La qualité
Définition
La qualité est un concept large englobant de nombreuses notions, elle peut ainsi se définir de bien des façons différentes :
Selon le dictionnaire Larousse, la notion de qualité vient de «Qualitas », qui signifierait « quel état », elle désigne « une manière dêtre, plus ou moins caractéristique » ou « ce qui rend une chose, une personne bonne, meilleure ». On lui a associé la fiabilité afin d’assurer un état, une qualité la plus durable possible.
Selon la norme NF X50-120 la qualité peut être définie comme: « L’ensemble des propriétés et caractéristiques dun produit ou service lui conférant laptitude à satisfaire des besoins exprimés ou implicites »
De plus l’ISO 9001 :2008 précise que « l’entreprise doit démontrer son aptitude à fournir des produits satisfaisant aux exigences des clients dans le respect de la législation en vigueur. »
Fondement de la qualité
La qualité est liée à la satisfaction du client afin de répondre à ses attentes (quelles soient explicites ou implicites). Deux notions apparaissent alors, la notion de qualité attendue et celle dequalité perçue. Ce qui importe, cest la balance attentes / perceptions :
– Si les attentes sont supérieures aux perceptions alors la qualité est perçue comme mauvaise
– Si les attentes sont inférieures aux perceptions alors la qualité est perçue comme élevée
Ce quattend le client est différent de ce quil veut et de ce dont il a besoin: en général nos attentes sont raisonnables. Par exemple nous ne pouvons pas attendre dun restaurant 4 étoiles une excellente qualité de nourriture, un service très courtois et pour un prix peu élevé.
Comme les attentes, les perceptions des clients sont très différentes. La qualité perçue est le résultat dexpériences antérieures, de lâge, des revenus, des façons de consommer du client, de la situation dans laquelle il se trouve
Les enjeux de la qualité
Une entreprise dont la stratégie est basée sur la qualité peut se différencier de plusieurs manières notamment par laction sur lune des 8 composantes de la qualité. Il sagit de se positionner non pas sur toutes les dimensions, ce qui serait impossible et coûteux mais sur quelques-unes, celles que les clients perçoivent comme importantes. Le but de ces stratégies dites de différenciation est d’offrir un produit ou un service dont le caractère unique est perçu et valorisé par des clients appartenant à un segment de marché donné. Ainsi lentreprise peut fixer un prix de vente relatif supérieur à celui de sesconcurrents et obtenir des profits plus élevés.
Dans une entreprise où la qualité est utilisée comme source de différenciation du produit ou du service. Sa rentabilité de passe par des améliorations dans la qualité de la conception du produit permettant lui permettant de différencier son produit de ceux de ses concurrents. De cette façon, elle va améliorer sa réputation ainsi que la qualité perçue par le client. Elle peut alors bénéficier dun prix plus élevé et dune part de marché plus importante. En conséquence, les profits plus importants viennent compenser les augmentations de coûts associés à lamélioration de la conception.
En revanche, pour une entreprise dont la stratégie est la domination des coûts, la performance consiste à bâtir et maintenir une position avantageuse sur le plan des coûts. Les diminutions de coûts peuvent être obtenues au travers déconomies déchelle ou dautres sources. Sur le plan de la qualité, lidée principale est que la qualité du produit traduit une certaine efficacité de la production enpassant par des améliorations de la productivité et ainsi par des réductions de coûts.
Autres aspects de la qualité
De plus en plus, la notion de qualité dépasse le simple stade de la perception du produit en tant que tel pour aller jusquà son mode de fabrication. Elle comprend désormais des enjeux humains car elle contribue à la sécurité et à la protection des consommateurs comme des travailleurs. Elle comporte également des enjeux sociaux car outre les aspects économiques, elle permet une amélioration du bienêtre des individus. Cette amélioration passe par une meilleure adéquation des produits et services aux attentes des consommateurs en termes de sécurité du produit et de respect de lenvironnement
Du contrôle de la qualité vers un management total de la qualité
Contrôle de la qualité
Initialement, la qualité consistait à fabriquer un produit et à vérifier « in fine »sa concordance avec des spécifications : cest le Contrôle Qualité. Ce dernier peut se faire de deux façons, soit de manière quantitative (contrôle par variable, par exemple le pH), soit de manière qualitative (contrôle par attribut, par exemple une coloration conforme ou non conforme).
