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Le néo-institutionnalisme économique
L’institutionnalisme économique trouve son origine dans le constat que l’homo-economicus, universel au comportement idéal des théories économiques classiques, n’existe pas et que les systèmes économiques censés s’autoréguler sont encadrés par des règles omniprésentes (Fligstein, 1999). Les premiers institutionnalistes ont affirmé l’influence des institutions sur les phénomènes économiques et ont cherché à prouver la validité de ce constat, alors que les institutionnalistes «modernes» ont fait de l’analyse des institutions le thème de leurs recherches. Pour Williamson (1998), l’une des différences fondamentales entre les institutionnalismes traditionnels et modernes se situe à ce niveau. La réintégration de l’analyse institutionnelle au sein du courant théorique dominant de l’équilibre économique constitue une autre distinction importante. Les premiers institutionnalistes prônaient l’avènement d’une théorie du changement économique en en rejetant les postulats (Scott, 1991), alors que le néo-institutionnalisme économique cherche à développer, pour sa part, «…une approche micro-analytique pour l’étude des organisations économiques» (Williamson, 1985 :1). A cette fin, il adopte comme unité d’analyse de base la transaction (DiMaggio et Powell, 1991) et développe des analyses qui lient transaction et gouvernance, cette dernière étant considérée «…comme le moyen permettant d’imposer de l’ordre dans une relation où des conflits potentiels menacent d’annuler ou d’inverser les opportunités de réaliser des gains mutuels» (Williamson, 1998 :76).
Le néo-institutionnalisme en sciences politiques
En sciences politiques, la composante néo-institutionnaliste essaie de dépasser l’approche descriptive du courant traditionnel pour tenter de découvrir les structures profondes et les «règles de jeu» qui influencent les comportements politiques (Lowndes, 991). Le nouvel institutionnalisme en sciences politiques se divise en deux courants nés pratiquement au même moment. Le nouvel institutionnalisme historique (I.1.1.2.1) envisage, pour sa part, les institutions comme une structure duale qui impose aux acteurs des cadres cognitifs qui les contraignent tout en les habilitant, en mettant à leur disposition, dans le cadre qui leur est ainsi défini, des ressources pour accomplir leurs desseins. Ce courant considère, d’autre part, que la source des institutions est à rechercher dans l’histoire et l’action des individus. Le courant du choix rationnel (I.1.1.2.2) utilise, pour sa part, une approche par les coûts de transaction pour expliquer le comportement des acteurs et l’existence des institutions ce qui n’est pas sans rappeler les thèses du nouvel institutionnalisme économique.
Le néo-institutionnalisme historique
Le nouvel institutionnalisme historique cherche à expliquer comment les institutions gouvernementales définissent le terrain de la politique et en limitent les possibles (Fligstein, 1999). Les tenants du courant considèrent que les institutions sont un «…ensemble relativement stable de règles et de pratiques encastrées dans une structure, de ressources qui rend l’action possible (organisationnelle, financières et humaines, ainsi que des structures de sens qui expliquent et justifient les comportements), de rôles, d’identités et d’appartenances, d’objectifs communs et de croyances causales et normatives (March et Olsen, 2004 :5). Les structures de sens permettent de donner une direction, d’expliquer, de justifier et de légitimer les règles de comportement, alors que les structures de ressources permettent d’agir (Olsen, 2007), étant entendu que, le plus souvent, «…les ressources sont liées à des règles et à une vision du monde qui habilitent ou contraignent les acteurs différemment et leur donnent plus ou moins de capacités à agir selon les codes de comportement» (Olsen, 2007 :3). L’institutionnalisme historique met ainsi l’accent sur les diverses façons dont les institutions façonnent le comportement des acteurs politiques et sur la manière dont ces mêmes acteurs produisent et reproduisent les institutions. Il convient de relever, dans ce cadre, que, pour les tenants du courant, les institutions sont certes la création d’individus mais «…rien ne peut garantir que ceux-ci produiront effectivement ce qu’ils ont l’intention de faire» (Scott, 1995 :27). En effet, grâce à un phénomène qui rappelle celui de la dépendance du sentier, «…les institutions acquièrent une dynamique indépendante après leur création et peuvent générer des process qui ne sont ni voulus ni prévus par les créateurs» (Lecours, 2000 :517). Les acteurs jouant un rôle prééminent en début des processus d’institutionnalisation voient ainsi leur influence s’atténuer au fur et à mesure de l’affirmation de la logique institutionnelle. Pour étudier ces phénomènes, les chercheurs du courant analysent le changement institutionnel, en mettant l’accent sur les développements historiques inattendus et les incongruités des systèmes (op.cit.). Ils lient également la dynamique des systèmes à une logique fondée sur l’adéquation (appropriateness) des comportements. Ils considèrent, dans ce cadre, que les acteurs agissent sur la base de pratiques institutionnalisées représentant une compréhension mutuelle collective de ce qui est vrai, raisonnable, naturel, juste et bon (Olsen, 2007 :3). De fait, «…les acteurs cherchent à remplir les obligations et devoirs encapsulés dans un rôle, une identité et l’appartenance à une communauté politique» (op.cit.). Dans ces conditions, il n’est pas étonnant de voir Scott évoquer une vision constructiviste des dynamiques sociales lorsqu’il évoque ce courant; «Les institutions, écrit-il, construisant les acteurs et définissant les modes d’action qu’ils ont à leur disposition» (Scott, 1995 :27).
