Le derme
ย ย ย Le derme est un tissu conjonctif dense, fibreux, รฉlastique, beaucoup plus รฉpais que lโรฉpiderme et divisรฉ en deux zones: le derme papillaire et le derme rรฉticulaire. Il constitue le support solide de la peau. Il donne ร la peau sa consistance et son tonus [7]. Le derme est essentiellement constituรฉ de fibroblastes et de matiรจre extracellulaire. Les espaces entre les fibres renferment quelques adipocytes, des follicules pileux, des nerfs, des glandes sรฉbacรฉes et des glandes sudoripares [8].ย Les fibroblastes sont les principales cellules responsables de lโhomรฉostasie de la matrice extracellulaire (MEC) et synthรฉtisent le collagรจne, lโรฉlastine, la substance fondamentale et les glycoprotรฉines de structure. La substance fondamentale amorphe apparait trรจs faiblement colorรฉe par le bleu alcian en microscopie optique et ยซ vide ยป en microscopie รฉlectronique ร transmission. Elle contient essentiellement de lโacide hyaluronique qui est un glycosaminoglycane (GAG) non sulfatรฉ et des GAG sulfatรฉs (GAGs) qui sโassocient ร un axe protรฉique pour former des protรฉoglycanes [9]. La substance fondamentale amorphe contient aussi des glycoprotรฉines dโadhรฉrence: la fibronectine et les laminines qui servent ร ancrer les cellules sur la MEC par lโintermรฉdiaire dโintรฉgrines. Lโacide hyaluronique a des caractรฉristiques hydrodynamiques remarquables, par sa capacitรฉ ร retenir lโeau, lui donnant sa viscositรฉ. Un รฉquilibre et un couplage entre la synthรจse des composants de la MEC, des mรฉtalloprotรฉases matricielles (MMPs) et de leurs inhibiteurs permettent le renouvellement et le remodelage de la MEC. Les MMPs appartiennent ร la famille des protรฉases liant le zinc, sรฉcrรฉtรฉes sous forme latente et activรฉes par protรฉolyse. Elles sont capables de dรฉgrader la MEC oรน elles se lient sous forme latente ou activรฉe, ร des inhibiteurs des MMP qui rรฉgulent ainsi leur activitรฉ. Les principaux membres de cette famille sont les collagรฉnases, les stromรฉlysines, les gรฉlatinases [10].
Maintien de la tempรฉrature et organe sensoriel
ย ย ย ย La sรฉcrรฉtion de sueur aide ร rรฉguler la tempรฉrature corporelle, elle augmente avec la tempรฉrature et provoque un rafraichissement grรขce ร son รฉvaporation en surface. Elle diminue lorsque la tempรฉrature sโaffaiblit. Des terminaisons nerveuses contenues dans la peau et notamment le bout des doigts permettent ร lโorganisme dโexplorer son environnement par le toucher. La peau perrmet ainsi ร notre organisme dโavoir une sensibilitรฉ ร la pression, ร la chaleur et ร la douleur. La peau possรจde diffรฉrents types de terminaisons nerveuses et de rรฉcepteurs qui rรฉagissent en fonction de stimuli diffรฉrents et renvoient des informations interprรฉtables par le cerveau grรขce ร des terminaisons nerveuses de diverses natures. Elles comprennent des mรฉcanorรฉcepteurs C: ce sont des rรฉcepteurs ร la pression peu sensible ร lโรฉtirement, des thermorรฉcepteurs (chaud et froid rรฉpartis dans toute la peau), des nocicepteurs ou rรฉcepteurs ร la douleur qui sont sensibles au pincement, ร la piqรปre, aux tempรฉratures supรฉrieures ร 40ยฐC ou infรฉrieure ร 20ยฐC. Ils ne sont pas sensibles en gรฉnรฉral aux stimuli des mรฉcanorรฉcepteurs [3].
