Rôle de l’hormone de croissance ou hormone somatotrope
Découverte en 1956 par LI et PAKOFF, l’hormone de croissance ou encore Growth Hormone (GH) est secrétée par les cellules alpha de l’adénohypophyse. L’hormone de croissance est parmi tous les facteurs de croissance, la seule à stimuler la croissance longitudinale de l’os (KOLB, 1975). Son action est spécifique pour les cartilages de conjugaison qui s’hypertrophient considérablement. Mais cette action n’est pas directe car la GH agit sur la croissance postnatale en exerçant son action sur la production d’IGF‐1 (Insuline‐Like Growth Factor 1) par le foie (PELL et BATES, 1990). La GH présente avant tout une action anabolique avec stimulation de la synthèse protéique dans tous les organes. Elle intervient dans le métabolisme lipidique en mobilisant les acides gras et en fournissant une certaine quantité d’énergie utilisée pour la multiplication des chondrocytes (ISAKSSON et al, 1982 ; ISGAARD et al, 1986). De plus, la GH influencerait la croissance musculaire postnatale en stimulant le recrutement et la prolifération des cellules satellites de poulet de chair, effets en grande partie relayés par les IGF (DUCLOS, WILKIE et GODDARD, 1991).
Facteurs métaboliques
Parmi les facteurs métaboliques, les minéraux et les vitamines sont d’une importance capitale. Trois vitamines exercent leur effet sur la croissance de l’os :
la vitamine C Hydrosoluble, fournie par l’alimentation, participe chez la volaille, à la structure des cartilages, des os et de la peau ;
la vitamine K intervient dans la calcification des os ;
l a vitamine D sous sa forme active 1,25 (OH)2D3 obtenue suite à une double hydroxylation dans le foie puis dans les reins, est apportée par l’alimentation ou synthétisé au niveau de la peau à partir du cholestérol, sous l’action des rayons ultraviolets du soleil, agit sur l’os pour permettre la fixation du calcium.
D’une manière générale, la 1,25 (OH)2D3 stimule l’absorption digestive du calcium. Sa synthèse chez certaines espèces animales dont les volailles est stimulée par l’hormone de croissance (GAREL, 1987). Les oligo‐éléments contribuent également pour une part importante dans l’édification osseuse (BEATTIE et AVENELL, 1992) ; les carences alimentaires en ces éléments entrainent des anomalies du squelette chez le poulet telles que la chondrodystrophie (Zn ou Mn) ou l’ostéoporose (Cu) (SCOTT et al., 1976 ; SAUVEUR, 1984 ; DE GROOTE, 1989 ; LEACH et LILBURN, 1992). Dans la pratique, les carences en ces éléments sont rares et la supplémentation en oligo‐éléments ne permet pas de diminuer l’incidence des anomalies des pattes qui ne semblent pas résulter de carence minérale (NYS, 2001). Toutefois, il a été démontré que le Mo (10 ou 100mg/kg) prévient la dyschondroplasie induite par la cystéine (BAI et al., 1994). En plus de ces facteurs hormonaux et métaboliques, il existe d’autres facteurs liés à l’animal et à son environnement qui interviennent pour modifier la croissance des poulets de chair.
Sources d’énergie
Céréales : Elles constituent la principale source d’énergie dans les aliments pour volailles. Ce sont des aliments essentiellement énergétiques car ils sont riches en matière sèche, composée avant tout d’amidon. Cet amidon est d’une digestibilité élevée ne nécessitant pas de traitements spéciaux, tels que la cuisson. Par contre, les céréales sont relativement pauvres en matières azotées (10% environ) et celles-ci sont déficientes en certains acides aminés indispensables tels que la lysine et le tryptophane ou la méthionine dans une moindre mesure. Pour ce qui est des matières minérales, les céréales présentent un déséquilibre phosphocalcique très important, au détriment du calcium. Le tiers du phosphore est sous forme phytique, inutilisable par les volailles. Ainsi, il faudra compléter en calcium les rations riches en céréales. Les céréales sont pauvres en vitamines. On note cependant dans le maïs jaune la présence de pigments xanthophylles qui colorent en jaune la graisse des poulets (LOOI et RENNER, 1974). De plus, elles contiennent peu de cellulose. Par ailleurs, elles sont de conservation facile, ce qui est un énorme avantage. Les principales céréales utilisées sont : le mil et le sorgho d’une part, et le maïs d’autre part, qui est d’ailleurs considéré comme la céréale de choix pour l’alimentation des volailles, de par sa valeur énergétique élevée et la grande constance de celle-ci, que ce soit en fonction de l’année ou de la région de production (LARBIER et LECLERCQ, 1991 ; METAYER, GROSJEAN et CASTAING, 1993).
