Parmi les bacilles à Gram-négatif, les entérobactéries constituent certainement en pathologie humaine, un groupe prédominant. Cependant, de nombreuses autres espèces ont été identifiées, en particulier les bacilles à Gram-négatif non fermentaires aérobies stricts tels les genres Pseudomonas, Acinetobacter, Stenotrophomonas, Burkholderia, Alcaligenes. Ces bacilles à métabolisme oxydatif ne fermentent pas les sucres en anaérobiose et sont donc qualifiés de « non fermentants » ou « non fermentaires » .
Ce groupe bactérien très riche en individualités, car composé d’une vingtaine de genres et plusieurs dizaines d’espèces telles Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter baumannii, Stenotrophomonas maltophilia, Burkholderia cepacia, Alcaligenes xylosoxydans fait quelquefois parler de lui, car ces bactéries sont souvent opportunistes et responsables d’infections nosocomiales et communautaires. [6] Une étude antérieure menée sur la période de2008 à 2012 dans l’hôpital de référence CHNU de Fann évoquait la résistance croissante de ces bactéries aux antibiotiques utilisés [26]. Vu les enjeux sanitaires et socio-économique que représente cette évolution de la résistance, il est capital de pouvoir suivre son évolution afin d’apporter des solutions adaptées à notre contexte. C’est dans ce contexte que nous avons mené notre étude afin d’apporter des solutions à ce problème que constituent les bacilles non fermentaires.
Les antibiotiques
Les antibiotiques sont des substances élaborées par des micro-organismes, ou des substances synthétiques, qui sont bactériostatiques ou bactéricides à dose faible. Leurs cibles d’activité sont des structures moléculaires spécifiquement bactériennes. Elles ont donc une toxicité sélective pour les cellules procaryotes et une toxicité faible pour les cellules eucaryotes [5].
les β-Lactamines
Définition
Les bêtalactamines constituent la famille d’antibiotiques la plus importante, aussi bien par le nombre et la diversité des molécules utilisables que par leurs indications en thérapeutique et en prophylaxie des infections bactériennes. Cette famille, qui regroupe les pénicillines, les céphalosporines, les carbapénèmes et les monobactames, est caractérisée par la présence constante du cycle bêtalactame associé à des cycles et des chaînes latérales variables qui expliquent les propriétés pharmacocinétiques et le spectre d’activité des différents produits. La grande variété de leurs modes d’administration, leur large spectre d’activité antibactérien associé à une action bactéricide, une bonne diffusion tissulaire, une bonne tolérance et un faible nombre d’interactions médicamenteuses expliquent leur popularité et l’importance de leur utilisation, seules ou en associations [19].
Classification des β-Lactamines
Pénames
Pénicilline G, pénicillines M, pénicilline A, pénicilline V, carboxy-pénicilline et uréido-pénicillines [16].
Carbapénèmes (Pénèmes)
Les carbapénèmes sont des β-lactamines qui présentent un très large spectre d’activité et une grande stabilité vis-à-vis de la plupart des β-lactamases. L’imipénème et le méropènème ont été les deux premiers représentants disponibles en clinique. Une troisième molécule s’est ajoutée, l’ertapénème [109]. Parmi les nouvelles carbapénèmes, le doripénème garde une meilleure activité sur les bacilles à Gram négatif et particulièrement sur les aérobies stricts [107].
Céphèmes :
✓ Céphamycines : Les principales molécules sont la céfoxitine et le céfotétan qui sont rattachées, du fait de leurs propriétés, aux céphalosporines de deuxième génération. Elles sont caractérisées par un radical alpha-méthoxy en position 7. Ce radical protège le noyau β -lactame de l’hydrolyse par les β-lactamases, mais est responsable d’un effet inducteur intense sur les céphalosporinases chromosomiques [19].
✓ Oxa -1-céphèmes : latamoxef [56].
✓ Céphalosporines :
Les céphalosporines ont pour noyau commun l’acide 7 amino céphalosporinique.
Leur classification repose sur leur spectre d’activité de plus en plus large que sur leur structure chimique commune [94].
● Céphalosporines de première génération :
Il existait plus d’une dizaine céphalosporines dites de première génération mais certaines ne sont plus commercialisées. Exemple : Céfaclor, Céfadroxil, Céfalexine, Céfalotine, Céfatrizine, Céfazoline, Céfradine.
● Céphalosporines de deuxième génération :
Les céphalosporines de deuxième génération comprennent la céfuroxime, le céfamandole et la céfoxitine. Elles sont caractérisées par une meilleure résistance aux ß-lactamases et un spectre d’action plus large, une activité à faible concentration, une bonne diffusion tissulaire [4].
● Céphalosporines de troisième génération (C3G) :
Exemple : Céfotaxime – ceftazidime – ceftriaxone – céfopérazone [94].
● Céphalosporines de quatrième génération :
Restent actives chez les entérobactéries ayant acquis une résistance aux C3G par hyperproduction d’une céphalosporinase, inactives en cas de bétalactamases à spectre étendu. Exemple : Cefepime, Cefpirome [46].
Monobactames
Leur noyau se caractérise par la présence du noyau monocyclique, azétidine, limité au cycle β-lactame. Exemple : Aztreonam [19].
Inhibiteurs des β-lactamases
Les inhibiteurs des β-lactamases possèdent une faible activité antibactérienne intrinsèque. En se liant à la bêtalactamase, ils permettent l’activité de la bêtalactamine à laquelle ils sont associés. Il en résulte une action synergique et une augmentation de l’activité de la bêtalactamine. Actuellement, sont disponibles l’association
● Amoxicilline-acide clavulanique (Augmentin) [2].