Le néo-institutionnalisme du choix rationnel
L’institutionnalisme du choix rationnel (rational choice institutionalism) trouve ses sources dans le constat d’un paradoxe: le fait que le Congrès américain puisse être à même d’assurer des majorités stables, alors que le désir des acteurs de maximiser leur fonction d’utilité devrait provoquer une instabilité permanente (Hall et Taylor, 1996). Ce courant se distingue de l’institutionnalisme historique par la mise en place d’une logique de conséquences; les chercheurs étudiant les mécanismes des décisions politiques et cherchant à déterminer comment les structures politiques (les institutions) modèlent les résultats politiques (Shepsle, 1986). Pour ces théoriciens, l’existence des institutions s’explique par la valeur qu’elles ont aux yeux des acteurs, notamment par leur capacité «…à réduire les coûts de transaction, de production et d’influence» (Hall et Taylor, 1996 :13). Ils ajoutent que les institutions sont des systèmes de gouvernance ou de règles édifiés rationnellement par des individus qui cherchent promouvoir ou à protéger leurs intérêts (Scott, 1995). Ces explications ont de très fortes connotations économiques, accrues par les postulats qui structurent l’institutionnalisme du choix rationnel: les acteurs y recherchent la maximisation de leur fonction d’utilité et font leur choix sous contrainte, le plus souvent sur la base d’informations incomplètes (Pollack, 2006). Il semble donc naturel de voir les recherches faire la part belle à la théorie des jeux (Fligstein, 1999) ainsi qu’à l’analyse stratégique. DiMaggio et Powell (1991a) estiment que l’effort de l’institutionnalisme du choix rationnel pour lier l’intérêt des acteurs aux résultats politiques en fait un complément naturel du nouvel institutionnalisme économique. Scott (1995), pour sa part, affirme que le courant constitue un prolongement des travaux des chercheurs néo-institutionnalistes économiques, notamment de ceux de Williamson (théorie des coûts de transaction) et d’Alchian et Demsetz (théorie de l’agence). Cette même filiation est relevée par Hall et Taylor (1996) qui estiment que les tenants de l’institutionnalisme du choix rationnel ont su tirer des outils analytiques performants de la «nouvelle économie des institutions». Eux aussi relèvent l’influence de Williamson et de son analyse des coûts de transaction.
Le néo-institutionnalisme sociologique
Les expressions «nouvel institutionnalisme sociologique» ou «néo-institutionnalisme sociologique» sont traditionnellement associées au volet organisationnel du néo-institutionnalisme. Cette composante est d’ailleurs dénommée par DiMaggio et Powell «Nouvel institutionnalisme en théorie des organisations et sociologies» (DiMaggio et Powell, 199:8), alors que Deephouse et Suchman (2008) la qualifient tout simplement d’«institutionnalisme organisationnel». Dans ce travail, j’opterais pour l’expression néo-institutionnalisme organisationnel. Celui-ci présente la particularité de mettre l’accent sur la structure et les influences de l’environnement institutionnel des firmes plutôt que sur l’aspect technique de leur tâche. Cet environnement est conceptualisé comme étant la réification «…de forces sociales subies par tous les acteurs (overarching ?????) comme les normes, les standards et les attentes de parties prenantes spécifiques communes à tous les membres du champ organisationnel (Kraatz et Zajac, 1996 :812). De fait, les firmes sont prises dans «…une toile de valeurs, normes, règles, croyances et de postulats… (qui) définissent comment le monde est et devrait être» (Barley et Tolbert, 1997 :93) et évoluent dans un environnement «…qui définit et délimite la réalité sociale» (Scott, 1987 :507). Il s’agit d’une réalité sociale partagée12 (Berger et Luckmann, 1966) qui s’affirme par la mise en place d’éléments légitimés institutionnellement que les firmes doivent intégrer, même de façon cérémonielle, pour pouvoir perdurer (Meyer et Rowan, 1977). Ce phénomène force les entreprises dans un moule institutionnel commun et se développe grâce à une dynamique gouvernée par des phénomènes d’isomorphisme (DiMaggio et Powell, 1983). Le néo-institutionnalisme organisationnel s’impose ainsi comme une théorie de la convergence, et Orru et ses collègues confirment bien qu’il s’agit d’une perspective théorique qui «…met l’accent sur la conformité des organisations avec les règles sociales et les rituels» (Orru et al, 1991 :361). Dans