Le problème de ce contrôle en fin de processus, est quil est tardif et risque de faire augmenter de façon importante le coût de non qualité interne. Dans ce cas, la non-conformité est détectée à un moment où il ny a plus dapport de valeur ajoutée sur le produit doù une perte de rentabilité.
Il a cependant lavantage dêtre le « dernier rempart » avant la livraison du produit au client ce qui permet déviter laugmentation du coût de non qualité externe. De plus il est à noter que le contrôle final des produits pharmaceutiques est une obligation réglementaire (BPF chapitre 1.3).
Assurance qualité
Selon les BPF (chapitre 1.1), « l’assurance de la qualité est un large concept qui couvre tout ce qui peut, individuellement ou collectivement, influencer la qualité d’un produit. Elle représente l’ensemble des mesures prises pour s’assurer que les médicaments et les médicaments expérimentaux fabriqués sont de la qualité requise pour lusage auquel ils sont destinés. »
Management de la qualité
La norme ISO 8402:1991 définit le management de la qualité comme « lensemble des activités de la fonction générale de management qui détermine la politique qualité, les objectifs, les responsabilités et les met en uvres par des moyens tels que la planification de la qualité , la maîtrise de la qualité , lassurance de la qualité,laméliorationde la qualité dans le cadre du système qualité »
Il sagit donc de lensemble des activités de management qui détermine la politique qualité à travers des objectifs et en donnant des responsabilités. Le management de la qualité intervient à toutes les étapes de la vie dun produit, de sa conception jusquà lacquisition par le client en passant par la production. Il se base sur la mise en place dun système dassurance qualité reposant sur la pyramidedocumentaire (cf. figure 5).
Le Manuel dAssurance Qualité (MAQ) :
Ce document, souvent synthètique, a pour but de déterminer la politique qualité de lentreprise.
Il décrit la volonté et les objectifs de la direction. Son application doit pouvoir se retrouver à tous les niveaux de la pyramide documentaire, cest pourquoi le directeur qualité se doit de vérifier la conformité de tous les documents qualité avec le manuel dassurance qualité.
Les Procédures
Ce sont des documents qualité qui peuvent décrire soit des actions ou des règles à respecter pour pouvoir produire un produit de qualité et en toute sécurité. Elles sont le savoir faire de lentreprise et doivent donc rester confidentielles. De plus il est important davoir une gestion efficace des procédures pour que seulecelles à jour soient en circulation.
Maîtrise statistique de la qualité (MSP)
Principe
Tous les procédés quels quils soient, sont incapables de produire toujours exactement le même produit. La variabilité est incontournable, quelle que soit la machine, le processus étudié ou la caractéristique observée, on note toujours une dispersion dans la répartition.
Certaines variations sont dues au hasard, on parle des « causes communes ».Ce sont les nombreuses sources de variation qui sont toujours présentes à des degrés divers dans différents procédés. Lensemble des causes communes forme la variabilité intrinsèque du procédé. Ces causes communes provoquent des variations naturelles, considérées comme « normales », des caractéristiques des produits. Elles sont souvent représentées par les 5 facteurs composant un processus de production (les 5M) : Machines, Méthodes, Matières, Main duvre, Milieu. Ces variations aléatoires dune caractéristique suivent très souvent la loi Normale avec une modélisation « en cloche ». Dans cetterépartition normale, 99.73% des résultats sont inclus dans lintervalle Moyenne ± 3! (où ! est lécart type).
La carte de contrôle
La carte de contrôle est un outil de base de la Maîtrise statistique des Procédés. Il sagit dun outil de visualisation et de signalement des problèmes. Sachant quil est impossible de contrôler toutes les caractéristiques dun produit, la carte de contrôle représente le suivi dans le temps dune caractéristique que lon considère comme importante. Le rôle de la carte de contrôle est didentifier les dérives avant quelles namènent à des résultats OOS.
Il existe plusieurs types de cartes de contrôle selon le type de caractéristiques étudiées, que ce soit un attribut (qualitatif) ou une variable (quantitatif).
