Processus de la médiation corporelle et maladie de la schizophrénie

Histoire

   Le psychiatre J. D. Guelfi, né en 1940, définit la schizophrénie comme : « une psychose de l’adulte jeune, caractérisée par un ensemble de symptômes psychiques diversement associés selon les cas, et dominés par la discordance idéoaffective, l’incohérence, l’ambivalence, le repli autistique, des hallucinations et les idées délirantes mal systématisées. Ces troubles évoluent le plus souvent vers une dissociation psychique avec une profonde désorganisation, d’allure déficitaire, de la personnalité » (André P, Giromini, F. Benavidès T. 2002, p.126). Pour arriver à cette définition, il fallut quelques années d’histoire : premièrement pour trouver le terme de schizophrénie, deuxièmement pour élaborer ses caractéristiques. Le terme de schizophrénie a émergé au 19ème siècle, précédemment nommée démence précoce, par Bénédict Augustin Morel en 1860 dans le premier traité des maladies mentales. Plusieurs psychiatres et aliénistes se succèdent et évoquent différents termes pour définir cette pathologie, comme la psychose unitaire de W. Griesinger ou la folie typique de K. L. Kahlbaum. Enfin, E. Kraeplin publie un traité en 1899 dans lequel il élargit l cadre de la démence précoce dont il dénombre trois formes : hébéphrénique, catatonique et paranoïde. Par la suite, le psychiatre E. Bleuler évoque pour la première fois le terme de schizophrénie en 1908. Celui-ci démontre que la démence précoce, évoquée par Kraeplin, serait un « dysfonctionnement particulier de la fonction associative qui aboutit à une véritable scission des fonctions psychiques » (Dugène C., 2018, p. 4), d’où ce néologisme « schizophrénie » provenant du grec « schizen » (fendre) et de « phren » (pensée, esprit). Son élève, E. Minkowski, introduit la notion de perte de contact vital avec la réalité. C’est enfin que Henri Ey, initialement étonné du grand nombre de syndromes disparates que Bleuler tente de faire entrer dans le cadre de la schizophrénie, définit le terme. Il explique la schizophrénie comme un « groupe qui se caractérise par une désagrégation, une discordance fondamentale, qui a une tendance plus ou moins évolutive mais constante à enfermer l’activité psychique dans un monde hermétique et imaginaire » (André P, Giromini, F. Benavidès T. 2002, p.126). Notons toutefois que cette définition n’est pas universelle permettant de diagnostiquer la maladie. D’après le DSM V1 , « il n’existe pas actuellement de test diagnostique pour la maladie, qu’il soit radiologique, psychométrique ou de laboratoire » (DSM V, p.216).

Classifications

   Selon la CIM 103, la schizophrénie fait partie des troubles mentaux et du comportement. Dans cette classification la schizophrénie est définie comme : « des distorsions fondamentales et caractéristiques de la pensée et de la perception, ainsi que par des affects inappropriés ou émoussés. La clarté de l’état de conscience et les capacités intellectuelles sont préservées, bien que certains déficits des fonctions cognitives apparaissent au cours de l’évolution ». (CIM 10, 2022). Il y est dénombré plusieurs catégories de schizophrénies :La schizophrénie paranoïde, se caractérisant par la présence d’idées délirantes relativement stables sur les thèmes de la persécution, accompagnées d’hallucinations principalement auditives, et de perturbation des perceptions. La schizophrénie hébéphrénique qui engendre une perturbation des affects, avec des idées délirantes et des hallucinations « flottantes et fragmentaires ». Elle s’accompagne d’un comportement irresponsable et imprévisible, un maniérisme et une humeur inappropriée et superficielle. La pensée est désorganisée et le discours incohérent. Le trouble entraîne souvent un isolement social. La schizophrénie catatonique qui correspond à la présence de perturbations psychomotrices importantes, pouvant alterner d’un extrême à l’autre, soit hyperkinésie ou stupeur, obéissance automatique ou négativisme. Les postures catatoniques peuvent être maintenues pendant des durées prolongées, et peuvent s’accompagner d’épisodes d’agitation violente, ou d’état oniroïde avec des expériences hallucinatoires intensément vécues. Il existe d’autres catégories de schizophrénies tel que la schizophrénie indifférenciée, la dépression post-schizophrénique, la schizophrénie résiduelle, la schizophrénie simple ou d’autres formes, que je choisis de ne pas définir ici, étant moins fréquentes.

