Soutenance mémoire
La perception et le rôle de l’environnement dans la réalisation des objectifs de développement ont connu une évolution notable au cours des dernières années. Celleci s’est traduite par une prise de conscience grandissante de l’importance de la dimension environnementale dans la planification du développement économique et social au niveau de chaque pays. La prise en compte de l’environnement dans tout processus de développement est devenue, aujourd’hui, une impérieuse nécessité pour assurer la durabilité des actions de développement dont l’objectif ultime est le bien-être de l’homme Avec une consommation toujours plus grande et plus diversifiée partout dans le monde, la production des déchets ne cesse d’augmenter en quantité et en qualité engendrant ainsi d’énormes risques sur l’environnement et, par conséquent sur la santé des populations. Cette situation est beaucoup plus préoccupante dans les pays en développement (PED) à cause notamment du retard considérable dans ce domaine dû à leur manque de moyens et des difficultés d’aborder la question avec une approche adaptée à leur contexte. Le manque de données sur la caractérisation des déchets qui est un préalable à toute stratégie de gestion, ainsi que la difficulté de réactualiser ces données éventuellement, à cause des coûts exorbitants des méthodologies utilisées, souvent destinées aux contextes des pays du Nord, sont les principales contraintes pour la mise en place de politique efficace et pérenne de gestion des déchets dans les PED L’urbanisation très accélérée des villes du sud du Sahara pose beaucoup de problèmes de gestion de l’environnement. En effet plus de 60% de la population urbaine sont concentrés dans les quartiers défavorisés en ce sens que les infrastructures les plus souvent mises en place sont inadéquates. Le domaine de la gestion des déchets solides n’est pas en reste et les risques sanitaires auxquels font face les habitants pauvres de ces secteurs sont considérables. Cependant beaucoup d’initiatives endogènes sont prises par les acteurs les plus concernés pour endiguer ces difficultés. En effet, l’urbanisation et son corollaire de la société, entraîne un nouveau mode de vie, ouvre de nouvelles perspectives économiques, lui procure de nouvelles compétences. Cependant, une urbanisation galopante pose de graves problèmes de gouvernance. En Afrique l’urbanisation rapide et sauvage a causé la détérioration de l’environnement et du cadre de vie des populations. Une des conséquences les plus inquiétantes, réside d’ailleurs dans les problèmes de gestion des déchets solides, liquides voire dangereux. Les problèmes de gestion des déchets en Afrique ont atteint des proportions telles que les mesures prises par les différents niveaux d’administration et les spécialistes se sont révélées infructueuses. Il suffit de traverser n’importe quelle ville africaine pour constater les manifestations de ce problème :amoncellement de déchets, détritus le long des routes, ruisseaux bloqués, sites menaçant la santé des populations et élimination inadéquate des déchets dangereux.
CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L’ETUDE
La problématique
Comme les autres pays du Sahel, la Mauritanie a été affectée à partir des années 1970 par le phénomène de la sécheresse suite à la succession de plusieurs années de déficit pluviométrique dont les effets directs étaient la destruction des bases économiques d’une population essentiellement rurale, une sédentarisation accrue, un exode rural massif entraînant une urbanisation rapide marquée par une croissance vertigineuse des principaux centres urbains. Le corollaire de cette urbanisation a été l’exacerbation et l’émergence de problèmes environnementaux consécutivement à la croissance démographique et spatiale des villes. La croissance anarchique de la ville et un laisser aller des autorités mauritaniennes ont rendu ingérable la collecte des déchets dans la capitale, Nouakchott. Suite aux grandes sécheresses des années 1970 la ville de Nouakchott a connu une croissance démographique vertigineuse. Elle abrite aujourd’hui environ un million d’habitants, mais les réseaux d’assainissement n’ont pas suivi. De plus, faute d’une prise de conscience véritable de la part des populations des questions d’hygiène, ajouté à cela l’indiscipline de certains camionneurs ayant en charge la tache d’acheminement des déchets vers les lieux officiels prévus à cet effet, le problème avait atteint des dimensions inacceptables. La municipalité de la ville se trouvait dépasser par ce problème devenu incontrôlable et fort logiquement, cela a eu des conséquences sur l’environnement et sur la santé des populations, notamment dans les quartiers périurbains, les plus confrontés au problème de la gestion des déchets. C’est dans ce contexte, que le gouvernement mauritanien a pris des mesures pour faire face à ce problème. En septembre 2007, les autorités mauritaniennes ont signé un contrat avec la société dragui transport du groupe Pizzorno environnement pour la collecte et le transport des ordures ménagères de Nouakchott vers le centre d’enfouissement technique (CET).
