Problematique du developpement et de la securite d’un territoire frontalier

Le Sénégal connait depuis un certain temps un problème d’environnement géopolitique assez difficile. « L’unité de son territoire est affaiblie par l’existence de la Gambie (dans la gueule du lion), qui isole le centre politique du Sénégal de la Casamance au Sud ». C’est dans cette partie du territoire sénégalais où sévissent depuis presque trois décennies des agitations séparatistes. En effet, c’est en 1982 avec la marche des indépendantistes du 26 décembre que les choses ont commencé avant de se transformer en véritable conflit armé opposant l’armée sénégalaise et les éléments du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Ce conflit armé est l’un des conflits les plus anciens qu’ait connus l’Afrique contemporaine . Vu la position de la Casamance, ce conflit n’a pas épargné du reste les pays frontaliers comme la Guinée Bissau. Comme qui dirait « quand un pays fait son histoire, il subit sa géographie » . Ce conflit casamançais s’est longtemps appuyé sur la Guinée Bissau. Aujourd’hui, les stigmates de ce conflit se ressentent partout à travers le territoire de la Casamance et même jusqu’en Guinée Bissau. Sur la base des échelles territoriales, les arrondissements et les communautés rurales de cette région méridionale ont beaucoup souffert de cette rébellion. C’est le cas de l’arrondissement de Niaguis, dans le départ de Ziguinchor. Cet arrondissement abrite trois communautés rurales : Niaguis, Adéane et Boutoupa Camaracounda. La dernière citée fait l’objet de notre recherche, car, elle a été pendant des années le théâtre de sanglants affrontements entre rebelles séparatistes et militaires sénégalais. Elle a aussi été un grand bastion rebelle durant des années. Le conflit a précipité dans les années 1990, le départ des populations de ladite localité, et occasionnant la mort de plusieurs personnes. En 2002, une étude de l’AJAC montre la situation des villages abandonnés dans l’arrondissement de Niaguis. En réalité, sur les 24 villages abandonnés dans l’arrondissement, 17 sont de la CR de Boutoupa Camaracounda. Les populations avaient perdu tous leurs biens dans ce conflit en se réfugiant à Ziguinchor, en Guinée Bissau ou en Gambie. Les victimes des mines anti personnelles ne cessaient de croitre dans la CR. Une telle situation a fini de détruire la dynamique organisationnelle de la CR. On sent, par contre depuis les années 2000 une relative accalmie dans la zone qui a favorisé plus ou moins le retour de certaines populations dans quelques villages abandonnés. Aujourd’hui, le retour des populations se caractérise par une atmosphère timide, le tout couronné par les interventions de quelques acteurs. Mais les conséquences sont nombreuses à tel enseigne que nous posons ici la problématique du développement local et du conflit latent, d’où la question de la sécurité.

PROBLEMATIQUE

Contexte et justification 

Le début des années 1960 a été marqué en Afrique par des mouvements de revendications qui aboutiront aux indépendances. L’avènement des indépendances est apparu comme un tournant décisif dans le processus de transformations des sociétés africaines. C’est ainsi qu’au lendemain des indépendances pas mal de pays d’Afrique occidentale se sont orientés vers des politiques de développement. A cet effet, les besoins de développement social et économique se sont vite sentis. C’est dans ce contexte précis que l’Etat du Sénégal a émis des préoccupations en termes d’aménagement et de développement rural à travers des politiques publiques dédiées au monde rural. C’est alors que nous avons vu en 1961 le premier jalon institutionnel dans ce sens, qu’avec la création du Bureau des terroirs et villages. Le dit bureau sera remplacé en 1962 par le Service de l’Aménagement du Territoire (SAT). Les premiers plans quadriennaux de développement économique et social sont apparus avec l’outil qu’est l’aménagement du territoire. « Le premier plan (1961 1965) contenait un diagnostic complet mettant en relief l’enclavement, le sous équipement, le sous-peuplement des régions périphériques (…) ». Le deuxième plan (1965-1969) avait entre autres objectifs « d’accompagner progressivement les campagnes ». C’est au niveau de ce deuxième plan que fut créée, en 1967, la structure chargée de l’aménagement du territoire, en l’occurrence la Direction de l’Aménagement du Territoire en lieu et place du SAT. D’autres plans (entre 1969 et 1985) sont venus s’ajouter aux deux premiers.