● Pipéracilline-tazobactam (Tazocillin)
● Sulbactam : En plus de son effet inhibiteur irréversible sur les ßlactamases, le sulbactam a une activité antibiotique intrinsèque sur quelques germes, mais il est toujours utilisé en association avec les antibiotiques détruits par les β-lactamases.
-Sulbactam+ampicilline estérifiée : Unacim .
Mécanisme d’action des β-Lactamines
Le peptidoglycane est un polymère réticulé fait de chaines de glycanes reliées par des peptides. Ses précurseurs sont synthétisés dans le cytoplasme et assemblés à l’extérieur de la membrane cytoplasmique. Lorsque les bactéries sont en phase de croissance, il existe simultanément des phénomènes de synthèse et de destruction du peptidoglycane. L’équilibre entre ces deux phénomènes est rompu par les antibiotiques inhibant la synthèse du peptidoglycane [77].
Pénétration des β-lactamines dans les bactéries
Les β-lactamines sont des acides relativement forts et franchissent parfois difficilement les membranes bactériennes. Pour les bactéries à Gram négatif il existe une « membrane externe », située à l’extérieur du peptidoglycane et la pénétration est conditionnée par des protéines « les porines » dont l’assemblage délimite les pores ou point de pénétration [65].
Cible des β-lactamines : protéines liant les pénicillines (PLP)
Les β-lactamines se fixent sur les PLP à la place du dipeptide d’alaline avec lequel elles présentent une analogie structurale. Cette fixation bloque la synthèse du peptidoglycane et de ce fait la croissance bactérienne. La bactéricide est obtenue avec l’activation du système enzymatique de la muréine hydrolase qui provoque l’éclatement de la bactérie. Les β-lactamines enttrainent l’arrêt de synthèse du peptidoglycane + activation de l’autolyse qui a un effet létale [82].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
Chapitre 1. Les antibiotiques
1. Les βlactamines
1.1. Définition
1.2. Classification des β-lactamines
1.2.1. Pénames
1.2.2. Carbapénèmes
1.2.3. Céphèmes
1.2.4. Monobactames
1.2.5. Inhibiteurs des β-lactamases
1.3. Mécanisme d’action des β-lactamines
1.3.1 Pénétration des β-lactamines dans les bactéries
1.3.2 Cible des β-lactamine : protéines liant les pénicillines (PLP)
2. Les aminosides
2.1. Définition
2.2. Classification des aminosides
2.3. Mécanisme d’action des aminosides
3. Quinolones
3.1. Définition
3.2. Classification des quinolones
3.3. Mécanisme d’action des quinolones
4. β-lactamases
4.1. Classification des β-lactamases
Chapitre II. Les bacilles à Gram négatif non fermentaires
1. Pseudomonas aeruginosa
1.1. Mécanismes de résistance aux β-lactamines chez Pseudomonas aeruginosa
1.1.1. Résistance naturelle
1.1.2. Résistance acquise
1.1.2.1. Résistance enzymatique
1.1.2.2. Résistance non enzymatique
1.2. Résistance aux fluoroquinolones
1.3. Résistance aux aminosides
2. Acinetobacter baumannii
2.1. Mécanisme de résistance aux β-lactamines chez Acinetobacter baumannii
2.1.1. Résistance naturelle
2.1.2. Résistance acquise
2.1.2.1 Résistance enzymatique
2.1.2.2. Résistance non enzymatique
2.2. Résistance aux aminosides
3. Stenotrophomonas maltophilia
3.1. Résistance aux β-lactamines
3.2. Résistance aux aminosides
3.3. Résistance aux fluoroquinolones
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
1. CADRE DE L’ÉTUDE
2. MATERIEL ET METHODE
2.1 Type et période d’étude
2.2 Critères d’inclusion
2.3 Critères de non inclusion
2.4 Recueil et analyse des données
2.5 Démarche diagnostique
3. RESULTATS
3.1 Répartition des échantillons par année
3.2 Caractéristiques sociodémographiques
3.2.1 Répartition des patients selon le sexe
3.2.2 Répartition des patients selon la tranche d’âge
3.2.3 Répartition des patients selon le statut
3.3 Répartition selon le service de provenance
3.4 Répartition des patients selon les prélèvements d’origine
3.5. Prévalence
3.6 Sensibilité aux antibiotiques
3.6.1 Sensibilité aux antibiotiques de Pseudomonas aeruginosa
3.6.2 Sensibilité aux antibiotiques des Pseudomonas spp
3.6.3 Sensibilité aux antibiotiques des Acinetobacter spp
3.6.4 Sensibilité aux antibiotiques des Xanthomonas spp
4. DISCUSSION
4.1 Limites de l’étude
4.2 Aspects épidémiologiques
4.3 Répartition des germes isolés en fonction du statut et du service clinique
4.4 Répartition des patients selon les prélèvements d’origine
4.5 Répartition des bactéries fréquemment identifiées selon les services
4.6 Sensibilité aux antibiotiques
4.6.1 Sensibilité globale aux antibiotiques
4.6.2 Sensibilité aux antibiotiques des souches de Pseudomonas aeruginosa et Pseudomonas spp
4.6.3 Sensibilité aux antibiotiques des souches de Acinetobacter spp
4.6.4 Sensibilité aux antibiotiques des souches de Xanthomonas spp
CONCLUSION