Production de café

Production de café

Une filière en mutation entre tradition et modernité

Le café costaricain, de type Arabica, représente 1.4 % de la production mondiale de café (Wessel, 2012). Seul 20% de ce café est destiné au marché national. Les 80% restant sont exportés vers les Etats-Unis, l’Europe, le Japon et le Canada (Tuvhag, 2008). Ce café est l’un des plus chers du marché international, avec en moyenne 5.00 $USD par quintal de plus que les cours internationaux (Borras, 2014). Ce « surprix » est possible grâce à une réputation internationale de café de qualité. Les certifications contribuent également à la valorisation de ce produit. Le marché est, en effet, caractérisé par une forte expansion de certifications comme la certification café biologique, FairTrade, Rainforest Alliance, Nespresso AAA Quality Standards et Starbucks CAFE Practices. En 2009, 8% des exportations de café était certifiées (Wessel, 2012). Cette production de café est issue d’une agriculture familiale. Plus de 90 % des producteurs sont considérés comme petits et produisent ensemble un peu plus de 40% de la production nationale (Wessel, 2012). Malgré la compétitivité de cette filière sur le marché international, la production et le nombre de caféiculteurs sont à la baisse. Entre 2001 et 2011, plus de 30% des producteurs ont abandonné cette production (Wessel, 2012). Cette tendance s’explique en partie par les forte chutes des prix du café entre 1998 et 1999 et 2002 et 2003. Dans de tels contextes de prix bas, cette culture qui présente des coûts de production élevés et
difficilement compressibles perd en rentabilité, d’où son abandon. Parallèlement d’autres secteurs économiques se sont développés dans le pays. En conséquent, cette production, historiquement importante, ne représente plus qu’une part très faible du PIB, 0.43%, en 2011 (Wessel, 2012). Cette activité reste tout de même essentielle pour l’emploi rural et la génération de devises. A l’aval de la filière, se trouvent les entreprises de transformation du café. La transformation des baies des caféiers en café vert est effectuée sur le territoire par des « bénéficios ». Il s’agit d’entreprises nationales et étrangères, de coopératives de producteurs et de micro-entreprise de caféiculteurs qui réalisent les traitements post-récolte du café.

Des instruments pour une production de café durable au Costa Rica

Il existe, au Costa Rica, différents instruments pour inciter à une production de café plus durable. Ils sont mis en place par des acteurs publics ou privés. Nous avons auparavant cité l’un de ces instruments : les certifications. Il s’agit d’un instrument de type économique volontaire qui incite certaines pratiques agricoles et sociales grâce à une augmentation du prix de vente du café. Cette différence de prix, appelée premium, est payée par le consommateur final et revient au caféiculteur. En contre partie, les agriculteurs respectent un cahier des charges qui impose certaines pratiques. Le système de paiement entre ces deux types d’acteurs est facilité par les intermédiaires de la filière café. Les coopératives ou entreprises privées qui achètent le café jouent un rôle clé dans la mise en œuvre des certifications. Le contrôle du cahier des charges est assuré par les entreprises certificatrices ou d’autres organismes auditeurs reconnus par celles-ci. Si le cahier des charges intègre des pratiques agro-environnementales, il implique alors de manière implicite le maintien ou l’augmentation des SE fournis par les SAF café. La certification est alors nommée : éco-label (Le Coq et al, 2012). Les critères d’évaluation et les niveaux d’exigence requis sont très variables d’un éco-label à l’autre. Rainforest Alliance exige, par exemple, une protection des rives des cours d’eau sur une largeur de 5 à 20 mètres de chaque coté du cours d’eau et un ombrage des parcelles de café avec un minimum de 40% de couverture (Jesus Crespo, 2015).