Symptômes

   Les symptômes de la maladie sont variables entre chaque individu, ils peuvent s’exprimer chez certains ou pas du tout chez d’autres. Ils peuvent aussi présenter des symptômes d’une ou de plusieurs catégories, tels que les symptômes positifs, négatifs, désorganisés ou cognitifs. Les symptômes positifs sont une altération des fonctions normales, avec des délires et des hallucinations. Les délires ou idées délirantes sont des convictions profondes qui ne sont pas cohérentes avec la réalité ou la culture à laquelle le sujet appartient. Elles sont si persistantes que la personne est imperméable au raisonnement, elles sont interprétées comme des distorsions ou des interprétations erronées de perceptions ou d’expériences vécues. Il existe différents types d’idées délirantes, comme les idées de persécution, les idées de référence (certains éléments de l’environnement possèdent une signification personnelle et inhabituelle) ou les idées de vol ou d’intrusion de la pensée. A cela s’accompagnent des hallucinations qui sont des perturbations des perceptions sensorielles, les plus courantes étant les hallucinations auditives avec le fait d’entendre des voix ou des bruits qui critique le patient sur son comportement, conversent entre elles ou font des commentaires injurieux. Les symptômes négatifs perturbent les fonctions affectives et émotionnelles, tel que l’émoussement affectif, la difficulté à ressentir du plaisir (anhédonie), la pauvreté du discours et l’asociabilité. La personne adopte un retrait de son cercle familial, social et amical. Elle présente un manque de motivation dans les tâches de la vie quotidienne ou dans les activités, un repli sur soi, de l’apathie (manque d’expression), un amenuisement de la communication et une diminution de l’attention à soi, c’est-à-dire que la personne ne prête plus attention à son apparence ni à son hygiène. Les symptômes négatifs sont généralement plus persistants que les positifs. Les symptômes désorganisés, semblables aux symptômes positifs, engendrent des troubles de la pensée et du comportement. Ces symptômes désorganisent la pensée et le discours engendrant une communication incohérente avec des changements de sujet spontané, des néologismes sans signification, des associations d’idées sans rapport, etc. Nous observons de même des troubles du comportement affectant la vie quotidienne de l’individu qui peut présenter de l’agitation, une désinhibition ou encore des symptômes catatoniques. Les déficits cognitifs sont une altération des fonctions exécutives comme l’attention, la vitesse de traitement, la mémoire de travail, les pensées abstraites, la résolution de problème ou la compréhension des interactions sociales. La rigidité de la pensée du patient perturbe ces fonctions, diminuant ses capacités à résoudre des problèmes, à comprendre le point de vue d’autrui et à apprendre de ses expériences.

Concept

   L’avancée et les recherches d’Anne Brun, René Roussillon et Bernard Chouvier, ont formalisé le concept de la médiation thérapeutique d’un point de vue théorique dans le champ de la psychanalyse. Celle-ci serait un processus thérapeutique visant la mise en forme de vécus souvent archaïques chez des patients qui passent essentiellement par des symbolisations primaires et qui ont besoin d’un cadre-dispositif régressif leur permettant d’aller vers des formes de symbolisations plus secondaires, pour redéfinir le rapport à soi, aux autres et à l’environnement. Catherine Potel complète qu’elle est un moyen d’expression et l’occasion d’une mise en relation entre le monde et soi, permettant la transformation, le changement, l’intégration et la structuration de la personnalité. Elle permet de relier le patient et le thérapeute au travers d’un médium. Cet objet d’attention conjointe va viser à établir la relation en guidant le patient à se mettre dans une disponibilité pour découvrir ou redécouvrir les éprouvés toniques, sensori-moteurs, émotionnels et corporels. Le thérapeute va tenter de mettre en sens des éprouvés primaires, permettant alors de déployer la pensée. Celui-ci va déployer le processus grâce à son écoute psychanalytique et l’exposition de son cadre. En première fonction, ce processus vise à la symbolisation, ce faisant par l’accompagnement du patient vers le processus créatif de la mise en forme de vécus corporels non assimilables par la psyché. La médiation représente un espace de transitionnalité où le sujet se construit dans une co-création avec son thérapeute.