Une carte de contrôle aux attributs va reposer sur le fait que le produit répond ou non à une caractéristique, par exemple, conforme ou non conforme. Il suffit alors de définir le nombre darticles prélevés en fonction de la taille du lot ainsi que le nombre de non-conformité acceptable sur cet échantillon. On parle alors de NQA (niveau de qualité acceptable) car si le nombre de non conformité dans léchantillon dépasse ce NQA, le lot est rejeté car la qualité étudiée à travers un échantillon est jugée insuffisante.
Dans le cas de létude dune variable, on utilise habituellement la carte de contrôle « moyenne » ou m. Elle permet de voir comment évolue la moyenne de la caractéristique étudiée. Afin de mettre en place ce genre de carte, on utilise la moyenne de tous les résultats sur lannée passée afin davoir un historique. Puis on calcule la LCS (limite de contrôle supérieure) qui est égale à la moyenne + 3! et la LCI (limite de contrôle inférieure) qui elle est égale à la moyenne – 3!.Une fois que la carte de contrôle est mise en place (cf. figure 9) il suffit simplement de placer les résultats au fur et à mesure sur le graphique et dobserver si une des tendances suivante se dessine.
Capabilité
La capabilité dun processus mesure le rapport entre la performance qui lui est demandée et sa performance réelle, cest donc un degré dacceptabilité de la variation de ces processus. Il sagit de déterminer si les caractéristiques dun produit correspondent aux spécifications du client définies dans un intervalle de tolérance. Les cartes de contrôle nous indiquent tout changement dans le processus, or un processus sous contrôle statistique peut très bien générer des produits non-conformes aux spécifications. En effet, les limites de contrôle de ces cartes sont fondées sur la moyenne et la variabilité de la distribution de léchantillon et non pas sur les spécifications.
La stabilité dun processus est une situation indépendante de la qualité. Une production peut être stable et en même temps comporter de nombreux défauts. Dans ce cas, le taux de défauts reste sensiblement constant. Ainsi, pour améliorer la qualité, il faut modifier le système dans son ensemble.
BPF Canadienne
« Un examen périodique ou continu de la qualité de toutes les drogues doit être effectué afin de vérifier l’uniformité des procédés existants, le caractère approprié des spécifications actuelles dans le cas des matières premières et du produit fini afin de déceler toute tendance et de déterminer les améliorations à apporter au produit et aux procédés utilisés. Généralement, cet examen doit être effectué et documenté annuellement. Les examens de la qualité peuvent être regroupés par type de produits (p. ex., formes posologiques solides, formes posologiques liquides, produits stériles, etc. lorsque cela est scientifiquement justifié).
Le service du contrôle de la qualité de l’importateur ou du distributeur doit s’assurer que l’examen est effectué rapidement.
Le cas échéant, il existe une entente entre les différentes parties impliquées (p. ex., l’importateur et le manufacturier) qui décrit les responsabilités de chaque partie concernant l’élaboration et l’évaluation de l’examen de la qualité ainsi que la prise de mesures correctives et préventives.
Le service du contrôle de la qualité doit évaluer les résultats de cet examen et déterminer si des mesures correctives et préventives doivent être prises ou s’il convient de procéder à une revalidation.
Les raisons de ces mesures correctives doivent être documentées. Les mesures correctives et préventives convenues doivent être mises en uvre rapidement et efficacement. Des procédures facilitant la gestion et l’examen de ces mesures doivent être mises en place et leur efficacité doit êtrevérifiée au cours d’une auto-inspection. »
Procédé de réalisation des Revues annuelle qualité sur un site de production Pharmaceutique
Introduction
Si la réglementation en vigueur nous offre de nombreux points de vue sur ce que doit contenir une Revue Annuelle Qualité, elle ne dit rien en revanche sur la façon de répondre à ses exigences. Aussi cette partie du mémoire va particulièrement sintéresser à la réalisation de la Revue Annuelle Qualité sur un site de production pharmaceutique conformément aux différentes réglementations. Elle traitera également des outils ainsi que des moyens qui ont permis daméliorer à la fois la Revue et son procédé de réalisation.
