L’aménagement des langues en Algérie
«Le problème qui se pose en Algérie ne se réduit pas à une situation de bilinguisme, mais peut être envisagé comme un phénomène de plurilinguisme de ce fait, ce phénomène est le résultat du passé historique et de son aire géographique. » Abdelhamid. S, (2002 :87). Nous constatons que la complexité du paysage linguistique algérien remonte à son histoire ainsi qu’à sa géographie très intéressante. L’Algérie, également appelée par « Algérie blanche » occupe la place centrale du Maghreb. Elle est limitée au Nord; par la Méditerranée, au Sud ; par le Niger et le Mali, à l’Ouest ; par le Maroc et la Mauritanie. L’Algérie comme tous les pays du Maghreb n’échappe pas à l’influence de la culture européenne. C’est un pays qui a connu plusieurs invasions et donc plusieurs cultures, citant : les Phéniciennes, Quartagions, Romaines, Byzantines, Arabes, Turque, Espagnole et enfin les Française, celle-ci a duré plus de 130 ans, depuis 1830 jusqu’à 1962.En effet, les différentes civilisations ont respectivement laissé leur trace au sein de la société algérienne, se traduisant le plus sur le plan des pratiques langagière de ces habitants.
Pour William Labov, (1976 :36) « La sociolinguistique, c’est la linguistique, puisque la linguistique est l’étude des pratiques langagières dans une société donnée, donc elle en charge les différentes langues qui existent dans une société » Notre patrie est estimée tel un pays qui connaît et vit une situation linguistique très variée et très intéressante. L’Algérie est caractérisée par la coexistence de diverses langues ou de plusieurs variétés langagières, (L’arabe classique, l’arabe dialectal, le berbère avec ses variétés ‘ le chaoui, m’zab, chelhi, le tergui, etc.’ Et le français), ce qui lui donne le privilège d’être un pays bilingue, voire plurilingue d’après les spécialistes. Elle est l’un des milieux favorables et propices pour l’étudier et l’analyser des divers phénomènes linguistiques, qui résultent le plus souvent des contacts entre les multiples langues en présence dans le paysage sociolinguistique algérien. De plus, l’arabe dialectal qui est la langue nationale de l’Etat, s’ajoute le berbère qui est lui aussi promulgué la langue officielle de l’Etat. À côté de ces langues, nous trouvons le français qui est utilisé par la majorité de la population algérienne, et cela dans tous les domaines. La politique linguistique de l’Algérie se déroule bien après l’indépendance du pays, et cela, en différentes étapes comme nous l’explique Khaoula Taleb Ibrahimi :
• 1962-1965 : la consécration et la proclamation de l’arabité et de l’islamité de l’Algérie. La charte d’Algérie 1964 repend et confirme les affirmations de principes sur l’arabisation contenues dans le programme de Tripoli (K. T. Ibrahimi 1997 :191)
• 1965-1967 : l’avènement au pouvoir de H. Boumédiene et de son époque, plus particulièrement d’A.T. Ibrahimi au ministère de l’Ēducation ; l’impulsion fut donnée à un processus irréversible d’arabisation de l’éducation nationale. (Ibid 1997 :191) • 1971 fut proclamées « année de l’arabisation » par le président H. Boumediene, une série de texte seront promulgués étendant l’obligation de la connaissance de la langue arabe à tous les fonctionnaires ainsi que l’élargissement de l’arabisation à tous les autres secteurs d’activités, notamment l’enseignement supérieur. (op.cit.1997 :192)
• 1986 créations de l’académie arabe en aout 1986, le décret portant la création de l’académie est publié dans le journal officiel (19 août 1986) (Op.cit. 1997 :207).
Tout au long de ce chapitre, nous tenterons de parler et d’éclaircir la situation sociolinguistique algérienne, en citons les différentes langues qui s’y trouvent, sans oublier pour autant d’évoquer la place et le statut de la langue française.
Les langues pratiquées en Algérie
L’ex président Boumediene a donné au français le statut de la « langue étrangère » contrairement à l’arabe qui est considéré comme « langue officielle ». Ainsi, le chef de l’Etat affirme dans son discours du 14 mai 1975 que « … La langue arabe ne peut souffrir d’être comparée à une autre langue que sa soit le français ou l’anglais, car la langue française a été et demeurera ce qu’elle a été à l’ombre de la colonisation, c’est-à-dire une langue étrangère et non langue des masses populaires… La langue arabe et la langue française ne sont pas à comparer, celle-ci n’étant qu’une langue étrangère qui bénéficie d’une situation particulière du fait des considérations historique et objective que nous connaissons. » Selon les linguistes arabes, cette langue existait déjà avant même la naissance de notre prophète Mohamed que le salut soit sur lui. Elle devient après l’indépendance la langue nationale de l’Etat. C’est la principale langue véhiculaire en Algérie, elle est parlée par la majorité de la population, soit environ 70 à 90%. Yacine Derradji, (2002 :34) voit qu’il existe trois variétés de l’arabe : l’arabe classique, dialectal et moderne.