Les objectifs de l’étude
Cette étude vise principalement :
– à faire un diagnostic de la situation de gestion des déchets à Nouakchott ;
. en faisant l’état des lieux de la situation
. en analysant les perceptions de la population sur la notion de déchet et l’hygiène publique.
. en faisant une caractérisation approximative (composition et pourcentage) des déchets dans les deux zones (haut et bas standing) de Nouakchott.
– à proposer des solutions pour une meilleure gestion.
PRESENTATION DE LA VILLE DE NOUAKCHOTT
Nouakchott est une ville jeune créée de toute pièce à la fin des années 50, lors du transfert de la capitale revendiqué par le gouvernement de la Mauritanie, de SaintLouis du Sénégal vers le territoire mauritanien quelques années avant l’indépendance. Le choix de Nouakchott fut un choix par défaut car le territoire était quasiment inhabité, il n’appartenait à aucune tribu et toute revendication ultérieure était ainsi évitée. La ville prévue au départ pour accueillir quelques milliers d’habitants, fonctionnaires et tous les services nécessaires à leur entretien, est vite devenue un pôle d’attraction, en particulier lors des grandes sécheresses qui ont privé de nombreux mauritaniens de toute activité et qui sont venus grossir la ville. Elle compterait actuellement aux environs d’un million d’habitants.
Aspect physique
Nouakchott est située en bordure Est de l’Océan Atlantique. Elle s’étale sur 18 Km dans le sens Nord Sud et sur 14 Km dans le sens Ouest Est et occupe une superficie de 7933 ha (Bertaud G 1995), le développement de la ville est fortement limité par des contraintes environnementales naturelles :
– La sebkha vaste dépression saline, située à l’Ouest de la ville. Elle est inondée par des fortes précipitations ou lors d’incursions marins à travers le cordon littoral ;
-les dunes vives qui imposent leur allure au développement de la ville. Elles sont orientées Nord-Sud et constituent un facteur contraignant pour l’aménagement de la ville ;
– le codon littoral de la ville est un élément naturel dont l’équilibre est fragile .Cet équilibre est souvent remis en cause du fait de l’exploitation anarchique des carrières de sable ou des aménagements mal conçus.
Climat
Nouakchott est situé dans la zone sub Canarienne c’est une zone tampon entre le climat Saharien au Nord et Sahélien au Sud. Le climat y est généralement sec toute l’année avec des pluies faibles et très irrégulières durant l’été. Les températures oscillent entre 28 ,4°C et 36 ,4°C pour les maximales et 14,6C° et 25,7C° pour les minimale ; l’alternance des Alizés maritimes et de la mousson a des conséquences sur l’hygrométrie qui est importante en toute saison (influencée par la brise de mer). L’observation des anémographes de Nouakchott montre des vents de secteur Nord individualisés en deux directions : les vents Nord-nord ouest, les vents Nord-nord Est (l’harmattan, des vents secs et chauds soufflants d’Octobre à Février).
Démographie
La ville est peuplée de 611883 habitants (Recensement 2000, ONS) soit prés du quart de la population du pays. Cette population est repartie en neuf (9) communes qui sont : Tevragh zeina, Ksar, Elmina, Riyad, Dar naim, Teyarett, Sebkha, Toujounine et Arafat. Le taux de croissance démographique actuelle est de 3,75% par an. (ONS 2000) La ville de Nouakchott est stratifiée en cinq grandes entités socio-économiques : Les zones résidentielles occupent 4691ha, soit 59,1% des surfaces totales et se répartissent comme suit :
-Le haut standing : Il est composé de quartiers résidentiels de basse densité dont la taille moyenne des lots varie entre 572 et 1170, pour une densité variant entre 60 et 68 personnes à l’hectare
-Le moyen standing : Il est composé de quartiers résidentiels de haute densité avec une taille des lots variant entre 225 m2 et 336 m2 pour une densité variant entre 23 et 148 personnes à l’hectare ;
-Le bas standing : Il est composé de quartiers résidentiels à développement régularisé dont la taille des lots varie entre 150 m2 et 180 m2 pour une densité variant entre 15 et 82 personnes à l’hectare
-Le standing « irrégulier » ou précaire: Il est caractérisé par un habitat spontané. La taille des lots varie entre 100 m2 et 103 m2 pour une densité variant entre 128 et 368 personnes à l’hectare.