l’introduction du recueil consacré au néo-institutionnalisme qu’ils ont coordonné, DiMaggio et Powell (1991) affirment, pour leur part, que cette composante est concernée par la persistance plutôt que par le changement, que l’impératif de légitimité joue comme une source d’inertie et que, non seulement le néo-institutionnalisme met en exergue l’homogénéité des organisations, mais tend à mettre l’accent sur la stabilité des constituants institutionnels. En fait, les possibilités de choix pour les organisations opérant en contexte institutionnalisé semblent être tellement ténues que DiMaggio et Powell (1983) parlent de «cage d’acier» lorsqu’ils évoquent les dynamiques d’institutionnalisation. Le néo-institutionnalisme organisationnel s’avère être d’autre part une théorie qui accorde peu d’importance à l’action de la firme individuelle. Pour Bensedrine et Demit «…le néo-institutionnalisme cherche moins à étudier l’environnement particulier d’une organisation qu’une collection d’organisations formant un champ» (Bensedrine et Demit, 1998 :97). Dans ce cadre, il convient de relever que la façon dont la théorie conceptualise la dynamique des phénomènes d’institutionnalisation rend les organisations, a priori, «incompréhensibles» (non analysables) hors de leur contexte d’action. En effet, les pressions normatives que subissent les firmes sont produites, en partie, par ces mêmes organisations grâce à un processus d’«extériorisation, objectivation et internalisation» (Berger et Luckmann, 1966 : 87) que Tolbert et Zucker ont transposé, au niveau organisationnel, en «habituation, objectivation et sédimentation» (Tolbert et Zucker, 1996 :182). Il n’est donc pas étonnant que pour traiter des firmes en contexte institutionnalisé, DiMaggio et Powell (1991b) aient élaboré le concept de champ organisationnel, Scott et Meyer (1991) celui de secteur sociétal et Hirsch (1995) celui de système industriel. Powell (1991) confirme, quant à lui, que le nouvel institutionnalisme met l’accent sur les secteurs ou champs organisationnels qui correspondent grossièrement aux frontières de l’industrie, de la profession ou de sociétés nationales.
Néo-institutionnalisme organisationnel et stratégie
Le néo-institutionnalisme organisationnel se caractérise donc par une possibilité restreinte de choix et par un niveau d’analyse macro. Dans ces conditions, il peut sembler paradoxal de vouloir associer stratégie et institutionnalisation. Ce lien semble d’autant plus improbable que la stratégie a des connotations de volontarisme et d’action alors que l’axiome de base de l’institutionnalisme est le conformisme, la stabilité et la permanence (Kraatz et Moore, 2002). Il n’est donc pas étonnant que la théorie institutionnelle ait tendance à ignorer les moyens par lesquels les organisations peuvent être stratégiquement proactives en s’adaptant à l’environnement et aux influences institutionnelles (Lewin, 1997). Les théoriciens du champ considèrent souvent que les organisations sont des acteurs passifs. Ils ignorent, ainsi, la capacité individuelle des organisations à répondre, de façon proactive et stratégiquement créative, aux influences institutionnelles (Ang et Cummings, 1997). Lorsqu’ils abordent le sujet, les auteurs cherchent surtout à déterminer la façon dont les organisations répondent stratégiquement aux pressions institutionnelles et la nature des facteurs qui affectent les réponses organisationnelles (Goodstein, 1994). Ce type de problématiques a accompagné l’émergence du néo-institutionnalisme organisationnel. Elle a été abordée par Meyer et Rowan dès leur article fondateur. Ces auteurs ont noté la prégnance de l’environnement institutionnel et ont préconisé aux firmes soumises aux pressions conjointes des environnements institutionnels et techniques de découpler leurs fonctions. Cette mesure, affirment-ils, « permet aux organisations de maintenir des structures formelles standardisées légitimées tout en faisant varier leurs activités en fonction de considérations pratiques» (Meyer et Rowan, 1977 : 357). D’aucuns affirmeront qu’il est abusif de parler, dans ce cas, de stratégie, d’autant plus que les auteurs ne semblent le faire qu’en «passant»13. Pourtant, il y a bien une stratégie si l’on considère que les changements organisationnels que préconisent Meyer et Rowan sont difficilement réversibles et que l’on admet avec Shapiro (1989) qu’une stratégie implique, avant tout, des engagements à long terme irréversibles.
