LA FILIERE AVICOLE IVOIRIENNE
Historique
C’est à partir de 1938 que débuta de façon assez timide, l’aviculture moderne avec la création de la ferme d’élevage de Bingerville et la mise en place de la toute première couveuse à pétrole (ADAMA, 1989). Il faudra attendre 1954 pour voir s’amorcer parallèlement aux structures traditionnelles, l’essor d’une aviculture moderne sur l’initiative d’un pionnier, M. André BEY, encouragé par le service de l’élevage de l’époque (MBARI, 2000). Les années qui suivront seront marquées par des tentatives de mise en place d’importants élevages intensifs qui seront voués à l’échec du fait du coût des installations nouvelles, constituées de matériels importés très onéreux, achetés à crédit. La conséquence directe était que certains éleveurs se sont retrouvés écraser par le poids conjugué des investissements inconsidérés et des pertes importantes dues aux mortalités (ADAMA, 1989). Ainsi, pour répondre aux besoins de plus en plus croissants des populations en protéines animales, l’état ivoirien a initié à partir des années 1960, divers programmes de développement de ressources animales (FIRCA, 2011). De 1972-1973, lorsque la sécheresse dans les pays sahéliens survint, rendant difficile l’approvisionnement en viande des pays côtiers, L’Etat fut poussé de faire de l’élevage une priorité nationale. Cette politique s’est traduite par la création par décret n°70-623 du 14 octobre 1970, de l’ex-Société de Développement des Productions Animales (SODEPRA) qui était chargée de la recherche-développement, de la vulgarisation, de la conception et de la mise en œuvre de tous les programmes et projets du secteur des productions animales (MIRAH, 2014) A partir de 1976, des structures à économie mixte telles que la Société Ivoirienne de Productions Animales (SIPRA) se sont installées pour accompagner l’Etat dans l’encadrement et la distribution des intrants. Malheureusement, vint la crise économique en 1990 qui contraignit l’Etat à appliquer le Programme d’Ajustement Structurel (PAS) dans tous les secteurs d’activités. Au niveau des ressources animales, ce programme s’est traduit par le désengagement de l’Etat vis-à-vis des activités de production et de commercialisation au profit du secteur privé, avec la dissolution de la SODEPRA et la privatisation de la SIPRA (FIRCA, 2011). Malgré cette dissolution, deux des projets de la SODEPRA ont continué d’exercer leurs actions de développement. Il s’agit : du projet d’élevage phase I et II financé par la Banque Africaine de Développement (BAD) et du Projet de Développement des Elevages à Cycle Court (PE2C). Ces deux projets ont mis un accent particulier sur l’appui à l’organisation des opérateurs au niveau des différents maillons de la filière. Ceci a conduit, en 1995, à la création de l’Interprofession Avicole Ivoirienne (IPRAVI) (FIRCA, 2011). Outre l’IPRAVI, d’autres structures ont contribué au développement la filière avicole ivoirienne. Ce sont : l’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER), créée en 1994, le Laboratoire National d’Appui au Développement Agricole (LANADA), créé en 1991 et le Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricoles (FIRCA), créé en 2002 (MIRAH, 2013) .
Production nationale de viande de volaille
En Côte d’Ivoire, la viande de volaille est beaucoup consommée, en occurrence celle du poulet. Même si la production nationale reste encore en dessous des résultats escomptés, sa contribution dans la production nationale est importante et constamment supérieure à celle des autres viandes (ESSOH, 2006). Sa production a évolué au fil des années avec 35,94% en 2001, 35,95% en 2007 et 40,35% en 2011(Tableau I). Cependant, deux formes de production coexistent à savoir les productions traditionnelle et moderne (ESSOH, 2006).