Barriรจre de protection du milieu extรฉrieur
ย ย ย ย ย La peau est une barriรจre physique qui protรจge les tissus et les organes des agressions extรฉrieures. Cโest une barriรจre efficace face aux micro-organismes. Elle รฉvite รฉgalement les pertes de fluide corporel et reprรฉsente une membrane semi-permรฉable face au liquide extรฉrieur. En effet, elle rรฉgule la diffusion des molรฉcules dissoutes par lโintermรฉdiaire du rรฉseau protรฉique dense et par les charges nรฉgatives de ses protรฉoglycanes. Elle constitue aussi une barriรจre pour la migration cellulaire ร lโintรฉrieur des รฉpithรฉliums et vice-versa. Un rรดle au contraire de transmission des signaux entre la matrice extracellulaire et les รฉpithรฉliums, notamment par lโintermรฉdiaire des protรฉines transmembranaires de la membrane cytoplasmique basale des cellules รฉpithรฉliales [3]. La peau protรจge aussi notre organisme des traumatismes mรฉcaniques, des toxines chimiques, des UV, et des agents infectieux tels que les bactรฉries et les champignons. La peau est continuellement exposรฉe aux bactรฉries, mais la structure des cellules de la couche cornรฉe prรฉvient la pรฉnรฉtration des bactรฉries. Par contre, certains champignons peuvent infiltrer et abรฎmer lโintรฉgritรฉ de la kรฉratine, ce qui explique que les infections fongiques sont plus frรฉquentes que les infections bactรฉriennes. Une protection contre les rayons du soleil, notamment grรขce ร sa pigmentation et son stock en facteurs de croissance ร lโรฉtat latent, pouvant รชtre activรฉs au besoin. En effet, les mรฉlanines peuvent avoir des propriรฉtรฉs de protection ou non contre les radiations UV, en fonction de leur localisation dans lโรฉpiderme, de la quantitรฉ de cellules pigmentรฉes et du type dโirradiation qui atteint la peau (UVA ou UVB) [19]. Les mรฉlanines possรจdent diffรฉrentes propriรฉtรฉs qui leur permettent dโagir comme protecteurs de la peau. De faรงon gรฉnรฉrale, elles peuvent transformer diffรฉrents types dโรฉnergie sous forme de chaleur et dissiper ensuite celle-ci. Elles possรจdent des activitรฉs antioxydantes, en agissant comme des superoxydedismutases, et leur structure chimique leur permet dโabsorber en continu les rayonnements UV. Ces caractรฉristiques leur permettent ainsi de prรฉvenir et de protรฉger lโADN contre les agressions des UV. Cependant, lorsque les mรฉlanines sont exposรฉes ร la lumiรจre de faรงon continue, elles peuvent se dรฉgrader, sโioniser ou produire des radicaux libres. Ces phรฉnomรจnes peuvent causer des dommages sur lโADN [20]. Face ร cette agression photonique la peau dispose de moyens de photoprotection naturelle:
– la barriรจre cornรฉe et la pilositรฉ par la capacitรฉ de rรฉflexion, de diffraction et d’absorption photonique de la kรฉratine;
– le systรจme pigmentaire: par la capacitรฉ de diffraction – rรฉflexion de la lumiรจre (effet d’รฉcran), d’absorption photonique (effet de filtres), ainsi que de piรฉgeurs de radicaux libres de la mรฉlanine, actions surtout efficaces pour l’eumรฉ1anine;
– les systรจmes de rรฉparation de I’ADN, mรฉcanisme de << dernier recours >>, pour rรฉparer les dรฉgรขts photo induits ร I’ADN. Leur dรฉficience gรฉnรฉtique conduit au Xeroderma pigmentosum, vรฉritable modรจle humain de photocarcinogenรจse, caractรฉrisรฉ par la survenue dรจs le plus jeune รขge de cancers cutanรฉs multiples;
– les systรจmes antioxydants, enzymatiques ou non, qui s’opposent ร la surproduction des ERO lors de l’exposition solaire de maniรจre ร maintenir le potentiel redox cellulaire ร un niveau adaptรฉ ร l’homรฉostasie cellulaire. L’efficacitรฉ de la photoprotection naturelle d’un individu dรฉpend essentiellement de sa pigmentation constitutionnelle et de sa capacitรฉ ร augmenter celle-ci aprรจs exposition solaire. Le phototype qualifie la photosensibilitรฉ individuelle [21, 22].