Le tamazight et ses variétés
La France était un pays celtique avant d’être latin, comme le Maghreb qui était un pays berbère avant d’êtres arabe. Tamazight recouvrait un très grand territoire allant de l’Egypte à l’Atlantique en passant par la Méditerranée jusqu’au fleuve du Niger. Le berbère était la langue maternelle d’une minorité des Algériens. L’appellation « berbère » fut en premier utilisée par les Romains pour désigner les habitants de l’Afrique du Nord qui ne comprenaient pas la langue. Le mot « Barbaro » désigne toute personne étrangère qui ne sait pas parler. En Algérie, les berbérophones se sont données comme nom Imazighen (au pluriel) au singulier Amazigh. Le mot ‘Tamazight’, désigne leur langue (berbère) et le mot’ tamazgha’ désigne le territoire au quel ils appartiennent. Pour transcrire leur langue, les berbérophones utilisent une langue particulière appelée ‘tifinagh’ tout en recourant aussi à l’alphabet latin. On trouve les berbérophones regroupés surtout près de la capitale d’ « Alger ». Notons également que les berbérophones sont aussi présents dans le pays voisins comme : Tunisie, le Maroc, le Mali, etc. Le berbère est l’une des branches de la grande famille linguistique chamito-sémitique. Tamazight se voit discrétisé dès 1962 par le pouvoir en place et son élite arabophone qui le marginalise et le censure jusqu’à 1980. Les événements d’avril 1980 (le printemps berbère), ont donnés suite à la reconnaissance de la langue amazighe comme élément de l’identité et de la culture des Algériens en 1988. Septembre 1994, a connu au niveau de l’éducation une année blanche appelée « boycotte scolaire ». De multiples manifestations et revendications se sont suivies dans plusieurs willayas du pays (Bejaïa, Tizi Ouzou, Alger, Bouira). Les berbérophones ont eu gain de cause, en effet, leur voix et leurs protestations ont été entendus, elles ont eu pour conséquence la création d’un haut commissariat à l’amazighité en 1995. C’est en Avril 2002, que le berbère devient langue nationale. En 2016 elle est langue nationale et officielle de l’Etat algérien.
Il est difficile d’avance les chiffres exacts concernant le nombre des berbérophones vue le manque des recensements linguistique systématique. S.CQHAKER, (1994 :08) nous renseigne sur ce fait : « Sur l’ensemble de la population algérienne, les pourcentages de l’ordre de 25% à 30% de berbérophones retenus pendent la période coloniale sont rejetés comme nettement surévalues. En revanche, les 17.8% de berbérophones que donne le recensement algérien en 1966, sont au-dessus de la réalité. En tout état de cause on peut admettre que l’ensemble des berbérophones doit représenter un pourcentage minimum de 20% de la population algérienne.»Selon Chaker de l’INALCO 25% de la population algérienne parle le berbère. De nos jours, la langue amazighe est enseignée dans les trois paliers, c’est-à-dire dans le primaire, le moyen et le lycée. Elle est obligatoirement enseignée à partir de la 4ème année primaire. Son enseignement se poursuit jusqu’à l’université où elle était introduite en 1990.
Nous retrouvons la langue berbère dans les mass médias. Le journal d’information émit quotidiennement en la cette langue à partir de 18h. En 2009, la chaîne4 a été lancée, mais c’est uniquement à partir de 2011 que cette dernière a entamée la distribution de divers programmes variés parlant exclusivement en langue amazighe. Quant à la radio nationale (chaîne 2) diffuse sans arête ses émissions. L’Agence, nationale Algérie Presse Service (APS) a lancée en 2015 un site web d’information en langue amazighe, celui-ci est décliné dans trois caractères (arabe, tifinagh et latin) 1. ‘communauté’ nationale dont elle serait la langue tout court, dont elle serait bien sur la langue maternelle. » On trouve juste une minorité des Arabes dans le monde qui parlent cette langue comme langue maternelle, et seulement 120 million de personnes connaissent l’arabe classique en tant que langue secondaire.
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Table des matières
Sommaire
Introduction générale
Chapitre I : Cadrage théorique
1.La situation sociolinguistique en Algérie
1.1. L’aménagement des langues en Algérie
1.2. Langues pratiquées en Algérie
1.2.1.1. L’arabe classique
1.2.1.2. L’arabe dialectal
1.2.1.3. L’arabe moderne
1.2.2. Le tamazight et ses variétés
1.3. Les langues étrangères
1.3.1. Le français
1.3.2. L’anglais
1.3.3. L’espagnol
2.Autour de la créativité lexicale
2.1.la lexico-sémantique
1.1. la créativité lexicale
1.1.1. la néologie
1.1.1.1.Entre néologie et néologisme
1.1.1.2.Le rôle des néologismes
2.3.Les procédés de formation
2.3.1. Procédés en morphologie lexicale intralinguistique
2.3.1.1. Dérivation
2.3.1.1.1. Dérivation affixale
2.3.1.1.2. Dérivation non affixale
2.3.1. 2. Composition
2.3.1. 2.1. Composition savante
2.3.1.2.2. Composition populaire
2.3.1.1.3. Mots valises
2.3.1.3. Troncation
2.3.1.3.1. Aphérèse
2.3.1.3.2. Syncope
2.3.1.3.3. Apocope
2.3.1.4. Siglaison
2.3.1.4.1. Acronyme
2.3.1.4.2 Abréviation
2.3.2. Procédés extra linguistiques
2.3.2.1. Xénisme
2.3.2.2. Emprunt
2.3.2.3. Calque
2.3.2.4. Hybridation
2.3.2. Procédés en sémantique lexicale
2.3.2.1. Homonymie
2.3.2.2. Paronymie
2.3.2.3. Homophone
2.3.2.4. Homographe
2.3.2.5 Polysémie
3. autour de la presse 馗rite
3.1. Le discours journalistique
3.2. Les genres de la presse écrite
3.2.1. Les genres à énonciation objectivisée
3.2.2. Les genres à énonciation subjectivisée
3.3. La presse 馗rite en Algérie
3.3.1. Quelques journaux d’expression française
Chapitre II : Analyse du corpus
1. cadrage méthodologique
1.1. Identification du corpus
1.1.1. Analyse
1.1.2. Opinion
1.1.3. Point net
1.1.4. Editorial
2. Analyse lexico-sémantique du corpus
Conclusion generale
Bibliographie
Index des tableaux
Table des matieres
Annexes
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