Ce qui est intéressant à ce stade du travail n’est pas tant d’arguer de la pertinence du qualificatif de «stratégie » que de relever que le raisonnement de Meyer et Rowan passe par une conceptualisation particulière de l’environnement. Celui-ci est divisé en composantes institutionnelles et techniques qui sont en opposition: les premières entravant les performances des secondes. L’intitulé de la question de recherche qui guide l’«analyse stratégique» de Meyer et Rowan pourrait d’ailleurs s’énoncer comme suit: comment une firme peut-elle faire pièce aux pressions de l’environnement institutionnel? La réponse des auteurs à cette interrogation est claire: après avoir passé au crible toutes les solutions possibles pour constater leur inefficacité, les auteurs préconisent la création d’une «entreprise hypocrite» aux fonctions découplées pour échapper à l’emprise des dynamiques institutionnalisantes. Il s’agit alors pour l’entreprise d’isoler ses fonctions techniques pour leur permettre d’échapper à la pression cérémonielle des structures institutionnalisées. Cette stratégie permet aux organisations de «…maintenir des structures formelles standardisées et légitimées tout en faisant varier leurs activités en fonction de considérations pratiques» (Meyer et Rowan, 1977 :58). L’impression de fatalité institutionnelle que laisse la lecture de l’article de Meyer et Rowan a été renforcée quelques années plus tard par le second article fondateur du néo-institutionnalisme organisationnel (Mizruchi et Fein, 1999): «The iron cage revisited: Institutional isomorphism and collective rationality in organizational fields» de DiMaggio et Powell (1983). Le texte décrit les mécanismes (isomorphismes) permettant aux normes institutionnelles d’étendre leur emprise uniformisante sur les firmes. Assez paradoxalement, cet article ouvre la voie à la réflexion stratégique alors qu’il aurait dû contribuer à restreindre encore plus le champ de la réflexion concernant la possibilité de conceptualiser des actions stratégiques au sein du carcan institutionnel. La «déconstruction» rapide du mode de fonctionnement des pressions coercitives, qui constituent l’un des vecteurs principaux d’uniformisation, permet en effet de deviner que, même dans un contexte institutionnalisé, l’organisation fait face à des choix. Comme son nom l’indique, l’objectif premier de l’isomorphisme coercitif est de forcer les organisations à adopter un modèle institutionnel donné sous peine de sanctions; or. «…le fait même de sanctionner peut indiquer qu’il existe d’autres possibles, des alternatives attirantes» (Zucker, 1977 : 728). Cette réflexion de Zucker concernant l’isomorphisme coercitif s’inscrit dans le cadre général d’une argumentation ayant pour sujet l’objectivation. L’auteure y explique qu’un contrôle social direct qui s’exprime à travers des récompenses ou des sanctions peut avoir des effets négatifs en faisant apparaître les éléments institutionnalisés comme moins objectifs et moins impersonnels. La fonction et les mécanismes de l’isomorphisme coercitif correspondent tout fait à ceux du contrôle social évoqué par Zucker. Celui-ci aurait ainsi pour résultat de remettre en question la réalité immanente, le «voici comment les choses sont faites» (Berger et Luckmann, 1966 :86), que l’environnement institutionnel défini.
Cette situation ouvre la voie à la réflexion stratégique en permettant de questionner la validité des construits, d’en évaluer les incidences, d’en parer les résultats négatifs ou d’essayer d’en biaiser les effets en faveur de l’organisation. La portée de ces questions va être mesurée de façon systématique par Oliver (1991) qui va chercher dans son «Strategic response to institutional processes» les moyens permettant de composer avec l’environnement institutionnel. Pour répondre à ces interrogations, l’auteure propose la typologie suivante qui décrit comment les organisations peuvent user .
Construits institutionnels, cognitions et stratégies
Les manipulations symboliques prônées par Chaffee s’inscrivent dans le cadre d’une conceptualisation de l’environnement en termes de réalité perçue. Dans un tel monde, les acteurs ont une vision imparfaite de la réalité à cause de leurs limitations cognitives. Les stratégies y ont pour objectif avoué de modifier la perception qu’ont les parties prenantes, de l’organisation et de ses produits en mettant en exergue les aspects de la réalité qui favorisent la firme. Cette vision s’oppose de façon notable à celle de Smircich et Stubbart qui estiment que les stratèges interprétativistes agissent au sein d’un environnement énacté par les participants à l’action. Dans ce cadre, les stratèges ne cherchent plus à favoriser une perception donnée de la réalité mais à créer la réalité de la firme et de son contexte d’action, en établissant des liens symboliques, «…des lignes imaginaires entre les événements, les objets et les situations de façon à ce que les événements, les objets et les situations revêtent du sens pour les membres (du) monde organisationnel» (Smircich et Stubbart, 1985:726) concerné. La portée et l’ampleur des stratégies interprétatives varient donc en fonction de l’approche ontologique des auteurs, et s’ils considèrent tous que l’homme est un «…créateur et un gestionnaire (manager) de sens21» (Pettigrew, 1979 :572), les stratèges de Chaffee remplissent leur mission en modifiant les perceptions qu’ont les parties prenantes de leur environnement, alors que ceux de Smircich et Stubbart créent des mondes où ils développent leurs stratégies.