❖Les zones industrielles abritent les principales industries de la ville. Elles sont situées aux abords de l’aéroport et du port (concentration importante) et dans d’autres zones (de façon assez dispersée). Elles occupent 282 ha, soit 3,6% des surfaces totales.
❖Les zones administratives qui sont les édifices publics (Ministères, infrastructures scolaires, sanitaires et sportives). Elles sont localisées principalement pour les ministères dans les “moughataas“ du Ksar et de Tevragh Zeina. Par contre les infrastructures scolaires et sanitaires se retrouvent dans toutes les «moughataas.
❖Les zones de services et d’équipement sont des zones de grandes emprises réparties différemment dans les communes. Elles regroupent les gares routières, la station d’épuration, l’aéroport et le secteur portuaire. Ces zones occupent 678 ha, soit 8,5% des surfaces totales.
❖Enfin les zones agricoles qui regroupent essentiellement les sites de maraîchage et la ceinture verte. Ces zones occupent 524 ha soit 6,6% des surfaces totales .
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE DE L’ETUDE
CHAPITRE 1 : CONTEXTE ET JUSTIFICATON DE L’ETUDE
1- La problématique
2- Les objectifs de l’étude
3- La méthodologie de recherche
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA VILLE DE NOUAKCHOTT
1- Introduction
2- Aspects physiques
3- Climat
4- Démographie
DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE DE LA GESTION DES DECHETS SOLIDES A NOUAKCHOTT
CHAPITRE 3 : ETAT DE LA GESTION DES DECHETS SOLIDES A NOUAKCHOTT
1- Introduction
2- Définition du terme « déchet »
3- Cadre réglementaire et institutionnel de la gestion déchets à Nouakchott
3.1-Législation et réglementation
3.2-Le contexte institutionnel
4- Les étapes de la gestion des déchets solides à Nouakchott
5- Les contraintes des anciens systèmes de gestion
♦ Aspects organisationnels
♦ Aspects technologiques
♦ Contraintes socio-économiques
♦ Contraintes financières
6- La gestion actuelle
6.1-La signature du contrat avec la société Dragui-transport
6.2-Presentation du groupe Pizzorno-environnement
6.3-Etat des lieux
6.3.1-Les déchets des ménages
6.3.2-Les déchets des marchés
6.3.3-Les déchets des zones administratives
6.3.4-Les déchets biomédicaux
6.3.5-Les déchets industriels
6.4-Systeme de collecte actuel
-Pré collecte et la collecte primaire
-Collecte secondaire
-Le C. E. T de Nouakchott
CHAPITRE 4 : LES RESULTATS DES ETUDES ET ENQUETES
1- Introduction
2- Production et quantification des déchets au CET
3- Compositions et caractérisation des déchets solides à Nouakchott
– Déroulement de l’étude
– Méthodologie utilisée
– L’objectif de l’étude
– Les contraintes de l’étude
– Les résultats de l’étude
4- Perception des populations sur la gestion des déchets solides
4.1- Déroulement des enquêtes
4.2- Analyses des résultats des enquêtes
4.3- Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE : L’IMPACT DE LA MAUVAISE GESTION DES DECHETS SUR LES POPULATIONS ET SUR L’ENVIRONNEME
CHAPITRE 5 : TRADUCTION SANITAIRE DE LA MAUVAISE GESTION DES DECHETS SUR LES POPULATIONS DES PED
1-Introduction
2-Impact sur les fouilleurs et récupérateurs
-Problèmes oculaires
-Maladies de la peau
– Maux de tête
-Maladies respiratoires
-Fatigue
3-Impact sur les habitants
4-Le cas de Nouakchott
QUATRIEME PARTIE : PROPOSITION DES MODALITES ET LEURS MISES EN ŒUVRE POUR LES NOUVELLES PRATIQUES
CAPITRE 6 : ETUDE SUR LA VALORISATIN DES DECHETS
1-Introduction
2-Pratiques de la valorisation
2.1-Filiéres de la valorisation
2.2-Valorisation directe
2.3-Valoristion indirecte
2.4-Valoristion des déchets métalliques
2.5-Les acteurs de la valorisation
3-Pratique de valorisation du plastique en Afrique
3.1-Experience du Sénégal
3.2-Experience de la Mauritanie
4-Economie de la valorisation des déchets
CHAPITRE 7 : PROPOSITION DES MODALITES ET LEURS MISES EN ŒUVRE POUR UNE MEILLEURE GESTION DES DECHETS
1-Introduction
2-Les activités
2.1-Sensibilisation par les comités de quartiers
2.2-Sensibilisation a travers la radio
2.3-Sensibilisation à travers les multimédias
CONCLUSION