Sous-produits des céréales : Il s’agit des sons dont l’utilisation en aviculture tient compte de leur coût faible et de leur importance dans la régulation du transit digestif dont ils empêchent les perturbations à l’origine de diarrhées et constipation (PARIGI-BINI, 1986). De plus, leurs protéines sont disponibles. Les farines basses de riz présentent l’avantage d’avoir une valeur élevée en minéraux, en oligo-éléments et en énergie (LARBIER et LECLERCQ, 1991).
Matières grasses : Elles sont issues des huileries (huiles végétales) ou des abattoirs (suif, graisse, saindoux). Ce sont des sources importantes d’énergie métabolisable pour l’alimentation des volailles (SCOTT et al., 1976). Elles permettent d’accroître la valeur énergétique des rations tout en diminuant les indices de consommation. Les lipides facilitent l’utilisation de matières premières riches en protéines (tourteaux) mais présentant des niveaux d’énergie relativement bas (SAKANDE, 1993). Des travaux de POLIN et HUSSEIN (1982) montrent que les poussins âgés d’une semaine retiennent 25 % de lipides de moins que ceux âgés de 2 à 3 semaines, ceci du fait que les sels biliaires impliqués dans la digestion ne sont pas produits en quantité suffisante chez le poussin, puisque la sécrétion biliaire augmente avec l’âge de la volaille. Selon l’ISA, (1985), l’utilisation de matières grasses d’origine animale, donc riches en acides gras saturés peut entraîner la formation de savons mal absorbés par les poussins et occasionner une mauvaise utilisation du calcium et par conséquent, une augmentation de l’incidence de la dyschondroplasie tibiale. GAB-WE, (1992) estime que l’huile d’arachide incorporée au taux de 4 % dans la ration du poulet de chair de 6 semaines d’âge donne de meilleurs résultats de croissance
Problèmes liés à l’utilisation de l’arachide
Les principales sources de protéines végétales locales utilisées dans l’alimentation en aviculture sont les tourteaux d’arachide. Mais le problème majeur lié à l’utilisation de cet intrant est la présence de facteurs antinutritionnels tels que l’aflatoxine. En 1992, DETIMMERMAN et al. ont constaté que l’incorporation du tourteau d’arachide dans les rations des volailles se heurte très souvent à certaines limites liées à la présence de facteurs antinutritionnels, à la contamination des graines par Aspergillus producteur d’aflatoxine et à la teneur limitant de ces dernières en certains acides aminés essentiels. Les rations contaminées par l’aflatoxine a des répercussions très importantes sur la santé et les performances zootechniques des poulets notamment un manque d’appétit, une perte de poids, une réduction de la production d’œufs et la contamination des produits tels que le lait, et d’autres produits alimentaires chez le bétail. (ICRISAT, 2013). ANSELME, (1987) découvre que le tourteau d’arachide du Sénégal qui contient jusqu’à 0,4 p.p.m. d’aflatoxine peut être utilisé pour couvrir les besoins en protéines lorsque la ration est supplémentée en acides aminés essentiels comme la lysine, la méthionine et le tryptophane. Pour permettre de limiter l’impact des aflatoxines sur la santé et les performances des volailles, ANGULO-CHACON, (1986) estime que le tourteau d’arachide doit être incorporé dans les proportions de 30 % chez les poulets en croissance et de 20 % dans la ration des poulets adultes. Face à cette situation, pour augmenter la proportion de tourteau d’arachide dans la ration afin de réduire le coût de production des protéines d’origine aviaire, des capteurs de mycotoxines peuvent être utilisés pour fixer les mycotoxines en formant des complexes inactifs et facilement éliminés par l’organisme des oiseaux. Mais avant d’apprécier l’efficacité des capteurs de mycotoxines à partir de nos essais, il convient d’évoquer les différents types de mycotoxines et leurs incidences en aviculture.
