Madagascar, considéré comme un trésor de la biodiversité mondiale continue à faire face à des menaces multiples dont le changement climatique, la déforestation, la disparition des habitats et celle des espèces. Des mesures telles que l’instauration d’Aires Protégées ont été entreprises mais la conservation et l’utilisation des ressources de manière durable demeurent des défis majeurs du début du 21ème siècle .Le Parc National de Ranomafana, une partie du « corridor forestier » recèle une biodiversité et un taux d’endémisme exceptionnel. Les insectes pollinisateurs sont considérés comme des espèces-clés pour la conservation et le maintien de la biodiversité par leur action pollinisatrice (BAKER & HURD, 1968 ; WINFREE R ,2010). Ils sont d’autant plus importants dans leur zone d’origine car particulièrement adaptées aux fleurs d’espèces indigènes avec lesquelles ils ont co-évolué (MICHENER, 2000). L’abeille mellifère figure parmi les insectes reconnus comme les principaux pollinisateurs de la majorité des écosystèmes spontanés ou cultivés (BAWA, 1990 ; MICHENER, 2000). Il apparait ainsi intéressant d’obtenir des données pour évaluer l’importance de l’interaction entre l’abeille endémique, Apis mellifera unicolor et les plantes des écosystèmes naturels de la région du Parc National de Ranomafana qui comptent des espèces endémiques telles que celles appartenant au genre Weinmannia.
La mélissopalynologie ou palynologie appliquée à l’apidologie contribue étroitement à la connaissance des rapports de tous ordres qui existent entre l’abeille et la plante (LOUVEAUX & ABED, 1984). L’analyse pollinique des miels est la plus connue mais non l’unique branche de la mélissopalynologie ; elle est basée sur la présence constante de grains de pollen des plantes visitées par les abeilles dans les miels. Elle permet ainsi d’obtenir des informations sur l’interaction plant abeille. Une étude antérieure entreprise (Ralimanana, 1994) a permis de déterminer les principales caractéristiques du comportement de butinage de l’abeille par l’étude de miels et de pain d’abeilles récoltés dans la zone périphérique du PNR.
MILIEU D’ÉTUDE
Le Parc National de Ranomafana (PNR) (47°18’ – 47°37’E ; 21°02’ – 21°25’S) se trouve à 412 kilomètres au Sud-Est d’Atananarivo et à 65 kilomètres au Nord-Est de Fianarantsoa dans le District d’Ifanadiana Région de Vatovavy Fitovinany. Elle couvre plus de 43000ha, c’est le plus grand parc de Madagascar a été inauguré en 1991 et fait partie du patrimoine mondial de l’Antsinana depuis 2007.
Le Parc National de Ranomafana est composé de 3 parcelles : la parcelle 1(23970 hectares) se situe dans la partie Nord du parc une zone difficile d’accè formé généralement des forêts primaires intacte, la parcelle 2 (3503ha) se trouve dans la partie Ouest du parc bordée dans son extrême Ouest par des plantations villageoises d’Eucalyptus robusta et de Pinus sp., la parcelle 3 (14128ha) dans la partie Sud du parc des forêts primaire non perturbées .
MILIEU ABIOTIQUE
Relief et géologie
Le Parc a un relief montagneux avec des pentes abruptes, atteignant parfois 40% et peuvent même se présenter sous forme de falaises (Grenfell, 1995). L’altitude varie de 400m à 1374m d’altitude. Les deux sommets les plus hauts du parc sont : Vohidratiana (1316m) au nord et Maharira au sud avec 1374m (ANGAP, 2001). La région de Ranomafana appartient au socle cristallin. Ce dernier est caractérisé par des migmatites schisteuses à biotite, quelquefois de hornblende intercalée par du gneiss (Grenfell, 1995). Les sols de Ranomafana sont de type ferralitique rouge avec une couche superficielle jaune reference.
Climat
La région du PNR présente un climat de type tropical humide (MORAT, 1973). Cette région se trouve sous l’influence permanente de l’alizé. L’humidité relative à Ranomafana est élevée (GRENFELL, 1995) d’où la formation de fréquents brouillards épais.