Le processus qui permet à des stratèges de mettre en place l’environnement dans lequel ils déploient leurs actions est synthétisé par Koenig (1996) dans un paragraphe d’un de ses ouvrages de stratégie. Pour cela, l’auteur utilisant une représentation des «mains se dessinant» de MC. Escher, établit un rapprochement entre l’œuvre artistique et les dirigeants placés en situation stratégique. Il écrit: «Ils se crayonnent eux-mêmes (l’adaptation n’est qu’une possibilité parmi d’autres) en même temps qu’ils tracent les contours de leurs adversaires-partenaires (l’interaction est formatrice) et qu’ils dessinent la situation où ils se trouvent (peu de choses nous sont données). A mesure qu’ils progressent, les joueurs passent d’un niveau à un autre (économique, juridique…) tout en restant à l’intérieur d’un système qu’ils transforment néanmoins» (Koenig, 1996 :9). Alors que Koenig s’intéresse avant tout à l’interaction des mains-acteurs, ce que je désire souligner à ce stade du travail est la fonction du cadre d’où émergent les mains. Il constitue le théâtre de l’action (les mains dessinent au sein de ce cadre) qu’il borne (les mains ne dessinent pas hors du cadre). L’utilisation de cette allégorie permet de souligner, s’il le fallait, que les stratèges-créateurs tels ceux décrits par Smircich et Stubbart n’ont pas une liberté d’action totale. D’ailleurs, à la question «Les stratèges peuvent-ils créer n’importe quel monde?», Smircich et Stubbart répondent «oui!», mais avec beaucoup de précaution. A la suite d’un paragraphe qui détaille la nature des fonctions managériales liées à une approche (worldwiew) interprétativiste, ils affirment en effet: «Ce raisonnement semble impliquer que les gens peuvent énacter la réalité symbolique de leur choix. Dans un sens limité22 (limited sense), c’est précisément ce que déclarent les auteurs» (Smircich et Stubbart, 1985 :732). Pour expliquer leur prudence, les auteurs citent trois facteurs limitatifs: les ressources personnelles du stratège, ses facultés de persuasion et «…(les) programmes de comportement institutionnalisés sous forme de règles de conduite tacites (unwritten) et d’évidences perçues (taken for granted assumptions), qui semblent imposer comment les choses sont et doivent être» (Zucker, 1977). Les deux premiers facteurs se rapportent à l’action. Pour reprendre l’allégorie de Koenig, ils répondent aux questions: Est-ce que je suis capable de dessiner? Est-ce que je peux convaincre que mon dessin est une œuvre d’art? Le troisième facteur fixe, pour sa part, les paramètres au sein desquels l’action doit se dérouler (le cadre d’où émergent les mains). Selon Smircich et Stubbart, il s’agit « (de) modèles d’enactement qui trouvent leurs racines dans les expériences personnelles, organisationnelles et culturelles antérieures et qui façonnent fortement les options culturelles et organisationnelles utilisées couramment» (idem). Ce phénomène qui voit le résultat d’interactions («… les expériences personnelles, organisationnelles et culturelles…») se réifier en un corps de «…règles de conduite tacites (unwritten) et de postulats (taken for granted assumptions) qui semblent imposer comment les choses sont et doivent être» est caractéristique des processus d’institutionnalisation. La relation s’impose avec d’autant plus de force que Smircich et Stubbart citent, dans le cours de leur développement, Lynne Zucker, un précurseur et une référence du champ du néo-institutionnalisme organisationnel.
Ce lien entre l’interactionnisme, les stratégies interprétatives et l’institutionnalisme n’est pas surprenant. L’institutionnalisation des comportements fait en effet partie intégrante des phénomènes d’interaction. Elle se manifeste dès que des individus mènent des actions, les interprètent comme ayant une réalité extérieure à eux-mêmes, internalisent cette interprétation et la partagent avec d’autres. Ce processus d’externalisation, d’objectivation et d’internalisation est à la base «…d’un paradoxe qui veut que l’homme (soit) capable de produire un monde qu’il expérimente ensuite comme quelque chose d’autre qu’un produit humain» (Berger et Luckmann, 1967:61). En fait, «…le modèle de relations et d’actions qui émerge (du processus d’institutionnalisation) acquière, progressivement, le statut moral et ontologique de faits acquis (taken for granted) qui modèle à son tour les interactions et négociations futures» (Barley et Tolbert, 1997 :94). L’environnement institutionnel ainsi créé «…définit et délimite la réalité sociale» (Scott, 1987 :507), «…(détermine) les structures subjectives de la conscience même» (Wuthnow et al, 1984:39), «…pénètre les organisations et crée les lentilles à travers lesquelles les acteurs envisagent le monde et des catégories comme les structures, l’action et la pensée» (DiMaggio et Powell, 1991: 13). Dans ces conditions, il est tout à fait normal de voir l’institutionnel affecter le stratégique et les stratèges de Smircich et Stubbart ne pouvoir énacter que des tranches de réalité bornées par les caractéristiques du milieu institutionnel dans lequel ils sont immergés. C’est ainsi que le raisonnement boucle: le stratège met en place un univers stratégique qui sert de scène à son action (stratégie interprétative), en établissant des liens symboliques entre les objets de la réalité matérielle (interactionnisme), et voit son action bornée par les paramètres institutionnels du monde social au sein duquel il évolue (néo-institutionnalisme).