Les interactions entre différentes mycotoxines
Des effets synergiques peuvent exister entre plusieurs toxines (TAJIMA et al., 2002). Les interactions peuvent varier selon les espèces. Chez la poule, la combinaison de la toxine T-2 (2mg/kg d’aliment) et du DAS (2mg/kg d’aliment) pendant 24 jours montre des effets additifs sur la prise alimentaire et les lésions orales (DIAZ et al., 1994). L’exposition simultanée aux aflatoxines (AFB1 79%, AFG1 16%, AFB2 4%, AFG2 1% : 2,5 mg/kg) et à la FB1 (100 mg/kg) met en évidence une synergie d’action. Les animaux ont une prise alimentaire et un gain de poids significativement inférieurs à ceux observés après l’administration d’aflatoxines seules ainsi qu’une augmentation des phosphatases alcalines et transaminases (AST) plasmatiques (HARVEY et al., 1995b). D’autres études ont confirmé l’effet synergique de l’association de ces deux toxines sur la prise alimentaire (HARVEY et al., 1995a ; DILKIN et al., 2003 ; MEISSONNIER, OSWALD et GALTIER, 2005). Globalement, les modes d’action des mycotoxines sont regroupés en trois principaux mécanismes:
– modification du contenu digestif, de l’absorption et du métabolisme des nutriments;
– changements dans les fonctions endocriniennes et neuroendocriniennes;
– et surtout, suppression du système immunitaire.
C’est à travers ces mécanismes d’action que les mycotoxines présentes dans l’aliment de la volaille, constituent un obstacle à l’expression des performances de croissance du poulet de chair. L’utilisation de capteurs de mycotoxines permettra-t-il de limiter les effets néfastes des mycotoxines dont la présence dans l’arachide, intéressant intrant alimentaire de la volaille, est avérée ?
Effet des capteurs sur la consommation alimentaire et hydrique
Nos résultats font apparaitre une faible consommation alimentaire au niveau du lot M nourri à la ration incorporée de Mycofix par rapport aux autres lots (lot T, lot Tx). Les résultats quasi semblables observés au niveau des lots T c’est-à-dire dont la ration ne contient pas de capteurs de mycotoxines et Tx dont l’aliment contient le Toxo-mx, laissent apparaitre que Toxo-Mx n’a aucun effet sur la consommation alimentaire alors que Mycofix semble détériorer l’appétit des poulets. Cette faible consommation enregistrée avec Mycofix, pourrait être due à la présence de trichothécènes (DON, Toxine T-2) dans la ration qui selon BALZER et al., (2004) ne sont fixés que très médiocrement par les adsorbants argileux notamment Mycofix (2,5kg/tonne de ration) en comparaison des aflatoxines avec lesquelles ils sont fortement liés. En effet, selon le même auteur, les trichothécènes entrainent une perte nette de l’appétit des oiseaux. L’effet prédominant de Mycofix sur les aflatoxines par rapport aux autres types de mycotoxines a également été rapporté par GARGEES et SHAREEF, (2009) qui, en utilisant ce même taux de mycofix dans une ration qui a été exclusivement exposée à de fortes doses d’aflatoxines (2,5 et 3,5 ppm), ont obtenu de faibles taux de résidus d’aflatoxines dans le foie des poulets, mais avec un faible impact sur les performances des poulets. Pour le lot nourri à l’aliment incorporé de Toxo-Mx à un taux de 2,5kg/tonne d’aliment, il n’y a pas eu amélioration de l’appétit, puisque son niveau de consommation est resté semblable à celui du lot T. Cela peut être lié à un sous dosage du capteur dans la ration, étant donné qu’il est recommandé une incorporation de Toxo-Mx jusqu’à hauteur de 5 kg /tonne d’aliment pour des rations fortement contaminées par les mycotoxines (NUTRECO, 2012), pour améliorer les performances zootechniques de la volaille dont la consommation alimentaire. Il convient cependant de signaler que dans nos essais, nous n’avons pas évalué la présence de mycotoxines dans les rations même si des recherches antérieures ont révélé la présence d’aflatoxine dans l’arachide au Sénégal (ANGULO-CHACON I., 1986). Ainsi, en tenant compte de la plus importante consommation alimentaire des poulets dont l’aliment ne contient pas de capteurs de mycotoxines, par rapport à celle des poulets recevant une ration contenant