Une société et une économie structurées par la caféiculture

L’économie de Llano Bonito dépend fortement des revenus tirés du café Arabica. Cette culture occupe 65% de la surface agricole utile du district. En terme de volume, il s’agit d’une des zones de production les plus importantes. Trente pourcent de la production de café nationale est en effet produit dans la zone de Los Santos (Valenciano-Salazar, 2010). La culture du café structure la société et l’économie locale avec comme acteur clé, une coopérative de transformation et commercialisation du café. Effectivement, 600 caféiculteurs, soit environ 70% des agriculteurs de la zone adhèrent à cette coopérative créée en 1972 (Dhorne, 2013). Elle fournit à ses membres différents services : mise en place de point de collecte du café (« recibidor »), transformation et commercialisation du café, vente d’intrants, services financiers, conseils et formations agricoles. Ses moyens financiers et techniques sont néanmoins limités. La trésorerie de cette entreprise permet difficilement de payer l’intégralité du café aux agriculteurs avant sa liquidation et les crédits proposés sont généralement de petites sommes et de court terme. De plus, un seul ingénieur agronome doit assurer les services de conseil et formation pour les 600 membres. La coopérative rencontre également des difficultés de gestion voir de gouvernance (Communication personnelle, ingénieur de la coopérative, 2015). A cela, s’ajoute un contexte de forte concurrence entre la coopérative et les autres acheteurs de la zone. En effet, la loi permet aux producteurs de vendre à plusieurs acheteurs. Les coopératives ne peuvent pas imposer de contrat exclusif. Les agriculteurs peuvent vendre à une autre coopérative CoopTarrazu et aux « benificio » privé EVA, Volcafé et Orlich. Les relations entre ces différentes entreprises sont de type concurrentiel. Cette concurrence a des impacts directs sur le fonctionnement de la coopérative et des exploitations agricoles. Pour y faire face, cette organisation professionnelle doit adapter ses services. Il y a quelques années, elle avançait aux producteurs, au moment de la réception du café 40% à 50% du prix de liquidation puis au cours de l’année elle payait la partie restante. Cependant les entreprises privées proposent des avances plus élevées, allant jusque 85% du prix final. La coopérative s’est alignée, avec ces types de paiement, afin de fidéliser ses membres. Ce système de paiement est cependant compliqué à gérer pour la coopérative dont la trésorerie est faible et l’accès aux prêts des banques traditionnelles limité.

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Table des matières

Résumé
Abstract 
Resumen.
remerciements
Avant-Propos
Glossaire 
Sigles et acronymes
Introduction
Production de café de l’analyse de la filière costaricaine aux spécificités du territoire
agro-forestier 
Filière café et politiques environnementales..
Une filière en mutation entre tradition et modernité.
Des instruments pour une production de café durable au Costa Rica
Llano Bonito, un bassin versant spécialisé dans la production de café
Des conditions agro-écologiques idéales pour un café de qualité.
Une société et une économie structurées par la caféiculture
Un territoire marqué par une évolution des systèmes de cultures café
Des enjeux socio-économiques et agro-environnementaux à maitriser 
Méthodologie 
Cadre conceptuel.
Premier niveau d’étude : les services écosystémiques des SAF café 
Second niveau d’étude : les systèmes d’activités des ménages de caféiculteurs
Troisième niveau : les instruments d’incitation.
La mobilisation des informations: de l’enquête au jeu de rôle 
Une méthode d’enquête compréhensive et interactive 
Une méthode de simulation participative pour le test d’instruments.
Organisation des sessions de jeu
Construction du jeu.
Principe du jeu
Déroulement d’une session de jeu
De l’analyse de l’agro-écosystème à la proposition d’instruments d’incitation 
Diversité des pratiques dans les SC café et stratégies de gestion au niveau parcellaire
Clés de compréhension des SC café.
Diversité des pratiques et pistes d’explications.
Bilan sur fourniture de SE des SC café.
Les SC café dans le jeu 
Intégration des SC café dans les systèmes d’activités des ménages de caféiculteurs 
Caractérisation socio-économique des ménages enquêtés.
Diversité des activités des ménages de caféiculteurs.
Typologie de systèmes d’activités.
SA dans le jeu
Identification des instruments d’incitation pour des SAF durable 
Incitations existantes dans la zone d’étude
Opinions des agriculteurs sur des pistes potentielles d’améliorations techniques
Choix des incitations testées dans le jeu
Résultats des simulations d’instruments.
Conclusion et généralisation sur les potentiels instruments pour de meilleurs
compromis entre SE 
Discussions et perspectives sur la démarche
Conclusion 
Bibliographie.
Table Des Illustrations 
Table Des Annexes.
Annexes.

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