Toutefois, il convient de souligner que les politiques de l’Etat ont toujours suivi une logique centralisatrice. Il était alors le principal acteur du développement. L’Etat était en amont comme en aval des politiques et projets de développement. Il en résulte que les populations concernées n’étaient pas impliquées dans le développement de leur localité. Cet état de fait allait montrer plusieurs insuffisances et avait fini de placer les territoires dans la léthargie.

Au regard de ces difficultés à travers ce modèle de gestion dirigiste et centralisé, et conscient de ce fait, l’Etat a entrepris une série de reformes territoriales locales qui a favorisé l’émergence des collectivités locales. Ces réformes ont vu la création des communes, des régions, à partir de 1972 celle des communautés rurales. Cette nouvelle vision étatique relève des soucis de développement social et économique des espaces géographiques du territoire national afin de corriger les disparités territoriales, mais aussi de « responsabiliser des populations pour les faire participer effectivement au règlement de leurs problèmes et à la satisfaction de leurs besoins essentiels ». Selon Christian Longhi et Jacques Spindler, «le développement local repose sur une démarche de mobilisation des acteurs d’une zone géographique donnée désireux de prendre en compte leur avenir autour de projets autonomes».

Néanmoins si les politiques de décentralisation avec la responsabilisation des acteurs ont pris un grand envol dans une bonne partie du pays, elles restent très en retard dans la zone Sud. En effet, la promotion et la mise en œuvre de la décentralisation et du développement local ont coïncidé avec l’acuité du conflit armé entre l’Etat sénégalais et les séparatistes du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Ce conflit qui a débuté en décembre 1982, a fini de mettre le chaos dans les territoires de la Basse Casamance. En réalité, il a freiné le développement des secteurs d’activités tels que l’agriculture, la pêche, l’artisanat etc. Les théâtres d’affrontements ont poussé les populations surtout rurales à migrer, abandonnant du coup leurs habitations, leurs champs et leurs richesses. Les lieux de productions dont dépendent les populations sont inaccessibles du fait des mines et autres engins qui sont piégés au sol. Cette même situation a occasionné un grand recul dans les domaines de la santé et de l’éducation posant dans le même sillage la problématique de l’accès aux services collectifs. Ces situations malheureuses amenuisent les chances de développement de la Casamance puisque les élus locaux ne peuvent plus accomplir leurs tâches.

DISCUSSION CONCEPTUELLE 

Le Développement local 

Le développement désigne, lui, des processus tendant à la fois à la diffusion harmonieuse des effets de croissance dans la société entière et à l’acquisition d’une autonomie de croissance. Il implique des transformations qualitatives et des modifications des structures sociales et économiques. (GEORGE. P et VERGER. F, 2009) .

Le développement local est vu de nos jours comme un développement endogène. Cela dit qu’il implique à la fois tous les acteurs afin de répondre aux besoins territoriaux. Il traduit un changement ou une amélioration des conditions de vie à tous les niveaux des populations. Le développement local est le fruit de toute une synergie d’acteurs travaillant d’amont en aval pour le mieux être des concernés. Il doit de ce point de vue profiter aux générations futures pour avoir toute sa quintessence.