Processus de la médiation

  Les médiations induisent un processus. Ce processus vise à mener le patient à la symbolisation via la relation transféro-contre-transférentielle patient-thérapeute et le médium malléable. Dans le cadre des médiations corporelles, Françoise Giromini nous expose que le thérapeute réfléchit les sentiments exprimés par le patient, comme la mère renvoie les émotions au bébé. Cet état émotionnel n’est pas ressenti par le thérapeute mais représenté. Il s’effectue un accordage entre ce qui est vécu et exprimé par l’un et ce qui est représenté et exprimé par l’autre. Au fur et à mesure du travail sur cette construction le sujet va être mené à l’appropriation du médium. La médiation psychomotrice s’inscrit dans cette théorie. Elle noue les expériences vécues du corps et les représentations, ce qui fait que cette pratique est symboligène et située dans un espace transitionnel, décrit par D. W. Winnicott. Catherine Potel expose les médiations comme un moyen de contenir, de mettre en éclairage, ce qui dans d’autres situations passerait inaperçu ou serait éventuellement mal toléré. Les médiations corporelles travaillent un versant archaïque, ainsi la forme et la contenance permettent une expression et une écoute du vécu corporel. (C. Potel, 2015) « Proposer une médiation, c’est donner une chance aux pulsions créatives, motrices et sensorielles d’exister, de se manifester, pour qu’elles participent à cette construction d’un sujet toujours en mouvement ». (C. Potel, 2015, p.60)

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Table des matières

INTRODUCTION
I. LA SCHIZOPHRENIE
A. Généralités
1. Définition
2. Histoire
3. Epidémiologie
B. Classifications et critères diagnostiques
1. Classifications
2. Critères diagnostiques
C. Causes et traitements
1. Causes
2. Traitements
Traitements médicamenteux
Traitements psychosociaux
Traitements thérapeutiques
D. Manifestation de la schizophrénie
1. Symptômes
2. Evolution de la pathologie
E. La schizophrénie et le corps
1. Problématique corporelle
La discordance
Le délire
Le repli autistique
La segmentarisation et le clivage corps/esprit
2. Sémiologie psychomotrice
Troubles du tonus
Troubles sensoriels
Troubles du schéma corporel et de l’image du corps
Troubles moteurs
Troubles spatio-temporels
II. LES MEDIATIONS
A. Généralités
1. Définition
2. Concept
3. Différents supports
B. Processus de la médiation
1. Symbolisation
2. Transfert
3. Médium malléable
C. Le cadre des médiations
1. Le groupe
2. La position du soignant
D. Les médiations corporelles
1. Espace de médiation psychomotrice et psychocorporelle
2. Approche corporelle
3. Différentes approches corporelles
E. Conclusion sur les médiations
III. CLINIQUE
A. Présentation de la structure
Projet de soins
Répartition du temps et des espaces
B. Atelier sports collectifs adapatés
1. Apport thérapeutique du sports collectifs adapatés
2. Déroulé de l’atelier
3. Susie
Présentation clinique
Première rencontre
Evolution lors des séances
Conclusion
C. Atelier relaxation
1. Apport thérapeutique de la relaxation
2. Déroulé de l’atelier
3. Rémy
Présentation clinique
Première rencontre
Evolution lors des séances
Conclusion
C. Atelier soins des mains
1. Déroulé de l’atelier
2. Apport thérapeutique du soin des mains
3. Benoît
Présentation clinique
Première rencontre
Evolution lors des séances
Conclusion
IV. DISCUSSION
A. Groupes ouverts
B. Cadre enveloppant
Inscription temporelle
L’enveloppe du cadre
C. Médiations corporelles
Le corps
Le psychomotricien
Le patient
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
RESUME

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