Production traditionnelle
L’aviculture traditionnelle est une activité pratiquée en Côte d’Ivoire depuis longtemps. L’effectif de cette aviculture a pu augmenter au fil des années, allant de moins de 5000 milliers de têtes en 1976, pour atteindre 8000 milliers de têtes en 1990, 22000 milliers de têtes en 2001, 24000 milliers de têtes en 2005 et plus de 25000 milliers de têtes en 2009 (MIRAH, 2014). Malgré cette augmentation, ‘‘les poulets bicyclettes’’ offrent peu d’opportunités pour satisfaire les besoins protéiques d’une population en pleine croissance (ESSOH, 2006). En 1980 et 1997, pour des effectifs respectifs de 13,6 millions et de 20,1 millions de têtes, les quantités de viandes obtenues sont, respectivement, de 8,4 et de 12,4 millions de kilogrammes de viande, soit en moyenne, un rendement carcasse de 62%. Quant aux croissances moyennes annuelles observées, elles ont été de 3% entre 1960 et 1980, de 3,7% jusqu’en 1990 et de 1,1% de 1990 à 1997. Alors que la production moderne triplait en moins de 30 années, celle traditionnelle n’a pu atteindre un tel niveau qu’en 37 années (ESSOH, 2006). Malgré ce faible rendement carcasse, la rusticité, le faible coût de production et l’importance socio-économique de cette aviculture font d’elle une activité enracinée dans les mœurs ivoiriennes (ESSOH, 2006) .
Selon les estimations, 70% des effectifs de volailles proviennent de l’aviculture familiale et 30% du secteur moderne pour la production de viande blanche et des œufs (FAO, 2008).
Production moderne
L’aviculture moderne ivoirienne structurée au sein de l’IPRAVI, a connu une croissance rapide au cours des 20 dernières années, avec une production qui est passée de 7400 TEC en 1990 à 17866 TEC en 2008. Les poules de réforme représentent environ 25% de la production locale du secteur moderne (MIRAH, 2014). Depuis lors, cette production n’a cessé de croître, aboutissant ainsi en 2013 à 36139 TEC .
Zones de production
L’aviculture est tout d’abord une activité secondaire en termes de revenus pour la grande majorité des exploitants ivoiriens. Elle intéresse surtout les populations rurales et périurbaines de la Côte d’Ivoire (ESSOH, 2006). En milieu rural, la majorité des ménages pratique l’aviculture familiale, avec une forte concentration dans la partie septentrionale et Nord du pays. En moyenne on dénombre plus de 1000 volailles par village. La région des Savanes (Nord) fournit 40% des effectifs de volailles du secteur familial tandis que la région du Zanzan (Nord Ouest) en fournit 30% (FAO, 2008). Quant à l’aviculture moderne, elle s’est développée autour des grandes villes avec des productions situées en majeure partie dans la région des Lagunes (Sud) et celle du Moyen Comoé (Sud-est) (FAO, 2008).
Besoin national en viande
Le secteur de l’élevage reste dominé par les pratiques traditionnelles. Les produits issus de cet élevage, ne garantissent pas une couverture complète des besoins en protéines animales, et traduisent la forte dépendance de la Côte d’Ivoire en produits carnés. Ce besoin est estimé à 10 kilogrammes par habitant /an (MIRAH, 2014). Avec la croissance démographique, le besoin national en produits carnés a été estimé à plus de 40000 tonnes en 2012.
Niveau d’importation de viande de volaille
L’évolution qu’a connu le secteur des ressources animales durant les deux décennies qui ont suivi l’indépendance, est le fruit d’un investissement important de l’Etat (+170 Milliards d’investissement direct en 30 années). Malgré ces acquis notables, le bilan alimentaire de la Côte d’Ivoire reste déficitaire d’où son niveau d’importation de produits carnés très élevé (MIRAH, 2014). En 2010, les importations des produits animaux et d’origine animale ont coûté plus de 120 milliards de francs CFA à l’Etat ivoirien (ADJOUMANI, 2013). Actuellement, les importations de volailles, sont de l’ordre de 3% (Tableau III). Cette estimation devrait être faite à partir de la production traditionnelle et de la production moderne, mais la première offre très peu de possibilités d’établissements de statistique précise (ESSOH, 2006).