L’étude de la formation des stratégies des banques islamiques au Liban
Pour vérifier la pertinence de l’approche développée au chapitre I.1. et comprendre comment les univers stratégiques différenciés qui devraient émerger de cette relation entre l’institutionnel et le stratégique se mettent en place, j’ai choisi, assez naturellement, un design de recherche interprétatif. Ce chapitre est consacré à l’explication de ce choix méthodologique et de ses conséquences; la plus importante étant liée aux critères qui permettent de valider les résultats des recherches dites qualitatives (I.2.1.). Après avoir tenté de démasquer les postulats qui sous-tendent ma démarche pour en expliquer le positionnement méthodologique et pour légitimer le design de recherche que j’ai construit (1.2.1.3.), je m’attarderais également sur les processus de translation de la question de recherche et sur les glissements méthodologiques qui caractérisent les recherches d’inspiration interprétative, ainsi que sur le rôle très particulier assigné dans ce cadre à la littérature (1.2.3.).
Critères de validité de la recherche
Cette thèse s’intéresse aux univers stratégiques différenciés qui devraient émerger de la relation entre le stratégique et l’institutionnel. Elle cherche à expliquer comment ceux-ci apparaissent. La littérature affirme que l’étude du «comment» passe par la mise en place de designs de recherche appelés «qualitatifs» (par exemple: Cooper et Schindler, 2006; Ghauri et Gronhaug, 1195; Silverman, 1993) dans la mesure où ceux-ci s’intéressent plus à la logique qu’à la mesure des phénomènes (Daft, 1983). Ces designs ont également comme objectif d’explorer et de saisir le sens que des individus ou des groupes leur attribuent (Creswell, 2008). De fait, ils permettent de «…comprendre, représenter et expliquer… des phénomènes sociaux plutôt complexes» (Pyett, 2003 :1170). Ce type de recherches a accompagné l’émergence de la sociologie moderne au début du siècle dernier et s’est transformé en mouvement réformiste dans les années 70 (Schwandt, 2003), avant de prendre de l’ampleur et de s’imposer dans les années 90 (Denzin, 2001). En dépit de ce succès, il est difficile de définir clairement la nature des recherches dites qualitatives. Certes, celles-ci se distinguent par l’utilisation de méthodes non quantitatives de collecte et d’analyse de données, mais elles «…ne disposent pas d’un ensemble exclusif de techniques» (Denzin et Lincoln, 2003: 10). De plus, la portée du terme «qualitatif» varie en fonction des auteurs. Certains d’entre eux le restreignent à un ensemble d’instruments méthodologiques, alors que d’autres l’utilisent pour qualifier un mode de recherche; certains journaux académiques portant même des noms comme «Sociologie qualitative» (Qualitative Sociology), «Recherche qualitative» (Qualitative Research) ou encore «Recherche qualitative dans le domaine de la santé» (Qualitative Health Research). La confusion de genre qui ressort de ces descriptions (instruments techniques v/s méthode de recherche) est à la base de plusieurs problèmes aux niveaux épistémologique et méthodologique, le plus sérieux touchant à la validation de ce type de recherches.
Le fait de parler de «recherche qualitative» induit qu’il existerait un mode de recherche spécifique dit qualitatif, alors que dans la pratique, les méthodes de recherche qualitative peuvent être utilisées sans restriction, y compris par les tenants des recherches positivistes23. Il résulte de cette situation une espèce de «… cauchemar épistémologique» (Whittemore et al, 2001) qui rend illusoire la définition d’un ensemble unifié de critères permettant de statuer sur la qualité de ce type de recherches. De fait, les «tests» prônés par les spécialistes de la question vont de «…la tentative de trouver des équivalents qualitatifs qui permettent d’égaler l’approche quantitative de la validité» (Creswell, 1998 :197) au refus de considérer la validité comme constituant un problème pertinent (Silverman, 1993). Entre ces deux extrêmes, les normes se multiplient. Ainsi, on parlera de fidélité, validité interne et externe, ainsi que de validité du construit (Thietart et coll., 2003), de crédibilité, fiabilité, validation et transférabilité (Deslauriers, 1991), d’acceptation interne, de cohérence interne, de confirmation externe, de complétude et de saturation (Mucchielli, 1994), de caractère idéographique et d’empathie (Perret et Séville, 2003), de crédibilité, de transférabilité, de bien-fondé, de confirmabilité et de confirmation externe (Cho et Trent, 2006)… Commentant la situation, Gergen et Gergen affirment: «Le débat concernant la validité a atteint une impasse» (Gergen et Gergen, 2003 :573).