MILIEU BIOTIQUE
Flore et végétation
Selon les bases de données Tropicos du Missouri Botanical Garden (www.tropicos.org. Mars, 2012), 995 espèces végétales vasculaires réparties dans 117 familles ont été récoltées dans ce parc. Les études phytogéographiques et floristiques de la région permettent de classer le PNR et ses zones périphériques. Dans le Domaine du Centre et le Domaine de l’Est (Humbert, 1955) où la végétation climacique est une forêt à mousses et à sous-bois herbacé (Perrier de la Bathie, 1921) et la forêt appartient à la série à Weinmannia et Tambourissa (Humbert, 1955), et dans la zone écofloristique orientale de basse altitude vers Ambatolahy (800m) caractérisée par la série à Anthostema et à Myristicaceae et à la zone écofloristique orientale de moyenne altitude vers Vohiparara, de 1000m à 1300m d’altitude (Faramalala et Rajeriarison, 1999) dont la végétation climacique correspond à la série à Weinmania et Tambourissa (Humbert et Cours Darne, 1965).Plusieurs types de formations s’ajoutent à ces formations primaires telles que la forêt à bambous à une altitude comprise entre 1200 et 1300m et les formations secondaires connues sous l’appellation « savoka ». Il faut aussi noter la présence de formations rupicoles et de formations marécageuses aux altitudes comprises entre 1200 et 1300m.
Faune
La forêt de Ranomafana abrite 26 espèces de mammifères, parmi lesquelles 12 espèces de lémuriens. Ranomafana est connu pour Hapalemur aureus (Varibolomena) et pour Hapalemur simus (Varibolo) (Wright, 1992), deux espèces endémiques de la région. Notons aussi la présence d’autres espèces animales : 6 espèces de carnivores, dont trois espèces sont les plus connues : Cryptoprocta ferox (Fosa), Fossa fossana (Matavirambo), Galidia elegans (Voatsira) ; 11 espèces d’insectivores ; 8 espèces de chauve-souris ou Chiroptères ; des Rongeurs, dont 6 espèces sont endémiques de la famille de Chicetidae ;114 espèces d’oiseaux, soient 44,47% des espèces des oiseaux à Madagascar ;74 espèces d’insectes dont 95% sont endémiques de Madagascar .
POPULATION ET ACTIVITES HUMAINES DE LA REGION
La région de Ranomafana est formée par une population hétérogène. Elle comporte en majorité un mélange de Tanala et de Betsileo venant de Fianarantsoa. La population de cette région pratique la culture de subsistance. Dans la plupart des cas, les terrains de culture sont localisés sur une pente forte. La culture sur brûlis est largement pratiquée. Les principales cultures de rente sont celles du caféier et du bananier. Actuellement, les paysans se sont aussi tournés vers d’autres cultures comme celle du litchi.
MATERIELS ET MÉTHODES
Différentes méthodes et techniques ont été adoptées en vue d’atteindre les objecti de ce travail. Sur le terrain des enquêtes apicoles auprès des apiculteurs dans la zone d’étude ont été entrepris, des échantillonnages de miels, un inventaire floristique et des observations phénologique de floraison. En laboratoire des analyses polliniques de miels récoltés et collectés.
TRAVAUX DE TERRAIN
Les travaux de terrain ont comporté : l’installation d’un rucher d’observation, en des enquêtes apicoles auprès des apiculteurs dans divers endroits aux alentours du PNR, des relevés floristiques et des récoltes de miel.
Installation d’un rucher d’observation
Des parcours ont été effectués dans le Parc afin de déterminer un emplacement pour le futur rucher en respectant les conditions jugées nécessaires pour cette étude : présence de différents types de végétation riches en espèces présumées mellifères, endroit bien exposé au soleil et à l’abri du vent dominant et facile d’accès. Le rucher d’observation comprenant 6 ruches de type Dadant a été mis en place à la périphérie de la parcelle 1 du PNR en vue de l’étude dont les coordonnées géographiques sont 47°27’47.10″E et 21°15’10.60″S .