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Table des matières
INTRODUCTION
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : LA FILIERE AVICOLE IVOIRIENNE
I.1. Historique
I.2. Production nationale de viande de volaille
I.2.1. Production traditionnelle
I.2.2. Production moderne
I.2.3. Zones de production
I.3. Besoin national en viande
I.4. Niveau d’importation de viande de volaille
I.5. Organisation de la filière avicole ivoirienne
I.5.1. Structures de formation
I.5.2. Structures d’encadrement des élevages
I.5.2.1. Structure d’encadrement public
I.5.2.2. Structures privées d’encadrement
I.5.2.2.1. Encadrement libre
I.5.2.2.2. Encadrement contractuel
I.5.3. Structures organisationnelles
I.5.3.1. Au niveau de l’Etat
I.5.3.2. Organisations professionnelles et interprofessionnelles
I.5.3.2.1. Organisations professionnelles avicoles
I.5.3.2.2. Organisation interprofessionnelle
I.5.3.2.2.1. Organigramme de l’IPRAVI
I.5.3.2.2.2. Objectifs et moyens d’actions de l’IPRAVI
I.6. Caractéristiques des systèmes de production avicole
I.6.1. Typologie des systèmes d’élevage
I.6.1.1. Typologie selon le système avicole ivoirien
I.6.1.2. Typologie selon la FAO
I.6.2. Situation de l’aviculture en Côte d’Ivoire
I.6.2.1. Situation actuelle de l’aviculture ivoirienne
I.6.2.2. Atouts et opportunités de la filière
I.6.3. Contraintes de l’aviculture en Côte d’Ivoire
I.6.3.1. Contraintes liées à la gouvernance du secteur
I.6.3.2 Contraintes liées à la coopération sous régionale et internationale
I.6.3.3. Contraintes zootechniques
I.6.3.3.1. Contraintes liées à l’approvisionnement en intrants
I.6.3.3.2. Contraintes liées à la qualité et la normalisation des produits avicoles
I.6.3.4. Contraintes liées à la santé animale et Hygiène Publique Vétérinaire
I.6.3.5. Contraintes liées au financement
I.6.3.6. Contraintes organisationnelles
I.6.3.7. Contraintes liées à la formation et à l’encadrement
I.6.3.8. Contraintes liées à la production
I.6.3.9. Contraintes liées à la commercialisation
I.6.3.10. Contraintes socio-environnementales
I.6.4. Conséquences des crises sur l’aviculture
I.6.4.1. Filière avicole ivoirienne face à la crise postélectorale
I.6.4.2. Contraintes dues à la grippe aviaire (Influenza Aviaire Hautement Pathogène)
I.6.4.3. Contraintes dues à l’importation massive de poulets congelés
CHAPITRE II: FACTEURS DE REUSSITE D’UN ELEVAGE AVICOLE MODERNE
II.1 – Facteurs lies a l’exploitation
II.1.1 – Le bâtiment d’élevage
II.1.1.1 – Site d’implantation
II.1.1.2 – Conception des bâtiments
II.1.1.3 – Choix du type de bâtiment
II.1.1.4 – Annexes du bâtiment d’élevage
II.1.1.5 – Maîtrise de l’ambiance des poulaillers
II.1.1.5.1 – Ambiance climatique
II.1.1.5.1.1 – Température ambiante
II.1.1.5.1.2 – Humidité
II.1.1.5.1.3 – Ventilation
II.1.1.5.1.4 – Litière
II.1.2 – Conduite de l’élevage
II.1.2.1 – Préparation des locaux
II.1.2.2 – Réception des poussins et démarrage
II.1.2.3 – Phase de croissance
II.1.2.3.1 – Poulets de chair
II.1.2.3.2 – Elevage des poulettes
II.1.2.4 – Phase de productions
II.1.2.5 – Alimentation et abreuvement
II.1.2.6 – Mesures d’hygiène et de prophylaxie
II.1.2.6.1 – Prophylaxie sanitaire
II.1.2.6.2 – Prophylaxie médicale
II.1.2.7 – Gestion technico-économique
II.2 – Facteurs environnant l’exploitation
II.2.1 – Facteurs géographiques
II.2.2 – Constantes socio-économiques
II.2.2.1 – Rôle des producteurs
II.2.2.2 – Rôle des consommateurs
II.2.2.3 – Circuit de commercialisation des produits avicoles
II.2.3 – Facteurs institutionnels
II.2.3.1 – Organisation et encadrement technique
II.2.3.2 – Appui au financement
CONCLUSION