Le vieillissement photo-induit (hรฉliodermie)
ย ย ย ย Le photo-vieillissement se dรฉfinit comme รฉtant le vieillissement provoquรฉ par une exposition chronique au rayonnement solaire. Il est influencรฉ par des facteurs environnementaux et plus particuliรจrement par lโexposition aux ultraviolets (UV) et prรฉdomine aux rรฉgions photo-exposรฉes et chez les sujets de phototype clair [31]. Le photo-vieillissement cutanรฉ atteint indiffรฉremment les deux sexes et augmente avec lโรขge. Sa prรฉvalence estimรฉe en 2000 dans une รฉtude transversale de la population franรงaise ร partir dโun score photographique serait chez les femmes et les hommes respectivement (signes cliniques modรฉrรฉs ร trรจs sรฉvรจres) de 22 % et 17 % entre 45 et 49 ans, 36 % et 38 % entre 50 et 54 ans, 42 % et 47 % entre 55 et 60 ans [32]. Plusieurs รฉtudes ont dรฉmontrรฉ que lโintensitรฉ des manifestations cutanรฉes du photo-vieillissement comme le nombre de rides, les tรฉlangiectasies du visage ou lโรฉlastose du cou รฉtait significativement liรฉe ร lโexposition solaire cumulรฉe car la peau ยซ se souvient ยป des UV reรงus toute la vie [33]. รtonnamment, cette corrรฉlation nโest pas constamment rapportรฉe. Les lentigos solaires qui touchent prรฉfรฉrentiellement les phototypes foncรฉs seraient prรฉfรฉrentiellement liรฉs ร des antรฉcรฉdents dโexpositions solaires aiguรซs intermittentes. Les phototypes clairs seraient plus susceptibles ร lโapparition de rides et de tรฉlangiectasies. Mais cette susceptibilitรฉ nโapparaรฎt pas systรฉmatiquement. Il est vraisemblable que le phototype influence plus le phรฉnotype du vieillissement cutanรฉ que son intensitรฉ [34 36]. Lโapparition des rides serait plus retardรฉe chez les femmes chinoises que chez les femmes franรงaises qui elles, prรฉsenteraient moins de troubles de la pigmentation. La mรฉnopause et le tabagisme seraient des facteurs aggravants du photovieillissement [37].
Production de mรฉlanine
ย ย ย La production de mรฉlanine est une rรฉaction dโadaptation de lโorganisme ร lโexposition solaire [41]. Elle se dรฉroule en deux รฉtapes: la pigmentation immรฉdiate puis la pigmentation tardive ou bronzage. Lโabsorption des UVA par la mรฉlanine dans lโรฉpiderme provoque la pigmentation immรฉdiate. Cโest un phรฉnomรจne photochimique rapide et passager liรฉ ร la photo-oxydation non enzymatique de la mรฉlanine et de ses prรฉcurseurs. Ce processus cesse dรจs lโarrรชt de lโexposition aux UVA. Le bronzage est un processus de long terme apparaissant 48 ร 72 heures aprรจs les premiรจres expositions aux UV. Les UVB stimulent la mรฉlanogenรจse: le nombre de mรฉlanocytes augmente et la production de mรฉlanine, protรฉgeant contre les UVB et neutralisant les ERO, est favorisรฉe. Le bronzage est une forme de dรฉfense du corps contre les UVB et constitue le mรฉcanisme de photoprotection naturel le plus important. La pigmentation tardive varie selon le phototype de lโindividu, son รขge et le bronzage acquis.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LA PEAU
CHAPITRE I: Anatomie et Physiologie de la peau
I.1 Anatomie de la peau
I.1.1 Structures constants
I.1.2 Les annexes cutanรฉes
I.1.3 Les mรฉlanosomes et mรฉlanines
I.2 Les fonctions de la peau
I.2.1 Maintien de la tempรฉrature et organe sensoriel
I.2.2 Barriรจre de protection du milieu extรฉrieur
I.2.3 Organe immunitaire
CHAPITRE II: Mรฉcanismes physiopathologiques du vieillissement cutanรฉย
II.1 Facteurs intrinsรจques
II.1.1. Les facteurs gรฉnรฉtiques
II.1.2 Le vieillissement cutanรฉ chronologique liรฉ ร lโรขge
II.2 Facteurs extrinsรจques
II.2.1 Le vieillissement photo-induit (hรฉliodermie)
II.2.2 Les ultraviolets
II.2.3 Les bases physiopathologiques des UV
II.2.4 Autres facteurs
DEUXIEME PARTIE : LES PRODUITS COSMETIQUES DE PROTECTION
CHAPITRE I : RAPPELS
I-1- Dรฉfinitions
I-1-1- Cosmรฉtique biologique
I-1-2- Frontiรจre entre mรฉdicaments et cosmรฉtiques
I.2 Rรฉglementation des produits cosmรฉtiques
I.2.1 La rรฉglementation Europรฉenne
I.2.2 Composition et ingrรฉdients
I.3 Etiquetage et dossier cosmรฉtique
I.3.1 Lโรฉtiquetage
I.3.2. Nomenclature
I.3.3. Dossier cosmรฉtique
CHAPITRE II : APPLICATIONS DES PRODUITS COSMETIQUES DE PROTECTION
II.1 La photoprotection
II.1.1 Les filtres chimiques
II.1.2 Les filtres naturels
II.1.3 Les filtres physiques ou filtres inorganiques
II.2 Nouveaux progrรจs
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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