum entre 40 et 60 ans [14].

Anatomie du dos

             La colonne vertébrale, aussi nommée rachis, est constituée d’un empilement de 33 vertèbres séparées par des disques qui servent d’amortisseurs et de joints souples. Les muscles et les ligaments maintiennent la colonne érigée. Les courbures naturelles du dos sont aussi des facteurs de stabilité. Classiquement, on divise la colonne vertébrale en 5 segments dont :
– rachis cervical (7 vertèbres cervicales au niveau du cou),
– rachis dorsal (12 vertèbres dorsales situées derrière le thorax),
– rachis lombaire (5 vertèbres lombaires situées derrière l’abdomen),
– sacrum (5 vertèbres soudées au niveau du bassin),
– coccyx (4 vertèbres soudées).
Les disques intervertébraux sont constitués d’un anneau fibreux plutôt dense (l’annulus fibrosus), entourant un noyau central gélatineux appelé nucleus pulposus (ou noyau pulpeux). Chez l’adulte, les cellules des disques se renouvellent peu, ce qui peut rendre la cicatrisation difficile. La colonne vertébrale protège la moelle épinière, qui passe dans le canal rachidien. De là partent entre chaque vertèbre, vers la droite et vers la gauche, les « racines » des nerfs qui sont chargés de transmettre des informations provenant des organes sensoriels à destination du cerveau (nerfs sensitifs), et également de « donner des ordres » en provenance du cerveau aux différentes parties du corps (nerfs moteurs) [21,22].

Les examens complémentaires

           Ils sont inutiles chez un sujet jeune au tout début de la prise en charge afin de ne pas alourdir la prise en charge. Par contre, ils sont indispensables dans les cas suivants :
– sujet âgé
– symptôme persistant
– si terrain pathologique préexistant
Ils comportent des examens biologiques (VS, NFS) et radiologiques (Radiographies standards). Les examens spécialisés tels que le scanner, l’IRM seront demandés en fonction de la suspicion diagnostique [33].

La sciatique

           La douleur lombaire s’accompagne d’une douleur qui descend le long des faces postérieures de la cuisse et de la jambe. Cette douleur est provoquée par l’irritation des racines du nerf sciatique secondaire à une lésion d’un disque intervertébral (type hernie discale). Le nerf sciatique est constitué des racines L5 et S1. Si la racine S1 est irritée alors la douleur descend sur la face derrière la cuisse et du mollet puis sur le coté extérieur du pied. Si la racine L5 est irritée alors la douleur descend sur le côté externe de la cuisse et de la jambe pour se terminer vers le gros orteil.

Les facteurs de chronicité de la lombalgie

           La lombalgie se résorbe dans la plupart des cas. Dans d’autres cas, elle peut aussi devenir récurrente. Le passage à la chronicité est lié à un certain nombre de facteur régulièrement impliqué. En 2002, une étude de cohorte a montré que des facteurs individuels, professionnels et psychosociaux sont associés à la chronicisation des lombalgies [60, 61]. Les facteurs de risque significatifs étaient : des douleurs sévères aux jambes, l’obésité, une invalidité ou détresse psychologique, l’indisponibilité de tâches légères au travail et une activité professionnelle exigeant de soulever trois quart de la journée ou plus. En 2002 également, Pincus et al [62] ont réalisé une revue systématique des études de cohortes dans le but d’évaluer la valeur prédictive des facteurs psychologiques dans la chronicisation de la lombalgie. Ils ont pu vérifier leur hypothèse et ont retenu comme facteur significatif la détresse psychologique, l’humeur dépressive et la somatisation. Aux Pays-Bas, en 2000, Van der Giezen et al [63] ont identifié comme facteurs pronostiques de retour au travail de patients lombalgiques avec 3 à 4 mois de congémaladie, l’état de santé général, la satisfaction au travail, être un soutien de famille. Dans une étude réalisée en Norvège, en 2003, Reiso et al [64] ont obtenu comme facteurs prédictifs d’un retour au travail plus long, la tranche d’âge 40 à 49 ans, un niveau de douleur élevé, une faible autoévaluation de la capacité de travail et la prédiction par le patient de ne pas retourner au travail 4 semaines plus tard. En Israël, en 2004, Jacob et al [65] ont rapporté comme facteurs prédictifs de chronicité une durée initiale de douleur supérieure à un mois, l’insatisfaction au travail et un événement négatif (mort d’un proche, divorce, perte d’emploi) vécu au cours des douze mois précédents. En dehors des facteurs liés au patient et à son environnement psychosocial, l’attitude du personnel soignant à une influence sur l’évolution de la condition du patient. En effet, les médecins généralistes prescrivent d’autant plus d’arrêts de travail et de restrictions d’activité physique [66-69]. Dans une enquête prospective de Valat et al [70], cinq paramètres ont été retrouvés pouvant expliquer l’évolution chronique de la lombalgie à savoir la nature de l’épisode, durée de l’arrêt de travail prescrit, les activités de la vie quotidienne, la pratique de sport. Les neurosciences constituent une piste de recherche intéressante dans la compréhension des mécanismes de chronicisation de la lombalgie. Une récente revue de la littérature [71] a montré que les douleurs chroniques s’accompagnent de modification de la structure du cerveau. Les maux de dos chroniques sont associés à des altérations morphologiques de structures cérébrales connues pour jouer un rôle crucial dans l’anti nociception.

Paramètre domicile

            Les populations de la ville sont les plus atteintes de lombalgie. Le taux selon notre étude est de 85,66 %. Ce paramètre n’a pas été trouvé dans les études faites ailleurs. La question se pose sur lien avec le mode de vie des citadins et la lombalgie. Pour le cas de notre étude, en référence au taux sus cité, les patients sont majoritairement des citadins. Le mode de vie dans la Capitale confirme la tendance. En effet, presque toutes les composantes de la vie sont des motifs pouvant engendrer du stress. Nous pouvons citer parmi ces multiples composants le cout de la vie, la difficulté d’accès aux services, les embouteillages dans les voies publiques. On peut dire ainsi que la population citadine en générale présente un risque d’être victime de lombalgie quand les conditions se réunissent. Le cas des patients du monde rural est expliqué par plusieurs raisons :
– La population rurale est désavantagée du fait de la restriction du niveau d’ information motivant les gens à consulter
– Les centres de Rééducation et de Réadaptation sont en général concentrés dans les grandes villes d’où la difficulté à la fois financière et géographique de l’accès aux soins dans ces services. En effet, les patients qui sont loin du centre de rééducation sont obligés de dépenser de l’argent pour le transport et le séjour, à part les couts directs de la prise en charge. De ce fait, nous proposons :
– de développer les centres régionaux de Rééducation et de réadaptation,
– de développer des écoles de formation initiale et continue dans le domaine de réadaptation afin que des personnels qualifiés puissent travailler dans ces nouveaux centres.
– mais en attendant nous proposons d’avoir recours à la Rééducation à base communautaire.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITE ET RAPPELS SUR LA LOMBALGIE
I- Définition
II- Classification
III- Epidémiologie
IV- Rappels anatomiques
V- Diagnostics cliniques et paracliniques des lombalgies
VI- Les différentes formes de lombalgie
VII- Les facteurs de risque de la lombalgie
VIII- Prise en charge de la lombalgie
DEUXIEME PARTIE : METHODE ET RESULTATS
I- Cadre de l’étude
II- Méthode
III- Résultats
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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