La Géopolitique 

Avant d’apporter une quelconque discussion conceptuelle sur le concept de géopolitique, nous allons essayer d’éclairer, au préalable, la lanterne sur quelques concepts qui nous paraissent comme des fondamentaux pour comprendre la géopolitique. Il s’agit des notions de territoire, de conflit et de frontière. D’abord, le territoire apparait dans les définitions de Roger BRUNET, R. FERRAS, H. THERY dans Les Mots de la Géographie dictionnaire critique comme une « maille de gestion de l’espace, (…) ». Ce territoire représente un « espace approprié, avec sentiment ou conscience de son appropriation ». Ces deux définitions de BRUNET ont des aspects juridiques et politiques. Dans ce cas bien précis, l’Etat se doit de « garantir l’intégrité territoriale », d’ « assurer une autorité territoriale sur un espace » et enfin de se « charger de l’aménagement du territoire ». Le concept de territoire « est donc à la fois juridique, social et culturel ». Le territoire est la matière première du géographe ; il est au géographe, ce que l’or est à l’orpailleur.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
APPROCHE METHODOLOGIQUE
PREMIERE PARTIE : MORPHOLOGIE ET ENTROPIE DE L’ESPACE DE LA CR DE BOUTOUPA CAMARACOUNDA
CHAPITRE I : LE TERRITOIRE ET LA DYNAMIQUE DU PEUPLEMENT
1. Situation générale du milieu
1. 1. Site et situation
1. 2. Caractéristiques physiques
2. Le profil général de la population
2.1. Structure par sexe
2.2.Composition religieuse et ethnique
2.3.Répartition socio professionnelle
3. La situation matrimoniale
4. Processus historique du peuplement
5. Caractéristiques des ménages
5. 1. La taille des ménages
5. 2. Le revenu des ménages
CHAPITRE II : LA DESORGANISATION DU RESEAU D’ETABLISSEMENTS HUMAINS PAR LE CONFLIT CASAMANCAIS
1. Genèse et évolution du conflit casamançais
1.1. Genèse
1.2. Evolution du conflit
2. Migrations
2. 1. Situation des déplacés et des refugiés
2. 2. Site d’accueil des déplacés et des refugiés
2. 3. Déplacements journaliers
2. 4. Migrations périodiques
3. Le degré de contrôlabilité et les positions rebelles
3. 1. Les cantonnements de l’armée sénégalaise
3. 2. Les positions rebelles
4. Une population inégalement répartie
5. La problématique des mines
DEUXIEME PARTIE : EFFETS DESTRUCTURANTS DU CONFLIT SUR LES CAPACITES ECONOMIQUES ET LES INFRASTRUCTURES RURALES
CHAPITRE I : LES ACTIVITES SOCIO ECONOMIQUES EN LETHARGIE
1. Une agriculture en voie de disparition
2. Un élevage quasi inexistant
3. La pêche
4. L’artisanat
5. La problématique du commerce
CHAPITRE II : LES CONSEQUENCES DU CONFLIT SUR LES EQUIPEMENTS RURAUX
1. Les équipements scolaires
1. 1. L’enseignement préscolaire
1. 2. L’enseignement élémentaire
1. 3. L’enseignement moyen
2. Les équipements sanitaires
3. Les impacts du conflit sur l’habitat
4. Les équipements socio culturels, cultuels et sportifs
5. La problématique du transport et de la télécommunication
6. Industrie et gestion environnementale
TROISIEME PARTIE : LA RECONSTRUCTION ET LA REINSERTION DANS UN CONFLIT EN COURS
CHAPITRE I : LES STRUCTURES DE DEVELOPPEMENT LOCAL
1. Les services administratifs
1. 1. Conseil rural
1. 2. Les services techniques
1. 3. Les organisations communautaires de base
1. 4. Les organismes d’appui au développement local
CHAPITRE II : L’IMPLICATION DES ACTEURS DANS LE RETOUR DES POPULATIONS DEPLACEES
1. Dans le domaine de l’habitat
1. 1. Les bénéficiaires des actions de l’AJAC/LUUKAL
1. 2. Les bénéficiaires de Manos/Unidas
2. L’éclairage rural en amélioration
3. L’hydraulique rurale
4. Les perspectives
4. 1. Le déminage
4. 2. Projets de l’association AJAC/LUUKAL
4. 3. Dans le domaine de l’hydraulique
4. 4. Dans le domaine l’assainissement
CONCLUSION GENERALE

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