du Mycofix, on peut supposer que le tourteau d’arachide que nous avons utilisé, n’est pas contaminé par des mycotoxines, et que la baisse de l’appétit enregistrée chez les poulets dont l’aliment est incorporé de Mycofix, serait le résultat d’une action anorexigène du produit. Concernant la consommation d’eau, on remarque que les lots T et lot Tx ont plus consommé d’eau que le lot M. Ces consommations coïncident avec leurs différents niveaux de consommations d’aliments ce qui nous semble normale en ce sens que la consommation d’eau est très souvent liée à la consommation alimentaire. En effet, KELLERUP et al. (1965) trouvent que la réduction de la prise alimentaire et de la croissance ainsi engendrée, est proportionnelle au degré de la réduction de la consommation d’eau chez le poulet. La légère supériorité de la quantité d’eau bue par le lot T par rapport au lot Tx expliquerait davantage cette relation entre consommation alimentaire et consommation d’eau, les poulets du lot T ayant eu un appétit légèrement plus élevé que ceux du lot Tx.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : FACTEURS INFLUENCANT LA CROISSANCE DU POULET DE CHAIR
I.1 Facteurs hormonaux
I.1.1 Rôle de l’hormone de croissance ou hormone somatotrope
I.1.2 Rôle de l’hormone thyroïdienne
I.1.3 Rôle des hormones stéroïdiennes sexuelles
I.2 Facteurs métaboliques
I.3 Facteurs intrinsèques
I.3.1 Influence de l’âge
I.3.2 Influence du sexe
I.3.3 Influence des facteurs génétiques
I.4 Facteurs extrinsèques
I.4.1 Facteurs physiques
I.4.2 Facteurs sanitaires
I.4.3 Facteurs environnementaux
I.4.3.1 La température ambiante
I.4.3.2 La densité
I.4.5 Facteurs alimentaires
I.4.5.1 Besoins alimentaires du poulet
I.4.5.2 Matières premières utilisées en alimentation du poulet
I.4.5.2.1 Sources d’énergie
I.4.5.2.2 Sources de protéines
I.4.5.3 Problèmes liés à l’utilisation de l’arachide
CHAPITRE II : GENERALITES SUR LES MYCOTOXINES
II.1. Définition
II.2 Les différents types de mycotoxines et leurs effets toxiques en aviculture
II.3 Les produits alimentaires contaminés par les mycotoxines
II.4 Les interactions entre différentes mycotoxines
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
I.1 MATERIEL
I.1.1 Site et période de travail
I.1.2 Les capteurs de mycotoxines
I.1.2.1 Toxo-mx
I.1.2.2 Mycofix
I.1.3 Matériel animal
I.1.4 Matériel d’élevage et de contrôle de performance
I.1.5 Matériel de fabrication des rations alimentaires
I.2 METHODES
I.2.1 Conduite d’élevage
I.2.1.1 Préparation de la salle d’élevage
I.2.1.2 Fabrication des rations alimentaires
I.2.1.3 Réception et installation des poussins
I.2.1.4 Répartition des poussins en lots
I.2.1.5 Prophylaxie
I.2.1.6 Alimentation des oiseaux
I.2.2 Collecte des données
I.2.2.1 La consommation alimentaire et d’eau
I.2.2.2 L’évolution pondérale
I.2.2.3 Le poids de la carcasse
I.2.2.4 La mortalité
I.2.3 Evaluation des performances zootechniques
I.2.3.1 La consommation alimentaire et d’eau
I.2.3.2 Le gain Moyen Quotidien (GMQ)
I.2.3.3 L’Indice de consommation (IC)
I.2.3.4 Le Rendement carcasse (RC)
I.2.3.5 Le Taux de mortalité
I.2.4 Analyse économique
I.2.5 Analyse statistique des résultats
CHAPITRE II : RESULTATS ET DISCUSSION
II.1 RESULTATS
II.1.1 Les performances zootechniques
II.1.1.1 La consommation d’aliments
II.1.1.2 La consommation d’eau
II.1.1.3 L’évolution pondérale
II.1.1.4 Le Gain Moyen Quotidien
II.1.1.5 L’Indice de Consommation
II.1.1.6 Les caractéristiques de la carcasse
II.1.1.7 Le Taux de Mortalité et Prévalence des pathologies
II.1.2 L’étude économique
II.1.2.1 Estimation du coût de production
II.1.2.2 Les Recettes
II.2 DISCUSSION
II.2.1 Effet des capteurs sur la consommation alimentaire et hydrique
II.2.2 Effet des capteurs sur les performances de croissance
II.2.2.1 Evolution pondérale et GMQ
II.2.2.2 Indice de Consommation
II.2.3 Effet des capteurs sur les caractéristiques de la carcasse
II.2.4 Effet des capteurs sur la mortalité et les pathologies
II.2.5 Effet des capteurs sur la rentabilité économique
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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