Enquêtes apicoles
L’enquête au niveau des apiculteurs ont eu comme objectif d’obtenir des informations sur l’apiculture dans la zone d’étude ainsi que sur les plantes mellifères existantes. Des enquêtes par libre discussion et à question ouverte ont étés faites auprès des apiculteurs dans les communes de Ranomafana et de Kelilalina se trouvant aux alentours du PNR.Une feuille d’enquête préalablement préparée au laboratoire a été remplie après les entretiens . Les informations demandées ont concerné :
❖ L’apiculteur : son identité et ses activités, si l’apiculture est son activité principale ou secondaire.
❖ L’abeille : ses caractéristiques (couleur et taille), son comportement (docile ou agressive, fugueuse ou non) et les maladies ;
❖ Les techniques apicoles : type de ruche utilisé, matériels apicoles pour l’élevage, la récolte et l’extraction du miel ;
❖ Les produits de la ruche : date de récolte et types de produits récoltés, quantité et utilisation des produits obtenus
❖ Les plantes mellifères : nom vernaculaire des plantes butinées par les abeilles et leur période de floraison.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I. MILIEU D’ÉTUDE
I MILIEU ABIOTIQUE
Relief et géologie
Climat
I.2.1. Température et précipitations en 2016-2017
I.2.2. Diagramme ombrothermique
II MILIEU BIOTIQUE
Flore et végétation
Faune
III POPULATION ET ACTIVITES HUMAINES DE LA REGION
CHAPITRE II. MATERIELS ET MÉTHODES
I TRAVAUX DE TERRAIN
Installation d’un rucher d’observation
Enquêtes apicoles
Etude de la végétation et de la flore
I.3.1. Choix du site d’inventaire
I.3.2. Inventaire floristique
I.3.3. Observations phénologiques des floraisons
Collecte des produits de la ruche
I.4.1. Récolte des miels du rucher expérimental
I.4.2. Récolte des miels des apiculteurs
II TRAVAUX AU LABORATOIRE
Traitement des échantillons de miels
II.1.1. Traitements physico-chimiques des échantillons
A- Homogénéisation et pesage de l’échantillon
B- Elimination de sucres
C- Acétolyse
II.1.2. Montage de préparations
Analyses polliniques des miels
II.2.1. Analyse pollinique qualitative
II.2.2. Analyse pollinique quantitative
Traitement statistique de l’analyse pollinique
III METHODE DE PRESENTATION DES RESULTATS ET INTERPRETATION
Présentation des résultats des observations phénologiques
Présentation des résultats des analyses polliniques qualitatives des miels et méthode d’interprétation
Présentation des résultats des analyses quantitatives des miels
CHAPITRE III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I RESULTATS DES ENQUETES APICOLES
Caractéristiques de l’apiculture dans la zone d’étude
Liste des plantes mellifères d’après les enquêtes
II RESULTATS DE L’ETUDE DE LA VEGETATION
Les milieux rencontrés
Liste floristique
Calendrier phénologique
III RESULTATS DE LA MELISSOPALYNOLOGIE
Les échantillons de miel analysés
Analyse pollinique qualitative des miels
III.2.1. Spectres polliniques de l’ensemble des échantillons de miels
III.2.2. Regroupement des pollens par catégories de fréquence
III.2.3. Fréquences d’apparition des taxons
Analyse quantitative des échantillons de miels
Descriptions des différents types de miels
IV RESULTATS DE L’ANALYSE STATISTIQUE DU SPECTRE POLLINIQUE
V DESCRIPTION DES PRINCIPAUX TYPES POLLINIQUES RENCONTRE DANS LES MIELS
CHAPITRE IV. DISCUSSION DES RESULTATS
A- Remarques méthodologiques
B- Apiculture et miels du Parc National de Ranomafana
C- Relations Apis mellifera unicolor et plantes dans le Parc National Ranomafana
CONCLUSION