Positionnement a priori de la recherche et critères de validité
La première étape de la mise en place d’un système de validation passe donc par la définition du paradigme au sein duquel la recherche s’inscrit25. Cette thèse partage la conviction que le monde social est fait d’interprétations dont la genèse et l’articulation sont le résultat d’interactions qui suivent le modèle notamment explicité par Berger et Luckmann (1966) et exposé dans le cours du premier chapitre de ce travail. L’approche de ces auteurs lie notamment la forme que prend la réalité à l’observation et à l’expérimentation des acteurs. Il n’existe donc pas de réalité sociale unique mais des réalités variant en fonction de la perception et de l’expérience des acteurs. Ce relativisme ontologique caractérise le constructivisme et l’interprétativisme, courants qui postulent «…l’existence de multiples réalités construites socialement en lieu et place d’une réalité objective» (Egon, 1992 :18). En essayant de comprendre de l’intérieur les mécanismes qui président à la mise en place des stratégies des banques islamiques, ce travail se rapproche plus, dans ses premières phases, de l’ «intention» interprétative que du «projet» constructiviste.
La seconde phase du processus menant à la mise en place du cadre qui doit valider ce travail passe par la définition des critères de validité reconnus par les tenants du système retenu. Ceux-ci sont précisés par des «…manuels et (des) ouvrages scientifiques (qui servent) à définir implicitement pour un temps les problèmes et les méthodes de recherche légitimes…» (Kuhn, 1970 :10) ou détectés grâce à des revues de littérature qui permettent de repérer les critères communs du champ considéré. Dans le cadre de ce travail, il convient de commencer par définir le terme même de «recherche interprétative» pour délimiter le champ d’investigation académique. Angen (2000) affirme que l’expression est couramment utilisée pour décrire des recherches fondées sur des méthodes qualitatives, alors que Van Maanen (1979) déclare que, le plus souvent, le terme de recherche qualitative fait référence à un ensemble de techniques interprétatives! Plus encore, Denzin et Lincoln estiment que toutes les recherches sont interprétativistes dans la mesure où «…elles sont guidées par l’ensemble des croyances et sentiments du chercheur concernant le monde et la façon dont il doit être compris et étudié» (Denzin et Lincoln, 2000 :22)26, avant de préciser, dans un autre ouvrage, qu’il n’existe pas une vérité interprétative unique, mais «…une multitude de communautés interprétatives avec chacune ses propres critères pour évaluer et interpréter» (Denzin et Lincoln, 2003: 38). Cette diversité des référents possibles semble rendre illusoire la mise en place de normes qui puissent emporter l’assentiment général et la recherche des conditions de validité des recherches interprétatives semble relever de l’utopie.
Pour briser cette impasse, il convient, sans doute, de changer de cadre cognitif et de dépasser la notion positiviste qui veut que le «monde» soit constitué par une réalité unique. Ce biais débouche en effet sur la recherche (très positiviste) de critères de validité unifiés alors qu’une ontologie relativiste se traduit, comme le fait remarquer très justement Egon, par une épistémologie relativiste. Egon formule cette précision dans le cadre d’un développement traitant du constructivisme et ajoute: «(Les chercheurs constructivistes) affirment que les résultats de n’importe quelle recherche sont littéralement créés par le chercheur et par le contexte particulier au sein duquel la recherche prend place27. Si le chercheur ou le contexte sont changés, des résultats distincts seront créés. Les différents résultats ne sont jamais plus ou moins vrais que les précédents. Je peux espérer, grâce à une série de recherches, rendre les résultats plus documentés et sophistiqués, mais ils ne seront jamais plus vrais… La construction qui doit être «crue», de l’avis de ceux qui sont à même de formuler un tel jugement, est celle qui est la plus documentée et la plus sophistiquée» (Egon, 1992 :19). Certes, l’objectif des recherches interprétatives et constructivistes diffère, mais dans les deux cas, les résultats de la recherche sont fonction de la subjectivité du chercheur et varient en fonction de son identité. Le principe d’Egon peut donc être appliqué à la recherche interprétativiste tout en gardant à l’esprit que, dans le cadre d’une approche constructiviste, les résultats seront jugés en fonction de la qualité de la construction élaborée conjointement avec les acteurs, alors que dans le cas de recherches interprétativistes, le critère premier est la qualité de l’interprétation. En effet, pour les interprétativistes, le processus de création de connaissance passe par la compréhension du sens que les acteurs donnent à la réalité par le biais de leurs interprétations (Perret et Séville, 2003). Pour atteindre cet objectif, une retranscription aussi fidèle que possible de la réalité des acteurs étudiés est nécessaire. C’est pour cela que l’immersion au sein du phénomène à étudier et l’empathie sont à la base de la recherche interprétative. Ils doivent permettre de développer une compréhension de l’intérieur du phénomène (Allard-Poesi et Maréchal, 2003). La pierre d’achoppement de ce procédé est évidemment l’incidence du chercheur sur le procédé. A moins de le considérer comme un «idiot cognitif» à la Garfinkel, il ne fait nul doute que la retranscription des interprétations recueillies n’est que l’interprétation (son interprétation) d’interprétations. Evoquant indirectement le sujet, Stablein déclare que les données représentent des «choses» empiriques. «Ces ‘‘choses’’, affirme-t-il, sont nos idées concernant la ‘‘réalité’’ empirique. Différents groupes de chercheurs auront des idées différentes à propos de différentes réalités empiriques. Chacun d’entre eux essayera de représenter une réalité organisationnelle différente» (Stablein, 1996 : 512).