Flux de constitution dune revue annuelle qualité
Actuellement les revues rédigées sur le site comptent 23 annexes (cf. annexe 13). Le procédé de réalisation des revues comprend plusieurs étapes. Ces étapes peuvent se décomposer selon le modèle DMAIC : Define, Measure, analyse, Improve et Control (cf. figure 13). Ce modèle représente une méthode une méthode a déployée dans un ordre chronologique dans le but daméliorer un processusde réalisation.
Problématique
Lors du déroulement du procédé de réalisation des revues, et spécialement des annexes laboratoires, plusieurs contraintes apparaissent :
– Tous les acteurs de la revue nont pas le même temps dédié à la réalisation des revues. Cela explique que certains services mettent à disposition les annexes dont ils ont la charge en retard faute de temps.
– Tous les acteurs ne sont pas encore convaincus de lutilité des revues périodiques et le vivent comme une contrainte.
– Certains services interviennent dans toutes les revues alors que dautres sur quelques-unes seulement.
– Des annexes sont plus conséquentes que dautres. Ainsi là où certaines annexes font quelques pages avec peu de données tandis que dautres (par exemple les annexes du laboratoire de contrôle qualité) peuvent faire jusquà 262 pages.
– Il y a une grande hétérogénéité dans les sources de données brutes (dossier de lots, SAP, LIMS, LIFT, fichier Excel personnel
)
– Les informations étant parfois retranscrites de façon manuscrite, un double contrôle est indispensable afin de sassurer de lintégrité de celles-ci.
– La transformation des données brutes en données exploitables peut être longue, de plus le personnel doit être formé à cela.
– Linterprétation des données exploitables nest pas toujours uniforme (par exemple linterprétation dune tendance nest pas la même quand on produit 3 lots dans lannée ou 100).
– La revue en elle-même peut faire jusquà 433 pages doù une lisibilité extrêmement limitée.
Dans létat actuel, les revues qualité sont vécues comme de véritable contrainte car longues et difficiles à produire. Elles sont donc peu agréables à lire et les tendances importantes sont masquées par une trop grande quantité de données. Elles ne sont donc pas utilisées comme un outil damélioration continue.
|
Table des matières
I. Introduction
II. La qualité
1. Définition
2. Fondement de la qualité
3. Les enjeux de la qualité
4. Coût de la qualité
i. Le coût de la Non-qualité (CNQ)
ii. Le coût dinvestissement dans la qualité (CIQ)
5. Autres aspects de la qualité
6. Du contrôle de la qualité vers un management total de la qualité
i. Contrôle de la qualité
ii. Assurance qualité
iii. Management de la qualité
iv. Management total de la qualité
7. Maîtrise statistique de la qualité (MSP)
i. Principe
ii. La carte de contrôle
iii. Capabilité
III. La Revue annuelle qualité
1. Historique de la Revue annuelle qualité
2. Aspect réglementaire
i. BPF Européenne (ch. 1.5)
ii. GMP 21 CFR part 211.180 (e)
iii. BPF Canadienne
iv. Japanese GMP (guideline for drug products)
v. ICH Q7 (Ch. 2.5)
vi. ICH Q10 (Ch. 3.2.1)
IV. Contenu de la revue annuelle qualité
1. La Revue annuelle qualité selon les BPF Européennes
2. Objectifs de la Revue annuelle qualité
3. Les Revue annuelle qualité : outil damélioration continue
Amélioration continue de la Revue Annuelle Qualité Produit
Vers une revue en temps réel
4. Procédé de réalisation des Revues annuelle qualité sur un site de production Pharmaceutique
i. Introduction
ii. Flux de constitution dune revue annuelle qualité
iii. Réalisation de la partie Contrôle qualité dune revue
V. Problématique
VI. Atelier Revue Annuelle Qualité
1. Données dentrée
2. Processus
3. Données de sortie
VII. LIFT
VIII. ODS
IX. Mise en place d iDRS
1. Contexte
2. Définition des besoins
3. Réponse à nos besoins : iDRS
4. Validation informatique
5. Fonctionnement diDRS
6. iDRS dans un futur proche
i. Portail Web
ii. Augmentation du champ des possibilités
7. Point fort diDRS
8. Inconvénient diDRS
9. Conclusion .
X. Conclusion générale
ANNEXES