Dans ces conditions, comment juger de la qualité de données ou d’interprétations? Schwandt (2003) souligne que la différence entre les mouvements des objets physiques et l’action humaine réside dans le sens que cette dernière revêt. Il ajoute que, pour saisir ce sens, le chercheur doit interpréter de façon particulière l’action des acteurs. Cette situation transforme radicalement la logique de justification des recherches qui «…passent de l’aspiration à des résultats justes (get it right), à la nécessité de donner du sens aux choses (making it meaningful)» (Greene, 1992 :39). Dans la mesure où chaque situation se prête à une multitude d’interprétations, le problème principal est alors de faire sens d’une situation d’une façon qui fasse sens pour les autres (Beeman et Peterson, 2001), en gardant à l’esprit que ce qui est jugé n’est pas uniquement «… l’interprétation présentée mais aussi la façon dont l’interprétation a été obtenue» (Smith, 1984 :387). Dans ce cadre, Mitroff souligne que les valeurs et théories personnelles influencent la perception et l’interprétation, et propose de «…montrer comment ces valeurs et ces structures théoriques affectent le recueil d’information et son interprétation» (Mitroff, 1980 : 514). Mir et Watson (2000), qui abondent dans le même sens, affirment que toutes les recherches se fondent sur un ensemble de postulats que les bons chercheurs se doivent de divulguer dans leur travail, alors que Giordano lie directement cette démarche de clarification à la validité. «On ne peut jamais évaluer une recherche, affirme-t-elle, sans prendre en considération les prémisses mêmes de celle-ci et donc son ‘‘périmètre’’ de validité» (Giordano, 2003 :17).
Position du chercheur, objectifs de la recherche et critères de validité
Ainsi, toute interprétation serait-elle recevable pour peu que le chercheur explicite ses biais.
L’argument est difficilement soutenable dans le cadre d’une recherche en sciences de gestion.
En effet, le critère premier de ce type de travail est l’utilité tant scientifique que pratique.
Position du chercheur
Sur le plan académique, je28 retiendrais la notion d’utilité des données telle que définie par Stablein (1996). L’auteur évoque, dans un article, la tâche d’ethno-chercheurs qu’il décrit comme étant des personnes qui ont la volonté de découvrir et de communiquer une réalité organisationnelle telle qu’expérimentée par les habitants de cette réalité. «Le monde organisationnel de l’ethno-chercheur, dit-il, est rempli de construit à découvrir. Il s’agit d’un visiteur, d’un voyeur, d’un étranger dans un voyage de découverte» (Stablein, 1996 :518). L’ethno-chercheur recueille des ethno-datas qui constituent des «choses» empiriques qu’il conceptualise. Ces données doivent permettre de comprendre la réalité que le chercheur cherche à représenter et, pour être utile, permettre de recomposer le système empirique d’origine. Stablein qualifie ce processus de correspondance à double sens.
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Table des matières
Introduction Générale
Partie I. Cognition, stratégies et institutionnalisation
I.1. Les cognitions entre stratégie et institutions: éclairage théorique
I.1.1. Le nouvel institutionnalisme: Présentation succincte des théories néo-institutionnalistes
I.1.2. Néo-institutionnalisme organisationnel et stratégie
I.1.3. Modes stratégiques et institutionnalisme
I.2. L’Etude de la formation des stratégies des banques islamiques au Liban
I.2.1. Critères de validité de la recherche
1.2.2. Définition du terrain
1.2.3. Postulats et méthodologie du recueil de l’information
Partie II. Processus d’institutionnalisation et développement des stratégies: Le cas de la banque islamique au Liban
II.1. Histoire, finance et banque islamique
II.1.1. Bref aperçu de l’histoire de l’islam et du monde islamique
II.1.2. Les paradoxes de la finance islamique
II.1.3. Les paradigmes de la finance islamique et de la finance dite conventionnelle
II.1.4. Paradigmes et écoles de pensée: la finance islamique au stade de préinstitutionnalisation
II.2. Histoire, amorces institutionnelles et possibles stratégiques des banques islamiques
II.2.1. Analyse processuelle longitudinale et incidents critiques
II.2.2. Histoire et possibles institutionnels du champ de la finance islamique
II.2.3. Visions, missions, positionnements stratégiques et cadres cognitifs
II.3. Positionnement, cadres cognitifs et structuration des stratégies des banques islamiques opérant au Liban
II.3.1. Les choix méthodologiques et les premières phases de la recherche
II.3.2. La structuration du contexte des stratégies des banques islamiques au Liban
II.3.3. Les stratégies des banques islamiques au Liban
Conclusion générale
Glossaire
Liste des figures et tableaux
Bibliographie
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